mardi 20 octobre 2009

Xiao Wu, Artisan Pickpocket : Á l’école de la rue…

mardi 20 octobre 2009

Jia Zhang-ke met en scène avec Xiao Wu, Artisan Pickpocket (1997) un film social au style documentaire sur une Chine à moitié urbanisée, une Chine où le désœuvrement, la pauvreté et la délinquance coexistent dans un maelstrom de bruits et de bâtiments vétustes.

Á Fenyang, Xiao Wu est un pickpocket à la petite semaine qui vit loin de sa famille. Il se considère comme un artisan. Il voit certains de ses frères d’armes réussir notamment dans le trafic de cigarette, qui ont donc quittés la rue, le laissant seul à son triste sort. Xiao Wu qui se sent trahi continue à déambuler et à voler jusqu’à sa rencontre avec Mei Mei dont il tombe amoureux…

Jia Zhang-ke avec ce premier long métrage qu’est Xiao Wu, Artisan Pickpocket mettait en scène une œuvre marquante. Une œuvre type qui conditionnerait d’une certaine manière les œuvres à venir. Jia Zhang-ke imposait déjà une singularité avec un style particulier à l’image de la 6ème génération dont il appartient. Tout d’abord, le cinéaste chinois s’intéresse aux exclus en dépeignant souvent les marginaux à travers des œuvres réalistes empruntes de pessimisme. Techniquement, il utilise peu de moyen et adopte un style documentaire avec une caméra portée, en faisant appel le plus généralement à des acteurs non-professionnels. Xiao Wu, Artisan Pickpocket c’est tout cela. Cette première œuvre s’inscrit dans un cinéma indépendant, vivant et réaliste.

Dans Xiao Wu, Artisan Pickpocket, Jia Zhang-ke s’arrête sur le portrait d’un pickpocket. Il filme son quotidien fait de menus larcins mais surtout d’ennui. Un ennui que l’on retrouvera dans ses œuvres suivantes. Un ennui mis en scène avec de longs plans qui caractérisent la lenteur du temps passé. Xiao Wu est un jeune homme qui tente de s’en sortir avec les moyens qu’il possède. Il a pourtant un certain sens de l’éthique car il restitue les papiers d’identité des personnes qui l’a détroussées. Pas foncièrement mauvais, Xiao Wu est le symbole même de cette petite délinquance née dans cette nouvelle Chine qui grandit grâce aux lois du marché. Une Chine aux anciennes valeurs qui disparaît petit à petit à l’image des bâtiments qui sont en phase d’être détruits. Déjà, Jia Zhang-ke témoignait de cette Chine qui évoluait en laissant derrière elle des conséquences irréversibles sur sa population.

Xiao Wu, Artisan Pickpocket est une œuvre forte et superbe remplie de scènes admirables et mémorables. L’acteur Wang Hong-wei est magnifique dans son interprétation, collant à son personnage avec une crédibilité sans borne. Ce personnage qu’est Xiao Wu à la fois timide et introverti est un personnage avec lequel on vit en temps réel. Cette œuvre de cinéma de Jia Zhang-ke est un chef d’œuvre qui montre déjà à cette époque tout le talent du cinéaste. L’œuvre marque, elle interpelle, nous fait prendre conscience d’un état des lieux universel. Une œuvre incontournable à l’image de cette scène finale qui montre toute la puissance de ce chef d’œuvre.

Autre(s) article(s) du réalisateur Jia Zhang-ke :
Plaisirs inconnus (2002) | 24 City (2008)

I.D.

1 commentaires:

Oli a dit…

un super film, mon préféré du réalisateur. Je me souviens l'avoir découvert complètement par hasard il y a bien longtemps (10 ans ?!) lors d'une séance prise un peu au pif en toute fin de soirée sur Arte (un dvd est-il dispo à présent ?)

dans l'ordre je recommande : PLATFORM, XIAO WU et PLAISIRS INCONNUS (on retrouve d'ailleurs notre cher pickpocket dans les trois films)

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