vendredi 26 février 2010

Perth : Un homme simple [Cycle Singapour, Malaisie]

vendredi 26 février 2010
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Quelle belle surprise que ce long métrage de Djinn (Ong Lay Jin), Perth (2004), dernier film de Singapour projeté dans le cycle. Une œuvre noire et dure qui montre la dualité d’un homme à travers ses principes et ses désillusions.

Harry Lee fait partie d’une génération sacrifiée qui n’a pas su surfer sur l’explosion de l’économie de Singapour. Il a un rêve : partir vivre à Perth. En attendant, il se fait virer de son boulot de gardien de sécurité de port et devient chauffeur de taxi avec un ami de longue date, Selvam. Angry Boy Lee, une connaissance leur propose de gagner un peu plus d’argent en devenant les chauffeurs de prostituées. La vie d’Harry va prendre un tournant lorsqu’il s’affectionnera de Mai, une prostituée vietnamienne. Il se met en tête de la sortir de ce cercle vicieux…

Perth est le portrait d’un homme qui est allé de désillusions en désillusions, s’accrochant et regrettant un passé qui lui prédisait un futur bien plus reluisant. Harry Lee est cet humain enfermé dans des principes qui le hante, la fidélité et la loyauté, des mots qui ne cessera de ressasser, des mots qu’il porte comme pour se rassurer qu’un monde plus beau auraient fait de lui un homme différent. Pour palier à ces désillusions, Harry s’impose, se créer un rêve, un but, qui lui permet de se dire « je vis pour quelque chose », celui de s’installer à Perth. Voilà encore une obsession, tout comme ces principes, qu’il ressasse…

Djinn dépeint très justement et avec force le portrait de cet homme désabusé, déchu et solitaire. Il parvient à donner une dimension particulière à son personnage que l’on a souvent envie de détester par ces actes et sa façon d’agir mais qui est au final touchant et attachant. Pourquoi ressentons cela ? C’est la question que je me suis posée en regardant le film. Pourquoi ne pas détester cet homme et ces excès de folie, cet homme hanté par des principes qu’il ne respecte pas lui même… Parce qu’il est profondément humain et nous renvoie une image de la complexité et la dualité de chacun d’entre nous. Voilà ce qui touche dans ce portrait. C’est son réalisme fascinant qui nous fait dire « Tiens ça aurait pu être moi ».

Perth, c’est aussi la montée en puissance d’une violence iconoclaste qui s’exprime dans une dernière partie noire s’inscrivant dans l’éternelle désillusion d’Harry. Un sentiment de trahison (allant contre son principe de loyauté) qui le mène dans une spirale de violences psychotiques, alimentée par un traumatisme qui le ronge de l’intérieur. Une extériorisation meurtrière d’une souffrance enfouie sur le chemin d’une oraison funèbre dénotant une folie passagère à la fois désenchanté, triste et brutale. Un fait divers sombre parmi tant d’autre, l’acte fou d’un homme simple qu’on oubliera avec le temps qui passe et puis… la vie continue.

On apprécie les qualités d’écriture qui font de Perth un grand film, à la fois profond et sensible. Le cinéaste Djinn fait aussi preuve d’une belle maîtrise technique en nous offrant des plans originaux et des images dont le grain et la lumière sont d’un esthétisme certain.

Le casting n’est pas en reste puisqu’il nous offre deux gueules et talents du cinéma Singapourien : Kay Tong Lim (que l’on retrouve dans Forever Fever, Army Daze ou encore Mee Pok Man) et Sunny Pang (Call If You Need Me, Lucky 7).

Perth est un film coup de poing. Une œuvre profonde qui ne laisse pas indemne car dérangeante. Un reflet lucide et sombre sur la nature humaine qui transperce et touche avec force et violence.

Diana & I.D

jeudi 25 février 2010

Des pandas grincheux au Palais de Tokyo [Exposition]

jeudi 25 février 2010
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Le Palais de Tokyo (Paris 16ème) accueille jusqu'au dimanche 28 février, les créations de l'artiste chinois Jiji. Au programme des réalisations autour de son célèbre "Panda grincheux" (un univers BD, drôle aux couleurs pop art.), icône créée au début des années 2000 pour refléter le mode de vie et les préoccupations de la jeune génération chinoise. Amateur de Panda, à vos agendas !

