Drame social de Ann Hui On-Wah avec
Simon Yam Tat-Wah et Zhang Jing-Chu, Night and Fog / Tin Shui wai dik ye yu mo
(2009) nous plonge dans l’histoire vraie d’un fait divers qui prend place
dans un quartier pauvre de Hong Kong.
Á Tin Shui Wai, une jeune
Mainland, Ling vit avec un hongkongais, Sam sans emploi et sans le sou ainsi
que leur jumelle. Son mari se révèle comme un homme violent et tyrannique. Il
refuse de trouver un emploi et préfère toucher l’argent de l’assistance
sociale. Le couple est au bord de l’implosion…
Night and Fog (en français : Nuit et Brouillard, on pense forcément au film d’Alain Resnais qui
traitait de la déportation et des camps de concentration nazis) se montre comme
un regard sur les classes pauvres de Hong Kong, réunissant les oubliés de la
croissance économique. Ici, Ann Hui dénonce la brutalité au sein des ménages
dont les femmes sont victimes. Á travers son personnage féminin, chinoise du
continent ayant suivi un hongkongais, elle montre toute la désillusion qu’il
peut exister. Celle de quitter une situation pauvre pour une autre, où la
violence s’invite et se veut quotidienne. Un peu comme si ce personnage était
le symbole même de toute cette désillusion que connaît la population de la République Populaire
de Chine venue tenter sa chance sur la « Terre Promise » qu’est Hong
Kong. De plus, la cinéaste pointe du
doigt l’injustice dont souffre les continentaux. Elle y expose les failles et
les limites du système social hongkongais et dans ce cas particulier, celui de
Ling l’inaction des autorités qui n’a su déceler la dangerosité de sa situation.
Night and Fog commence par le fait divers qui est relayé à la
télévision. Ann Hui revient sur ce qui a amené au drame, tout en racontant les
débuts du couple où un certain bonheur était palpable. La cinéaste met en scène
cette histoire avec tact sans tomber dans les travers d’un mélo sordide. Si le
film est dur, notamment en nous montrant la violence conjugale il sait être
juste dans sa description. On y voit un père aimant ses enfants sachant être à
l’écoute mais il ne parvient à contenir une violence dont sa femme est victime.
Simon Yam y campe un personnage sans concession qui rappellerait presque ses
meilleurs rôles de psychopathes et autres désaxés de son époque Catégorie 3 (années
90). Il a un regard et une présence physique magistrale dans les sentiments
qu’il parvient à communiquer. Zhang Jing-Chu caractérise toute la fragilité et
la fuite en avant de son personnage. Une course perdue d’avance qui révèle
toute la tragédie de sa situation. Des seconds couteaux corrects termine
d’accompagner ce couple qui fonctionne à l’écran.
Ann Hui campait déjà dans le
quartier de Tin Shui Wai pour son film précédent : The Way We Are (2008), où
elle y narrait le quotidien toute en quiétude d’une famille. Avec Night and Fog, elle a décidé de
s’arrêter sur un fait divers dramatique. On pourrait lui reprocher sa longueur
et des petits défauts épars. Pourtant, ce film se montre intéressant, tant sur
la situation sociale que l’environnement qui a amené ce drame.
I.D.
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