vendredi 30 avril 2010

Une soirée à Phnom Penh comme je les aime...

vendredi 30 avril 2010
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Hier soir je repensais à de lointaines vacances à Phnom Penh et aux joies de mes soirées passées. J’ai souvent évoqué ma cousine dans certains de mes articles et bien elle sera encore de la partie (comprenez l’utilisation du « nous »). J’avais envie de vous faire partager une soirée comme j’aime en passer à Phnom Penh. Nostalgie quand tu nous tiens… pratiquement 3 ans que je n’y suis plus retournée…

19h, départ de l’hôtel pour emprunter le boulevard Monivong, un des grands axes de la capitale. Nous nous éloignons du centre ville pour rejoindre un quartier où se trouve un de nos restaurants de rue préféré, reconnaissable par un écriteau « Khmer desserts ». Trois grands faits tout sont disposés devant le restaurant, histoire d’appâter les passants et de répandre une bonne odeur de plats chauds. Trois spécialités sont servies :

- Le gruau de riz aux viandes variées (une bouillie de riz dans son bouillon). Ce plat a une apparence peu ragoûtante et plaît rarement aux palais occidentaux. On a coutume de l’appeler le plat du pauvre, puisqu’on le prépare, le plus souvent, avec des restes de riz et de viandes.

- Le curry rouge de poulet (le plat que j’affectionne le plus) servi avec des vermicelles de riz ou du pain (loin de notre baguette, la texture du pain ressemble à celle d’une brioche, le goût est fade).

- La soupe de poisson émietté à la citronnelle servie avec des vermicelles de riz, des herbes aromatiques, pousses de soja et fleur de bananier.

Un stand de desserts est tenu au fond du restaurant. Les cambodgiens apprécient les desserts à base de lait de coco et glace pillé (rafraîchissant et atténuant le goût très sucré). En vitrine, on retrouve le Che Dau (dessert vietnamien à base de riz gluant et haricot), du potiron, du jacquier frais, du fruit de palmier, de la gélatine aromatisée… Dans un bol, les ingrédients choisis sont arrosés de lait de coco et sirop de sucre de canne.

Après le dîner, direction le centre ville pour une ballade le long du lac Tonlé Sap, où les cambodgiens ont pour coutume de se réunir. L’endroit est animé, la population profite de la température douce du soir et d’un moment de partage autour d’un VCD projeté en plein milieu de la rue sous une tente aménagée, une comédie ou des sketches d’humoristes locaux.

A peine le temps de digérer, qu’on se remet à penser à un encas, ah les joies du Street Food ! Vers 22h, c’est partie pour la dégustation d’œufs couvés. Comme je vous l’expliquais dans un article consacré à cette spécialité, on les mange de préférence dans la pénombre, pour oublier son apparence. Les vendeurs ambulants ne manquent pas et pour accompagner les œufs couvés, quoi de mieux qu’un milkshake aux fruits ? Durian, jacquier, ananas, fruit du dragon ou encore mangouste, on a l’embarras du choix. Les fruits sont mixés avec du lait concentré, de l’eau et du sucre. Un régal !

23h, la soirée se termine paisiblement, direction l’hôtel (eh oui ça fatigue de vagabonder en ville !)… ou parfois dans un des nombreux Karaoké de Phnom Penh où l’on retrouve le système des salles privées, qui permettent de pouvoir rester entre amis et s’adonner en toute décontraction à de grandes prestations vocales !

Diana

Frères de Kan Ishibashi, déprogrammé de la rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste

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Le film Frères/Kyôdaï de Kan Ishibashi (1999) qui devait faire partie de la rétrospective Takeshi Kitano a été déprogrammé. Pour palier à ce changement, a été projeté hier Sonatine, pour le plaisir d'un public curieux et certainement averti. La salle était comble. Chose qui m'a surprise puisque les films de "Kitano, l'acteur" n'avait jamais suscité pareil engouement ... J'ai mieux compris lorsque j'ai su que la séance faisait place à Sonatine !

Donc pour la séance du 13 juin 14h30 - Cinéma 2, sera diffusée (en place de Frères) : No More Comics ! (1986) de Yôjirô Takita.

mercredi 28 avril 2010

Aniki, mon frère : Un yakuza à L.A. [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

mercredi 28 avril 2010
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Takeshi Kitano débarque aux Etats-Unis. Pas pour faire du tourisme cela va de soit mais pour mettre en scène Aniki, mon frère / Brother (2000) où il y interprète un yakuza comme il sait si bien le faire.

Los Angeles, Aniki Yamamoto, un yakuza rescapé d’une guerre de clan débarque de Tokyo. Pour échapper à un contrat qui court sur lui, il retrouve son demi frère, Ken devenu petit dealer. Très vite, Aniki forme son propre clan composés de japonais, d’afro-américain et d’hispanique sur les règles qui régissent les yakuzas…

Aniki, mon frère est une co-production entre les Etats-Unis et le Japon. L’alliance Tokyo-Los Angeles marche-t-elle ? Il en ressort un goût âpre. Une saveur particulière. C’est du Kitano auquel on a droit. Il n’y a pas de doute. On y retrouve une œuvre à la fois drôle et émouvante mais aussi l’aspect posé de la mise en scène. La violence y est présente, une violence tout de même plus rude. Des caractéristiques propres au cinéma de Takeshi Kitano. Une marque de fabrique en somme. Mais qu’est-ce qu’il semble clocher alors que le film ne pose pas de problème en soit ? Le dépaysement ? Son côté trop américain ? Sa mixité des origines dans le clan que le personnage de Kitano forme ?

