jeudi 29 janvier 2009

Millennium Mambo (Qianxi manbo) : Sensuel Millénaire

jeudi 29 janvier 2009
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Le premier film du nouveau millénaire de Hou Hsiao-hsien, Millenium Mambo (2001) met en lumière Vicky, une jeune taïwanaise qui vit avec Hao-Hao son petit ami. Ce dernier est un DJ sans travail, jaloux maladif et parfois violent. Vicky partage son temps entre lui et Jack, son patron qu’elle affectionne. Jack est un malfrat qui possède une boîte de nuit où Vicky est une accompagnatrice. Elle vit dans un univers d’alcool, de drogue, d’amour et de désespoir.

HHH étale un talent peu commun avec Millenium Mambo. Il y décrit et se fait échos du désespoir d’une jeunesse esseulée en laissant sa caméra se mouvoir de façon lente quand elle n’est pas fixe, témoin d’un mal être générationnel. Que dire des images de Hou Hsiao-hsien, si ce n’est qu’elles sont emprunt d’une beauté sensuelle. Une sensualité portée par un jeu dépouillé et naturel de Shu Qi. Il faut voir cette dernière sous les traits de Vicky marcher dans un tunnel suivit par la caméra de HHH en travelling avant dont une musique envoûtante s’invite. Superbe.

Millenium Mambo se sont des couleurs chaudes, une ambiance rythmée par une musique techno minimaliste, des personnages perdus dans les méandres de la vie sans vrai but si ce n’est de vivre au jour le jour, soir après soir. Une vie routinière entre appartement et boîte de nuit jusqu’à l’échappée de Vicky au Japon, loin d’un contexte désespéré, mais un contexte qu’elle retrouvera à son retour comme un fardeau.

Hou Hsiao-hsien développe une esthétique impressionnante de beauté dans une œuvre avare en dialogue. Ce manque traduit un malaise omniprésent chez des personnages emportés par une mélancolie ambiante. Chaque plan participe à une œuvre hypnotique, flottante comme un rêve doux et amer. Une œuvre qui met en éveille notre sensibilité et devant laquelle on ressent un émerveillement face à une beauté cinématographique rare.

D'autres articles sur l'œuvre de Hou Hsiao-hsien :
Three times | Les Fleurs de Shanghai | Un temps pour vivre, un temps pour mourir
I.D.

mardi 27 janvier 2009

The Host (Gwoemul) : Le combat d'une famille

mardi 27 janvier 2009
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Le cinéma sud-coréen comme le cinéma asiatique dans son ensemble l’a démontré plus d’une fois dans son histoire (cinématographique) et pourrait se définir par un leitmotiv : oser faire les choses différemment. Et c’est ce que réalise Bong Joon-ho avec son troisième long : The Host (2006). Faire les choses différemment c’est ce qu’il entreprend lorsqu’il raconte une histoire, celle d’un monstre, mais avant tout celle d’une famille et de leur combat dont l’enfant a été enlevé par ce même monstre issu d’une mutation génétique.

The Host est un melting-pot de genre : dramatique, comique, fantastique et j’en passe, Bong Joon-ho ne s’enferme pas dans un genre mais en exploite plusieurs dans un seul but : apporter un plus à l’œuvre. Et le cinéaste talentueux qu’il est, parvient à ses fins en contant comment à Séoul une bête voit le jour à cause de la pollution au formaldéhyde des eaux du fleuve Han.

Un monstre issu donc de mutation génétique, un monstre donc qui apparaît au grand jour pour se… nourrir. La panique envahit la foule stationnée aux abords du fleuve, également présent la famille Park qui tient un snack : le grand-père, Hee-bong, son fils aîné, Gang-du et sa fille de treize ans, Hyun-seo. Hyun-seo se fera enlever par la créature. La famille Park partira à sa recherche en s’adjoignant Nam-joo, la sœur, professionnelle du tir à l’arc et du cadet, Nam-il, diplômé au chômage alors même que l’hystérie s’empare des coréens.

