La Tanière de la Bête/Joshuu
Sasori: Kemono-beya (1973) est la troisième et dernière œuvre de la
saga que réalise Shunya Ito. Ce dernier collabore une nouvelle fois avec l’égérie
des seventies, Meiko Kaji dans le
rôle phare de Sasori. Il livre alors une œuvre stylisée et avec un rythme plus
posé que les deux opus précédents.
Dans La Tanière de la Bête,
Nami « Sasori » Matsushima est toujours, après son évasion en cavale.
Elle va se lier d’amitié avec une prostituée alors que le détective Kondo met
un point d’honneur à la retrouver…
Shunya Ito plonge son héroïne
dans la jungle urbaine nippone après celle des prisons. Dans une cité glauque
et cruelle, où la condition de la femme est encore peu de chose, la prisonnière
701 est traquée comme un animal. Fatiguée, à bout de souffle, Sasori, la
traquée ouvre l’œuvre de Shunya Ito sur une scène d’anthologie qui se termine
par l’ablation d’un bras, menotté au sien. Gore. Elle prendra la fuite et continuera
à courir comme elle a toujours sût le faire. Si Matsu est traquée comme un
animal, elle perd quelque peu de sa bestialité de révolté des prisons pour
donner une image plus sociable et humaine.
Matsu se sociabilise au contact
d’une prostituée. Elle vient même à trouver un emploi. En vérité, elle prend
tout simplement le temps de vivre alors qu’elle est recherchée par la police. Ici, Shunya
Ito livre un film d’exploitation d’une beauté absolue. Il prend le temps de
filmer son égérie comme un dernier au revoir à la caméra. La contemplation se
fait plus douce mais aussi plus belle. Il développe ses codes visuels qui le
caractérisent tant pour faire de La Tanière de la Bête une œuvre lyrique, une œuvre superbe.
Mais Matsushima Nami ne serrait
pas Sasori s’il n’y avait une vengeance à perpétrer. Sa Vengeance, Sasori
l’effectue sur une bande de proxénète menée par une ancienne co-détenue. Ces
derniers maltraitent les prostituées et n’hésitent pas à les faire avorter de
force. Sasori gagne alors ce visage impassible, celui d’une sentence qui ne
frappe pas au hasard. Elle-même maltraitée par ces voyous, et comme à son
habitude, elle ne reculera devant rien pour atteindre son but, même devant le
détective Kondo, obsédé par la prisonnière 701 en fuite.
Pour sa dernière réalisation de
la saga des Joshuu Sasori, Shunya Ito
fait de La Tanière de la Bête un
chef d’œuvre d’onirisme ravageur pour tout spectateur. Et démontre tout le
talent d’un cinéaste trop rare.
I.D.
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