lundi 31 août 2009

Iron Monkey : Robin des bois [Sortie DVD]

lundi 31 août 2009
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Attendu par de nombreux amoureux des films venant de Hong Kong depuis plusieurs années déjà, Iron Monkey / Shaonian Huang Fei Hong zhi tiemaliu (1993) de Yuen Woo Ping (Tai Chi Master, 2002) à droit enfin à une sortie DVD. Ce film de kung fu avec Yu Rong Guang (Big Bullet, 1996) et Donnie Yen (Ip Man, 2008) est une production de Tsui Hark.

Iron Monkey, un pratiquant d’art martiaux évoluant masqué vole aux riches pour donner aux pauvres. Le gouverneur de la province avec la police locale tente par tous les moyens de mettre fins à ces vols. Ainsi, ils n’hésitent pas retenir le tout jeune Wong Fei-hong emprisonné pour obliger son père à coincer le célébrissime Iron Monkey.

Dans Iron Monkey, Yuen Woo Ping met en scène le jeune Wong Fei-hong, le célèbre chorégraphe-réalisateur qui a déjà dédié plusieurs films à ce personnages historique chinois, se focalise ici sur le père, Wong Kai-ying. Père et fils croisent le chemin d’un bandit qui fait trembler le pouvoir en place en volant les riches. Un Robin des bois des temps de la dynastie Mandchoue qui pratique avec dextérité les arts martiaux sous couvert d’une profession de médecin comme Wong Kai-ying. Un maître du sud qui rencontre un maître du nord, les choses ne peuvent être qu’explosives.

Si esthétiquement Iron Monkey est en deçà de certaines réalisations de Tsui Hark à cette époque, le film n’en reste pas moins un superbe condensé de scènes d’actions aux combats parfaitement chorégraphiés. L’action se mélange à de la comédie avec des dialogues efficaces qui ne manquent pas de faire mouche. On suit avec délectations cette aventure qui ridiculise merveilleusement un pouvoir en place avec des méchants de taille pour contre balancer avec nos héros. Le film offre donc un excellent divertissement.

Iron Monkey vaut aussi pour ses acteurs. Donnie Yen livre une bonne prestation à l’image de Yu Rong Guang et de sa complice la jolie actrice Jean Wong Ching Ying qui se charge essentiellement de l’aspect martiale de l’œuvre. On n’oubliera pas non plus la jeune actrice Angie Tze Man qui interprète Wong Fei-hong ! Cette dernière démontre une grande à habilité dans son kung fu et participe avec le frère du cinéaste, Sunny Yuen Shun Yee en chef de la police lourdaud au comique du film.

Yuen Woo Ping réalise avec Iron Monkey un film d’arts martiaux qui se place dès lors comme un incontournable. Un classique qui se révèle comme l’un des meilleurs films d’arts martiaux de la décennie 90.

I.D.

dimanche 30 août 2009

Failan : Destins croisés [Sortie DVD]

dimanche 30 août 2009
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Le cinéaste sud-coréen, Song Hae-seong met en scène un drame avec Failan (2001). Failan est le prénom d’une jeune chinoise qui débarque en Corée du Sud, personnage interprété par Cecilia Cheung qui partage l’affiche avec Choi Min-sik. L’œuvre est l’adaptation d’une nouvelle de Jiro Asada, intitulée Lettre d’amour, publiée dans le recueil : Le cheminot.

