Quatre histoires s’entrecroisent dans Be With Me (2004) du singapourien Eric Khoo : un vieil épicier qui s’imagine vivre encore avec sa femme décédée, un vigile obèse et simplet, rejeté par sa famille et secrètement épris d’une femme dont il veut retranscrire l’amour sur papier, des adolescentes vivant une brève idylle et une femme aveugle, Theresa Chan, confiant son manuscrit autobiographique à l’assistant social qui s’occupe d’elle. Un personnage clé qui n’aura de cesse de clamer son amour à la vie et qui sera, à juste titre, le fil conducteur de cette fresque humaine bouleversante que représente Be with me. Récit qui soit dit en passant retrace la vraie la vie de Theresa Chan.
Eric Khoo nous transporte littéralement vers un cinéma qui apporte un nouveau souffle dans un genre connu. Différent, il y emploie des ordinateurs, des caméras de surveillance, des téléphones portables qui communiquent, et lient les personnages aux travers de sms. La technologie au profit d’une œuvre magnifique où Theresa Chan raconte sa vie en sous-titres : elle tape des mots avec sa machine à écrire, des mots qui s’envolent et s’inscrivent sur des images qui défilent. Be With Me est un film muet du 21ème siècles où l’émotion passe par l’image.
On partage la souffrance de chaque personnage en quête d’Amour. Une quête qui va être leur point commun, s’avouant chacun une solitude enfouie, et des obstacles : l’obésité pour l’un, la vieillesse pour l’autre, mais aussi, pour certains, la surdité et la cécité. Une solitude qui va être ressentie par une lycéenne dont la relation va être ternie par une « amoureuse » trop distante, la menant au suicide, par un "homme enfant" peu considéré par son entourage subissant des brimades et jets de canettes, et trouvant refuge dans la nourriture, l’alcool et ses fantasmes.
Eric Khoo parvient à nous toucher avec ce beau long métrage (le troisième), ode à l’espoir, s’inscrivant déjà dans la lignée des cinéastes à suivre de très près...
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