Accès : 13, avenue du Président Wilson à PARIS (Métro : Iéna)
Renseignement : 01 47 23 54 01
Tarif : 6 euros

mercredi 24 février 2010

Summers Wars de Mamoru Hosoda en avant-première [Photos]

mercredi 24 février 2010
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Summer Wars a été projeté en avant première le 23 février à l'UGC des Halles, en présence de son réalisateur Mamoru Hosoda, et pour vous faire profiter de cet instant, voici quelques clichés (en attendant la vidéo) :

Diana

Summer Wars : La Matrice [Avant Première à Paris]

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Film d’animation qui nous invite au fantastique et à l’aventure, Summer Wars / Samā Wōzu (2009) de Mamoru Hosoda (en avant première à l'UGC des Halles en présence du réalisateur. Voir les photos) s’intéresse à dépeindre une famille japonaise qui va devoir lutter contre un virus dans un univers virtuel. Cet univers prend place dans Oz, le doux nom d’un réseau social qui compte des millions de membres.

Kenji est un jeune garçon féru de mathématique qui passe le clair de son temps dans le monde virtuel d’Oz par le biais de son avatar. Natsuki quant à elle est la belle gosse du lycée et a besoin d’un « employé » pour les vacances d’été. Elle engage Kenji et l’invite à venir avec elle voir sa famille à la campagne. Une fois débarqué, il découvre qu’il doit jouer le petit ami de Natsuki. Il apprend donc non sans mal à faire connaissance avec sa « belle-famille »…

Au-delà, des personnages qu’on pourrait qualifier de stéréotypés (l’éternel geek qui deviendra héro, la fille inaccessible qui au gré des circonstances le deviendra, etc…), d’une histoire sans surprise où les rebondissements sont palpables et qui fait donc de cet animé, un film sans réelle surprise (et plutôt linéaire tant tout est joué d’avance), Summer Wars nous invite à un film qui se veut sympathique par certaines de ses scènes qu’on pourraient qualifier de cocasses voire marrantes. Si Summer Wars sait être plaisant notamment dans sa première demi-heure, développant les premiers contacts du « petit-ami » avec sa « belle-famille », force est de constater que le film sait être ennuyeux aussi. Ce qui est malheureux dans ce film d’animation de Mamoru Hosoda c’est le parti pris de l’auteur. En effet, ce dernier donne une trop grande part à ce monde virtuel, là où il était plus intéressant de rester ancré dans le monde bien réel. Bizarrement (quoique non), plus on avance dans le film et plus Oz prend place et évince le côté famille (bien qu’elle reste présente cela va de soit). Sans doute aussi que le sujet n’était pas là. Dommage.

Summer Wars nous révèle donc une famille qui s’unira pour combattre un Mal, incarné par une intelligence artificielle qu’on pourrait qualifier de virus. Un virus créant le chaos dans le monde réel. Du coup, panique. Le monde s’en retrouve bouleversé mais cette famille à la descendance de samouraï qui se bat même lorsque le combat est perdu d’avance, relève la tête et défi le virus avec force et courage. L’union fait la force, Mamoru Hosoda nous le rappelle. Pourtant, le réalisateur japonais ne parviendra jamais à gommer les redondances qui inscrit par moment son récit dans un pseudo-Pokémon ou bien encore dans un pseudo-Yu Gi Oh (merci Manu pour la réf’ qu’il me manquait). C’est flagrant et consternant. Sans doute se devait-il de faire plaisir à une certaine population. Toucher les jeunes générations ou bien tout simplement plaire à un public de geek qui je l’espère ne sera pas tombé dans le panneau. Car ce monde virtuel, ce réseau social, c’est pour eux, geek ou nerd (même combat) qui ont tellement le vent en poupe depuis ces derniers temps. Pour se faire, je vous sers du film catastrophe, un peu de mélo, de gambling, une poignée de bonne morale bien pensante…

