lundi 20 juin 2011

J’ai rencontré le Diable : Visages

lundi 20 juin 2011

Petit avant-propos rapide sur le cinéaste coréen. Je n’ai jamais été un fan inconditionnel de Kim Jee-woon. Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il fasse partie des cinéastes importants de la cinématographie sud-coréenne bien que certains de ses films sont pas mal voire intéressant (parfois). On dénotait un talent certain en visionnant son court-métrage Coming Out. J’ai beaucoup aimé ses divertissements tels que Foul King et Le Bon, la Brute et le Cinglé. Beaucoup moins des films que je trouve surfaits tels que The Quiet Family, 2 sœurs et A Bittersweet Life. Kim Jee-woon nous revient donc avec J’ai rencontré le Diable / Akmareul boatda (2010) alors qu’on le dit en partance pour les Etats-Unis et ce sacro-saint Hollywood. On a tout dit ou presque sur ce film. Interdiction aux mineurs en Corée du Sud, il est passé sur la table de la censure. Violent, outrancier et j’en passe. Mais ce film avait en ce qui me concerne un atout premier : la confrontation du trop rare à l’écran Choi Min-sik et la belle gueule Lee Byung-hun.

La femme d’un agent du NIS (National Intelligence Service) est sauvagement assassinée par un tueur en série. Son mari, aidé de son beau-père policier récolte, des fichiers sur des suspects. Il prend un congé de deux semaines et se met en chasse. Bientôt, il retrouve celui qui semble être le véritable assassin…

Noir c’est noir, ainsi pourrait être l’adage de J’ai rencontré le Diable. L’humour est noir. La vengeance est noire. Les personnages sont d’une obscurité peu commune, encore plus lorsqu’elle contamine celui qui est censé être le « héro ». L’homme à « la vengeance légitime ». Plus le film avance et plus les forces destructrices le rongent de l’intérieur jusqu’à faire éclater une rage et une haine qui n’a plus rien d’humain. Et les questions se posent alors : Est-ce que son action est légitime ? Doit-on accepter ses agissements ? On peut comprendre le désespoir de ce « héro » et cette soif de vengeance qui en découle. Ce désespoir qui l’emmène vers les limbes d’une vengeance personnelle qui entraîne indubitablement des victimes en parallèles. C’est humain de le comprendre. Et là où J’ai rencontré le Diable est intéressant car il nous montre la « contamination » de celui qui s’érigeait dans une certaine forme de « justice », la victime indirecte de ce meurtre. Intéressant de voir de quelle façon cet homme obscurcit sa personnalité en usant de stratagème qui le met au même niveau que l’homme qu’il traque. L’assassin justement. Que dire de la manière dont Kim Jee-woon l’emploie ? On ne pourra qu’éprouver un certain dégoût pour cette complaisance qu’apporte l’auteur au personnage du tueur en série. Sans ça, la performance de Choi Min-sik est bonne à l’image de celui qu’il affronte. On aurait tout de même pu s’attendre à beaucoup mieux de ces deux acteurs.

Là où J’ai rencontré le Diable pêche c’est dans son scénario. Rien d’original. Très classique. On a le sentiment de voir une mixture de thriller coréen en fait. La réalisation de Kim Jee-woon n’évite malheureusement pas à un côté tape à l’œil qui est de trop ici, bien que cela ne soit que ponctuel. Certains y verront des scènes qui n’apportent rien si ce n’est remplir un film déjà bien long. Chose que je rejoins par moment lorsqu’elles ne sont franchement pas ridicules (celle de la tête qui tombe et roule). On ne voit pas le temps passer et c’est un plus pour un film de cette durée. Beaucoup seront outrés par la surenchère de violence qui ne me pose personnellement pas de problème. Elle est sacrément présente c’est un fait, mais est loin d’être aussi choquante. J’aime assez par ailleurs la répétition de la vengeance qu’emploie Lee Byung-hun à l’encontre de Choi Min-sik. Si le film n’avait été que ça, j’aurais adoré. Maintenant ça donne aussi un côté quelque peu vain et qui aurait pu être bien mieux mis en scène et pensé scénaristiquement parlant. Il est fort dommage par ailleurs que le film n’est pas été mieux traiter notamment sur l’idée que nous avons tous « une part de diable » en nous. Tout ceci reste bien trop en surface.

J’ai rencontré le Diable est d’une froideur extrême. Un film glauque jusqu’au-boutisme et une question subsistera à l’issu du visionnage : qui est véritablement le diable ? Sans ça, Kim Jee-woon se sera fait plaisir avec ce film à l’image d’un John Woo qui signait son Hard Boiled avant de partir aux Etats-Unis. Espérons pour lui qu’il puisse s’épanouir là-bas.

I.D.