Le sentiment qui nous parcourt avec Aniki, mon frère c’est qu’il transpire un cinéma qui se reproduit à l’infini. Takeshi Kitano ne semble pas s’embêter à réaliser quelque chose de nouveau. Il pioche parmi sa filmographie antérieure et y dispatche des éléments qui faisaient son cinéma. Ce sentiment c’est de se dire que fort d’une bonne réputation acquise avec les années, Takeshi Kitano s’attaquait au marché états-uniens. L’appel du grand large, des sirènes américaines comme d’autre avant lui. Il y débarque avec son savoir-faire, sa touche. Il livre un film de Kitano sans se fouler, un peu facile, pas toujours original. Pourtant, Takeshi Kitano reste fidèle à lui-même ou presque. Des petites choses énervent qui n’énervaient pas avant. Je pense notamment aux transitions entre les scènes qui donne un aspect bâclé.

L’identité Kitano est dans Aniki, mon frère sans qu’elle y soit (j’avoue cette phrase laisse à désirer). Pas que le film n’ait pas son âme de cinéaste mais il y manque une aura. Ce petit quelque chose. Il n’y a pas la poésie qui régnait dans certains de ses longs, on ne sent pas d’osmose entre les acteurs (des différentes nationalités) bien qu’il est plaisant de revoir Ren Osugi, Susumu Terajima (la scène du basket-ball m’a bien fait rire) ou encore Ryo Ishibashi dont j’adore la tronche. Aniki, mon frère est un film qui divisera les amoureux du cinéma de Takeshi Kitano. En ça, il pourrait décevoir parce qu’inégale mais il reste tout de même un bon film de yakuza qui fera forcément penser à la référence Kinji Fukasaku.

> Rediffusion le samedi 12 juin, 20h30, cinéma 1
I.D.

mardi 27 avril 2010

Bodyguards and Assassins : Sacrifice

mardi 27 avril 2010
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Á l’heure où Bodyguards and Assassins sort grand vainqueur des Hong Kong Film Awards 2010 avec dix-neuf nominations pour huit récompenses au total dont celles de meilleur film, meilleur réalisateur pour Teddy Chen ou bien encore de la meilleure chorégraphie. Nous nous intéressons à ce « phénomène » qui s’inscrit dans un nouveau sous genre qui a le vent en poupe à HK, le film historique contemporain teinté d’arts martiaux.

Grosse production historique mêlant drame et kung-fu, Bodyguards and Assassins / Sap Yueh Wai Sing (2009) de Teddy Chen narre des évènements fictifs comme s’ils étaient vrais. Du coup, nous assistons à une adaptation fantasmée d’une réalité qui n’a elle-même sans doute même pas existée. En bref, un spectacle qui pourrait être tout droit sorti d’une réalité parallèle où le leader Sun Yat-sen serait l’homme au centre de tout. C’est compliqué ? Pourtant le pitch est clair.

Hong Kong. 1906. Alors que la dynastie Qing règne toujours sur la Chine, Sun Yat-sen, leader nationaliste et républicain s’érige comme opposant. Ce dernier en exil doit se rendre dans la colonie britannique pour organiser la révolte ultime. La cour impériale chinoise en profite pour envoyer des assassins alors que sur place ses partisans organisent sa défense…

dimanche 25 avril 2010

Battle Royale : La grande purge [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

dimanche 25 avril 2010
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Adaptation d’un livre, Battle Royale / Batoru rowaiaru (2000) de Kinji Fukasaku (Kamikaze Club, 1968) s’intéresse à dénoncer la violence chez les jeunes par une violence mise en scène de manière froide, décalée et sans concession.

Dans un Japon futuriste, les adolescents sont d’une violence incommensurable. Une loi est votée pour palier à une discipline qui vacille c’est la loi « Battle Royale ». Dès lors, une classe de troisième est envoyée sur une île. Les élèves doivent s’y entretuer durant trois jours. La quarantaine d’élèves de la 3ème B s’affrontent jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un…

Battle Royale dépeint dans un microcosme, celui d’élèves d’une même classe la violence qui les habite. Á travers une réalisation sans anicroche, l’énorme Kinji Fukasaku dont on n’en attendait pas moins réalise un constat sans complaisance et sans morale sur une situation nourrie par l’omniprésence de la violence. Et comment répondre au mieux à la violence si ce n’est par cette même violence. Battle Royale traite également du passage à la vie d’adulte de ses adolescents dont le terrain de jeu (et de mort) est un concentré du quotidien.

Atmosphère à la fois lourde, surréaliste emprunt d’un humour noir et d’un cynisme sans borne, Battle Royale est un film prenant avec un Takeshi Kitano énorme. Un film à voir c’est certain bien que la violence qui le parcours soit difficile à digérer. Pour ma part, un film défouloir comme il m’arrive d’aimer voir.

> Rediffusion le dimanche 13 juin à 17h, cinéma 1
I.D.

vendredi 23 avril 2010

L’Eté de Kikujiro : Carnet de voyage [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

vendredi 23 avril 2010
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Takeshi Kitano signe L’Eté de Kikujiro / Kikurijo no natsu (1999), une œuvre qui dépeint le voyage initiatique d’un enfant et d’un adulte que tout sépare. Ce voyage prend des allures de road-movie à travers le Japon.

