vendredi 2 janvier 2015

The Terrorizers : Puzzle social

vendredi 2 janvier 2015

A l'occasion de la sortie du DVD chez Spectrum Films, nous rééditons notre avis du 5 janvier 2012 rédigé lors de sa sortie au cinéma.

Les inconditionnels d’Edward Yang n’auraient raté pour rien au monde la première sortie en salle de son long métrage, The Terrorizers (1986). Si beaucoup le connaisse à travers son dernier essai (achevé), Yi Yi (2000), la projection de son troisième long fut une aubaine pour le découvrir autrement.

The Terrorizers est un film qui me parut complexe. Une multitude de personnages et de scènes plus ou moins explicites - où s’entrechoquent sons et silhouettes, s’invite dans un rythme soutenu. L’auteur pose son récit comme il placerait des objets sans liens, sans cohérence apparente, sur une table. On se voit témoin d’une course poursuite, d’un présumé meurtre (le bruit sourd d’un tir, le corps d’un homme à terre), d’un couple tourmenté. L’improvisation ne tient pas longtemps et l’on comprend incessamment que ce puzzle à échelle humaine est une façon pour l’auteur de montrer les liens qui coexistent entre chaque protagoniste. Des personnages qui se croiseront ou se sont déjà croisés, par hasard ou volonté. L’assemblage de toutes ces “pièces” prend forme, subtilement, dans le non-dit parfois, car Yang nous accompagne dans la compréhension de son film. On tente alors de souder les morceaux. L’absence de communication se dessine pour beaucoup ; ce couple qui ne parvient à s’appréhender, cette adolescente qui peine à trouver sa place. Un sentiment d’oppression émane, suscitant une envie incontrôlable de liberté. Une fuite en avant qui va se présenter, en apaisant certains, lorsqu’il créé chez d’autre une folie meurtrière.
Alors de ces vies qui s’entremêlent s’ajoute une dimension impalpable, faisant cohabiter la réalité et la pensée - des souhaits, des envies ou des désirs, nous faisant partager le désarroi et la profonde solitude d’Homme. Yang n’improvise pas et nous happe dans une tourmente poétique mais sombre, très sombre. Les silences se veulent lourds, tout comme ces longs plans séquences au cœur des quartiers de Taipei, froids et impersonnels.

Edward Yang dessine le portrait d’une société taïwanaise torturée, par un jeu de composition saisissant.

A noter que ce long-métrage édité par Spectrum Films est accompagné d'une interview de Jean-Michel Frodon, auteur du livre Le Cinéma d'Edward Yang, d'une interview par Liao Ching-Song et Yeh Hsiao, monteur et co-scénariste du film, et par les réalisateurs Hou Hsiao-Hsien et Wu Nien-Jen, d'un essai vidéo de The Seventh Art et de la BA.

Diana

6 commentaires:

David Tredler a dit…

J'étais assez désarçonné au début par le premier acte, mais il parvient effectivement à donner sens à ses intrigues et personnages au fur et à mesure qu'il déroule son scénarion.

Diana a dit…

Le début est plus que déroutant. Ma crainte était de passer à côté d'une scène, une information, qui auraient pu être clé pour la compréhension du film. Au final, l'histoire prend forme naturellement. Néanmoins, je ne refuserais pas un second visionnage :)

David Tredler a dit…

Sur grand écran c'est trop tard malheureusement, trois petits tours et puis s'en est allé je crois...

Diana a dit…

Sur Paris, il reste encore une chance de le voir ou revoir, lundi 16 au Reflet Medicis. Ou sinon il y a Caen ou Biars-sur-Cère...

David Tredler a dit…

Lundi 16 en matinée seulement, à 11h30, c'est la loose !^^

Diana a dit…

J'ai déjà posé un 1/2 RTT pour ne pas louper la séance ! :)

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