Kang-jae est une petite frappe dont ses meilleures années se trouvent loin derrière lui. Il vient de sortir de prison après un court séjour. Il est peu considéré par ses pairs qui le prennent pour un looser incarné. Un soir, son chef et ami tue un rival dans un excès de folie. Ce dernier lui demande de se dénoncer à sa place en échange de son rêve, un bateau de pêche. Au même moment, Kang-jae reçoit la visite de la police qui l’informe que sa femme est décédée. Il avait, un an auparavant contracté un mariage blanc avec une immigrée chinoise du nom de Failan

Ce drame sud-coréen est une œuvre belle et réussie sur le destin et tout ce que cela a de tragique. Deux individus qui se croisent sans jamais se voir à l’image du passé qui s’invite au présent (si ce n’est furtivement par deux fois, lui l’épiant sans qu’elle le voie. Elle l’épiant également de la rue sans qu’il ne la remarque). Une histoire d’amour qui n’en est pas réellement une, une romance où les protagonistes sont loin l’un de l’autre, physiquement mais aussi temporellement. Une longue première partie où l’on suit la vie minable de Kang-jae sans voir une seule fois Failan si ce n’est en scène d’ouverture (d’autant plus surprenant que le titre de l’œuvre est Failan) avant qu’elle ne meure. C’est la mort qui parviendra à les réunir et à faire prendre conscience à Kang-jae à côté de quoi il est passé. Á travers Failan, c’est lui qu’il voit : son véritable visage. Deux êtres en tout point différents par leur style de vie mais qui ont en commun la solitude. Cette mort changera la vie de Kang-jae, elle provoquera en lui un changement de comportement. D’une personne pathétique qui se laisse mourir à petit feu, Kang-jae au contact de Failan décédée va trouver la force de vivre. Il va trouver un sens à sa vie après être passé à côté de cet « amour ».

Failan est magnifiquement mise en scène par Song Hae-seong qui fait preuve de sobriété et d’intelligence. Il parvient à capter chaque émotion, chaque sentiment avec un œil transparent. Que dire du duo d’acteur ? Si ce n’est qu’il livre une prestation superbe. De son côté Choi Min-sik sait être drôle mais aussi incroyablement émouvant avec cette qualité qui fait certains grands acteurs, celle de faire évoluer le personnage avec maestria sans que cela ne soit trop gros, trop flagrant, il le fait avec dextérité et métier. De l’autre, Cecilia Cheung est tout en douceur, en intériorisant un jeu juste et posé. Agréable à regarder, elle incarne une personnalité pure avec authenticité. Les deux sont tout bonnement touchant dans leur registre respectif et ce n’était pas chose facile. Failan est une œuvre superbe qu’on ne peut que conseiller de voir. On en regretterait presque que le film ait mit tant de temps à sortir chez nous. Cette tragédie humaine est une profonde tristesse sans pour autant en faire de trop dans l’émotion, pas d’émotion forcée donc. L’œuvre de Song Hae-seong marque et touche. Après vision, nous ne sommes pas loin de nous dire que nous avons assisté à un chef d’œuvre, rien que ça.

I.D.

mardi 25 août 2009

Memory of love : Une nouvelle chance

mardi 25 août 2009
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Wang Chao signe avec Memory of love, son 4ème long métrage. Dans une Chine contemporaine, le cinéaste décide de mettre en scène l’histoire d’un jeune couple dont la relation chaotique se verra confier un nouveau départ lors d’un tragique accident. Sizhu est cette séduisante femme qui trompe son mari depuis 9 mois. Un jour, alors qu’elle est accompagnée de son amant, elle sera victime d’un accident de voiture qui la plongera dans le coma et lui fera perdre une partie de sa mémoire dont l’existence de cet homme. Son mari Xun découvrira la trahison mais tentera de faire renaître la passion amoureuse qui les a unie.

Wang Chao tente dans ce long métrage de nous plonger dans la reconquête amoureuse. La routine s’installe dans le couple, les sentiments ne sont plus les mêmes et la passion vaine… A travers cet accident de voiture, Xun va découvrir ce que son couple cache de plus sombre : l’illusion du bonheur et la trahison d’une femme qu’il aime mais qui ne parvient pas à garder. Le sujet est complexe et retranscrire ces conflits amoureux n’est pas chose aisé, Wang Chao ne semble malheureusement pas avoir trouver le juste lien entre fiction et sensibilité. Oui, le film souffre d’un manque de sensibilité, s’en découle un manque d’émotion. L’histoire est belle pourtant, et l’idée de reconstruction du couple l’est tout autant, pourtant ça a du mal à passer.

