Fruit Chan Goh, l’homme qui incarnait, il y a encore quelques années LE cinéma indépendant hongkongais nous revenait l’année dernière avec The Midnight After (2014), adaptée d’une web-série qui fit grand bruit et écrite par un dénommé Pizza. Lui qui portait de nombreux espoirs, notamment celui d’un cinéaste qui devait s’implanter durablement dans le panorama de l’industrie cinématographique montrait de réelles difficultés à confirmer au passage de nouveau millénaire. Sans film notable depuis 2001, il montrait une certain audace avec ce long-métrage qui s’il est loin d’être réussie et parfait, n’en est pas moins une tentative louable de proposer une œuvre originale, propre à l’artiste qu’il est.
Un soir, plusieurs individus prennent un minibus
pour rentrer chez eux. Lorsqu’ils traversent un tunnel et qu’ils en sortent,
ils remarquent que Hong Kong est vidée de ses habitants. Bientôt, ils font face
à des phénomènes étranges et inexpliqués…
The Midnight After. Que dire… ? C'est une expérience, ça c'est clair. C’est même indéniable. Ça part dans tous les sens en proposant un délire post-apocalyptique ou un délire horrico-fantastique ou encore tous pleins de choses en même temps. Les genres s’entrechoquent comme les situations qui suintent une aura mystérieuse. Durant le visionnage, on est assailli de références, pas tant celles que le cinéaste distille mais celles que tout individu s’est constitué avec le temps. Personnellement, j'ai pensé à la mini-série Les Langoliers, adapté de Stephen King par certains aspects et à la série Lost, pour d’autres. Pas que.
Le plus
souvent The Midnight After est un
spectacle agréable à suivre et plutôt jouissif par moment donc. L'univers qui y
est dépeint ainsi que le suspense sont maitrisés. On n'échappe tout de même pas
au mauvais goût prononcé. Alors, j'ai apprécié mais j'ai apprécié jusqu'à un
certain point. J'aime assez que l'intrigue aille là où on ne l'attend pas. C'est
cool, ça surprend. On évite le côté classique d’œuvres aux histoires
programmées. C'est franchement surprenant. Au point où le spectateur captivé s'interroge
sur les causes (aux conséquences vécues par les personnages) : épidémie,
catastrophe nucléaire, astrologie, mort/pas mort, monde parallèle,...
Mais voilà, The Midnight After interroge beaucoup,
tout du long. Sans doute trop, à s’en lasser et tant on ne voit rien arriver
pour confirmer les suppositions. La troisième et dernière partie est
enclenchée. On ne voit un dénouement clair qui réponde à l'ensemble des
questions du film. Forcément, on ne peut qu’être dubitatif. Généralement, il
arrive que dans certains films ou séries on vienne à se dire pourquoi pas. Ça
peut marcher. Mais là... il y a plus de questions que de réponses apportées,
avec ce sentiment qui, en gros cacherait pas mal le fait que les individus aux
commandes ne se mouillent pas, ou disons qu'eux-mêmes ne savent pas (où aller
avec leur récit).
En gros donc, The Midnight After c’est : on jette pleins d'idées qui, soit dit en passant peuvent aisément être qualifiées de « stylées » et roule ma poule. Advienne ce qui pourra. La résultante de ces choix (ou non-choix, c’est selon), c’est qu’on en ressort plutôt frustré. Même s'il est toujours intéressant de se questionner et de s'imaginer ce qui l'en est, d'être là avec des personnages esseulés qui tentent de comprendre ce qui leur arrive. Pourtant, il persiste, tout de même cette impression que rien n'est cohérent, rien de plausible là-dedans : le délire autour de Janice Man Wing-San vu par Wong Yau-Nam, les appels téléphoniques simultanés, le camion qui roule tout seul, cette pluie rouge...
Alors, je
sais qu’il ne faut pas essayer d'être rationnel, surtout avec un film comme The Midnight After qui ne l'est pas. Mais,
de temps en temps, j'ai l'impression de voir des facilités scénaristiques
déguisées parce qu’encore une fois, l’auteur et ses scénaristiques ne savent où
aller, ou n’osent faire le (ou les) choix. Sans ça, on pourra dire de ce Fruit
Chan qu’il est plutôt pas mal. D’autant plus que les acteurs sont bons. Un
petit regret concernant le manque d'empathie pour les personnages. L'humour
fait souvent mouche. C'est quelquefois violent et gore. Et en plus, le récit
fait allusions aux élections de 2017 pour le chef de l’Exécutif à HK. La Cat.3
ne cessera jamais d’être « politique »…
I.D.
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