Summer Wars est pour ainsi dire bateau. Je te joue du violon dans cette scène parce que c’est inscrit dans le code du manuel « réussir son film », je te fais durer inlassablement cette scène pour la densité dramatique qui ennuie plus qu’elle ne dramatise. Je te parsème des pleures ici et là pour montrer la cause qui se veut perdue mais on sait tous qu’ils s’en sortiront, faut pas déconner, c’est grand public. Est-ce un problème que Summer Wars soit « grand public » ? Loin de là. Il faut de tout pour faire un monde virtuel, n’est-ce pas ? De tout. De tout, un tas d’avatar vivant naïvement dans le meilleur des mondes où le Mal n’est jamais bien loin. Gare à vous, à nous. Solidarité. Bla-bla-bla. Une espèce de fausse métaphore de notre monde et ce réseau social ? S’il fait du monde un petit village, il a ses dangers mais tant que l’union et la combativité tel des samouraïs perdureront, nous pourront dormir sur nos deux oreilles et continuer à sautiller légèrement dans les champs pixellisés de l’écran de notre ordinateur.

Summer Wars est un film tendance qui surfe intelligemment sur notre rapport à la Toile sans nul doute. Facebook©, Twitter© et compagnie c’est Oz©. Les avatars de Oz, c’est nous. Nous sommes tous Summer Wars parce que Summer Wars c’est nous. Ce film nous parle, parle de nous alors faisons en sorte qu’il crapahute dans les premières place du box-office à sa sortie. Parce que nous sommes devenus « grand public », la tendance actuelle, patati patata. Ami du soir, bonsoir.

I.D

Circulation et Phnom Penh font mauvais ménage [Cambodge]

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Phnom Penh, capitale du Cambodge, fort de ces 2 millions d’habitants tente difficilement de gérer une circulation de plus de 700 000 motos et de milliers de voitures. Quelques chiffres interpellent quant à la règlementation peu convaincante du bureau de la police routière de la capitale, en voici un extrait :

- 400 agents pour 2 millions d’habitants (je n’ai jamais vu un seul agent verbalisé un automobiliste lors de mes multiples voyages…)
- 53 euros, le salaire d’un agent
- 5 000 riels, le tarif pour une infraction de première catégorie (absence de rétroviseur, défaut de port de casque), soit 0.68 euros. Un tarif souvent négocié qui peut descendre à 4 000 riels
- 30 000 riels pour les infractions de catégorie supérieure (5.20 euros)

Un système qui se veut d’une part peu dissuasif pour les automobilistes, puisque la plupart, ne rechignent pas une seconde à « jeter » un billet de 4 000 riels contre tranquillité. Et d’autre part pour ces agents, qui n’hésitent plus, aux vues de leur salaire dérisoire, à détourner cet argent à leur profit. Les recettes de la journée sont précieusement gardées (représentant env. 20 000 riels par jour) puis partagées à la fin de la journée. Un argent qui ne parviendra donc pas à entrevoir les caisses des commissariats locaux...


Diana

Le Petit-fils du Datuk Merah : Coq de combat [Cycle Singapour, Malaisie]

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Production Cathay-Keris en N&B, Le Petit-fils du Datuk Merah / Cucu Datuk Merah (1963) de M. Amin met en scène un mélodrame en costume qui se déroule dans la province de Terengganu.

Awang Janggut est le descendant d’un guerrier respecté de tous. Il refuse de travailler pour éviter tout déshonneur et préfère vivre pauvrement avec sa femme Kuntum. Alors que Awang se promène, il sauve des griffes de malveillants, la jeune Siti Molek dont le père est un riche notable. Cette dernière pas insensible au charme de son sauveur parvient à convaincre son père d’engager Awang comme garde du corps. Elle met alors tout en œuvre pour le séduire en dépit de Kuntum…

De quoi parle Le Petit-fils du Datuk Merah ? Ce film de M. Amin s’intéresse à décrire la vie d’un homme qui vit dans le passé. Un homme qui n’est pas à sa place dans une société malaise en mutation. Un homme hors de son époque qui désirerait encore jouir du renom de sa famille. Une famille illustre dans la bataille, une famille de guerrier qui n’a plus lieu d’être en ces temps d’accalmie. Ce personnage est d’autant plus intéressant que Awang Janggut pourrait être qualifié de presque schizophrène tant il ne parvient à se détacher de son passé pour se faire une place dans le présent. Du coup, Awang Janggut contraste avec la populace qui l’entoure, il est à la fois le sujet de moquerie (vu comme un fainéant) mais il parvient à conserver un certain respect du à son rang, devenu depuis obsolète. Un homme d’une autre époque vivant avec des règles d’un autre temps, celle de l’honneur et du courage et dont le coq de combat, Jalak est sa seule fierté comme une extension de sa propre personne.