L’ensemble est neutre et manque cruellement de matière. Tout comme le sont les personnages qui manquent de profondeur, ou était-ce peut être une erreur de casting ? On ne peut pas passer à côté de la raideur du jeu de Xen, dont le personnage en souffrance est complètement survolé.

Sans compter un scénario maladroitement ficelé, dont certaines scènes manqueront d’intérêt et de fluidité. Memory of Love reste conventionnel, trop peut être, le cinéaste ne prend pas de risque, et se cantonne à narrer un drame amoureux dont découle les nœuds et dénouements, sans grande profondeur. Au final, on reste sur sa faim, se disant « ça aurait pu être beau », mais rien de cela, on repart de la salle sans émotion et c’est ce qui fait dire que Wang Chao est passé à côté de son film, malgré un choix de sujet universel si passionnant.

D'autre(s) article(s) du réalisateur Wang Chao :
Voiture de luxe

Voiture de luxe : En ville

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Prix d’Un Certain Regard au Festival de Cannes en 2006, Voiture de luxe / Jiang cheng xia ri (2006) de Wang Chao est un drame chinois mettant en scène un instituteur à la campagne, revenant à Wuhan après quarante ans. Cet instituteur vient retrouver son fils dont il n’a plus de nouvelle pour le ramener au chevet de sa femme qui est malade. Il est accueilli par sa fille, Yanhong qui travaille comme hôtesse dans un karaoké. Elle le met en relation avec un policier bientôt à la retraite. Les deux hommes partent à le recherche de ce fils. Parallèlement, Yanhong présente à son père son « petit ami » bien plus âgé et propriétaire du karaoké…

Wang Chao porte un regard. Ce regard c’est celui de la Chine d’aujourd’hui avec tous les changements qu’on lui connaît. Pour se faire, il s’emploie à mettre un individu dans un environnement dont il ne connaît rien. On découvre avec cet individu tout ce qui a changé, évolué et combien il est difficile de se faire une place au sein de la ville lorsqu’on vient de la campagne. Les femmes semblent vouées à la prostitution, les hommes à la petite criminalité. C’est l’éternel décalage entre la ville et la campagne, le contraste, les dualités, les différences de mentalité, de style de vie. Et où est l’humain dans tout cela ? Avec Voiture de luxe, Wang Chao place l’être humain au centre en s’intéressant à ses bouleversements.

Voiture de luxe est un film qui se laisse voir. Un film réaliste, un film constat sur une Chine à un instant T. Un film d’auteur d’un cinéaste désireux de se faire témoin des bouleversements humains à travers les bouleversements d’une société, d’un pays. Wang Chao y mêle un drame familial : un père et son passé, un père et sa fille, honteuse de sa condition de vie à moitié cachée, mais met aussi en avant un aspect plus « gangster ». Reste à voir si cet aspect là convint, si cet aspect là était nécessaire au bon fonctionnement de son récit. Le film du réalisateur chinois vaut surtout par cette violence sous jacente que l’on ressent en permanence.

Voiture de luxe de Wang Chao a des qualités c’est indéniable. Pour ma part, je trouve le film trop conventionnel sur la forme où le cinéaste chinois prend peu de risque en utilisant une jolie photo bien lisse comme il faut. La réalisation l’est tout autant, sans réelle impact, la seule force et je me répète consiste à montrer cette violence sans la voir, une violence dont on ressent la présence. Ensuite, le fond est trop consensuel que se soient les personnages, les sentiments exprimés ou bien l’intrigue. Peu de risque sont prit, peut-on en vouloir à Wang Chao pour cela ? Question de parti-pris. Sans ça, Voiture de luxe est à mon humble avis un film surfait mais qui a le mérite de porter un regard et rien que pour ce regard c’est un film à voir, de là à l’aimer ou même l’apprécier...

