Mélodrame de Lee Chang-dong, Secret
Sunshine / Milyang (2007) narre l’histoire d’une femme qui
vit un parcours initiatique douloureux. Un parcours emprunt de tristesse, de
larme et de rage. Un parcours qui enfantera un apaisement, à l’image du calme
après la tempête. Lee
Chang-dong contemple, observe longuement cette femme à la
dérive…
L’histoire de cette femme, c’est
celle de Shin-ae. Cette dernière, après
le décès de son mari dans un accident de voiture débarque à Miriang avec son
fils, Jun. Miriang, c’est la ville natale de son époux. C’est aussi la ville
dans laquelle elle veut se reconstruire, refaire sa vie et élever son fils.
Shin-ae ouvre alors une officine. Elle y donne des cours de piano et s’ouvre à
son voisinage jusqu’à ce qu’un nouveau drame la frappe.
Lee Chang-dong ne se présente pas,
ou plus lorsqu’on sait qu’il a réalisé avec Peppermint Candy (1999)
et Oasis
(2002) deux des meilleurs films du cinéma sud-coréen. Là, encore Lee
Chang-dong place son personnage principal dans la tourmente en lui faisant
endurer le pire. Un chemin tortueux qu’il devra arpenter dans la souffrance. C’est ce
que vit Shin-ae dans un environnement qui lui est inconnu. Comment renaître après
avoir connu l’enfer ? Pour ce faire, Lee Chang-dong passe la société
sud-coréenne au peigne fin. Après s’être attaqué à cette société et l’ascension
d’un jeune homme dans le crime (Green Fish, 1997), après avoir
dénoncé les années de dictature ou encore l’indifférence et l’incompréhension
d’une société sur ce qui est différent de la norme, il tire à boulets rouge sur
la religion.
Pour faire face aux malheurs qui
la frappent, Shin-ae se réfugie dans le culte religieux et donne ainsi un sens
à sa vie. Ce qu’elle trouvera, c’est de la colère. Sa colère l’emportera
sur la « supercherie » des croyances, celles dépeintes par l’auteur.
Shin-ae se révolte contre l’hypocrisie de la religion lorsqu’elle décide de
pardonner en bonne religieuse. Elle apprendra que tout n’est que fumisterie,
qu’il n’y a pas de justice dans la religion mais une injustice écœurante à ses
yeux. Cette révélation la rendra presque folle. Internée, elle sortira pour
continuer sa vie et retrouver un apaisement qui se dérobait jusqu’alors à elle.
Lee Chang-dong réalise, avec Secret Sunshine une œuvre tout en
sobriété. Il parvient à retranscrire avec tact les sentiments de cette femme
dans la tourmente, et dont l’interprétation de l’actrice est pour beaucoup. Notons
par ailleurs que le jury du festival de Cannes 2007 ne s’est pas trompé puisque
Jeon Do-yeon a reçu le prix d’interprétation féminine pour son rôle. Á noter
également, la bonne prestation de Song Kang-ho en garagiste amoureux et quelque
peu maladroit.
I.D.
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