Mais Le Petit-fils du Datuk Merah c’est aussi une histoire d’amour et de vengeance en filigrane. Ce qui frappe c’est que Awang Janggut ne parviendra réellement à avoir une place dans cette nouvelle société que par ce qui le caractérisait (lui et les gens de sa « classe ») dans le passé : la force physique. Et c’est lorsqu’il s’intégrera enfin à ce nouveau monde qu’il se perdra. Une façon de dire via un fatalisme sous-jacent que ces hommes du passé n’ont vraiment mais vraiment pas (plus) leur place dans cette société. Cette perdition provoquera l’effacement de ce qui faisait son intégrité. Trahison amoureuse, drame, vengeance ponctue cette œuvre qui s’avèrera sombre et sans retour possible d’un homme qui a pris un chemin qui n’était le sien. Il entraînera dans sa perte sa bien aimée mais aussi ses ennemis comme dernier sursaut d’orgueil et de courage qu’il tient de ses aïeux. Une perte caractérisée par un amour extra-conjugal mais aussi le fait de délaisser ce qui le maintenait dans son rang : le coq Jalak.

Le Petit-fils du Datuk Merah fait partie de ces vieux films populaire malais dans lequel on retrouve le chant (un de mémoire, ce qui est étonnant, j’ai noté qu’en général, ils sont au minimum de trois), la danse (comme une parade amoureuse qui permet notamment à la jeune Siti de séduire et corrompre Awang) mais aussi tout les codes qui font l’histoire d’un héro maudit, sanctionné pour ne pas être resté lui-même ; fidèle à son code d’honneur en succombant au charme des femmes puisque la déchéance insidieuse d’Awang Janggut s’opère une fois qu’il se laisse ensorceler par le pouvoir de séduction de Siti. Les conséquences seront désastreuses puisqu’il n’y aura point de rédemption possible ou du moins trop tard. Cette idée de déchéance se renforcera avec ce qu’il adviendra de Jalak, le coq (la perte de filiation) que rien ne pourra venir remplacer.

Si l’histoire et ses personnages n’étaient pas inintéressantes, Le Petit-fils du Datuk Merah manque tout de même de tonalité. Il m’est arrivé de m’ennuyer et de trouver le temps long sans oublier l’omniprésence de la musique en arrière fond, empêchant tout silence. Comme s’il fallait le combler absolument. Enervant parce que l’emploi de cette musique n’était pas toujours judicieuse selon les propos tenus par les protagonistes. Ce film de M. Amin vaudra surtout pour cette fin teintée d’obscurité et de désespoir que j’affectionne tout particulièrement, c’est peut-être ici que se jouait l’audace d’une œuvre qui en manque cruellement et qui parvient du coup à terminer sur une note positive bien que non joyeuse.

I.D.

dimanche 21 février 2010

Gubra : Amour et Tolérance [Cycle Singapour, Malaisie]

dimanche 21 février 2010
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Gubra / Anxiety (2006) devait être le premier film projeté de Yasmin Ahmad. Les aléas ont fait que la séance fut déprogrammé au profil de Mukhsin. L’attente fut longue, mais le plaisir immense de retrouver du grand Yasmin Ahmad.

Je n’ai qu’un court aperçu de la filmographie de la cinéaste mais Gubra a eu comme Mukhsin un parfum de magie. Un film particulier et savoureux. Toujours dans l’émotion et dans l’observation, Gubra s’inscrit comme une des œuvres majeures de la cinéaste. Parce qu’au-delà de la sincérité, se dessine une maîtrise et une aisance éblouissantes dans le travail d’écriture et la finesse de la mise en scène.

Orked est mariée à Arif, un homme plus âgé qu’elle. Son père tombe soudainement malade. Alors qu’elle se rend à l’hôpital, elle fait la rencontre d’Alan, le frère de son premier amour, Jason (épisode de sa vie que l’on suit dans Sepet).