D'autre(s) article(s) du réalisateur Wang Chao :
Memory of Love
I.D.

lundi 24 août 2009

Photos d'une Jeune ouvrière dans un iPhone [e-Zapping]

lundi 24 août 2009
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Cette jeune femme est la preuve qu'on peut s'amuser en travaillant ! Le propriétaire d'un iPhone a eu la bonne surprise de découvrir une série de clichés de l'ouvrière qui a monté son portable. La jeune asiatique pose avec sourire devant l'objectif, forcément c'est contagieux !

Plus d'infos : Gizmodo.com

dimanche 23 août 2009

Besieged City : Ciel ombrageux

dimanche 23 août 2009
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Lawrence Ah Mon, cinéaste méconnu signe un drame social sombre sur la jeunesse hongkongaise avec Besieged City (2007). L’œuvre se veut réaliste et devient par moment presque documentaire sur son approche et sa façon de se placer par rapport à ses sujets.

Á Tin Shui Wai, dans les quartiers pauvres Ling tente de découvrir la vérité sur ce qui a amené son frère Jun à sa tentative de suicide après l’assassinat d’une jeune fille dont ce dernier serait l’auteur. Il est d’autant plus enclin à le découvrir qu’un gang lui met la pression. Le gang en question soupçonne Jun de savoir où se trouve une importante quantité de drogue.

Besieged City est une œuvre sans concession et cela dès les premières images. On assiste à un fait divers sordide, tout en suivant Ling jusqu’à son école où la violence des gangs de filles et de garçons est omniprésente. Police et professeurs sont absents d’où une impuissance extrême face à cette jeunesse où seul règne la loi du plus fort et où il n’est pas bon être un bouc émissaire.

Les personnages de Besieged City étouffent dans le béton des tours, les cages à poules qui leur servent de lieu de vie. L’ambiance y est lourde et électrique dans cet environnement vétuste et délabré. Lawrence Ah Mon nous montre une jeunesse qui a perdu toute valeur se plongeant dans la drogue et les menus larcins. Il emploie dans les rôles de ces jeunes désoeuvrés le plus souvent des acteurs amateurs qui livrent une bonne prestation dégageant un naturel et une désinvolture qui sonnent vrais.

L’oeuvre est d’un pessimisme sans borne caractérisée par le personnage de Jun. Un personnage symptomatique d’un malaise latent, il est battu par son père, sa mère est totalement groggy par les médicaments, son frère, Ling est trop égoïste pour lui venir en aide et il est constamment frapper et racketter à l’école. Il se marginalise alors et fuit du foyer familial, il rejoint des adolescents déviants qui errent dans la rue, squattent dans un appartement abandonné. Il y rencontrera la jeune Panadoll, meneuse de cette petite bande de voyous abandonnés de tous.

Besieged City vaut également pour son bon scénario qui emploie le flash-back pour découvrir ce qui a amené Jun sur un lit d’hôpital et sous la surveillance de la police. La réalisation de Lawrence Ah Mon est sophistiquée, elle nous offre des lieux rarement filmés dans les productions locales ainsi que de jolis plans et mouvements de caméra d’une beauté glauque.

I.D.

mardi 18 août 2009

Portrait de femmes chinoises de Yin Lichuan

mardi 18 août 2009
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Deuxième long métrage de la réalisatrice chinoise Yin Lichuan, Portrait de femmes chinoises/Knitting (2008) n’en est pas moins une œuvre intéressante car profondément attachante. A travers le portrait d’un trio incompatible, un homme, deux femmes, la réalisatrice s’emploie à créer une œuvre simple par un récit de vie dans une chine hostile.

Daping et Chen Jin, un jeune couple issu de la campagne, tentent de se débrouiller par de petits boulots dans la ville de Guangzhou. L’attachement qui les lie est perceptible dès lors qu’on comprend que ces deux là sont unis pour lutter au mieux à une précarité ambiante. L’entente se gâte lorsqu’une ancienne amie de Chen Jin débarque dans leur foyer. Cette femme c’est Haili, plus âgée, et plus entreprenante que la réservée et innocente Daping, elle va devenir l’élément perturbateur. Jalousie et niaiseries naissent menées par d’incessantes railleries sur la corpulence de Daping. Des railleries omniprésentes, nous interrogeant sur ces clichés de beauté portés par la minceur voir quasi maigreur. Une réalité qui a d’autant plus de poids car mené par une réalisatrice.

