Un monument ! Que dire d'autre si ce n’est que ce film nous transporte aux anges. Il est une douceur maligne à savourer avec une perversité (quasi-) sans borne. A Day Without Policeman / Mou jing shi fen (1993) de Johnny Lee est un category 3 à placer sur le haut du panier de cette classification devenue label.
Dans un village reculé, on suit le quotidien tranquille de l’officier Chan Wai. Ce dernier traîne au fond de lui un passé qui l’a tout bonnement traumatisé. Mais bientôt, la tranquillité de ce village va s’en retrouver ébranlé le jour où une jeune femme chinoise est violée et tuée. Son mari fait alors appel à des chinois du Mainland pour la venger. Ils arrivent armés de AK47, prêts à faire couler le sang de la vengeance…
A Day Without Policeman (ou 'men, ce film est orthographié des deux façons donc à la limite je préférais le singulier qui irait ici plomber le personnage interprété par l'énormissime impuissant faisant preuve d'une impuissance sans nom, j'ai nommé, tin-tin ! Simon Yam Tat Wah !) est un chef-d’œuvre du genre qui souffre tout de même de quelques mauvaises critiques pas bien sympas. Pourquoi ? Pourquoi tant de haine ? Alors que ce film distille admirablement la haine des uns et des autres dont l'abcès est crevé par le feu d'un enfer, celui des armes dont la musique des détonations nous berce dans l'effroi et le bonheur. On ne peut être qu'admiratif devant tant de débauche et d’excès. C'est à chaque fois la même claque et la même fascination. La scène entrecoupée de flashbacks où Simon Yam fume sa pipe alors que se joue les prémices de l’infâme est d’une beauté incroyable. J’aime le cadrage sur son visage et ses yeux vitreux. Cette tête posée sur le mur assailli d'image du passé qui montrent toute la douleur d'un personnage qui n'a plus d'identité. On sent la dérive palpable s’apprêtant à s'abattre, tout autant que le refus d’y faire face.
On pourra reprocher à A Day Without Policeman d'être un navet sans nom, décérébré au possible et sans scénario, mais il y en a bien un ! Celui d'un homme traumatisé, rongé par les doutes, en perte avec lui-même alors même que son statut de flic ne peut changer un état de fait dont il est conscient mais dont il se sait incapable de surmonter. Un homme qui devra affronter ses peurs et ses démons dans une pseudo-retraite dans laquelle il passait des jours tranquilles de flic qui ne monte plus au charbon. Un flic mais un homme surtout qui se pensait à l'abri d'un Mal qui le ronge. Alors, oui le film aurait mérité par moment d'être un peu plus fin, moins racoleur. Pourtant, ce sont aussi ces aspects négatifs qui rendent les choses distrayantes. Il y a par moment des scènes mal gérées, certes, des acteurs pas toujours au mieux et pourtant, il se dégage de cette oeuvre une chose incroyable. Une folie destructrice et pessimiste qui atteint ici un point de non-retour crépusculaire. Et puis il faut le voir le Simon Yam, obsédé des jambes partager son amour avec les chiens en faisant son cabotin. Je peux concéder le fait que cela soit risible et ce dans le mauvais sens du terme. Mais que voulez-vous ? J’adore !
Quand est-il de A Day Without Policeman quelques années après sa découverte les yeux écarquillés ? Et bien, cette oeuvre qui était venue s'inscruter, sucer et détruire mes rétines se regarde avec la même jouissance, un même enthousiasme pour une œuvre cinématographique qui reste plutôt bien foutue.
I.D.
6 commentaires:
On en cause également ici :
http://forum.hkcinemagic.com/index.php?showtopic=10538&st=0&#entry111819
Salut ID! Ah ben tu vas peut-être me décider à le voir bientôt celui-ci... J'aurais pas cru!!! ^^
Salut Supavince ! ^^ Content de te voir dans le coin.
Bah écoute, si je peux donner envie de le (re-)découvrir tant mieux. ADWP jouit à mon sens d'une mauvaise publicité. Pourtant comme tu l'as lu c'est un film qui a des qualités, surtout dans le propos. Chose que j'essayai de faire comprendre à jonathan-asia sur le forum hkcm en parlant du contexte et ce que révélait surtout les personnages. S'il y a parfois un côté très trop caricatural dans les personnages, c'est une façon plus subtile de faire passer (dire) les choses.
Pour moi, Simon Yam est vraiment touchant. Cette histoire est à la fois débile, nawak mais lourde de sens en fait. Un melting-pot qui peut parfois détoner et faire peur. Je sais que tu connais le cinéma HK surtout de cette époque. Tu sais donc comment fonctionnait les faiseurs de cinéma là-bas. Ce n'est pas toujours facile pour un non-initié. Mais s'il s'y met et se laisse porter par le spectacle (souvent morbide) alors il entrera dans une autre dimension très riche en sentiments.
En ce qui me concerne et au-delà de ses défauts qui le minent ADWP reste l'un des meilleurs Cat.3 tout sous-genre confondu. Après si des personnes n'accrochent pas, je le comprends aussi. Nous avons tous des sensibilités et des goûts différents.
Je te redonnerai mon avis bientôt. Effectivement, pas facile commet u dis pour un non-initié... je comprends que ça puisse faire peur! ^^
Et j'essayerai d'être plus lecteur de ton blog très intéressant dont j'ai le lien RSS depuis pas mal de temps à vrai dire, mais le manque de temps fait que j'ai pas le temps de commenter sur tous les blogs de super passionné comme toi (en plus j'ai pas le don d’ubiquité c'est chiant ^^) et explique le fait que je reste plutôt concentré sur HKM ou j'ai trouvé mon bonheur...
Mais tu voies, hier soir j'ai pris le temps de lire quelques uns de tes articles et j'aime bien ton style (ex: ton article sur The murderer qui passera sûrement ce soir à la casserole ^^).
Bonne continuation!
J'attends ton avis avec impatience. ;)
Pas évident effectivement de surfer comme on le voudrait. J'ai pas mal diminué ma liste de blog/site avec le temps, souvent à cause du manque de... temps. Du coup, y en a que je vais voir une fois dans le mois et d'autre c'est plus quotidien comme Hkm et son forum. En tout cas notre porte reste toujours ouverte, sache-le. :)
Merci pour les compliments.
A+
Bon pour être honnête, j'ai cru que j'allais gentillement m'ennuyer pendant la première demi-heure... mais fort heureusement à partir du moment où les "amis" de Tommy Wong rappliquent, ça bouge vraiment bien, ça part dans tous les sens et je me suis bien marré (on peut dire ça pour un catIII? ^^)...
Après, je dois dire que j'ai pas interprété de façon aussi poussée que toi la psychologie de film (cf, ce que tu dis sur HKCM...), mais ton raisonnement se tient... Bordel, t'es intelligent! :D
En tout cas, merci pour la découverte.
A+ dans l'bus!
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