jeudi 2 août 2012

Jour 9 : Lait de jument et ascension à 2312 mètres

jeudi 2 août 2012

[Dans l'épisode précédent : La neige s'invite !

Réveil en douceur. Nous petit-déjeunons tranquillement dans la cuisine de Jack. Je discute du programme avec Chimgee. Aujourd’hui nous rejoignons un village nomade dont l’activité est rythmée par la traite du lait de jument. Tiens le mot jument m’interpelle, et je pense à un breuvage local dont j’ai entendu parler il y a peu.

Un “au revoir” à la petite famille et nous reprenons la route une petite heure. En arrivant, de grands troupeaux de juments et curieusement beaucoup de femmes - certaines bien apprêtées (la coquetterie des femmes nomades était déjà visible lors du jour 7, en atteste les belles bottes de cuir à talons hauts). Nous saluons nos hôtes et nous posons à l’intérieur de la yourte. Jack ne perd pas une seconde pour nous faire découvrir le lait de jument fermenté, nous vantant ses bienfaits (j’appréhende...). Il prend le bol vigoureusement et nous fait un cul sec en ponctuant par un « ahhhh ! ». Ca parait lui plaire (il faut préciser que c’est un vrai gourmand) ! Il fait tourner le bol à I.D, qui en prend une gorgée en me disant « c’est spécial ! », venant de lui, une telle réponse n’est pas pour me rassurer. Je trempe mes lèvres, l’acidité gagne immédiatement mon palais... Je dirais que ça me fait penser à un yaourt périmé... J’ai du mal, je dois l’avouer. Après nous être revigorés (je parle au nom de Jack), nous sortons assister à la traite des juments.
Je ne l’ai pas précisé mais depuis les chutes de neige, ça caille franchement par ici ! N’ayant pas anticipé une telle baisse de température, et malgré une superposition de nos vêtements les plus chauds... on se les pèle ! Heureusement, nous pouvons compter sur nos gentlemen. Zorigoo me prête sa doudoune brillante “Yo ! Give me five nigga !”, tout droit sorti des states, ça limite la casse ! Pour la traite des juments, les femmes nomades opèrent de la même façon que pour celle des yacks. Les poulains sont pris un par un pour téter quelques secondes le pis des juments et créer une montée de lait naturel, puis sont à nouveau attachés. Raconter ainsi, c’est cruel j’en conviens. Jack s’occupe de défaire la corde, nous lui filons un coup de main. Après avoir trait toutes les juments, nous filons déjeuner. Zorigoo nous prépare un repas bourré de féculent, on comprendra vite pourquoi...
 
Programme de l’après-midi : le monastère de Tuvkhun. Avant de partir nous discutons de l’aspect pratique de cette ascension. Pour atteindre le monastère, Chimgee nous informe que nous allons devoir marcher en tout 10 km. Je regarde I.D. : “C’est gérable, c’est ce qu’on fait lorsqu’on va à Belleville à pied”. Elle continue et nous dit “Il est à 2312 mètres d’altitude, bâti sur une montagne sacrée (ah ouais, ça change complètement la donne !), “Donc je vous propose soit d’y aller à cheval, c’est le plus simple (en sachant que les conditions climatiques n’étaient pas au rendez-vous), soit à pied”. Nous ne tardons pas à prendre notre décision, et optons pour le plus sage : les pieds. Faire du cheval par ce temps avec un niveau débutant, on le sentait pas du tout...

Une petite heure de route et nous y sommes. Nous avions pris nos précautions, le sol étant humide, des sacs plastiques venaient couvrir nos chaussettes, Jack et Zorigoo, quant à eux, nous ont prêté leurs manteaux. Nous sommes tellement couverts que notre motricité en devient restreinte. Bref, c’est parti, en compagnie de Chimgee nous commençons l’ascension. Il neige un peu, nous continuons notre marche. Ca monte drôlement, ça glisse qui plus est. La fatigue commence à se faire sentir. Je suis la cadence, mes deux compagnons sont plutôt en forme, les saletés ! I.D. tient le rythme, le bougre fonce droit sans vraiment se préoccuper de moi. Sympa ! Je fais comme si de rien était, non je ne suis pas fatiguée ! Je trébuche à plusieurs reprises, ma cheville vacille, les branches freinent la marche, les cours d’eau aussi. Le ciel s’y met aussi, et nous avons assisté à de bonnes variations de climat : des belles éclaircies, de grosses chutes de neige, un ciel parfois très gris. Bref, nous ne sommes pas épargnés.

Le cadre est franchement sympa mais l’effort m’a rendue fainéante et je n’ai qu’une modeste photo en souvenir de la forêt de pins. Au bout d’1h30 de marche, du plat, ça fait du bien ! Une yourte est là en guise de guichet, Chimgee paie une contribution et nous voilà repartis. Nous apercevons le monastère, enfin. Nous montons un escalier de pierres, et arrivons devant une porte en bois rouge. Nous entrons, découvrons le décor, c’est beau ! Le monastère est de style tibétain, il arbore des couleurs chatoyantes. Dans cet environnement enneigé c’était juste époustouflant ! Entre temps, d’abondants flocons s’étaient invités. Nous avions froid mais à plus de 2000 mètres d’altitude, nous avions une vue imprenable. Ces sapins blancs, c’était le bonus rêvé pour conclure cette bonne marche ! Après une halte à contempler le paysage et immortaliser le lieu nous repartons. Je me dis que la descente sera plus facile, moins rude, que nenni !. La neige a créé un terrain totalement boueux. Nous peinons, nos semelles sont lourdes, et nos pas s’enlisent inlassablement... La couche de neige sur le sol ne nous aide pas à anticiper d’éventuels obstacles… Nous continuons malgré tout vaillamment, et n’avons qu’une hâte : rentrer. 1h30 plus tard nous arrivons au niveau du 4x4 où Jack nous attend. Mais où est Zorigoo ? Ah le voilà tout droit sorti d’un coin de verdure...
De retour dans la yourte, nous sommes pressés de pouvoir nous réfugier au chaud près du poêle (nos chaussettes étaient trempées). Au programme ce soir, une bonne nuit de repos et un bon repas. Sur ce dernier point, nous avons été entendus. Zorigoo nous concocte une soupe de raviolis au bœuf. Je découvre la recette, demande des précisions à Chimgee qui se charge de confectionner les raviolis. Elle semble lassée par mes questions, ça ne me décourage pas - loin de là, j’insiste lourdement, j’ai envie de savoir mince ! J’immortalise les étapes en me disant “Tiens ça serait sympa de partager la recette sur le blog !”. Le temps de peaufiner tout ça et vous pourrez vous initier à la soupe mongole, promis ! Les effluves nous montent au nez, on a faim ! L’attente ne fut pas vaine, nous nous sommes régalés (un des meilleurs repas du voyage), la douceur du bouillon à base de thé et de lait alliée aux raviolis frais, un pur délice ! Repus nous ne tardons pas à retrouver nos duvets. La journée a été rude...

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Diana

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