Masao, un enfant timide et réservé vit depuis toujours avec sa grand-mère. Ce sont les grandes vacances d’été. Alors que tous ses camarades s’en vont, Masao se met en tête de retrouver sa mère après avoir mis la main sur une photo d’elle ainsi qu’une adresse. Masao se retrouve à faire le voyage avec un vieux yakuza aigri…

L’Eté de Kikujiro est une nouvelle réussite sans conteste du maître. Takeshi Kitano met en scène une œuvre belle et touchante. L’ensemble est à la fois émouvant et plein d’humour entre des moments légers et d’autres qui se veulent plus durs. Ces deux personnages vont ainsi apprendre à se connaître mais surtout et avant tout apprendre à s’aimer, créer un lien affectif indéfectible. Ces personnages, l’enfant (qui semble être l’adulte) et l’adulte (qui semble être l’enfant) vont croiser sur leur route tout un tas d’individus qui viendront égayer ce road-movie, tous sont attachants et participent au succès de cette œuvre.

Il y a une poésie superbe sur l’enfance dans L’Eté de Kikujiro, Takeshi Kitano, en grand enfant qu’il est, livre une histoire pleine de saveur chaleureuse qui parvient à nous toucher au plus profond. On n’oubliera pas la superbe musique employée et une mise en scène qui l’est tout autant, jusqu’au déchirement d’une grande sobriété lorsque les deux compères se séparent à la fin. Ils retournent ainsi à leur vie respectif après cette parenthèse, assurément changés parce qu’ils ont appris tout d’eux de ce voyage quasi-onirique qui les marquera à jamais comme nous.

> Rediffusion dimanche 6 juin à 14h30 - Cinéma 1
I.D.

Independencia : Déflagration historique

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Jeune cinéaste philippin Raya Martin signe Independencia (2009), deuxième volet de sa trilogie sur l’indépendance des Philippines.

Philippines, au début du XXème siècle. Une guerre éclate entre philippins, fraîchement débarrassés de l’hégémonie espagnole, et américains. Une mère et son fils décident de s’enfuir dans la forêt pour s’y cacher. Ils s’y installent. Un jour, le fils découvre le corps d’une jeune femme inconsciente. Il la ramène dans son abri…

Independencia détone, surprend, déstabilise tout en enchantant. Une œuvre rare dans le panorama cinématographique qui se veut visuellement incroyable, surtout qui se veut véritablement hypnotique dans cette façon qu’elle a de nous happer en son sein. On pénètre dans un univers captivant où l’on découvre les moindres recoins d’une Histoire qui se joue en sourdine. Le but de Raya Martin est clair, à travers ses œuvres l’auteur désire reconstruire les archives perdues d’une mémoire collective nationale. Pour entreprendre ce travail de sape, le cinéaste inscrit Independencia dans une nature cinématographique d’antan. L’esthétique d’un cinéma primitif muet mais ici parlant en noir et blanc s’invitent (nous invite) dans un décor de studio à l’éclairage artificiel enfermé dans une fenêtre carrée pour le format. Raya Martin va jusqu’à saccader l’image pour réduire le défilement et ainsi lui donner l’aura de ces vieux films muets.

jeudi 22 avril 2010

Nuits d’ivresse printanière : Le tourbillon

jeudi 22 avril 2010
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Ce n’est pas sans appréhension (le souvenir d’Une jeunesse chinoise en est pour quelque chose) que j’ai découvert le dernier Lou Ye, Nuits d'ivresse printanière / Chūn fēng chén zuì de wǎn shàng (2009). Le cinéaste encensé en 2009 à Cannes pour le prix du meilleur scénario, nous livre une belle réussite. Fresque sensible, Lou Ye se penche sur les bouleversements sentimentaux d’hommes surtout, mais aussi de femmes.

Luo Haito est engagé par une femme pour espionner la relation passionnée que son mari entretient avec un homme. Cette découverte va tragiquement affecter le couple, pour plus tard atteindre, de façon imprévisible, Luo Haito.

La trame je la connaissais et c’est pour sur une des raisons qui m’a fait craindre la vision de ce film. Dans Une jeunesse chinoise, la redondance d’étreintes amoureuses avait suscité pour ma part un ennui et un fort agacement, ayant le sentiment d’assister lourdement à la volonté d’un cinéaste d’être à contre-courant. Nuits d’ivresse printanière n’a heureusement pas emprunté cette insistance, se dotant avec panache d’une belle sensibilité. La sobriété était au rendez-vous, jouant sur la luminosité et les contrastes apportées par les lieux choisis, Lou Ye se fond dans l’intimité de ces couples pour livrer des portraits touchants. Le cinéaste parvient à ne pas tomber dans un piège où lourdeurs et maladresses auraient pu plomber une bien belle réflexion.

La force du film réside incontestablement dans l’écriture de ces personnages. Le cinéaste fait évoluer ces personnages dans un tourbillon émotionnel, où ils seront chacun à leur tour acteurs d’un même tourment. Débutant par cette histoire d’adultère, Lou Ye distille tout au long du film, ces personnages pour les réunir autour d’une réflexion commune : la recherche de soi. Troublés par l’ambivalence qui les animent, ils se chercheront jusqu’à trouver la juste réponse, ou pour certain, la moins douloureuse.