La singularité de Gubra réside dans le fait que Yasmin Ahmad n’est pas fait le choix d’une histoire mais de plusieurs. Tout d’abord celle d’Orked, son mariage et sa famille, puis celle d’un couple de musulmans qui souhaite apporter leur aide à deux prostitués. A travers ces deux axes, la cinéaste parle d’amour mais aussi et toujours de tolérance. Dans Gubra, on comprend le parallèle que souhaite instauré Yasmin Ahmad. Comme un tableau, une fresque elle pose chacun de ces personnages à un instant T de leur histoire d’amour : la désillusion pour Orked, la séduction pour la bonne, le réconfort pour les parents, la complicité pour le couple de musulmans. Tout cela aurait pu aboutir à des séquences maladroitement ombiliqués, mais rien de cela. Le tout est accordé au millimètre prêt, il y a de la maîtrise derrière cela. Les séquences se suivent sans anicroches et avec une grande délectation.

Ce que l’on note une fois de plus c’est le sens du détail qui se dégage du travail de la cinéaste. Une précision, qui pourrait paraître inutile, mais qui apporte une profondeur à sa réalisation et sa narration. Comme ce plan touchant du mouvement des jambes du petit garçon attendant sa mère. Les gestes sont justement repris pour susciter une émotion naturelle, rappelant des images et situations familières.

La tolérance, on y vient. Comme un fantôme qui hanterait la cinéaste, Gubra marque une fois de plus ses convictions profondes. Une tolérance que l’on retrouve dans le rapport de cette femme chinoise avec ces deux femmes malaises. Une tolérance que l’on retrouve aussi dans la façon dont Yasmin Ahmad a de traiter la religion musulmane et de désacraliser les individus qui l’embrassent. Dans Gubra, on perçoit sa volonté de nous montrer, à travers ce couple de musulmans (dont le mari a à sa charge la mosquée), des individus « comme tout le monde », dont la religion ne retire en rien la séduction, l’entre aide et l’amour. Une vision de la religion différente et sensible par laquelle on entrevoit la position de la cinéaste.

Gubra est loin d’être un mélodrame de bout en bout. Le film retranscrit la vie avec ces hauts et ces bas. On rit énormément à travers un humour mordant. On sent aussi souvent sa gorge se nouer quand l’émotion s’installe. Gubra, c’est un savant mélange dont Yasmin Ahmad a elle seule la recette, un mélange entre hilarité et tristesse, entre légèreté et profondeur. Une œuvre tout en finesse. Une œuvre touchante, confirmant le talent et la virtuosité d’une grande dame du cinéma, qui prématurément disparue, laissera derrière un manque pour ses inconditionnels et pour le paysage cinématographique.

Diana

vendredi 19 février 2010

Burma VJ : Diffusion inédite sur Arte le 23 février [Actu Télé]

vendredi 19 février 2010
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J'ai appris ce matin dans l'émission La Matinale (Canal+) que le documentaire Burma VJ (2007, 1h25) du danois Anders Ostergaard, nominé aux Oscars 2010, bénéficiera d'une diffusion inédite sur Arte, mardi 23 février à 20h35. Le réalisateur dépeint le mouvement populaire de 2007 qui a animé le pays contre la junte birmane. Documentaire à ne pas manquer !

Le programme se poursuivra à 22h par un autre documentaire, celui de l'opposante d'Aung San Suu Kyi (45 min).

Plus d'informations sur la programmation d'Arte :
Soirée Résistances en Birmanie à partir de 20h35
Diana

jeudi 18 février 2010

Nouvel An Chinois : Bonne année du Tigre !

jeudi 18 février 2010
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Très chers internautes, lecteurs, bloggeurs, avec un peu de retard (cinq petits jours, ne m’en voulez pas…) je vous souhaite une excellente année du tigre, Xīn nián kuài lè !

Pour vous faire partager ce jour particulier, petit retour ce qui s’est passé chez les T**** (Oui je préfère préserver mon anonymat^^). L’après-midi fut consacré à la préparation des plats (et le ménage aussi, mais passons) : nouilles sautées à la ciboule, canard laqué entier, fondue chinoise composée de boulettes de viandes et poissons, choux, crevettes et champignons chinois, et d’autres petits plats (tofu, légumes et viandes sautés). Les plats finis, nous sommes passés à la préparation de la table d’offrandes en disposant les mets, du thé et de l’alcool. Vient ensuite le moment de la prière où chaque membre de la famille est invité à se recueillir devant l’autel.