The Host s’inscrit dans la lignée des films à grand spectacle loin de ce qui a pu se faire en occident et notamment aux Etats-Unis, et en conséquence un film à grand spectacle différent. De l’histoire – et le souhait du cinéaste de montrer la créature dès les premières minutes du film – à la description des personnages loin, très loin du patriotisme états-unien incarné, loin, très loin de posséder la carrure du héro type. Si l’on oppose ces deux cinémas c’est également pour expliquer tout l’aspect socioculturel qu’il existe entre eux. On sait que le cinéma hollywoodien est LE cinéma qui s’impose dans le monde, créant les codes, les caricatures, la façon de faire,… et nombre de box office par de-là le monde (malheureusement) sont assujettis à ses productions. En deçà, le cinéma sud-coréen fait figure de village d’irréductible gaulois dans l’empire internationale américain. Il y a eu l’histoire des quotas coréens que l’industrie cinématographique américaine a fait plier, il y a aussi la présence américaine via des bases militaires qui ont fait parler d’elle notamment avec des faits divers tragiques. Et dans tout ça, Bong Joon-ho réalise The Host. En terme de réalisation, il montre tout son savoir-faire en la matière et montre qu’il n’a rien à envier aux autres.

La critique de The Host se fait acerbe tout en en mettant plein les yeux. Le monstre sous-marin se fait alors l’écho d’une métaphore, celle de la présence néfaste américaine ne créant rien de bon. Ainsi, les autorités américaines après l’arrivée de la bête décident de prendre les choses en main prétextant l’inefficacité des autorités sud-coréennes, bête qui a vu le jour par leur faute. Á cela, la solution est la mise en place de l’agent jaune dont l’appellation ressemble au défoliant cancérigène et tératogène utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam, l’agent orange. Il est marrant de voir que l’appareil chargé de déverser cet « agent jaune » est suspendu à l’un des ponts de la rivière Han et tient la même pose que la créature au début du film. La critique aussi c’est de voir que l’un des militaires américain filme les conséquences de l’inhalation de l’agent jaune (expériences militaires) et que les autorités américaines mentent sur un quelconque virus qui proviendrait de la bête.

Bong Joon-ho délivre alors au travers de The Host un pamphlet anti-américain comme un ras le bol d’une présence hégémonique qui n’a plus sa place en ce début de nouveau millénaire. Il va à l’encontre des codes cinématographiques américains et innove. Film multi-genre : de monstre, social, humoristique, dramatique,… voilà l’audace d’un cinéma qui fait les choses différemment en faisant passer différentes émotions aux spectateurs : rires, peurs, tristesse,... The Host pose également le problème de la pollution et de ce fait interpelle en portant un message écologiste sur les dérives et les conséquences de nos actes.

Bong Joon-ho parvient à nous toucher avec cette histoire qui semblait aux premiers abords farfelue. Un film original où l’on ne s’ennuie pas une seconde tant il est distrayant. L’interprétation des acteurs est superbe, tout comme l’est la réalisation et la musique. Tout y est pour passer un merveilleux moment de cinéma.

I.D.

mardi 20 janvier 2009

Citizen Dog (Mah Nakorn) : Metropolis

mardi 20 janvier 2009
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Comédie satirique de Wisit Sasanatieng, Citizen Dog (2004) est l’adaptation d’un livre de Koynuch. Le cinéaste narre l’histoire de Pott qui quitte sa campagne natale pour aller tenter sa chance à Bangkok. Il commence comme ouvrier dans une usine de conditionnement de sardines. Un jour, alors que la cadence s’accélère, il se coupe accidentellement l’index. Cet incident entraînera un certain nombre de rencontres dans la vie de Pott. Il se lie d’amitié avec Yhott un collègue de travaille avec qui il démissionnera. Il est engagé comme agent de sécurité dans une entreprise où il rencontre Jinn dont il tombe amoureux. Cette dernière est une femme de ménage qui passe son temps à lire un livre qu’elle ne comprend pas. Pott va tenter de conquérir le cœur de Jinn.

Citizen Dog est une jolie surprise cinématographique qui à travers son personnage principal, Wisit Sasanatieng nous montre un visage du Bangkok contemporain. Pott à l’usine fait étrangement échos aux Temps Modernes de Charlie Chaplin ; des cadences infernales, le travail à la chaîne… Il démissionne et se retrouve alors agent de sécurité et y trouve l’amour sous les traits de Jinn qui cherche absolument à percer les mystères d’un livre qu’elle ne comprend pas. Elle est persuadée que comprendre ce livre lui permettrait de donner le véritable sens de sa vie.

