Un des must de la Catégorie 3, Daughter of Darkness (1993) de Ivan Lai Gai Ming s’illustre comme un drame érotico-horreur mettant en scène Anthony Wong (Full Contact,1992) en flic du continent à moitié débile et Lily Chung (Red to Kill, 1994) en victime d’une famille dont le patriarche est William Ho Ka Kui (Prison On Fire, 1987), une gueule du cinéma comme on les aime.
Dans une petite ville de la Chine continentale, Wei Fong est une jeune femme incarcérée. Un long flash-back revient sur les circonstances qui l’ont amenée derrière les barreaux. On apprend que Wei Fong était maltraitée et blâmée de reproches par les membres de sa famille dont le père l’a violée. Le soir de son anniversaire, elle les massacre tous…
Daughter of Darkness qu’on se le dise est un classique du genre, la Cat. 3 qu’on ne présente plus pour les aficionados du cinéma de HK. Et comme toute Cat. 3 qui se respecte le film pose forcément un débat sur ses qualités cinématographiques ou si l’on peut tout simplement encore appelé cela du cinéma avec son déversement de sang, de nudité, de viols, etc… Pour ma part, je prends le parti de ce cinéma subversif et suit avec délectation les atrocités commises à cette pauvre Wei Fong à la fois rejetée, violentée et violée par les membres de sa famille qui saura se venger en temps voulu. Une cendrillon chinoise des temps modernes qui trouve son seul havre de paix dans les bras de son petit ami, accessoirement policier.
L’aspect sordide et provoquant de Daughter of Darkness offre un portrait désespéré d’une jeune femme et d’une situation qui l’est tout autant. Le film se montre aussi une critique du régime communiste entre l’obligation à la délation et ses fonctionnaires de police corrompus et brutaux. Daughter of Darkness c’est cette justice aveugle et absente pour les petites gens qui survivent au quotidien et seul un Anthony Wong en grande forme pouvait jouer ce rôle en interprétant un chef de la police des plus cabotins qui soit, à lui seul il représente une certaine dérive d’un système. Chose qu’il pratique avec un humour noir débordant de mauvais goût.
Ivan Lai dans Daughter of Darkness fait évoluer son récit sur plusieurs tons tout en s’éloignant d’une quelconque obligation morale. C’est en cela que nombre de spectateur pourrait être choqué. Cette façon qu’il a de parler de l’inceste avec détachement pourrait en perturber plus d’un. On pourrait le condamner de cinéaste irresponsable se fourvoyant dans les atrocités malsaines et les abus moraux, pour ma part, je préfère prendre les choses avec distance et à un degré très très éloigné du premier. Certes, le film est loin d’être fin par moment même plutôt glauque dans sa grande majorité mais rien que pour la prestation d’Anthony Wong ça vaut le coup. D’autant que l’auteur a su mettre merveilleusement en image certaines scènes. Daughter of Darkness est une empreinte indélébile d’une époque, un vestige avec ses bons et ses mauvais côtés, ses défauts et qualités.
I.D.
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