Dans Breaking News / Dai
si gein (2004), Johnnie To Kei-Fung fait
s’affronter les forces de police à une bande de malfrats, s’ensuit une
fusillade qui verra les truands prendre le pas et ridiculiser un policier.
Cette « défaite » sera relayés par des journalistes présents sur les
lieux de l’affrontement et aura pour conséquence de décrédibiliser l’action de la police. Un peu plus
tard, la bande de malfaiteurs qui s’est réfugiée dans un immeuble est repérée.
Les hauts gradés des forces de l’ordre décident de lancer un grand plan
d’action télévisé pour les capturer, en utilisant les médias pour relayer leur
action et ainsi redorer leur blason. Les criminels utilisent à leur tour les journalistes.
S’engage alors une guerre des images, en plus de celle des armes.
Drame et action collabore à ce
polar explosif signé To. Breaking News
va plus loin que le simple affrontement des forces de police à des gangsters.
Le petit plus qui fait la différence est bien entendu de placer l’information,
celle des médias dans l’action, et de questionner sur leur importance et les
manipulations dont ils peuvent être victime comme de la collaboration dont ils
peuvent faire preuve. La manipulation des images devient alors l’un des
protagonistes de l’histoire. Les policiers tentant de tirer vers eux le bon
rôle en exploitant les images et les relayant comme une publicité toute à leur
gloire. De l’autre, des malfrats qui jouent sur la corde des sentiments en
montrant un visage plus humain.
Breaking News est d’une certaine façon un pamphlet sur l’ensemble
des médias qui manipulent l’image pour l’audimat. To y oppose la manipulation
d’un côté, celle de la police qui désire réaliser un énorme show factice, un
show policier emprunt de manichéisme télévisuel. De l’autre, l’envers du décor
et la réalité de membres des forces de l’ordre perdus dans les dédales d’un
immeuble sous le feu croisés de bandits tentant de s’échapper.
Breaking News c’est aussi une histoire d’hommes : leur affrontement
et motivations personnelles. On retrouve en tête : Nick Cheung Ka-Fai, en flic et Richie Ren Xian-Qi, en
leader des truands. Et cela, dès la scène d’introduction du film. Un plan
séquence d’ouverture, véritable exercice de style qui s’inscrit comme l’un des
meilleurs plan-séquence de cinéma d’action jusqu’à ce huit clos qu’offre
l’immeuble. Pour enfin terminer, tragiquement en course-poursuite se déroulant, comme en
introduction du récit dans les rues de Hong Kong. La boucle est bouclée.
L’histoire qui oppose donc
l’ensemble des protagonistes de Breaking
News naît entre la solidarité et la loyauté des uns et des autres. Flics
comme voyous, collègues et compagnons d’infortune au travers de rencontre ou de
motivation plus personnel. Il y a également l’esquisse d’une histoire d’amour
entre le personnage de Richie Ren et celui de Rebecca, cette femme-flic
interprétée par Kelly Chen Wai-Lam. Histoire d’amour impossible, entre celle qui traque
et celui qui est traqué. Un amour interdit, balisé par la barrière virtuelle de la
Loi.
Breaking News de Johnnie To est donc un polar de haute tenue pour
sa critique des médias, l’affrontement entre des hommes (et une femme)
déterminés et une réalisation comme à son habitude époustouflante.
I.D.
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