L’univers de Citizen Dog est particulier, à l’image de ces personnes importantes comme les célébrités, qui ont une queue en synonyme de richesse et de réussite. La prémonition de la grand-mère de Pott est celle-ci : il en aura également une, chose qu’il avoue à l’élu de son cœur. Pourtant Jinn, réaliste lui dit que la réussite n’est pas pour une personne de sa condition et qu’elle ne peut envisager de se mettre avec lui sinon ses enfants ne profiteront pas de cet attribut.

Wisit Sasanatieng parsème Citizen Dog de cynisme dans une société conformiste et uniforme. La masse plutôt que l’individu. La vie citadine du film semble désenchantée, tous marchent d’un même pas. Il y a un aspect inhumain comme une énorme infrastructure froide téléguidée. En deçà, les rencontres que Pott vie sont celles de personnes (et d’un ours en peluche qui parle : alcoolique et accro à la nicotine) en dehors de ce système conformiste. Ils ont des désires et des buts différents de la norme.

Citizen Dog est donc une œuvre métaphorique sur la société thaïlandaise et en particulier de Bangkok. Ici, les personnages que le cinéaste traite sont chacun garant de leur propre destin. Wisit Sasanatieng crée une œuvre créative via cette satire sociale haute en couleur avec Pen-ek Ratanaruang comme narrateur du film. Magnifique œuvre onirique.
I.D.

dimanche 18 janvier 2009

The Longest Nite : La guerre des pions

dimanche 18 janvier 2009
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The Longest Nite (1997) naît dans une situation trouble puisqu'il coïncide avec l’année de rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Là où l’on vit la fuite des cerveaux (John Woo, Ringo Lam, Tsui Hark et autre Kirk Wong) aux Etats-Unis et où l’on disait de l’industrie cinématographique hong-kongaise qu’elle vivait ses dernières heures de gloires. Bref, le pessimisme était de rigueur et le film reflétait cette même ambiance. Une ambiance noire où Johnnie To et Wai Ka-fai (ici producteurs) mettaient à l’honneur avec ce polar. Un polar sombre. Du néo polar qui s’inscrit aujourd’hui comme l’un des meilleurs du genre.

On a souvent contesté la paternité du film à son auteur – Patrick Yau – ce qui a participé à la légende de ce chef d’œuvre qu’on a souvent attribué à Johnnie To. En effet, on y retrouve un style et une atmosphère qui lui sont propres, tout en sachant qu’il suivait de prêt les productions dont il était l’investigateur. D’ailleurs il ne s’en ait jamais caché comme se fut le cas pour Beyond Hypothermia (1996) de Patrick Leung.

L’action de The Longest Nite prend place dans l’enclave portugaise de Macao qui connaît alors un regain de violence lié aux règlements de compte entre triades et forces de l’ordre (coupures de journaux à l’appui). Une situation locale également propice à l’atmosphère électrique de l’œuvre qui nous intéresse : corruption de la police et affrontements entre triade. La folie s’emparait de Macao et l’action folle du film des spectateurs.

Deux gangs menés respectivement par Mr K et Mr Lung se livrent une bataille sans merci jusqu’à ce que Mr Hung intervienne. Ce dernier, un ponte d’une triade de HK voit d’un mauvais œil ces effusions de sang et réclame un cessez le feu ou il sévira. K et Lung tentent de se réconcilier pour éviter les foudres de Hung. Cependant, Lung est absent de l’enclave pour vingt quatre heures et une rumeur de contrat dont il est la cible circule, ce qui provoque l’arrivée de nombreux tueurs à gages parmi lesquels se trouve Tony (Lau Ching-wan). Quant à K, il reste introuvable. Sam (Tony Leung Chiu-wai), un policier corrompu tente de prendre les devants pour éviter tout règlements de compte jusqu’à ce que la paix soit officiellement déclarée.

Le scénario de The Longest Nite établit une intrigue à haute tension où les deux personnages principaux se livrent un véritable face à face haletant d’une nuit (treize heures en vérité). Un néo polar intense et dur parsemé de rebondissements. La réalisation n’est pas en reste. Elle parvient à recréer une atmosphère claustrophobe, moite et enivrante tant les lieux sont étouffants, sombres et glauques. L’image du film dégage une certaine violence sale dans cette nuit bleutée. La photo est forte comme l’ensemble de la réalisation.