Puis vient enfin le dîner. Le repas se finit par des desserts classiques : fruits (mandarines, longanes) et un gâteau au durian, de quoi clore la soirée en beauté. Les au revoir sont souvent ponctués par la remise des fameuses enveloppes rouges « Ang Pow » gages de bonheur et prospérité.

Diana

mardi 16 février 2010

La Malédiction de la Femme Vampire : Les Monstres [Cycle Singapour, Malaisie]

mardi 16 février 2010
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Production Cathay-Keris en N&B mettant en scène l’actrice Maria Menado, La Malédiction de la Femme Vampire / Sumpah Pontianak (1958) de B.N. Rao expose l’incarnation du malin sous les traits féminin.

Maria désire retrouver sa mère qui vit maintenant sous l’apparence d’une bossue. Elle quitte son village et par à sa recherche. La disparition de Maria inquiète son mari qui part à sa recherche avec des amis…

La Malédiction de la Femme Vampire est un film fantastique alliant les codes du film d’horreur à l’occidental. B.N. Rao nous sert un film avec toute une flopée de « monstre » : femme vampire, homme sauvage (singe ?), corbeau ( ?) de taille humaine ou bien encore un homme chauve souris (un fantôme semble-t-il) parsème ce long-métrage. La femme vampire semble être un personnage incontournable du panorama cinématographique malais si bien que nombre de film lui serait dédié. Sans ça, pas grand-chose à se mettre sous la dent avec cette production où Maria Menado (star adulée) tient un rôle phare, sachant qu’elle est la femme vampire que tous redoutent. On louera la générosité du cinéaste à nous offrir tout un tas de « monstre » qui vont et viennent tout en s’affrontant.

Sinon, La Malédiction de la Femme Vampire souffre des maux des films de cette époque en Malaisie. D’une part, les longueurs, les faux rythmes. D’autre part, des scènes poussives qui auront au moins le méritent de faire rire par un aspect ridicule. Sans oublier le jeu caricatural de certains acteurs qui participent à l’hilarité, mais aussi la chansonnette qui semble être plus poussée qu’à l’accoutumé, difficile à supporter lorsque celle-ci s’invite de façon inopportune.

La Malédiction de la Femme Vampire est donc un film qui allie fantastique, once d’horreur (gentillet), comédie, mélodrame mais aussi chants. Un film qui se situe dans la campagne reculée de Malaisie et qui livre tout de même un bon moment s’apparentant à une série Z, moment pas inoubliable non plus.

I.D.

Here : La Folie [Cycle Singapour, Malaisie]

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Film singapourien de Ho Tzu Nyen, Here (2009) fut présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2009.

He Zhiyuan est interné dans l’asile psychiatrique de Island Hospital après la mort de sa femme. Il participe avec d’autre à une nouvelle thérapie qui est une cure par la vidéo. Parallèlement, une équipe réalise un documentaire sur Island Hospital…

Here est un drôle d’objet cinématographique. Drôle d’objet parce que ce film de Ho Tzu Nyen pourrait s’apparenter à un documentaire dit « d’auteur » dans cette façon que le cinéaste a de mettre en scène son œuvre. Ce film se veut troublant par son aspect aseptisé à l’extrême, clinique où les patients semblent être des zombies inertes. Disons-le, Here aux premiers abords est difficile d’approche mais au fur et à mesure que le film avance, on parvient à s’imprégner de son univers. Ce film est à la fois envoûtant, fascinant, lancinant, énigmatique par certains aspects, voire ennuyeux et rebutant si l’on ne parvient justement pas à s’immerger. D’une certaine manière, il ferait partie de ces films à labelliser dans le « tout ou rien ». Et même si l’on apprécie la démarche de l’auteur et que l’on comprend le chemin sur lequel il tend à nous emmener, Here n’en reste pas moins un film où le verbe « aimer » n’aurait pas vraiment sa place. Difficile d’aimer Here puisqu’aucune émotion n’est réellement suscitée. L’auteur impose une neutralité et une distance en accord avec son sujet et l’espace dans lequel il pose sa caméra, et fait donc de son long métrage une fenêtre ouverte sur un milieu médical, dépourvu de sentiments.