13 commentaires:

David Tredler a dit…

Quand je pense que tu n'as pas attendu la sortie en salles pour le voir... ralala... ;)

I.D a dit…

Et ouais... que veux-tu ? L'appel de la tentation était trop forte. :)

David Tredler a dit…

Je te croyais plus fort que ça cher I.D ;)

I.D. a dit…

Je suis quelqu'un de faible mon cher David. Ensuite, je me flagelle. ;)

Non plus sérieusement. Perso', ça commence à me saouler de dépendre de distributeur et autre éditeur (français, on est en France) qui t'achète les droits d'un film et qui mette des plombes à sortir le bousin. Voir The Man From Nowhere par exemple (parmi tant d'autre). A l'heure actuelle, ils ne peuvent plus se permettre de mettre autant de temps à faire les choses. Alors, je sais qu'il y a toute une organisation derrière, la com' et j'en passe mais à l'heure d'internet, des frontières qui n'existent plus... chaud. Et puis si j'aime le cinéma au cinéma, j'aime tout autant le cinéma sur mon écran de TV ou d'ordi'. Môme c'est à travers mon écran de télévision que je voyais du cinéma alors ça ne me dérange pas. Pareil à l'adolescence. Et par la suite en jeune adulte, surtout vrai tout ça pour les cinémas asiatiques. Parce qu'autant que je sache ça reste encore une partie du monde où l'on se fiche pas mal de la cinématographie. Si j'avais du attendre des sorties ciné' ou DVD de films qui ne sont toujours pas sortis aujourd'hui, je serais pauvre en connaissance cinéphile. Et par ailleurs des films vus en DVD, VCD (et j'en passe), j'aime les redécouvrir au cinéma lorsqu'ils sortent enfin. Celui-ci aura sans doute cet honneur-là. A voir. ^^ En tout cas ce ne serait pas la première fois en ce qui me concerne. Les films de Ozu, To, Oshima et autre Imamura on connu ce sort alors pourquoi pas Kim Jee-woon (auteur dont je me fiche quelque peu soit dit en passant).

David Tredler a dit…

Dans l'absolu, pour des tas de films, je comprends que tu ne te donnes pas la peine (même si...), dans la mesure ou l'on se doute bien que les films ne sortiront jamais en salles. Mais il y a tout de même une poignée de films, chaque année, dont on sait qu'ils sortiront en salles, parce que les précédents films de ce cinéaste sortent invariablement, parce qu'il a déjà un distributeur, parce qu'il a une date de sortie. En l'occurrence, un film comme I saw the Devil répond justement à tous ces critères. Les films de Kim Jee-Woon sortent, le film a eu rapidement un distributeur, et pas un distributeur qui s'appelle TF1 et fait plutôt des sorties DVD, et en plus le film était dans le calendrier des sorties depuis des mois.
Je ne peux que comprendre tes raisons (moi aussi quand j'étais gamin et ado, je voyais beaucoup plus de films à la télé qu'au ciné, et maintenant, c'est tout à fait l'inverse^^), mais c'est quand même dommage que les films qui soient sûrs à 99% de sortir en salles, tu les vois quand même sur un petit écran.

Mais bon, si tu retournes le voir en salles, je te pardonne. Parce que si même les défenseurs du cinéma asiatiques ne vont pas voir les films asiatiques qui sortent en salles, c'est le début de la fin ;)

I.D. a dit…

Ecoute David, on ne tombera jamais d'accord toi et moi là-dessus. Si tu penses savoir que cette poignée de film sortira à 99% sûr. En ce qui me concerne, c'est pas le cas. Sincèrement. Concernant KJW, la même. Surtout que le film est "sulfureux" même avec un distrib', je pensais qu'ils allaient se dégonfler pour la sortie salle. Et je ne compte pas le nombre de film qui devait sortir en salle justement et ont été des sorties DTV. Wildside pour ça, ils sont forts. Mais je ne peux leur en valoir. Ils sortent pas mal de film intéressant quoique ces derniers temps... bof. Je parle toujours "Asie". Et mes raisons d'où la réf' de jeunesse c'est que je ne suis pas là à attendre une PLAUSIBLE sortie en salle. De ce fait, si ça sort tant mieux et je vais voir. Sinon c'est déjà vu en DVD, VCD import et basta comme lorsque j'étais plus jeune. Je me contentais de ça avant c'est encore le cas aujourd'hui. Je ne suis pas aussi extrême que toi mon cher ami avec la relation que je peux entretenir avec la salle de cinéma. Tiens, parfois y a même un rachat pour les ss-titres FR de ces mêmes DVD, VCD. J'éprouve pas plus de besoin que ça à découvrir ces œuvres au cinoche même si c'est bien différent.

Sinon, tu sais qu'à Made in Asie on essaie de voir le maximum de film asiat' qui sort dans les salles française, justement parce que le public est peu nombreux pour finalement peu de film. Et encore en France, on est pas mal loti pour ça. Je connais notre chance donc on ne fait pas la fine bouche sauf pour la prog' Kinotayo dont 95-99% pue de la tronche !