Portrait de femmes chinoises est avant tout le portrait d’une chine urbanisée contemporaine, hostile pour ces migrants venus de la campagne dont la seule volonté est de trouver une terre nourricière. On comprend leur combat tant les difficultés font barrage à leur ascension sociale et financière. Chen Jin devra tirer un trait sur un business de minibus à cause d’une décision gouvernementale, et ces échecs le pousseront malgré lui à user du système D pour s’en sortir, entreprenant un commerce de contrebande de vinaigre. Cet engrenage, Yin Lichuan le décrit nettement, d’une volonté honnête d’amasser son gagne pain, le système force ces migrants à trouver des solutions toujours plus compliquées, voir malsaines.

C’est aussi, une solitude constante qui se dégage du film, avec des individus livrés à eux-mêmes dont les seules distractions tournent autour de leur étroite relation au sein de la maison. L’animosité et même la haine deviennent des sentiments presque nécessaires pour prouver l’intérêt de leur existence. C’est dans cet appartement vétuste que la dimension du tissu social prend forme sous un unique microcosme crée par ce trio. Sans aide extérieur, ni proches, ces amis/ennemis ne peuvent faire autrement que de se supporter, malgré tout. Et lorsque Haili sera malade la réponse à la question « Tu n’as pas de famille ? » sera « Je n’ai que vous »… Une réponse qui fait inévitablement échos à leur précarité ou loin des leurs ils tentent de retrouver un nouveau souffle.

A côté de cela, et ce qui pourrait être soulevé comme l’un des points fort du film, le récit est loin de tomber dans le mélo et ce malgré le sérieux du sujet, la réalisatrice use d’une légèreté de ton amené par un humour bien pincé et une sensibilité qui parvient à équilibrer le tout. Elle s’arrête sur des scènes qui reflètent cette jeunesse perdue à travers des jeux absurdes et des Karaokés endiablés. Sans oublié une qualité d’écriture qui rythme merveilleusement ce trio, entre les crochets verbaux et les taquineries. Beau portrait qu’est ce long métrage à la fois sensible pour la cause que pour la sincérité de ces personnages.

lundi 17 août 2009

Sonatine : Mélodie cinématographique

lundi 17 août 2009
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Sonatine/Sonachine (1993) de Takeshi Kitano est le premier film que j’ai vu de son auteur et quelle ne fut pas la claque que je me suis prise devant ces images, cette musique, ces acteurs s’apparentant à des soldats de plombs ? Très vite, j’ai eu le sentiment d’assister à un chef d’œuvre. Aujourd’hui encore, mon sentiment n’a pas changé.

Murakawa est un yakuza de Tokyo qu’on envoie à Okinawa pour prêter main forte à un clan ami plongé dans une guerre qui fait rage. Il y débarque avec quelques hommes, apprend que les tensions sont apaisées, pourtant le clan ennemi voit d’un mauvais œil cette arrivée et contre-attaque. Murakawa subit plusieurs pertes dans son équipe et décide de se mettre au vert le temps qui les choses se tassent. Murakawa va alors prendre le temps de vivre notamment après la rencontre d’une jeune femme…

Soulignons-le, une chose qui m’a tout particulièrement frappée dans Sonatine c’est la musique employée par Takeshi Kitano. Joe Hisaishi signe une musique simple et efficace dont le thème principal est absolument génial. L’œuvre de Kitano est rythmé par ces petites mélodies se mariant parfaitement aux images.

