Ce billet a été écrit à la sortie du film... le contexte est donc celui de
cette année de production.
L’action de Flash Point / Dao huo xian
(2007) de Wilson Yip prend place dans le Hong-Kong d’avant sa rétrocession à la Chine. Nous sommes en
1997 et un sentiment bizarre plane dans l’atmosphère, pas tant dans le film
mais autour de celui-ci. C’est le fait de revenir sur ce point temporel marquant
pour la ville qui donne à
penser, notamment lorsqu’on sait que c’est une co-production chinoise. Wilson Yip y réfère peu voire pas. Mais on sent quand même l'envie de retoucher à cette "époque d'entre-deux". On peut aisément s'imaginer qu’un
malaise existe entre HK et la
Chine continentale (ici les méchants de service sont des
sino-vietnamiens donc des étrangers, et bad guy référant du cinéma hongkongais visant les chinois du continentaux). HK et la Chine, c’est surtout l’intégration finale en 2046
qui approche à grand pas et de ce fait le futur en commun qu’elles partageront. Conscient du poids croissant que le Mainland prend dans le cinéma hongkongais de nos
jours, ce dernier étant de plus en plus dépendant et dont son intégrité en
pâtit.
Flash Point n’échappe pas à la règle. Film d’action mêlant kung-fu
et intrigue policière presque aseptisée pour toucher un plus large public, on
sent le produit formaté. Le film de Yip a un scénario maigre
comme ça. L’intrigue est revue et rabâchée. On regrettera son manichéisme
enfantin, les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Aucuns personnages
ambigus juste stéréotypés comme il faut, voire caricaturaux. Le personnage de
Donnie Yen en est l’exemple. Il est prêt à tout pour atteindre son but quitte à
outre passer allégrement la loi et les règlements. Il cause plus avec ses
poings qu’avec sa langue, une sorte de Charles Bronson en mode kung-fu se
justifiant par "Ma philosophie est : les policiers attrapent les
criminels ! Tout ce que j’ai fait, a été de maintenir la paix".
L’histoire donc, c’est celle de
l’inspecteur Ma (Donnie Yen), casse-cou de la police de HK qui a pour mission
de coincer un gang mené par une fratrie de trois frères d’origine
sino-vietnamienne : Archer, Tony et Tiger. Ces derniers sont infiltrés par
un agent, collègue de Ma : Wilson (Louis Koo). Au cours d’une opération de
police qui ne se passe pas comme prévu, Wilson est démasqué et manque de se
faire tuer. Archer est alors arrêté et les ennemis de la fratrie décident de
témoigner contre eux. Tony et Tiger prennent alors la décision d’éliminer
l’ensemble des témoins qui pourraient condamnés leur frère, et dont Wilson fait
partie.
Flash Point c’est donc Donnie Yen et avant tout Donnie Yen. Un film
tout à sa gloire. Il n’y en a que pour lui, faisant passer les autres
personnages au second plan, très très loin derrière lui. Mais ce qui fait Flash Point dans le panorama cinématographique
hongkongais, c’est le retour du film d’action "made in HK". Depuis ces derniers
temps, Donnie Yen est, sans doute avec SPL (2005) et Dragon Tiger Gate (2006)
à l’origine de la renaissance de ce genre tombé en désuétude dans l’ex-enclave
britannique, tant en la matière les productions locales étaient fades.
Donnie Yen nous montre à travers
ce Flash Point qu’il est l’un des
meilleurs acteurs martiaux et surtout chorégraphe (aidé de sa team) en montrant
une créativité sans borne. Il y distille un mélange de différent style de
combat allant du muay thai au jeet kune do en passant par le judo. Ce qui, en termes
de rendu crée le point fort de ce film avec des scènes d’actions
spectaculaires, où les protagonistes s’affrontent dans des combats corps à
corps réalistes. Ceci à l’image de la dernière scène du film : les
personnages, perdus s’affrontent dans les herbes hautes. Un affrontement final très graphique, entre Ma et Tony où les deux hommes se battent dans une
maison abandonnée, celle d'Election 2 (2006)
de Johnnie To.
Quant à Wilson Yip, il réalise un
film d’action avec toute l’efficacité d’un réalisateur de film d’action. C’est
dit. On regrettera quand même qu’il se contente du minimum syndical, notamment
de ce qui se fait aujourd’hui en la matière, et sans donner à ce film la Yip's touch d’un Bullets Over Summer (1999). Dommage.
Flash Point reste donc un bon divertissement qui remet au goût du
jour le savoir-faire des hongkongais dans l’actioner martial.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, sept ans (de réflexion comme
en amour ?). La part de la production venue du Mainland est toujours plus
forte, voyant l'identité cinématographique hongkongaise se perdre, du moins évoluer vers autre "chose" (une nouvelle identité ?). Il n’y a pas eu de véritable retour du film d’art-martiaux urbain made
in HK, notamment pour concurrencer l’émergence de la Thaïlande ou bien de la Corée du Sud. Par contre, Donnie Yen, bon gré mal gré continu, pour le meilleur et le
pire son bonhomme de chemin…
I.D.
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