David Tredler a dit…

Quand je te dis que c'était sûr à 99% je parle spécifiquement du Kim Jee-Woon. Justement ce n'est pas un distributeur come TF1 ou Wild Side qui ont eux l'habitude de souvent sortir les films directs en DVD. ARP c'est un bon distributeur, qui a notamment distribué du Bong Joon-Ho en France. Ils ont annoncé la couleur direct en disant, on ne va pas le sortir tout de suite, mais on va le sortir, moi dans ces cas-là je fais confiance. Au pire le film sort pas et tu le vois après en DVD. Mais comme tu le dis, j'ai une relation viscérale avec le plaisir de voir un film en salles
^_^
Et oui, je sais, on n'aura définitivement jamais le même point de vue là-dessus ;)

I.D. a dit…

Sincèrement, j'ai pas plus suivi que ça la sortie ciné' du film de KJW. J'avais même pas fait gaffe que c'était ARP. Ca montre bien comment je m'en tamponne en fait. La chose aurait sans doute été différente si ç'avait été BJH. Et j'en reviens à mon avant-propos sur le réal' et le regard que je porte sur lui. Finalement, je suis à l'affût de ses nouveaux films à l'image d'un cinéaste lambda venant d'Asie. Pas plus d'attrait que ça et donc la même pour une sortie salle. Le genre de cinéaste que je consomme (mot réfléchi) en support quelconque. La sortie salle, c'est on va dire la cerise sur le gâteau. Parallèlement, je me suis refusé de voir Detective Dee avant sa sortie salle. Tu connais mon point de vue sur le film... :(

David Tredler a dit…

C'est certain que Kim Jee-Woon n'est pas Bong Joon-Ho, mais c'est tout de même un réal' qui a du punch et qui, souvent, prend tout son sens sur grand écran. Un film comme "Le bon, la brute, le cinglé", au cinéma, c'était un moment de jubilation total.
Je te dirai ce que j'en aurai pensé, de I saw the Devil ;) Tu pourras le lire où tu sais !

I.D. a dit…

Un film comme "Le bon, la brute, le cinglé", c'est clair que c'est au cinéma qu'il faut le voir. Du spectacle à grande échelle ! :)

> Je te dirai ce que j'en aurai pensé, de I saw the Devil ;) Tu pourras le lire où tu sais !

J'y compte bien ! ;)

David Tredler a dit…

Quand on voit le projet de Kim Jee-Woon aux USA, avec Schwarzy, je regrette qu'il parte tourner là-bas pour ça. En tout cas maintenant que je l'ai vu, j'ai moins de réserve que toi sur "J'ai rencontré le Diable". Mais ce que tu aimes dans le film, je l'aime aussi, finalement ;)

Anonyme a dit…

J'ai visionné ce film pas plus tard qu'hier et je pense comme à chacun...que nos sensibilités diffères...ajoute à cela que je suis une femme. Enfin là n'est pas le propos, j'ai seulement été touché comme tu le dis par cette ribambelle de violences sans fin et ces éternelles boucheries... mais je pense que de la même façon que nous avons nos programmes "nian nian" (tel que Loft story, plus belle la vie), les films coréens sont le reflet d'une société ou la violence est si quotidienne qu'elle en est banalisée dans l'oeuvre cinématographique. Nous avoir mis un bel acteur dans le rôle principal nous permet aussi (et je le dis en tant que femme) de porter davantage d'émotions à cette histoire, on le prend en pitié, on espère qu'aucun mal ne lui sera fait !!!L'histoire en elle même est une répétition mais il s'agit à mes yeux encore une fois du témoignage d'une société.
J'adore votre blog continuez!

I.D. a dit…

Oui effectivement chère anonyme ! Bien entendu que l'on peut dire de "J'ai rencontré le diable" qu'il reflète d'une certaine façon la violence issue de la société sud-coréenne.

Ce pays a connu la dictature, on dit du service militaire obligatoire qu'il y est très dur, il y a des témoignages allant dans ce sens pour l’éducation nationale également et j'en passe. Mais là n'est pas le problème.

Prenons l'exemple des États-Unis qui ont également une société violente (un malheureux et récent drame s'en fait écho). Ce n'est pas pour cela que les cinéastes là-bas y exacerbent la violence de façon outrancière. Après, il existe des exemples quasi-similaires, je ne dis pas notamment avec la violence gratuite souvent décriée. Maintenant, ce que je reproche surtout c'est que la violence que l'on peut montrer peut être plus subtile. J'ai parfois l'impression que l'excès de ce genre de film montre une certaine pauvreté dans le propos que l'on masque à grand renfort de sanguinolent. Il y a de grands cinéastes états-uniens pour rester dans mon exemple (Scorsese, Welles, etc...) qui ont été parfois plus "coup de poing" dans leur œuvre, sans pour autant en montrer des tonnes. Tout est une question de degré et de subtilité. Deux choses qui pour moi manquent cruellement à cette œuvre de Kim Jee-woon. Toujours plus facile de faire du tape à l’œil soit disant irrévérencieux pour choquer que de faire les choses plus intelligemment et véritablement interroger. Si le but était bien entendu de témoigner de la société.

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