La mise en scène de Kitano dans Sonatine est belle et épurée, particulière aussi. Des plans qui laissent transparaître une magie poétique. Une peinture gravée sur pellicule. Des longs plans tirés en longueur dont règne le silence sont remplacés par la musique de Hisaishi qui s’immisce et fait de ce film, une œuvre profonde. Le temps semble comme s’être arrêté, en suspend, à l’image de ces acteurs dont le jeu est neutre, vide, comme si le poids de la mort les écrasait et les empêchait ainsi de se mouvoir. Ils sont des masses inertes.

L’œuvre de Kitano se veut grave avec une violence sèche, une non-action dont les gunfights sont statiques. La violence est également et souvent hors-champ, elle se laisse entendre et deviner. Elle nous plonge dans l’imaginaire, sans image, d’une horreur glaciale. Cet aspect côtoie des moments plus légers, ceux des jeux sur la plage. Ces moments sont également contaminés par la mort qui flotte de façon permanente au-dessus des personnages. Elle frappe avec autant de spontanéité que de force.

Sonatine de Takeshi Kitano, l’homme qu’on ne présente plus interprète à merveille le personnage principal désabusé et dépressif de cette œuvre, ses tics transparents lui confèrent un jeu à son insu, du non-jeu. Kitano est Murakawa. Il nous offre un grand moment de cinéma d’une beauté mélodique.

I.D.

vendredi 14 août 2009

Maîtres du cinéma Japonais à l'Espace Saint-Michel

vendredi 14 août 2009
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L'Espace Saint-Michel propose jusqu'au 18 août prochain une sélection Maîtres du cinéma Japonais à ne pas manquer !

Plein : 7,50 € / Réduit : 6 € (étudiants - sans-emplois - familles nombreuses - + de 60 ans)

Au programme :

ICHIKAWA
La harpe de Birmanie : Dim 16 août à 13h30

KOBAYASHI
Hara Kiri : Sam 15 août à 21h10, Dim 16 août à 19h50

OSHIMA
Les Plaisirs de la chair : Ven 14 août à 15h10, Lun 17 août à 22h
Contes cruels de la jeunesse : Sam 15 août à 15h05

OZU
Voyage à Tokyo : Lun 17 août à 19h30
Le goût du saké : Sam 15 août 13h

MIZOGUSHI
Les femmes de la nuit : Dim 16 août à 22h15, Mar 18 août à 22h15

TESHIGAHARA
La femme des sables : Ven 14 août à 21h10, Mar 18 août à 19h35

YOSHIDA
La source thermale d’Akitsu : Ven août à 13h, Lun 17 août à 15h10


ESPACE SAINT-MICHEL
7, place Saint-Michel / 75005 Paris
Métro Saint-Michel
Tél : 01 44 07 20 49

lundi 10 août 2009

After This Our Exile : Du cinéma

lundi 10 août 2009
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Après une absence de dix-sept années à la mise en scène, Patrick Tam nous revenait en 2006 avec After This Our Exile/Fu Zi, un drame qui se situe en Malaisie dans la communauté chinoise. On y suit Lin, une femme qui veut quitter le foyer familial déliquescent, son mari Chow Cheung-sheng est un joueur invétéré. Ce dernier est prévenu par Lok-yun, leur fils qui surprend sa mère en train de faire ses bagages, c’est le début de la fin…

After This Our Exile, c’est une claque. Une œuvre cinématographique d’une maîtrise incroyable. On savait de Patrick Tam qu’il avait tout d’un grand. Un cinéaste de talent qui n’avait plus réalisé depuis My Heart is that Eternal Rose (1989) avec Tony Leung Chiu-Wai. Avec cette œuvre, il pourrait envoyer derrière les pupitres un grand nombre de soit disant réalisateur. Dans cette œuvre, tout est soigneusement maîtrisé, travaillé, de l’image au son. La composition du plan avec une photographie aux couleurs chaudes, les ambiances sonores. La mise en scène est tout bonnement impeccable, le rythme est lent, une lenteur contemplative, implacable, une puissance des images laissant transparaître le jeu avec conviction des acteurs.

