Après avoir été quelque peu boudé par les critiques lors de sa présentation à Cannes, Poetry (2009) de Lee Chan Dong regagne en intérêt depuis sa sortie en salle, et c’est tant mieux. Si je n’ai pas toujours été touchée par les essais du cinéaste coréen force est de constater que Poetry s’avère être une oeuvre gracieuse et touchante.
Mija est une femme pleine de vie. Malgré son âge, elle poursuit avec entrain ses activités en élevant son petit fils. Un jour elle se met en tête d’écrire un poème, mais un évènement va changer le cours de sa paisible vie.
Poetry m’a laissée entrevoir le destin d’une femme rythmée par une envie inachevée de maîtriser les mots pour parachever sa vie sans aucun regrets. Finalement il a été bien plus que cela. Le film de Lee Chan Dong parcourt ce personnage qu’est Mija sous toutes les angles à un moment crucial de sa vie. Elle, à la fois forte et courageuse, lorsque la quiétude rejoint son train de vie, fragile et hésitante lorsqu’elle se voit confronter à l’inconnu. Dans un récit délicat et poignant, Lee Chan Dong nous plonge dans le tiraillement d’une femme aux portes d’un épanouissement personnel qui se voit confronter à probablement l’une dès plus difficile situation qu’elle n’est connue jusqu’alors.
Dans le tumulte d’un destin à l’apparence lisse, l’auteur ajoute le piment qui permet d’enfanter un long métrage d’une grande grâce et d’une profondeur déconcertante. Car Mija est aussi cette grand-mère dont la vie est rythmée par le bal d’un petit fils en pleine crise d’adolescence et qui n’en a que faire de ses remarques (bien que ce derniers soit heureux de vivre avec elle, sa mère l’ayant confié sans raison apparente). Elle devient alors à son contact cette personne manquant d’assurance, l’inverse de ce qu’elle paraît être au quotidien au contact de son employeur et son groupe de poésie. Le petit fils est l’élément qui dévoile l’autre visage de Mija, plus sombre et effacé.
Lee Chan Dong dessine habilement la dualité d’un personnage tiraillée à un instant clé de sa vie. Il nous interroge avec brutalité sur des questionnements identitaires essentiels, nous met face à une peur panique lorsque l’inconnu vient frapper à votre porte et enfin sur l’apparente lâcheté d’un acte qui hantera éternellement une vieille dame. Poetry est un long métrage réussi, à la fois tendre et violent.
Diana
9 commentaires:
Aaaaaaah, je me désespérais de jamais lire ton avis sur le film Diana ^_^
Par contre quels journaux as-tu lu au moment de Cannes ? Moi j'ai dévoré la presse à l'époque, et elle était quasi unanime pour saluer bien bas le film de Lee Chang Dong...
Je ne me suis pas penchée à l'époque sur la presse spécialisée. Mais j'avais lu des avis médiocres sur divers journaux et à la télévision : Poetry était insipide et manquait de structure... bref tout l'inverse de ce que j'en ai pensé ! :)
Eh bien je te rassure sur le bon goût de la presse quotidienne française au moment de Cannes : elle donnait le film parmi les favoris (du moins les plus méritants) à la Palme d'Or, à l'image des bonnes critiques récoltées lors de la sortie en salles ^^
Tu m'en vois rassurer. Il existe donc des critiques qui ont su apprécier ce bon cru coréen.
A l'étranger je ne sais pas, mais en France oui, elle a bien aidé au petit succès du film =)
Près de 140 000 entrées, c'est un bel exploit.
C'est vraiment pas mal pour un film d'auteur coréen de 2h20 oui =)
C'est pas mal (même excellent) pour un film asiatique tout court! Content que le public se soit déplacé pour voir le meilleur film asiatique de l'année, à mes yeux.
En revanche, je n'ai pas vu non plus de retours négatifs sur le film, la presse française (et internationale) salue le film. En revanche, seuls les chroniqueurs du Grand Journal de Cannes n'avaient pas tous été conquis (en même temps, c'est du niveau Voici), alors que sur la même chaine, les chroniqueurs du Cercle étaient à peu près tous du même avis : c'est un grand film. Content qu'un des chroniqueurs ait souligné les deux séquences incroyables du film : Mija qui n'arrive pas à parler à la mère de la petite, et celle du badminton avec les flics. Sidérants instants.
Oui ça fait plaisir.
Quand reverra-t-on un grand film asiatique aller tutoyer les sommets du box-office ? Le million de "In the mood for love" commence à se faire lointain... avant d'atteindre un score si exceptionnel, on se contentera de moins bien sûr^^
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