Shinji Somai. L’un des rares cinéastes japonais à avoir su capter avec finesse le ressenti d’enfants et adolescents. L’un des rares à avoir su s’imprégner de leur univers. Il le démontrait une nouvelle fois avec Déménagement / Ohikkoshi (1993) qui, au travers des yeux d’une jeune fille de onze ans, Renko (Tomoko Tabata) narre les effets de la séparation de ses parents.
Avec Déménagement, Shinji Somai traite sobrement du sujet du divorce et de son impact sur les enfants, de leur acceptation à cet état de fait. Tout en pudeur et en faisant appel à une sensibilité singulière, il s’intéresse à dépeindre les conséquences d’une telle situation sur la jeune Renko. Cette dernière le vit mal. Un mal être qui est notamment caractérisé par ses nombreuses fugues. Shinji Somai pousse la chose à son paroxysme, en usant d’une répétition constante. Ce mal être, il le communique en usant peu de la parole. Il s’emploie surtout à guider ses acteurs pour qu’ils explosent et affichent leurs sentiments à l’écran. On soulignera d’ailleurs la réflexion apportée sur la façon qu’il a de remplir son cadre, le jeu de la distanciation. Comme on soulignera le jeu tenu du casting.
Il se dégage de Déménagement une poésie et un onirisme qui tranche avec des films traitants du même sujet. Le cinéaste japonais a une façon unique de dépeindre les errances de cette jeune fille, campée à merveille par l’actrice Tomoko Tabata. Un beau film qui enchante.
A noter que le film fut présenté à la quinzaine des réalisateurs en 1993.
I.D.
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