Patrick Tam en plus d’être un excellent metteur en scène, excelle dans la direction des acteurs, il parvient à trouver en eux cette petite chose qui fait la différence. Son travail est d’autant plus remarquable lorsqu’on connaît les prestations catastrophiques à l’écran d’Aaron Kwok. Ce dernier trouve ici l’un de ses meilleurs rôles pour sa meilleure interprétation. Tout y est, l’émotion, il l’a transmet, rien ne vient gâcher ce qu’il montre à l’écran. Et si Patrick Tam parvient à en tirer le meilleur, il le fait également pour son actrice Charlie Young naturellement superbe, sans oublier le tout jeune King-to Ng dans le rôle de l’enfant, incroyable par sa présence.

Ce que l’on attend également d’un cinéaste en plus d’avoir cette main mise technique et humaine, c’est son rapport à l’histoire et à ses personnages. Il ne porte aucun jugement, aucune compassion, jamais. Savoir garder une distance intelligente en laissant parler les images, voilà la force de Patrick Tam dans After This Our Exile. Une force qu’il parviendra à transmettre du début jusqu’à cette fin emprunte d’une tristesse bouleversante. La dure prise de conscience d’un enfant, celle de la réalité qui le montre comme la seule victime d’un couple qui s’en est sorti chacun de leur côté. L’enfant, la seule véritable victime lorsque le couple va mal. C’est cela qui frappe et qui marque plus que tout autre chose, c’est le voir lui, dix ans après à travers cette prise de conscience en flash-back et un montage qui s’affole. Il est seul, seul au monde, une solitude asphyxiante se consume durant le générique final… ouah.

S’il fallait attendre dix sept ans chaque œuvre d’un cinéaste pour aboutir à ce Cinéma là, l’attente ne serait pas veine. La maturité tout en quiétude d’After This Our Exile fait de Patrick Tam un maître à part entière dans la grande famille du cinéma.

I.D.

jeudi 6 août 2009

A World Without Thieves : De haut vole

jeudi 6 août 2009
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Le cinéaste chinois Feng Xiaogang que l’on connaît pour avoir récemment réaliser Héros de guerre (2007) avait avec A World Without Thieves / Tian Xia Wu Zei (2004) frappé un gros coup en offrant un drame mêlant film policier et film d’action, une adaptation portée sur grand écran destiné au box office. Au-delà du film commercial, le film s’avère être un divertissement réussi.

Wang Bo et Wang Li sont deux voleurs professionnels qui embarquent dans un train de longue distance. Auparavant, Wang Li avait fait connaissance avec Sha Gen, un campagnard qui retourne chez lui avec toutes ses économies. Ce dernier prend également le train et devient vite l’objet de toutes les convoitises, une équipe de pickpockets guettent…

A World Without Thieves plait. Il plait par son casting de premier et second rôle. Il plait par son histoire, voir des pickpockets en action dans un espace restreint, mais il plait également par les paysages naturels de carte postale qu’on nous montre dans la première demi-heure. Tout est mis en œuvre pour faire de ce film, un film carré destiné à plaire au plus grand nombre. C’était avec une certaine retenue que j’assistais à son visionnage qui pour ma part a révélé une jolie surprise. Comme quoi, il n’est jamais bon d’avoir trop d’a priori.

On pourra regretter tout de même une chose au film du cinéaste chinois Feng Xiaogang c’est sa réalisation parfois pompeuse. On peut dire qu’il n’a pas toujours été très inspiré mais il livre tout de même une bonne prestation et parvient à créer un univers. L’audace de A World Without Thieves réside sans doute dans le fait de faire tenir les trois quart du film dans un même et unique lieu : le train. On assiste avec maestria à une histoire qui se déroule dans un huis clos qui se marie plutôt bien avec l’intrigue. D’où un film plaisant à voir et à apprécier même si la petite morale peut être sujet à un sourire respectueux.