On peut être interpellé et captivé par l’objet qu’il représente mais on ne peut dire d’un tel film qu’on l’aime. Le genre de film à voir tout les dix ans pour une mise en scène qui s’avère intéressante, une musique judicieusement employée surtout pour son travail sur l’ambiance sonore. Un travail surprenant, acharné. Des sons, des ambiances qui participent à l’immersion (si on donne la chance au film) dans ce monde à part entière. C’est cet aspect là qui frappe le plus. Nous sommes comme hypnotisé par cette ambiance sonore qui parvient à nous plonger dans le cadre de la caméra. On parvient grâce à elle à être frappé du même état de catalepsie que ces patients suivis dans les murs de cette clinique, ces metteurs en scène de leur propre drame. Here est véritablement une œuvre envoûtante, fascinante, lancinante, énigmatique voir ennuyeuse et rebutante. Une œuvre « autre ».

I.D.

dimanche 14 février 2010

Ma belle mère : Du rêve au cauchemard [Cycle Singapour, Malaisie]

dimanche 14 février 2010
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P.Ramlee, le plus aimé des artistes malais, qui a réalisé près de 35 longs métrages en 17 ans de carrière, signe dans le début des années 60, Ma belle mère / Ibu Mertuaku (1962).

Kassim Selamat est un saxophoniste dont les morceaux passent régulièrement sur la radio locale. Il devient populaire et ses chansons sentimentales plaisent à la gente féminine. Sabariah, succombe au charme de l’artiste. Envoûtée par ses chansons, elle décide de forcer le destin et de le rencontrer.

Sur un ton burlesque, cette comédie dramatique démarre sur les chapeaux de roues : sketchs, situations cocasses, multiples quiproquos jusqu’au jour où Sabariah épris de Kassim, refuse de s’éprendre de l’homme que choisi sa mère. C’est là que l’intérêt des films de P.Ramlee réside, par leur rupture de ton. Car s’il est quelque chose que l’on peut envier au cinéma du réalisateur malais, c’est bien la maîtrise qu’il a de passer du burlesque au mélodrame. Loin d’être parfait, Ma belle mère accuse des longueurs et un faux rythme certain. Néanmoins et c’est ce qu’on regrette au fond, le réalisateur parvient à nous offrir, quelques scènes de qualité et surtout un final éblouissant, à la fois audacieux et tragique.

A l’image de Ma belle mère, la rétrospective de P.Ramlee a révélé une filmographie en dent de scie dont on gardera une œuvre majeur : Tubulence. Ma belle mère n’est pas en reste puisque de mon point de vue, cet essai fait partie des plus réussi, malgré ces défauts qui parviennent à se faire oublier par ce très émouvant final. Reste plus qu’à découvrir les autres facettes du monsieur, puisque P.Ramlee fut un artiste multi-facette dont le premier amour reste… la chanson.

Diana

Femmes de Yakuzas : ...aux pouvoirs [Rétrospective La Tôei]

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Adaptation d’un livre de Shôko Ieda, Femmes de Yakuzas / Gokudô no onna-tachi (1986) de Hideo Gosha raconte le milieu des yakuzas à travers le regard des femmes, les femmes de ces malfrats.

Osaka. Nous suivons une femme qui dirige un clan de 500 yakuzas alors que son mari est emprisonné. Elle rêve de marier sa jeune sœur au fils d’un riche homme d’affaire. Au même moment, le chef du clan Domoto meurt, s’ensuit une discorde qui oppose les différents successeurs…

Femmes de Yakuzas démarre sur une idée plutôt originale puisque ce yakuza eiga nous invite à vivre dans l’univers des gangsters nippons par le biais des femmes qui le compose. En effet, ces dernières dont les maris sont souvent incarcérés mènent les affaires en leur absence. Rare pour ne pas le souligner surtout lorsque les hommes qui composent les différents clans sont assujettis à faire de la figuration. Si cet aspect est des plus intéressant force est de constater que ce film de Hideo Gosha manque de punch et de vitalité.