Les acteurs principaux, Lau Ching-wan et Tony Leung sont magnifiques dans leur rôle propre. Deux « vrais » acteurs qui interprètent merveilleusement leurs personnages qu’ils ont dans la peau et cela se voient. Tony (crâne rasé et tatouage) et Sam (usant d’un mouchoir pour éponger sa sueur) sont des doubles respectifs. Ils s’affrontent psychologiquement et physiquement tout en se manipulant à tour de rôle. Ils sont le reflet d’un miroir qu’il se renvoie sans savoir qu’ils sont des pions qu’on déplace à leur insu sur l’échiquier qu’est Macao.

On regrettera la bande son. Même si elle apporte quelque chose à l’ambiance, on aurait aimé qu’elle soit originale parce que l’œuvre l’est. En effet, les connaisseurs reconnaîtront entre autre le thème de Midnight Express.

I.D.

mercredi 14 janvier 2009

Audition (Ôdishon) : Du rêve au cauchemar

mercredi 14 janvier 2009
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Audition (1999) est un film du prolifique Takashi Miike, adaptation d’un livre du génial Ryu Murakami qui raconte l’histoire d’un producteur, Aoyama veuf depuis plusieurs années dont l’un de ses amis le pousse à se remettre avec quelqu’un. Ils organisent alors tout les deux un faux casting pour trouver une actrice prétexte à trouver celle qui illuminera ses jours. Il pense trouver la femme parfaite sous les traits d’une jeune et énigmatique femme (Asami) qui l’entraînera dans une spirale d’horreur.

Takashi Miike met en place une mise en scène presque dormante ou rien ne se passe réellement si ce n’est le parcours d’un homme à la recherche de l’amour avec un grand A. Une audition, une sélection, l’élue puis les prémisses d’une histoire d’amour… une romance comme il en existe des tas puis la fracture et le commencement d’un cauchemar éveillé pour Aoyama. Du rêve au cauchemar, c’est du Takashi Miike en somme qui ne pouvait que mieux s’exprimer à travers une œuvre de Murakami tout autant barré que lui.

Audition met en lumière un personnage féminin mystérieux et névrosée. Asami vit dans un appartement sinistre où elle tient prisonnière un individu dans une toile de jute. Une psychotique qui aime faire souffrir. Le parcours d’Aoyama va se transformer en un parcours de souffrance corporelle et psychologique. La question de Miike est alors de savoir quelle est la limite de l’être humain ? Á l’image de la séquence finale, Takashi Miike joue avec les spectateurs qui dénotent les trois quarts du film alors que l’accumulation de la violence explose d’un coup en plein visage ; un véritable point de rupture cinématographique qui ne fait que renforcer cette même violence. La scène finale intelligemment montée oscille entre rêve et réalité, surprenante de beauté horrifique.

Finalement, on pourrait considérer qu’Audition est un film féministe. Asami, personnage à la fois fascinant et troublant incarne la gente féminine trop souvent malmenée par le comportement de certains sujets masculins. Une vengeance se met alors en place à mesure que la tension monte. Ce film de Miike est effrayant en faisant planer une atmosphère lourde comme un ciel obscurcie avant l’orage. Tout aussi effrayant que traumatisant notamment avec ce petit bruit qu’émet Asami lorsqu’elle torture. La force du film et donc de son auteur réside dans le volte-face de cette oeuvre qui d’une romance bon enfant passe à de l’horreur qui tranche dans le vif. Un bon Miike.
I.D.

dimanche 11 janvier 2009

Election / Election 2 de Johnnie To

dimanche 11 janvier 2009
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Election (Hak seh wui) : Lutte pour le pouvoir

La Wo Sing Society, une triade hong-kongaise doit élire son nouveau président à sa tête. Comme le veut la tradition, l’élection incombe aux anciens de la triade. Ces derniers doivent choisir entre Lok (Simon Yam) et Big D (Tony Leung Ka Fai). Le premier est élu à la majorité pour deux ans à la tête de la Wo Sing et doit recevoir comme symbole de son pouvoir un spectre à Tête de Dragon mais c’est sans compter sur le perdant de l’élection… Lire l'article