A World Without Thieves sait être étonnant et efficace mais aussi original pour son histoire dont émane une tension maintenue tout du long. On assiste avec émotion à certaines de ses scènes. Les personnages sont attachants avec des acteurs qui livrent de bonne interprétations, je pense ici notamment à Rene Liu. Un film donc qui mérite d’être vu et vous fera passer un bon moment sans vous laisser vous ennuyer, vous permettant de vous évader dans les contrées lointaines de la Chine. On en redemande.

I.D.

lundi 3 août 2009

Le Vieux Jardin de Hwang Sok-yong [Littérature]

lundi 3 août 2009
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L’écrivain sud-coréen Hwang Sok-yong nous revenait en 2000 avec Le Vieux Jardin qui fut paru en 2005 par la maison d’édition Zulma. L’œuvre littéraire met en scène l’histoire d’amour d’un homme et d’une femme qui ont connus une brève idylle amoureuse plongée dans les bouleversements historiques d’un pays, la Corée du Sud. Une idylle qui les marquera à jamais.

Ce qui frappe dans Le Vieux Jardin c’est cette minutie de retranscription. Ce qui frappe avec cette minutie c’est le temps que l’auteur prend pour raconter, où l’on croirait le temps comme suspendu. Un temps arrêté qui observerait ce couple séparé par les évènements. Hwang Sok-yong parvient avec un style que je qualifierai, sans être péjoratif, de simple à vous faire vivre des moments poignants comme si vous y assistiez. Cette écriture si simpliste est maniée avec une dextérité et une force qui permettent aux sentiments des personnages de nous toucher au plus profond de nous même. Rarement un récit aura été aussi captivant et poignant avec une écriture posée, où l’on prend le temps de vivre avec ses deux personnages. Hwang Sok-yong nous transmet des mots emprunts d’une beauté et de nature paisible. Il y a un certain sens du détachement dans cette façon de raconter comme si l’écrivain sud-coréen était trop pudique pour se plonger dans l’intimité de ses personnages. En même temps, cette pudeur parvient à nous mener avec subtilité au cœur de cette histoire tragique mêlant la séparation à l’union de ces deux êtres malgré les circonstances et l’absence.

Deux personnages qui s’expriment à la première personne, deux personnages qui tour à tour nous emmènent du présent à un passé tragique, du passé à un présent où règnent les souvenirs d’une vie au singulier, la leur. L’un et l’autre séparé par l’arbitraire, l’un et l’autre livrant un témoignage émouvant. On y sent le vécu de l’auteur retranscrit avec force. Il y a une part autobiographique indéniable, le combat pour une autre société, la prison, les rencontres et les petites histoires dans la grande qui se joue. Il offre une vision de la Corée et du monde d’aujourd’hui et d’hier. Cette histoire, leurs histoires qui se croisent pour se séparer à jamais est des plus intéressante qui soit. Le portrait de femme qu’il réalise est magnifique, une femme qui attend son homme condamné à perpétuité, une femme seule qui même entourée vit un manque pour l’homme qu’elle ne cesse d’aimer. Un homme qu’elle ne peut pas voir parce que rien n’officialise leur amour. Mais c’est aussi le portrait d’un homme dans la souffrance et la solitude, celui des geôles et du combat politique face à une dictature brutale. Un homme qui a perdu dix-sept années de sa vie derrière les barreaux. On y sent une espèce de fatalisme qui les frappe tous deux et c’est avec une facilité déconcertante que nous sommes plongés dans leur imaginaire.

Le Vieux Jardin est un livre comme rarement on en a l’occasion de lire parce qu’il réunit une histoire passionnante et bouleversante avec des personnages touchants pour lesquels on se prend d’affection. Des personnages comme vous et moi pris dans les tourments d’un pays, racontés avec une écriture captivante et tout en pudeur. Le postface de Hwang Sok-yong qui accompagne le livre est également d’une force inébranlable notamment sur les questionnement de l’auteur.

D'autres articles :
Le Vieux Jardin de Im Sang-soo (film sud-coréen)

I.D.

 
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