Vision
glauque d’un Japon, loin de ses clichés récurrents, Les bébés de la consigne automatique (1980) est le fait de Ryu
Murakami. Ce troisième roman de l’auteur s’intéresse à dépeindre la destinée de
deux orphelins (Kiku et Hashi) qui gardent des séquelles d’un traumatisme
passé. Deux trajectoires qui seront bientôt animées par une envie de vengeance,
et où elles emploieront dès lors des actes violents…
Une
aura apocalyptique plane sur Les bébés
de la consigne automatique. L’atmosphère sombre qui s’en dégage est moite
et sans espoir. On assiste à une tragédie qui évince la dernière once de tout optimisme.
Cette route sinueuse et violente, le plus souvent improbable que l’on partage
avec les deux personnages principaux torturés est un cauchemar éveillé. L’auteur
nous expose toutes les bassesses de l’être humain dans une société déshumanisée.
Les bébés de la consigne automatique
a donc cet aspect dérangeant et froid qui contamine chaque page, faisant écho à
la déchéance physique et morale des protagonistes. On parvient à s’accrocher à
eux, cette jeunesse désillusionnée et à leur histoire. Ryu Murakami semble
narrer une réalité parallèle à la nôtre où il distille des moments
fantastiques. Il n’en renforce que mieux cette fatalité qui plane tout du long.
L’auteur confère un pêle-mêle de sentiments contradictoires. Il emploi une
finesse dans l’écriture, très poétique qui contraste avec son imaginaire
audacieux et polémique, à l’image de ce que l’on peut retrouver
dans les œuvres de manga.
Les bébés de la consigne automatique est une expérience qui
remue. L’écriture dense se veut crue et offre donc un récit d’anticipation fort
en émotion. Et si Ryu Murakami parlait dans les années 80 du monde, non pas des
années 90 mais d’aujourd’hui… ?
I.D.
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