Premier long-métrage d’Ang Lee On (qu’il a co-écrit avec James Schamus), Pushing Hands / tui shou (1992) mettait en exergue le fossé culturel existant entre un personnage principal chinois, maître de Taï-chi ayant quitté son pays d’origine pour vivre dans la famille américanisée de son fils à New York. Ce dernier étant marié et ayant eu un fils avec une états-unienne.
Avec Pushing Hands, le cinéaste taïwanais signe une comédie dramatique de facture classique, très formel et sans fioriture. Il s’applique à dépeindre avec une certaine sérénité le déracinement d’un homme et ce regard d’un étranger sur nos sociétés occidentales, tout en brassant des thèmes universels (la famille, l’amour, etc). Tout en étant interpellé, on découvre alors tous les contrastes et situations qui peuvent exister, entre la cohabitation houleuse à l’incompréhension de l’un et l’autre. On parvient à s’amuser tout en étant touché. Ang Lee trouve un tempo qui scie à merveille son premier rôle, ici tenu par un Sihung Lung qui campe avec réussite son personnage, à la fois plein de sagesse et fébrile. L’acteur est un vétéran de l’industrie cinématographie à l’image de l’actrice Wang Lai qui lui donne la réplique. Si Ang Lee s’efforce à montrer le fossé culturel existant, il montre également le fossé générationnel et le poids de l’âge à travers ses deux anciens. Il nous interroge alors sur l’importance de l’affiliation et la compréhension de « l’autre ».
S’inscrivant dans une veine réaliste, même si les moments Tai-chi-esque rompt quelque peu la chose, Pushing Hands mêle un sujet captivant à des émotions bienvenues. Un premier coup d’essai de l’auteur agréable à vivre.
Ce long-métrage est à découvrir dans le DVD édité par Spectrum Films dans lequel figure un essai vidéo de The Seventh Art et la bande-annonce.
I.D.
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