La censure chinoise, on la connait, Lou Ye encore plus. Sous le rang d’une interdiction de tourner, le cinéaste parvient à réaliser d’admirables plans dans les rues de Nankin ou dans des lieux plus reculés, comme cette montagne où les amoureux s’étreignent. Il nous livre une belle composition avec par instant des enchaînements pour le peu étonnants apportant une dynamique à son long métrage. Vraiment, Nuits d’ivresse printanière est le résultat d’une belle réflexion appuyée par la maîtrise d’un cinéaste. Admirable.

Diana

mardi 20 avril 2010

Goodbye South, Goodbye : En mouvement

mardi 20 avril 2010
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D’après une idée originale de King Jieh-wen et de Jack Kao qui tient ici le rôle principal, Goodbye South, Goodbye / Nánguó Zaìjiàn, Nánguó (1996) de Hou Hsiao Hsien narre les pérégrinations de petits voyous du sud montés dans la capitale.

Kao, Bian alias « Tête d’obus » et la petite amie de ce dernier vivent de menus larcins. Ils vont et viennent entre Taipei et la campagne taiwanaise. Kao, amoureux rêve d’arrêter cette vie de voyou pour ouvrir un restaurant à Shanghai…

Goodbye South, Goodbye se compose entre la ville et la campagne, entre les temps forts et les temps morts. Hou Hsiao Hsien met en scène une œuvre à l’esthétisme certain. Il crée un univers superbe où l’on suit ces corps en perpétuel mouvement tout en étant d’un statisme surprenant. Il y a du mouvement dans la léthargie de ces personnages qui s’abandonnent à des espaces qui offrent des plans d’une beauté peu commune. Goodbye South, Goodbye nous livre en pâture des individus qui se laissent aller ici et là sans réel but dans la latence du lendemain.

Hou Hsiao Hsien développe un sens de l’espace qui confère à une contemplation spécifique celle qui s’abstrait de toute dramaturgie. Il y a dans Goodbye South, Goodbye une lenteur enivrante qui nous invite dans cette apesanteur éthérée. Une œuvre sublime faite de chose simple de la vie : boire, manger, conduire,… Des choses simples, communes à tous mais pourtant qui révèlent un attrait dont la mise en scène communique toute la dimension d’une œuvre qui marque, resplendit par l’étendue humaine qu’elle confère. Une œuvre envoûtante et des plus importantes de la filmographie de Hou Hsiao Hsien. Mirifique.

I.D.

dimanche 18 avril 2010

Kids Return : Horizon funèbre [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

dimanche 18 avril 2010
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Scénariste, réalisateur et accessoirement monteur, Takeshi Kitano met en scène Kids Return (1997) avec ces différentes casquettes. Pour se faire, il s’inspire de sa jeunesse et narre ainsi une histoire qui flirte avec l’autobiographie.

Masaru et Shinji sont deux lycéens inséparables qui passent leur temps à sécher les cours et à traîner. Ils leur arrivent également de racketter jusqu’au jour où ils tombent sur plus fort qu’eux. Masaru décide alors de faire de la boxe, Shinji le suit dans cette entreprise. C’est pourtant ce dernier qui s’en sort le mieux. Masaru abandonne et se fait engager au service de yakuza. Quant à Shinji, il poursuit son bout de chemin en tant que boxeur…

Kids Return est une œuvre d’un pessimisme fou. En apparence, elle raconte l’histoire de deux jeunes gens quelque peu paumés. Des jeunes gens déscolarisés, se laissant aller à flâner ici et là sans but, sans objectif, vivant le jour le jour avec une nonchalance désespérante. Ce qui frappe c’est qu’avec ce portrait doux amer de la jeunesse japonaise se cache une violence terrible. Cette violence c’est celle de la vie, du quotidien auquel les jeunes étudiants ne sont pas préparés. Ils arpenteront avec désillusion leurs entreprises les rattachant à la vie sociale. Ce qui frappe au-delà du duo Masaru-Shinji, ce sont les trajectoires prisent par les « autres », des jeunes tout comme eux qui affrontent une réalité à laquelle ils n’auraient jamais songée. Takeshi Kitano réalise sur la jeunesse le portrait d’une génération de looser dont le combat est perdu d’avance.

samedi 17 avril 2010

Conviction : L’Affaire du Témoin de Jéhovah ou le refus du sang transfusé [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

samedi 17 avril 2010
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Fidèle au faits divers qui inspira le livre de Mitsunari Ôizumi, Conviction / Settoku : Ehoba no Shônin to yuketsu kyoshi jiken (1993) est adapté pour le petit écran par Osamu Yamaizumi.

Un petit garçon est renversé par un camion. Il est emmené à l’hôpital et a besoin rapidement d’une transfusion de sang pour commencer l’opération. Pourtant, ses parents refusent par convictions religieuses qu’il soit transfusé. S’engage alors un rapport de force entre parents et médecins…

Conviction reste un téléfilm sans prétention, relatant avec justesse le tiraillement de deux parents entre leur foi pour leur religion et l’amour qu’ils portent à leur fils. Le téléfilm s’emploie à retracer au plus près et avec objectivité ce fait divers, montrant la dérive sectaire de cette famille lambda. Avec ces retours dans le passé, Osamu Yamaizumi nous immerge dans un quotidien dès plus banal où la religion prend place de façon quasi-anodine ; un groupe de paroles qui épanouit la mère de famille, puis une implication logique de tous les membres du foyer dans un mouvement déviant.