Ainsi, Femmes de Yakuzas souffre de plusieurs maux. D’une part la longueur du film dans lequel on a du mal s’immerger, qui lorsqu’on y parvient, nous situe au générique final, frustrant donc. D’autre part, Hideo Gosha nous livre les sempiternelles histoires de successions avec tout ce que cela entraîne, entre les alliances qui se font ou défont au gré des trahisons. Sans parler d’une réalisation qui n’est pas digne du cinéaste auquel nous faisons face.

En conclusion, Femmes de Yakuzas est loin d’être le meilleur film de son auteur. Pourtant il reste regardable bien qu’il ne soit pas une priorité dans la filmographie du fameux Hideo Gosha qui avait matière à mettre en scène une œuvre différente. Petite déception donc.

I.D.

vendredi 12 février 2010

Sepet : La malaise et le chinois [Cycle Singapour, Malaisie]

vendredi 12 février 2010
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A la suite de la projection du prodigieux Mukhsin, l’enthousiasme de découvrir les autres films de Yasmin Ahmad était grand. La conférence menée de main de maître par Amir Muhammad a d’ailleurs accentué cette hâte. Nous voilà enfin au jour J, devant le fameux Sepet / Chinese Eye (2004), film qui a su conquérir le public malaisien.

A Kuala Lumpur, Orked, une jeune malaise et Ah Loon, un chinois, tombent amoureux. La trame est aussi simple que cela. Enfin simple l’aurait été dans un paysage où le mélange des cultures n’était pas un sujet tabou. Yasmin Ahmad décrit donc en premier lieu l’histoire d’amour peu conventionnel de deux visages de la Malaisie. Une Malaisie que l’on découvre riche de ces multiples communautés : malaise, chinoise, indienne, mais qui au fond reste très cloisonné, mélange de racisme, d’histoire et d’inconnu. Finalement Sepet, aurait pu seulement décrire l'aspect controversé de cette histoire d'amour, mais en réalité pas tant que cela. On découvre un visage différent de la Malaisie ; des familles acceptant, voir appréciant la différence au-delà des pressions sociales, des amis au début nourris de préjugés qui par influence s’ouvriront aux autres - cultures -. Keong, le meilleur ami d’Ah Loon en est le parfait exemple. Sa rencontre avec Orked fait évoluer son regard sur la communauté Malaise, il s’étonne de trouver des passions communes avec la jeune femme : le piano, les films de John Woo…

Yasmin Ahmad impose une vision optimiste sur la société Malaisienne, c’est d’ailleurs ce que ces détracteurs lui reprochent (entre autre), livrant un récit où la tradition et les mœurs sont mises au placard au profit d’une société plus ouverte. Comme pour Mukhsin, son récit inspiré de sa vie, hérite d’une valeur que la cinéaste défend avec fermeté : la tolérance. Cette famille malaise aime le cinéma chinois, la musique Thaï et respecte « à sa façon » les heures de prière… Dans Sepet, Yasmin Ahmad sait une fois de plus nourrir son récit de tendres clins d’œil et scènes intimes, qui ont la saveur d’antan, celle de son passé.

Ce long métrage confirme l’importance qu’accorde la cinéaste à l’écriture de ces personnages. Ce qui constitue l’essence même de son cinéma. Un cinéma qui se veut profond et narratif avant d’être une résultante technique. C’est cela le cinéma de Yasmin Ahmad. Il n’en est pas moins que sa mise en scène classique se veut brillante car juste. La réalisatrice a l’œil et parvient à initier des moments de franches rigolades comme de profonds chagrins.

Sepet est une œuvre travaillée et maîtrisée, malgré une dernière partie moins réussie, où une intrigue plombe quelque peu la fraîcheur du récit. Relatant un sujet qui tient à cœur à la cinéaste : le premier amour, Yasmin Ahmad nous livre un film personnel et touchant, se terminant par une fin à la fois dramatique et remplie d’espoir. Un message loin d’être énigmatique lorsqu’on connait le regard que porte la cinéaste sur la société malaisienne. Une fin à l’image d’une artiste controversée, souvent décriée, mais qui a le mérite de faire parler ses œuvres avec cœur et profonde conviction.

Diana

 
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