On ne présente plus Benny Chan Muk-Sing, véritable yes man hongkongais qui a su s’imposer
avec des polars et des films d’action qui firent sa renommée. Depuis quelques années
maintenant, il a donc su imposer son nom comme un faiseur de cinéma efficace. Son
dernier film en date, The White Storm
(2013), retitré Narcotic pour sa
sortie DVD/Blu-ray (avril 2015) et sous-titré « La Guerre des
Cartels » s’inscrit dans la droite lignée du film d’action dramatique.
Pour cette aventure qui délocalise notamment le théâtre des opérations en
Thaïlande, il s’entourait de trois acteurs de renoms : Louis Koo Tin-Lok,
Lau Ching-Wan et Nick Cheung Ka-Fai. Ces derniers campent trois flics du Bureau
des narcotiques à HK. Ils tentent de mettre fin aux activités mafieuses de
Eight-Face Buddha, interprété par l’acteur vétéran Lo Hoi-Pang.
Question.
Benny Chan est-il resté dans cette période qui
comprend cette fin des années 80 et la première moitié des années 90 de
l’industrie cinématographique hongkongaise ? The White Storm, également connu comme The Cartel War et Metamorphosis
semble tout droit sortie de cette époque. Alors certes, avec plus de moyen que
la moyenne des polars sortis de ladite époque.
Réflexion.
Après visionnage, je ne saurais trop quoi en
penser. Il y a cette espèce de générosité explosive commune à ces actioners, période 86/94 (ou 87/93) mais
en même temps, le film porte sur lui les tares d’un cinéma qui ne s’embêtait
pas avec les détails. Prenons l’exemple de ces hélicoptères qui débarquent avec
leur sulfateuse. C’est grandiose voire épique. Ça défouraille dans tous les
sens mais dans l’action exposée, c’est quelque peu, disons-le débile. A ce
moment précis, la fille du bad guy,
le boss est prise en otage ! Et ils arrivent avec une sulfateuse qui tire
dans le tas. C’est n’importe quoi les mecs ! C’est disproportionné.
Arrêtez vos bêtises, ce n’est pas la kermesse. Déjà qu’on n’est jamais à l’abri
d’une balle perdue mais là, c’est le pompon. Ce genre d’action irréfléchie ne
peut plus exister de nos jours sous peine de tomber dans le ridicule, proche
d’un nanar sans recul. Pas terrible non plus la scène de course-poursuite qui
suit la suite de ce carnage volant. Benny Chan, c’est THE potentiel, et il n’en
fait pas grand-chose. Par exemple, l’idée de maintenir Berg Ng Ting-Yip hors de
la voiture en mouvement est plutôt pas mal. Le reste manque de réelle tension
haletante pour ce type de séquence. Où est cette tension, cette ambiance
stressante qui devraient nous faire cramponner à nos sièges ?
Et puis, arrive la fameuse scène de la falaise, le
vrai premier point d’orgue du film. Même s’il y en a eu des moments chauds
avant celui-ci, ils ne revêtaient pas de la même façon l’importance pour
l’humain au centre de l’action. Ce qu’on ne sait pas à cet instant, alors
qu’une décision au dilemme cornélien doit être prise c’est que le père Benny Chan
va faire prendre un virage à son récit. Chose plutôt intéressante mais une
chose qui entrainera des décisions scénaristiques qui laissent à désirer,
notamment dans la crédibilité de son entreprise. Là encore, on se retrouve dans
ce cinéma d’une autre époque qui se fiche ouvertement que les évènements,
prises de positions des personnages et j’en passe puissent paraitre le plus
souvent invraisemblables voire stupides. Tiens, un peu comme le coup des
sulfateuses super gratuit, même si jubilatoire, v’là-ti pas que le trio Louis/Sean/Nick
froisse de la carrosserie, comme ça, de façon totalement gratuite enchainé d’un
« Alors ? La femme, les enfants, le chien, comment va ? ». Pourquoi ?
OK. On a pigé l’hommage à Une balle dans la tête (1990). Comme on a compris que Benny Chan empruntait pas mal de
choses à ce film précis, comme il le fera en toute fin de ce film-ci, rappelant
au passage d’autres films de John Woo comme son dytique A Better Tomorrow (1986 & 1987).
Oui ! Benny Chan est toujours ancré dans cette
période passée, où il joue son « heroic
bloodshed hard boiled » retardatif. Ce sentiment qu’il rattrape un
passé bien révolu. Un peu comme s’il avait zappé de mettre en scène, à cette
fameuse époque ce type de film en particulier. Malheureusement, il ne gomme nullement
les défauts attenants à ces productions du « c’était
mieux avant », pour certains HKphiles (et d’autres aussi). Du coup, nous
avons là, ce climax final caractéristique où l’amitié retrouvée se lancera dans
un gunfight tapageur, et où les corps
encaissent les balles jusqu’à plus soif de sang.
Mitigé (la moue).
Le postulat de départ de ce The White Storm - Narcotic
donne à voir. Il y a de bonnes choses, même dans ces moments de récréations
décomplexées. Il n’empêche la dernière partie reste grossière. Il y a une
continuité dans l’intrigue qui est mal amenée. Après, concernant le spectacle, on
peut dire que c’est plutôt cool parce que dans l’ensemble tout est plutôt bien mis
en scène, bien interprété et puis celui ou celle qui aime les fusillades… mais
bon… dans cas précis, je ne sais si j’ai envie de voir un film de notre époque
pastichant les films d’avant. The White
Storm – Narcotic aurait été un
bon film de la fin des années 80 et du début des années 90. En ce début
(moitié) des années 2010, il n’est qu’un film moyen qui mériterait d’adopter
une rigueur propre à notre époque.
I.D.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire