Œuvre cinématographique inspiré
du manga de Tôru Shinohara, La Femme Scorpion/Joshuu 701 Gou Sasori
(1972), premier volet d’une saga lancé par le cinéaste Shunya Ito met en scène
l’actrice Meiko Kaji sous les traits de Nami (ou Matsu). Une anti-héroïne, à la
fois belle et enfermée dans un mutisme glaciale. Elle est l’incarnation de
femmes humiliées et avilies. Nami part en guerre contre une société japonaise
machiste où la place de la femme reste celle des fourneaux.
Nami, amoureuse d’un policier des
stups qui se prénomme Sugimi accepte d’infiltrer des yakuzas sous sa demande.
Démasquée, elle est violée tour à tour par les malfrats et trahie par Sugimi.
Nami tente alors de se venger en poignardant Sugimi mais elle se fait arrêter
et se retrouve dans l’enfer des prisons.
C’est l’icône du cinéma japonais
des seventies, Meiko Kaji qui incarne
la femme scorpion. Issu de la
Nikkatsu, la
Toei la débauche. Elle deviendra Sasori (scorpion) dans les
quatre premiers longs métrages de la saga. L’égérie d’une vengeance incarnée
par une rancune née d’une trahison, celle faites par les hommes et leur
misogynie. Sasori s’en va en guerre contre les hommes certes mais aussi contre
l’univers carcéral et plus largement d’une société japonaise sclérosée. Meiko/Sasori
est à la fois dangereuse/fascinante mais surtout aux réactions
imprédictible/tragique.
La Femme Scorpion, la
prisonnière 701 tue froidement, sans sourciller. Un électron libre impossible à
emprisonner, ou presque. Visage impassible et vêtue de noir faisant échos à La Mariée était en noir (1968) de François
Truffaut. La vengeance opère comme un cri de révolte. Une révolte contre l’esclavagisme
carcéral, ses tortures et les lynchages des surveillants (masculins) de prison.
L’oeuvre s’inscrit dans la grande lignée des thrillers et des films de prison
de femme, genre à part entière.
Shunya Ito ouvre les hostilités
avec ce plaidoyer pour la gent féminine, sa première réalisation. Il signera
les trois premiers volets des Sasori. Ses premières armes dans le métier, il
les fera avec Teruo Ishii considéré comme le pape du sado-masochisme. Les
horreurs carcérales que subira la femme scorpion ainsi que ses co-détenus en
seront librement inspirées. Shunya Ito également influencé par Seijun Suzuki
met en place des scènes emprunt de théâtralité et d’un style pop, un style des
plus baroques pour une réalisation haute en couleur. Le rendu se veut alors efficace.
Œuvre emprunte d’érotisme, La
Femme Scorpion, femme rebelle et forte, film esthétique
et violent aux destinés cruelles (viol, meurtre…) est d’une force inouïe.
Sasori, le rictus qui fait froid dans le dos et que rien n’arrête, même pas une
femme-maton infiltrée va jusqu’au bout de sa Vengeance. La Femme Scorpion est un classique du cinéma de genre, notamment
rythmé par le thème musical principal, celui de Sasori (et des femmes trompées
plus généralement) : Urami Bushi.
Cette chanson interprétée par Meiko Kaji est des plus imagée et résonne encore
après visionnage.
I.D.
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