vendredi 8 juillet 2011

Hospitalité : Mondialisation [Festival Paris Cinéma 2011]

vendredi 8 juillet 2011

Koji Fukada. Horreur. Lors du Festival Paris Cinéma 2010, Koji Fukada était venu nous présenter son ennuyeux documentaire La Grenadière ainsi que son passable long-métrage (beaucoup trop long), Human Comedy in Tokyo. Il revient avec un nouveau film, Hospitalité / Kantai (2010) présenté en compétition officielle du Festival Paris Cinéma 2011.

Une famille japonaise au quotidien rythmée par l’activité d’une imprimerie voit un jour l’arrivée d’un homme qui va quelque peu perturber leur(s) vie(s)…

Le pitch de Hospitalité, on le connaît. Un pitch vu et revu sur un agent perturbateur au sein d’un groupe, ici une famille. On avait pu notamment voir la chose dans des films récents japonais comme Visitor Q de Takashi Miike (un inconnu comme agent perturbateur) ou encore d’une certaine manière, About Her Brother de Yoji Yamada avec cet oncle-frère qui revenait créer la zizanie au sein de sa propre famille. Dans le film de Koji Fukada c’est l’acteur Kanji Furutachi (Saru, 2003) qui incarne cet « agent perturbateur » qui se fond dans une famille bien sous tout rapport. Ce personnage va permettre de faire éclater au grand jour un malaise sous jacent, masqué par des sentiments pudiques. Là où Hospitalité est intéressant c’est dans la composition de cette famille. Le père (Kenji Yamauchi vu dans Survive Style 5+, 2004), un petit patron d’une imprimerie partage sa vie avec une femme (Kiki Sugino vue dans Time, 2006) plus jeune que lui. Sa fille (d’un précédent mariage) et sa sœur, également divorcée, vivent sous son toit. Nous avons donc droit à un portrait de famille plutôt atypique. Un portrait qu’il est rare de voir dans les films dit de « famille » au Japon. Un bon point. Mais les bonnes surprises ne s’arrêtent pas là.

Hospitalité s’avère même réussi dans ses deux premières parties bien rythmées avec notamment un humour qui s’invite et fait mouche. Un autre bon point. On commence à s’étonner de la dextérité dont Koji Fukada fait preuve. Il nous offre sans doute là son premier film « réussi » et c’est lorsqu’il est moins rohmerien que Koji Fukada est meilleur cinéaste. Il y a un travail de mise en scène plus accru que dans ses films précédents. Des cadres plus travaillés, des mouvements de caméra qu’il s’autorise, plus de plans aussi. Un travail sur les sons (les machines en mouvements, la vie extérieur). Il ne tombe pas dans les longueurs qui minaient ses films précédents. Alors certes tout ceci n’est pas toujours synonyme de film meilleur ou réussi mais ici on voit que Koji Fukada a travaillé. Il a mûri et s’est amélioré bien qu’il lui reste encore du travail à fournir à l’image d’une dernière partie qui pêche. Elle manque de souffle avec un manque d’idée flagrant qui pour masquer cet état nous offre un spectacle d’aspect brouillon. On pourra également regretter qu’il n’aille pas au bout de ses idées. On aurait souhaité de l’audace dans cette troisième partie d’autant plus que les deux premières nous laissaient présager de bonnes choses pour le dénouement final. Tant pis. Je passerais outre la plausible analyse intellectualisé de la cage à oiseau vide qui se remplit en fin de film et toute réflexion tout aussi « intellectuelle » sur l’acception de « l’autre », de l’étranger, etc...

Hospitalité est la promesse d’un cinéaste qui tend à créer avec ce type de film une identité artistique propre. Une entreprise qui donne un regain d’attention à son égard. Là où ses premiers travaux communiquaient une certaine perplexité quant à son potentiel de metteur en scène de cinéma. On notera également qu’il a su s’entourer d’une bonne équipe d’acteur avec en tête Kanji Furutachi qui campe à merveille un personnage haut en couleur. Un personnage qui nous communique cet engouement ; celui de découvrir ce qu’il va nous concocter, ce que le film va nous montrer.

Pour information, Koji Fukada travaille sur deux projets. Il souhaite mettre en scène un « Human Comedy in Paris » et un film qui s’intitulerait après une traduction hasardeuse : « La fille sans main (ou bras) ».

Séance en présence du réalisateur :
De gauche à droite : Kiki Sugino, l'interprète, Koji Fukada
I.D.

1 commentaires:

Chris a dit…

Tiens je l'ai vu aussi au festival Paris cinéma ! Je partage en gros votre analyse, agréable mais ne tenant pas la distance : http://www.christoblog.net/article-christoblog-festival-paris-cinema-82275476.html

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