mardi 30 décembre 2008

Le Vieux Jardin : "La vie est longue. L’histoire l’est bien plus encore"

mardi 30 décembre 2008

En 1979, après l’assassinat du président Park Chung-hee, des manifestations voient le jour dans les quatre coins de la corée du sud, ces dernières sont violemment réprimées par l’armée. Oh Hyun-woo, un militant socialiste fait partit de ces manifestants, pour échapper à la répression il prend le maquis en se cachant chez Yoon-hee, un professeur de dessin. Une relation passionnée va naître jusqu’au jour où Hyun-woo est arrêté puis jeté en prison. Dix-sept ans plus tard, à sa sortie de prison, Hyun-woo retourne dans la maison dans laquelle il a vécut avec Yoon-hee et se remémore les moments passés ensemble.

Le Vieux Jardin (2007) de Im Sang-soo est l’adaptation d’un livre de Hwang Sok-yong qui bouleversa le cinéaste. Ce dernier en l’adaptant voulu à son tour émouvoir à travers cette romance sur fond d’agitation politique. Ce film d’Im Sang-soo se place après son œuvre précédente, The President’s Last bang (2005) avec la mort du président Park. Ici, il narre l’après, les années quatre-vingt, les manifestations, le souffle de liberté qui touche la population et le retour à la réalité avec les répressions violentes pour stopper l’hémorragie libertaire.

Le Vieux Jardin est une œuvre touchante. Touchante par le tourbillon de l’Histoire qui emporte ce couple née d’une situation trouble. Un couple qui sera séparé par ces mêmes évènements qui les dépassent. Touchante parce que les deux personnages principaux, brillamment interprétés sont attachants. Il y a une facilité d’identification indéniable. Une romance impossible dans un chaos socio-politique entre un homme tiraillé par son combat politique et l’amour qu’il porte à une femme. Une femme loin de cette agitation n’ayant qu’une envie : vivre cet amour sans contraintes et sans pression extérieure.

Im Sang-soo frappe juste comme il avait pu le faire avec son film antérieur : dénoncer sans réellement le faire, condamner sans réellement le montrer. On pourrait croire que c’est une façon un peu lâche d’opérer, mais là où d’autres en feraient tout un pamphlet inquisiteur, Im Sang-soo par la seule force des images nous interpelle. Il nous laisse libre arbitre de nos sentiments et de nos convictions. Il montre. Nous, nous en faisons la critique qu’il y a à faire. La caméra de Im est témoin d’un morceau de l’Histoire sud-coréenne. Un réalisateur journaliste d’un passé noir qui souhaite interpeller les consciences.

Im Sang-soo réalise cette œuvre tout en finesse : la mise en scène est pure sans fioriture, alternant passé/présent sans alourdir le propos, réalisant des plans superbes où les époques se mélangent au gré des souvenirs de Hyun-woo. Les scènes sont grandes d’émotions : son incarcération, ses retrouvailles avec les membres de sa famille et sa vie reclus dans la maison de Yoon-hee. Emotion montrée toute en pudeur. De l’autre côté, Yoon-hee se raconte. La vie sans lui. La fille qu’elle à eut de lui et les étudiants qu’elle fréquentent lesquels rêvent de combat politique comme… lui. Il n’y a pas un instant où elle ne pense pas à Hyun-woo.

Le Vieux Jardin interroge. Á travers cette histoire d’amour, l’œuvre d’Im Sang-soo interpelle sur nos actes et les évènements qui se jouent. Hyun-woo a le sens du sacrifice : sacrifiant son amour pour la lutte politique dans laquelle il perdra dix-sept ans de sa vie et un amour. Pourquoi ? Pour s’entendre dire du surveillant de prison qui le sort de sa cellule avant d’être libéré qu’à l’extérieur les choses ont changées mais ce n’est pas grâce à lui. Pourtant, la situation politique de la Corée a changé. Grâce à qui ? Tout au long du film, des manifestants sont réprimés, des étudiants se sacrifient pour que les choses changent sous le regard de Yoon-hee, impuissante.

Le Vieux Jardin est une œuvre forte, émouvante et intelligemment réalisée. Im Sang-soo nous montre encore tout son talent de cinéaste et parvient véritablement à nous toucher.

I.D.

1 commentaires:

Jacquie a dit…

Voilà un bon film et un bon roman, que j'ai lu et vu coup sur coup. J’ai beaucoup aimé le roman, et je me demandais comment le réalisateur pourrait traduire autant de finesse…. Le film est fidèle au roman. Il est très touffu et très dense et donc pas forcément facile à suivre. De belles prises de vues. Il serait dommage de passer à côté et du film et du livre de Hwang Sok-Yong 565 pages Editions Zulma. Bonne année à tous les lecteurs de ce super blog!

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