mercredi 4 juillet 2012

Love Unto Waste : Femmes

mercredi 4 juillet 2012

Second film de Stanley Kwan Kam-Pang, ancien assistant d’Ann Hui On-Wah à la télévision et cinéaste indépendant grandement inspiré par la Nouvelle Vague hongkongaise, le drame Love Unto Waste / Deiha tsing (1986) met en scène Tony (Tony Leung Chiu-Wai), un jeune homme qui travaille dans l’entreprise familiale. Il fait la rencontre de trois femmes qui habitent ensemble. Il y a Billie (Irene Wan Pik-Ha) dont il tombe amoureux, jeune mannequin qui rêve de gloire et porte à longueur de temps des lunettes de soleil. Suk-ping (Elaine Kam Yin-Ling), une actrice qui a du mal à percer et se voit enfin proposer un premier rôle ainsi que Su-ling (Tsai Chin), une chanteuse de bar. La vie de ce petit monde bascule le jour où Su Ling est retrouvée assassinée. L’inspecteur Lan (Chow Yun-Fat) de la Crim’ mène alors l’enquête…

Love Unto Waste est de ces films qui vous communiquent des émotions, ces bouleversements qui vous plongent littéralement dans le récit. Il est de ces films qui vous immergent dans la vie de ses personnages pour lesquels l’attachement n’attend pas. Il est aussi de ces films qui communiquent cette chose impalpable que seules les grandes œuvres ont le secret. Il n’y aurait pas grand-chose à lui reprocher si ce n’est l’emploi abusif d’une musique qui s’avère parfois de trop. Peu importe, Love Unto Waste nous agrippe comme cette caméra qui capte chaque soubresaut des protagonistes. On se laisse porter par une histoire aux multiples facettes qui embrassent différents genres (comédie, romance, drame, policier…). Le cinéaste hongkongais maitrise avec dextérité les cassures de tons comme son sujet : les femmes. S’il y a un thème dont traite Stanley Kwan c’est bien celui de la condition des femmes et cette tragédie aux relents fatalistes qui les entoure au quotidien. Il nous dépeint des caractères forts qui mènent des luttes passionnées pour exister et s’émanciper. Il y décrit aussi cette forme d’oppression qui s’abat sur ses sujets féminins qui cachent leurs sentiments. Des sujets féminins à l’identité forte qui souffrent en silence de l’éloignement, de la solitude, d’une réussite professionnelle qui ne vient pas, du désespoir... Love Unto Waste c’est également la surprise que l’on a de voir la maturité dont fait preuve Stanley Kwan pour sa deuxième mise en scène. Elle est à la fois fluide (emploi des ellipses), minimaliste et adoptant un cadre juste. Le casting n’est pas en reste. Il offre des prestations touchantes et marquantes.
Si Love Unto Waste a été un échec financier, il se fit tout de même remarquer au Hong Kong Film Award de 1987. Avec neuf nominations mais surtout deux prix, celui du Meilleur scénario pour le duo Yau-Daai On-Ping (Boat People, 1982) et Lai Git (Woman, 1985) et du Meilleur second rôle féminin pour l’actrice Elaine Kam, cette œuvre de Stanley Kwan se caractérise par une réussite formelle, tant dans l’histoire forte à l’image de ses personnages que des interprétations qui donnent corps à l’ensemble.

I.D.

2 commentaires:

mirabelle a dit…

Très bel article sur ce second film de Stanley Kwan.
Même s'il y a une mise en scène déjà assez construite, il réside sur certaines scènes un sens de l'immédiateté créant une véritable force émotive : les magnifiques chansons d'amour de Su Ling, d'où percent sa frustration et sa tristesse ; ou encore la découverte de son corps par Suk-ping, où l'actrice livre une impressionnante performance de crise de nerfs.
Ce qui est intéressant dans ce film, c'est également d'y constater, avec le recul, les premières performances des tous jeunes Tony Leung et Chow Yun-fat, acteurs renommés aujourd'hui.

I.D. a dit…

Je te remercie mirabelle.
Effectivement "Love Unto Waste" édifie admirablement la force émotive que tu soulignes, la mise en scène y étant pour beaucoup ainsi que les interprétations mais aussi les chansons qui révèlent les sentiments cachés et non-avoués d'un personnage comme celui de Su Ling.

Sinon, revoir Tony Leung Chiu-Wai et Chow Yun-Fat dans leurs premiers rôles c'est toujours sympa. Même si CYF avait déjà un peu de bouteille à ce moment-là. D'ailleurs la même année, il tournait "Le Syndicat du Crime" pour lequel il remporta le prix du Meilleur Acteur aux HK Film Awards. Sans ça, il est intéressant de noter que les deux acteurs, toujours la même année se croisaient sans se voir sur le tournage du poignant drame social "The Lunatics" (http://made-in-asie.blogspot.fr/2011/03/lunatics-derek-yee-film-hk-avis.html). On peut dire que cette année 86 était chargée pour les deux ! ;)

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