lundi 8 décembre 2014

L’enterrement du soleil : Dans la Zone

lundi 8 décembre 2014


L’enterrement du soleil/Taiyo no hakaba (1960) est le troisième film de Nagisa Oshima. Le film traite du Japon d’après-guerre. Surtout, Nagisa Oshima poursuit ce qu’il avait commencé avec Contes cruels de la jeunesse (1960), il réalise un œuvre qui s’inscrit dans la mouvance du taiyozoku, c'est-à-dire sur la jeunesse violente et rebelle.

Au cœur du quartier pauvre de Kamagasaki (surnommé la Zone) de la ville d’Osaka, il y règne, depuis la fin de la guerre une extrême pauvreté. On suit le quotidien des zonards fait de débrouille sur le marché noir. Hanako, une jeune fille tente de survivre par le système D…

Nagisa Oshima déploie toute sa rage et sa colère pour raconter L’enterrement du soleil. Le cinéaste se serait immergé avec toute son équipe le temps du tournage pour s’imprégner de l’atmosphère. Il y a un petit quelque chose de Rossellini dans cette façon de décrire ces vies marginales, d’ouvriers sans travails vivant dans des baraques en bois et de tôle. Il y dépeint les gangs, les proxénètes, les prostitués, les petites arnaques… une violence urbaine constante comme une évocation de la politique. Ils survivent car ils ne peuvent faire autrement. Chacun pour soi, quant au perdant… La mort se donne sans sourciller. Elle fait partie du quotidien. Les morts sont peu de chose, des déchets qu’on dépouille avant de les jeter.

L’enterrement du soleil, c’est aussi une œuvre sociale où Oshima montre la misère et ses prisonniers qui pour survivre vendent leur sang, dont profite des sociétés de cosmétique. Ils vendent jusqu’à leur état civil où un marché parallèle se crée pour les étrangers clandestins. Dans une atmosphère moite emplit d’esprit surchauffer, il y règne dans une partie de cette population une nostalgie d’avant la guerre, dont certains rêvent de revoir l’Empire Japonais régner. Il y a également cette peur du communisme. Ce regard sur la pauvreté et cette survie qui va de paire nous montre que pour s’en sortir, les zonards pensent constamment au jour suivant jusqu’à ce qu’ils soient contaminés.

L’œuvre d’Oshima est effrayante. Que se passe-t-il lorsque les zonards sont infectés par cette folie destructrice, provoquée par une goutte d’eau faisant déborder le vase ? Nous assistons à une révolte des opprimés qui brûle comme dernier geste de désespoir. Quant au lendemain ? La vie cruelle continue et suit son court de façon inexorable. La survie avant toute chose, semble nous dire la fatalité dépeinte. 

I.D.

4 commentaires:

Olrik a dit…

Je suis totalement à la bourre pour ce qui est de la filmo d'Oshima. A part l'Empire des sens (quand même !) , Furyo et 3 ressurected drunkards (un peu trop WTF pour avoir accroché) tout me reste à découvrir et ce Taiyo Hakaba m'a l'air d'une jolie perle.
Ah !

I.D. a dit…

Ça fait pas bézef tout ça mais c'est déjà ça. ;) Même pas L'Empire de la passion dans le lot ?

Three Resurrected Drunkards, jamais vu. Pourtant il me tente bien avec une poignée d'autres réalisés à la fin des années 60. J'ai quelques-uns de ses films sous le coude. Pas vu non plus l'essentiel de sa filmo'. Faut juste se lancer, comme on dit.

En tout cas, le coffret Carlotta "La trilogie de la jeunesse" dans lequel on trouve le film qui nous intéresse ici est sympa.

Olrik a dit…

J'ai oublié Tabou aussi. Pas mal mais sans comparaison avec ses chefs d'oeuvre des 60's et 70's. "La trilogie de la jeunesse" est effectivement le morceau de choix qu'il faut apparemment voir en dehors de l'Empire des Sens.

I.D. a dit…

"Tabou", ça allait, en effet. Je le trouvais un peu fatigué le Oshima.
Par contre, un film de lui vu et que je n'ai jamais réussi à accrocher c'est "Max mon amour". Histoire, perso'... jamais réussi à rentrer dedans.

Enregistrer un commentaire

 
Design by Free WordPress Themes | Bloggerized by Lasantha - Premium Blogger Themes | Design Blog, Make Online Money