Conviction s’avère courageux dans le propos et dans cette façon de traiter un tel sujet d’autant plus que ce film est destiné à la télévision. La chose est d’autant plus surprenante qu’Osamu Yamaizumi ne prend aucun parti pris , évitant tout regard moralisateur et évitant ainsi de juger ses personnages. Il laisse ainsi le (télé-)spectateur juger de lui-même.
> Rediffusion le jeudi 27 mai à 20h30 - Cinéma 2

Diana & I.D.

vendredi 16 avril 2010

63ème édition du Festival de Cannes (2010)

vendredi 16 avril 2010
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Ça y est la sélection de la 63ème édition de Cannes a été révélée ! Bien évidemment, nous avons prêté une attention particulière au cinéma d’Asie. Une fois de plus la représentativité est là, en revanche il y a de quoi être déçu par la sélection très convenue. Certes, on est bien content de retrouver les 2 Sang-soo (Im et Hong), du Kitano ou encore du Weerasethakul, parce que ce sont des artistes talentueux, mais au fond, il faut être lucide, ils ont été choisis parce qu’ils sont des valeurs sures. Le festival de Cannes ne se foule pas on a envie de dire, avec une prise de risque minimale. Où sont ces cinéastes inconnus ou peu connus sortis de nulle part ? Dommage. Bon ne cachons - et ne gâchons - pas notre plaisir de retrouver ces réalisateurs, qui on l’espère ne repartiront pas tous les mains vides (on pense notamment à l’ambitieux projet de Weerasethakul).

EN COMPETITION
The Housemaid, Im Sang-soo (1h46), Corée du sud
Le Vieux Jardin (2007) | The President’s Last Bang (2005)

Outrage, Takeshi Kitano (2h00), Japon
Violent Cop (1989) | Sonatine (1993) | La retrospective Takeshi Kitano, l’iconoclaste

Poetry, Lee Chang-dong (2h15), Corée du sud
Green Fish (1997)

Copie Conforme, Abbas Kiarostami (1h46), Iran

Loong Boonmee Raleuk Chaat, Apichatpong Weerasethakul (1h30), Thailande

UN CERTAIN REGARD
Chatroom, Nakata Hideo, 1h37

HA HA HA, Hong Sang-soo, 1h56, Corée du sud
Night and Day (2007) | La Femme est l’avenir de l’homme (2004) | Turning Gate (2002)

Rizhao Chongqing (Chongqing Blues), Wang Xiaoshuai , 1h45, Chine
In Love We Trust (2008) | So Close to Paradise (1998)

LA QUINZAINE DES REALISATEURS
The Light Thief d'Aktan Arym Kubat, Kirghizistan

Tiger Factory de Woo Ming jin, Malaisie
15MALAYSIA/The Slovak Sling | Woman on Fire Looks for Water (2009)

Shikasha d'Hirabayashi Isamu, Japon

49e SELECTION DE LA SEMAINE DE LA CRITIQUE
Bedevilled JANG Cheol So (Corée du Sud)
Bi, dung so ! Phan Dang Di (Vietnam – France - Allemagne)
Sandcastle Boo Junfeng (Singapour)

jeudi 15 avril 2010

Recette de Nems (Cha gio), au porc, champignons et carottes

jeudi 15 avril 2010
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Je n'avais jamais trouvé le courage de préparer les fameux nems. Prônant avec force l'achat facile du "tout prêt" congelés ou réfrigérés (ils sont tout aussi bons). Voilà que samedi, je me vois motivée grâce à la rediffusion d'un dîner presque parfait (j'adore cette émission, j'ai bien le droit non ?). Une candidate vietnamienne nous montre sa recette de nems et je m'aperçois que ça n'a pas l'air si compliquée. Parée des ingrédients, me voilà partie pour mon premier essai de nems Maison !

Ingrédients pour 50 nems :
600 g de porc haché
150 g de vermicelles transparentes de soja
75 champignons noirs séchés
2 carottes râpées
2 oignons
2 gousses d’ail
1 œuf
1 cas sel
1 cac poivre
1 paquet de galettes de riz (triangulaires)
Sauce d’huître

1) Mettez les vermicelles et les champignons dans l’eau. Laissez les tremper afin qu’ils ramollissent.

2) Pendant ce temps, hachez l’oignon, l’ail et les carottes

3) Essorez les vermicelles et les champignons, de manière à retirer le plus d’eau possible. Coupez grossièrement les vermicelles, cela facilitera l’étape de roulage de nem.

4) Dans un grand récipient, mettez tous les ingrédients : oignon, ail, carottes, porc haché, vermicelles, champignons noirs et œuf. Ajoutez l’assaisonnement : 2 cas de sauce d’huitre, sel et poivre. Malaxez le tout à la main afin d’obtenir une farce homogène.

5) Etalez un chiffon humide sur votre plan de travail, puis disposer les galettes de riz que vous aurez ramollies dans de l’eau chaude. Mettre une cas de farce sur une des galettes, puis rouler le nem.

6) Dans une huile très chaude, faîtes frire les nems 10 minutes (de manière à avoir une belle couleur dorée).

C'est prêt, ne reste plus qu'à déguster le nem roulé dans une feuille de salade, trempé dans de la sauce Nuoc Nam.

