lundi 3 août 2009

Le Vieux Jardin de Hwang Sok-yong [Littérature]

lundi 3 août 2009

L’écrivain sud-coréen Hwang Sok-yong nous revenait en 2000 avec Le Vieux Jardin qui fut paru en 2005 par la maison d’édition Zulma. L’œuvre littéraire met en scène l’histoire d’amour d’un homme et d’une femme qui ont connus une brève idylle amoureuse plongée dans les bouleversements historiques d’un pays, la Corée du Sud. Une idylle qui les marquera à jamais.

Ce qui frappe dans Le Vieux Jardin c’est cette minutie de retranscription. Ce qui frappe avec cette minutie c’est le temps que l’auteur prend pour raconter, où l’on croirait le temps comme suspendu. Un temps arrêté qui observerait ce couple séparé par les évènements. Hwang Sok-yong parvient avec un style que je qualifierai, sans être péjoratif, de simple à vous faire vivre des moments poignants comme si vous y assistiez. Cette écriture si simpliste est maniée avec une dextérité et une force qui permettent aux sentiments des personnages de nous toucher au plus profond de nous même. Rarement un récit aura été aussi captivant et poignant avec une écriture posée, où l’on prend le temps de vivre avec ses deux personnages. Hwang Sok-yong nous transmet des mots emprunts d’une beauté et de nature paisible. Il y a un certain sens du détachement dans cette façon de raconter comme si l’écrivain sud-coréen était trop pudique pour se plonger dans l’intimité de ses personnages. En même temps, cette pudeur parvient à nous mener avec subtilité au cœur de cette histoire tragique mêlant la séparation à l’union de ces deux êtres malgré les circonstances et l’absence.

Deux personnages qui s’expriment à la première personne, deux personnages qui tour à tour nous emmènent du présent à un passé tragique, du passé à un présent où règnent les souvenirs d’une vie au singulier, la leur. L’un et l’autre séparé par l’arbitraire, l’un et l’autre livrant un témoignage émouvant. On y sent le vécu de l’auteur retranscrit avec force. Il y a une part autobiographique indéniable, le combat pour une autre société, la prison, les rencontres et les petites histoires dans la grande qui se joue. Il offre une vision de la Corée et du monde d’aujourd’hui et d’hier. Cette histoire, leurs histoires qui se croisent pour se séparer à jamais est des plus intéressante qui soit. Le portrait de femme qu’il réalise est magnifique, une femme qui attend son homme condamné à perpétuité, une femme seule qui même entourée vit un manque pour l’homme qu’elle ne cesse d’aimer. Un homme qu’elle ne peut pas voir parce que rien n’officialise leur amour. Mais c’est aussi le portrait d’un homme dans la souffrance et la solitude, celui des geôles et du combat politique face à une dictature brutale. Un homme qui a perdu dix-sept années de sa vie derrière les barreaux. On y sent une espèce de fatalisme qui les frappe tous deux et c’est avec une facilité déconcertante que nous sommes plongés dans leur imaginaire.

Le Vieux Jardin est un livre comme rarement on en a l’occasion de lire parce qu’il réunit une histoire passionnante et bouleversante avec des personnages touchants pour lesquels on se prend d’affection. Des personnages comme vous et moi pris dans les tourments d’un pays, racontés avec une écriture captivante et tout en pudeur. Le postface de Hwang Sok-yong qui accompagne le livre est également d’une force inébranlable notamment sur les questionnement de l’auteur.

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I.D.

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