lundi 5 janvier 2015

Samaritan Girl : Les souffrances d’un père et de sa fille

lundi 5 janvier 2015



Le film Samaritan Girl aka Samaria (2004) de Kim Ki-duk se veut un tournant pour son auteur. Une étape dans une filmographie teintée de noirceur et de personnages désaxés parfois violents. Des films dérangeants qui ne laissaient pas indifférents. Ici, les personnages sont plus « conventionnels » et l’histoire se veut une critique de la prostitution adolescente en Corée du Sud. Une prostitution taboue dans laquelle Yeo-jin et Jae-young évoluent.

Ces deux adolescentes ont un rêve, c’est celui de voyager en Europe et pour réunir la somme d’argent nécessaire, Jae-young se prostitue. Yeo-jin joue le rôle de protectrice et de trésorière (proxénète ?). Elle prend les rendez-vous, surveille la rue et ses descentes de la police, encaisse l’argent mais surtout elle fait en sorte que son amie ne tombe pas amoureuse de ses clients.

Oui, Samaritan Girl est un œuvre différente de ses films précédents même si le thème de la prostitution s’était déjà fait échos (BadGuy ou même L’Île) et celui de la place de la femme (personnage sujet à polémique). La relation entre les deux jeunes filles sont des plus ambiguës. S’aiment-elles, d’un amour lesbien ou est-ce une amitié sans borne ? Il existe de la jalousie chez Yeo-jin. Il y a de l’amour dans les yeux de Jae-young jusqu’à ce que tout bascule. Un drame. Une mort.

Kim Ki-duk divise alors son œuvre en trois parties. La première étant de mettre à l’honneur Jae-young, jeune fille naïve et généreuse qui ne voit le mal nulle part. Elle tombe amoureuse de chacun de ses clients et trouve en eux ce quelque chose qui ne les cantonne pas à la perversité. Elle est caractérisée par un sourire qu’elle affiche de façon continu sur son visage. Troublant.

La deuxième partie est réservé à Yeo-jin mais pas seulement, à son père aussi. Yeo-jin se substitue à Jae-young. Elle devient son amie défenestrée. Elle suit un même parcours celui de la prostitution comme un devoir de mémoire. Quant à son père, policier sur les traces d’un assassin de prostituées il est un père aimant, aux petits soins depuis la mort de sa femme. Son monde s’écroule lorsqu’il apprend l’activité de sa fille. Il partira en « guerre » contre ces clients pervers pour rétablir une forme de « bonne morale ».

La troisième partie est quant à elle dédiée à la relation qu’entretient Yeo-jin et son père. Leur relation et leur impossibilité à communiquer l’un et l’autre. Ils partent loin de la ville pour se retrouver. Á la montagne, ils vont se recueillir sur la tombe de la mère de famille. Les personnages sont tiraillés, on le ressent. Ils souffrent en silence. Elle aimerait lui dire et il voudrait lui avouer qu’il sait.

Samaritan Girl reste un bon Kim Ki-duk. Ce dernier met en place un savoir-faire épuré. Il livre un film sur la prostitution adolescente, pas que. Un film sur les relations d’un père et de sa fille. Et la souffrance qui les mine.

I.D.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

 
Design by Free WordPress Themes | Bloggerized by Lasantha - Premium Blogger Themes | Design Blog, Make Online Money