Sauce Nuoc Nam :
3 doses d’eau, 1 dose de citron ou vinaigre, 1 dose de sucre, 1 dose de nuoc nam.
Mettre le sucre dans un saladier, faire bouillir l’eau, puis verser dans le saladier. Remuer jusqu’à que le sucre fonde totalement. Ajouter le citron ou vinaigre, puis le nuoc mam. Mélanger le tout.

La galette de riz est très difficile à manier, pour vous aider voici une vidéo pour l'étape du roulage de nems.

mercredi 14 avril 2010

A Scene at the Sea : Quand le silence parle... [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

mercredi 14 avril 2010
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Découvrir l’œuvre de Kitano en salle, une aubaine, d’autant lorsque l’on vit un instant comme celui vécu devant A Scene at the Sea / Ano natsu, ichiban shizukana umiest (1991). Drame sensible, A Scene at the Sea se penche sur le portrait de deux jeunes sourds-muets.

Shigeru, un jeune sourd-muet vit d’un boulot d’éboueur. Au détour d’une de ces tournées, il trouve une planche de surf écornée, qu’il bricole. Il s’éprend alors pour ce nouveau passe-temps…

Kitano joue la carte de la sobriété dans ce long métrage et parvient avec un talent certain à donner corps à un choix laborieux. Celui de faire évoluer des personnages sourds et muets dans un univers tout aussi épuré. Ainsi, l’histoire de ce couple aurait pu être dès plus insipides, le silence plomber ces plans longs et répétitifs (ceux de cette mer si chère à Shigeru, ceux du visage de Takako, sa petite amie), la routine faiblir l’intensité de la relation particulière entre Shigeru et Takako, mais il n’en est rien. Kitano entreprend un travail de précisions où la sensibilité – perturbante – perce. Par un jeu minimaliste, Kitano trouve la recette quasi-miraculeuse, et créé une œuvre éblouissante, majeur. Majeur par sa maîtrise, son originalité mais surtout par sa sensibilité. On s’extasie devant la beauté de ces séquences, une en particulier, celle du sourire impérissable de Takako. Magique.

La pudeur aurait pu être un frein, Kitano en a fait une force. Troisième long métrage du maître, A Scene at the Sea est sans conteste une œuvre incontournable. On évoque souvent le talent de Kitano pour la violence, n’omettons pas celui qu’il a de faire des films sentimentaux de véritables claques cinématographiques.

> Rediffusion samedi 29 mai, 20h30, cinéma 1

Diana

dimanche 11 avril 2010

L’Enfant des Etoiles : A travers la montagne [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

dimanche 11 avril 2010
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Sur une idée de Takeshi Kitano qui y interprète un ermite vivant dans la montagne, Kazuo Komizu réalise L’Enfant des Etoiles / Hoshi wo tsugu mono (1990). Le cinéaste japonais narre le parcours initiatique d’un groupe de jeunes en tant de guerre qui souhaite retrouver leur famille respective.

Kenji Tanaka est forcé par son entreprise de prendre sa retraite, une manière dissimulée de se débarrasser de lui. Alors qu’il s’adonne à sa passion, celle de réparer des jouets, il fait une rupture d’un anévrisme. Plongé dans le coma, Kenji se remémore son enfance. Durant la Seconde Guerre mondiale, il vivait à la campagne avec d’autres enfants pour éviter les bombardements à Tokyo. Il décide avec quelques-uns d’entre eux de retourner à la ville retrouver leur famille…

L’Enfant des Etoiles souffre d’un mal, celui de vouloir trop revenir dans un présent qui n’apporte rien au récit. Rien. Le gros défaut de ce film, qui aurait pu être tout autre, sont ces scènes présentes alors que Kenji Tanaka se trouve dans le coma. Kazuo Komizu s’arrête sur le désarroi de sa famille sans y apporter une dimension émotionnelle, c’est plat. Ces scènes ne communiquent rien sinon une envie de remplir un film qui se veut déjà long. Tout un paradoxe. Si Kazuo Komizu s’était arrêté aux souvenirs d’enfance, en dépeignant uniquement le périple de ce groupe de jeune qui souffre d’une situation insoutenable, là, L’Enfant des Etoiles aurait été tout autre. Un bon et beau film. Mais sa persistance à vouloir montrer cette équipe de télévision qui suit la famille gâche le plaisir d’assister à une histoire simple et captivante, du coup on relativise sur la qualité de ce long.

Au-delà, de ce présent qui n’a à mon sens pas sa place tout au long du récit, le véritable intérêt de L’Enfant des Etoiles c’est le passé. Le coma de Kenji Tanaka révèle l’aspect initiatique de la vie. Le vécu qui nous construit en tant qu’adulte. Les souvenirs heureux et douloureux qui nous font. Le passé d’un père de famille dont les enfants ne sont pas toujours au courant. Une jeune génération qui ne prend pas toujours le temps de s’intéresser à son histoire (la petite comme la grande). L’Enfant des Etoiles communique une palette de sentiment diverse : la joie, la tristesse... et nous embarque dans l’aventure d’une époque avec ses péripéties sympathique aux dépend de ces mômes qui se révèlent touchant dans ce besoin qu’ils ont de retrouver leur famille. Ils trouveront ainsi sur leur route un ermite qui changera à jamais leur vie.