Election 2 (Hak se wui yi wo wai kwai) : Nouveau mandat
Johnnie To Kei-Fung réalise une suite à Election (2005) et crée de ce fait un diptyque d’anthologie avec ce deuxième volet : Election 2 (2006). Le diptyque du microcosme de la Wo Sing Society s’inscrit alors comme des œuvres cinématographiques incontournables de l’univers des organisations criminelles. Deux œuvres à ranger aux côtés de Goodfellas et de Casino de Martin Scorcese ou de la trilogie de The Godfather de Francis Ford Coppola... Lire l'article

I.D.

mardi 6 janvier 2009

L’Île (Seom) : Perdue

mardi 6 janvier 2009
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Kim Ki-duk (KKD) signait avec L’Île (2000) l’un de ses premiers films, le cinquième pour un cinéaste qui compte en 2008 quinze films à son actif en douze années de carrière en tant que réalisateur, chose plutôt rare chez un cinéaste. Une productivité sur une courte durée qui n'a pourtant pas été gage de qualité. Une filmographie en dent de scie, Kim Ki-duk ne se présente plus ou presque. On le dit autodidacte et chouchou des festivals. Il parle d’un cinéma sombre, glauque parfois, d'un cinéma quasi-muet. Son cinéma est fait de marginaux, de désaxés souillés par la perversité entre autre ; L’Île en est de cela.

L’Île est l’un des meilleurs Kim Ki-duk car il réunit tout ce que son auteur sait faire de mieux. Un cinéma qui lui est caractéristique, un cinéma qui nous dit qu’aux premières images on assiste à une projection d’un KKD.

Dans L’Île, un ensemble de petits îlots de pêche caractérisés par des couleurs sont parsemés sur l’étendue d’un lac. Hee-jin s’occupe de louer ces îlots flottants aux pêcheurs. Elle tient le rôle de propriétaire des lieux mais aussi de serveuse, de femme de ménage lorsque ce n’est pas de prostituée. Sa vie morne va changer le jour où Hyun-shik, un homme en cavale se réfugie dans l’un des îlots pour échapper à la police. Un amour pervers va naître entre les deux jeunes gens.

Kim Ki-duk pour son plus grand plaisir (et le notre ?) met en spectacle ses personnages qu’il affectionne tant, mêlant les comportements déviants d’une société coréenne qu’il aime égratigner. Un choc des cultures se révèle entre ces deux personnages, qui petit à petit, vont se montrer comme étant l’alter ego l’un de l’autre. Elle, représente la vie loin de tout, loin de la société dont les stigmates s’égrainent dans son comportement (asociale), lui, la vie citadine et son modernisme amenant dans ses bagages les stigmates d’une vie étouffée par le béton (le renfermement).

L’Île est une tragédie sur le désespoir, celle d’un amour qui naît entre deux autistes (Hee-jin restant figée dans son mutisme et Hyun-shik ne confessant pas son crime) qui s’aiment à travers d’actes déments. Une folie amoureuse où l’amour justement est chaque fois plus fort à mesure que les mutilations se font de plus en plus dans la douleur. Terrible est la façon dont ils ont de se dire : « je t’aime » : un langage du corps qui se met à la place de la parole, mêlant plaisir charnel passionné et pervers. Tout au long du film la mort plane au-dessus de leur tête, une mort lente qui coule tranquillement comme les flots.

Kim Ki-duk met en image des amants maudits comme rarement ils avaient été montrés au cinéma. Il fait preuve d’une grande qualité dans la mise en scène qui aux premiers abords parait tout bonnement sobre mais qui en réalité est bien plus que cela. Il montre un grand savoir-faire dans le cadrage ainsi que sur la fluidité du récit et des images. Et fait donc de l’Île, un film fascinant et fluide laissant aller la caméra comme les deux amants dans leur fuite en avant de l’amour éternel.

I.D.

jeudi 1 janvier 2009

Classement 2008 des films Asiatiques

jeudi 1 janvier 2009
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Pour commencer je vous souhaite à tous une excellente année 2009 !

Pour clôturer l'année 2008 qui nous a offerte de très belles projections et surprises, je vous présente un classement, non exhaustif finalement puisque j'ai loupé quelques projections, de l'ensemble des sorties venues d'Asie :

1er - John John, Brillante Mendoza (Philippines)


2ème - Souvenir, Im Kwon-taek (Corée du sud)


3ème - Night & Day, Hong Sang-soo (Corée du sud)


4ème - My Magic, Eric Khoo (Singapour)


5ème - Ploy, Pen-Ek Ratanaruang (Thaïlande)

 
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