L’Enfant des Etoiles est parsemé de jolie scène et de moment agréable pourtant le film n’est pas pleinement réussi. Cela n’empêche pas qu’on assiste à un film qui garde un certain charme. En deçà, on notera un Takeshi Kitano qui révèle une véritable complicité avec les enfants créant ainsi une osmose dans les interprétations de tout à chacun.

> Rediffusion le jeudi 20 mai 2010, 20h30, Cinéma 1
I.D.

samedi 10 avril 2010

Demon : Le Yasha de la mer [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

samedi 10 avril 2010
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Demon / Yasha (1985) de Yasuo Furuhata déjoue le film de yakuza classique pour s’inscrire dans un drame peu conventionnel avec dans le rôle titre Ken Takakura (Le détroit de la faim, 1964).

Dans un petit village de pêcheurs, Shûji, un ancien yakuza tente de se ranger dans une vie paisible et honnête. Marié, père de famille et respecté par ces paires, sa vie se voit chambouler à l’arrivée de Yajima, un petit truand qui sème derrière lui le désarroi…

Dans Demon, Yasuo Furuhata, se penche dans un premier temps dans une description de la vie de pêcheurs. En posant sa caméra dans ce village, il dépeint l’activité de ces travailleurs dans un quotidien rude où les plaisirs se font rares. On découvre une vie complètement dédiée au travail où les hommes se tuent à la tâche pendant que les femmes s’attèlent à la préparation des poissons. C’est avec minutie que le cinéaste pose son cadre dans une première partie nécessaire pour pouvoir encore mieux appuyer le sens de son récit.

Là où se film se veut captivant est que Demon parvient à se détacher du simple film de yakuza et d’un certain stéréotype qui colle au genre. L’intérêt du film de Yasuo Furuhata est qu’il délocalise une intrigue mafieuse le plus souvent situé dans les villes pour la placer dans un village retiré de tout. Surtout, il s’intéresse à dépeindre et à témoigner du virus qui contaminent une terre vierge. Il y décrit ainsi non sans une certaine intelligence la contagion par les vices venus de la ville : jeu pour de l’argent, drogue…

Bien que certaines scènes répondent aux cahiers des charges de l’égide des studios (ici les contraintes de la Toei), Demon est emprunt de grandes qualités : le regard singulier d’un cinéaste, des interprétations à la hauteur, une histoire prenante servit par un bon scénario. Bref, un film qui vaut le détour (et pas qu’un seul).

Diana & I.D.

mardi 6 avril 2010

No More Comics ! : The Show Must Go On [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

mardi 6 avril 2010
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Les émissions de télévision à scandales mettant en scène des stars, les dérives du petit écran et en particulier un certain type de journalisme recherchant le ragot vendeur sont la panache de ce No More Comics ! / Comic zasshi nanka iranai! (1986) de Yôjirô Takita (Departures, 2009) dont Yûya Uchida (co-scénariste) y interprète le rôle principal.

Toshiaki Kinameri, un journaliste d’une émission de télévision à scandale traque les stars à longueurs de journées pour leur soutirer des commentaires sur les rumeurs qui les abîment. Allant de plus en plus loin, il tombe en désuétude et se voit cantonner à une émission de nuit. Bientôt, il se penche sur une affaire d’escroquerie qui impliquerait la vente de lingot d’or tout en remettant en cause son intégrité de journaliste…

No More Comics ! fait étrangement écho au film de Yoichi Sai, Le Moustique du dixième étage (1983), brûlot anti-consumériste de la société nippone réalisé trois ans auparavant. Yôjirô Takita s’attaque de front aux médias en livrant une critique au vitriol. Les deux films ont en commun cette même rage, cette même dénonciation d’un système et ses dérives. Surtout, ils emploient le même acteur principal qu’est Yûya Uchida, la rock star japonaise. Déjà co-scénariste sur le film de Yoichi Sai où il endossait les traits d’un policier qui s’enfonçait dans la spirale de l’endettement, il interprète ici son pendant journalistique avec cette même candeur, cette même force impassible, un corps singulier, une masse qui vaut plus que tout dialogue où se lit le regard sarcastique et esseulé d’un homme qui arrive à un tournant de sa vie.

Yûya Uchida est la véritable puissance de ce No More Comics ! Tout transpire de cet acteur qui parvient à retranscrire avec force le propos de cette œuvre. Nous rentrons par son biais de plein pied dans l’univers des stars et des scandales (souvent montés de toute pièce) qui les entourent. Cette œuvre est à la fois drôle, sarcastique, pleine d’ironie et terriblement vrai dans cette façon de dépeindre les agissements des journalistes à scandale à la recherche du scoop qui fera la une. Si No More Comics ! est un peu long du haut de ses deux heures, cette œuvre de Yôjirô Takita s’avère être une petite réussite en soi. Les interprétations, l’histoire menée de bout en bout et le parti-pris du cinéaste dans cette façon de la raconter mais notamment de la mettre en scène sont purement jouissif. Cette œuvre ne laisse pas indifférente jusque dans ce final ahurissant où s’invite Takeshi « Beat » Kitano.

Inspiré d’un fait divers ayant impliqué le responsable de l’arnaque qui fut mise à mort devant les caméras de télévision, No More Comics ! est un témoignage captivant et sans concession sur la place des médias dans notre quotidien. Remarquable.

> Rediffusion le dimanche 23 mai, 17h, Cinéma 1
I.D.

Les Crimes de Kiyoshi Ôkudo : La part sombre [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

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Dans Les Crimes de Kiyoshi Ôkudo / Shôwa yonjûrokunen : Ôkubo Kiyoshi no hanzai (1983) de Osamu Yamaizumi, Takeshi Kitano endosse le rôle d’un tueur en série qui défraya la chronique au Japon pour le petit écran.

Kiyoshi Ôkudo est recherché par la population d’une petite ville. Il est soupçonné par la police d’enlèvement. Il est finalement arrêté alors qu’il est en compagnie d’une jeune étudiante. La police tente de le confondre sur l’affaire d’enlèvement. Petit à petit, Kiyoshi Ôkudo se livre en se racontant : son passé, ses condamnations, sa récente sortie de prison puis les meurtres…

Les Crimes de Kiyoshi Ôkudo démarre sur les chapeaux de roues. Un mælström d’image qui voit l’histoire vraie d’un tueur en série qui viola et tua huit jeunes femmes dans le Japon des années 70. Des images, des situations que l’on retrouvera tout au long du film à mesure que Kiyoshi Ôkudo délivrera la mort. Après cette mise en abîme l’histoire commence, celle d’un enlèvement, très vite les soupçons se tournent vers un homme divorcé qui vient de sortir de prison pour agression sexuelle et qui vit chez ses parents. Une milice populaire se créé, traque jour et nuit l’homme qui semble être le coupable idéale. Un homme comme tout le monde en apparence, père de deux enfants, pas plus méchant que cela mais c’est surtout un homme dérangé envahi par des pulsions qui le transforment en véritables prédateurs.

L’histoire de ce tueur en série n’est pas inintéressante. Les Crimes de Kiyoshi Ôkudo aurait même pu avoir les honneurs du grand écran. Ici, cette réalisation d’Osamu Yamaizumi pour la télévision s’intéresse à décrire la lente progression du travail de la police qui fera le voile sur les horreurs perpétrées par le personnage de Takeshi Kitano lequel livre une interprétation qui vaut le coup d’œil par son détachement. Esthétiquement, Les Crimes de Kiyoshi Ôkudo est pauvre. Tourné dans un format qui s’apparente à une vidéo de basse qualité (l’année ne jouant pas pour ce téléfilm : 1983). Au-delà des gros plans, zooms pixélisés qui font mal aux yeux, aux quelques longueurs qui égratignent le propos (sans le nuire, non plus), on assiste à un téléfilm d’une qualité certaine, une fois la barrière « caméscope » digérée.

Les Crimes de Kiyoshi Ôkudo narre avec simplicité une histoire compliquée, celle d’un cerveau malade qui retranscrit toute la complexité de l’homme. L’histoire d’une enquête de police tout aussi complexe par l’ampleur qu’elle dégage à mesure que les interrogatoires s’enchaînent. Il n’y a pas de diabolisation, ni de glorification. Kiyoshi Ôkudo n’est pas une star, juste un homme aux actes impardonnables. Il n’y a pas non plus de justification hasardeuse et complaisante de son comportement. Les Crimes de Kiyoshi Ôkudo nous relate la part sombre de tout à chacun. Une part sombre laissant le désarroi derrière elle.

> Rediffusion le dimanche 16 mai à 14h30, Cinéma 2
I.D.

dimanche 4 avril 2010

Le moustique au 10ème étage : La déchéance [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

dimanche 4 avril 2010
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Le moustique au 10ème étage / Jukkaï no mostiquo (1983), premier film de Yoichi Sai, relate le déchéance d’un officier de police. Ce dernier mène une vie déplorable, rejeté par sa femme et sa fille, échouant à plusieurs reprises à une ascension professionnelle, buvant et dépensant son maigre butin dans les paris de courses de bateaux.

Le moustique au 10ème étage frappe par sa singularité (une bande son tonitruante, des séquences de début extrêmement courtes), un film qui déballe une déchéance aux allures comico-tragiques. Yoichi Sai fait évoluer son anti-héro dans un monde où il se meurt, n’étant qu’un fantôme de lui-même durant ces heures de travail et un monde où il revit lorsqu’il touche à ces paris et aux plaisirs charnelles l’animant tel un enfant. On découvre un homme à la double facette sombrant petit à petit dans une déchéance dont il est pleinement conscient mais dont il se fout. Ces dettes, il les cumule en sachant qu’il ne pourra jamais les rembourser, se mettant face à des dangers qu’il ne semble pas mesurer. Cet homme là n’a plus rien à perdre et tente de jouir du peu qu’il lui reste jusqu’à un point de non retour.

L’intérêt du film est bien celui de montrer ce point de non retour. La dernière partie du film expose l’énième stade de la déchéance, le pétage de plomb de cette homme qui mènera une opération commando dans un excès de folie. Toujours à mi chemin entre le tragique et le comique, cette dernière scène marque la maîtrise du cinéaste dans une mise en scène inattendue et atypique parvenant à exploser toute la souffrance d’un homme égaré.

Le moustique au 10ème étage est un ovni cinématographique par sa liberté de ton et sa mise en scène singulière. Yoichi Sai a su dans ce premier long métrage déjà marquer de sa patte. Le moustique au 10ème étage est un film qui mérite d’être vue pour son aspect expérimental (des scènes incongrues, d’insistants plans sur un écran d’ordinateur des années 80, des cris de jouissance venus de nulle part…) et sa belle audace. Notons aussi l'excellente prestation de Yûya Uchida.

Diana

 
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