jeudi 18 mars 2010

Jugatsu/Boiling Point : Des fleurs rêvées en feu d’artifice [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

jeudi 18 mars 2010

Seconde réalisation de Takeshi Kitano, Jugatsu / 3-4 x jugatsû (1990) s’avère être sa première et réelle mise en scène. Sa « première » puisque cette réalisation est une initiative personnelle impulsée par la Shochiku. Après avoir été parachuté sur Violent Cop (1989), ici il condense son univers de comique et renforce les bases qui feront de lui un cinéaste à part entière.

Masaki, un jeune pompiste est mis à l’amande par des yakuza après une altercation avec l’un des leurs. Sous une menace constante et pour venger un ami qui l’a défendu, Masaki part à la recherche d’une arme à feu avec Kazuo. Ces derniers croisent le chemin d’Uehara, un yakuza rempli d’une folie acerbe et violente…

Jugatsu traite de la jeunesse de manière pessimiste mais aussi de manière sombre dans cette façon de dépeindre les yakuza qui contamine la société japonaise. Takeshi Kitano y apporte un regard acide et peu complaisant. Il y montre une jeunesse « molle », perdue, sans aspiration, quasi autiste au monde qui l’entoure. Quant aux yakuza, ce sont des êtres sans scrupules, véritables vampires suçant le sang de la vie, pervertissant et assombrissant tout ce qu’ils touchent, ne laissant que le désarroi autour d’eux.

Mais Jugatsu c’est aussi Takeshi Kitano, l’acteur. Il y interprète Uehara, un yakuza sadique qu’on ne peut que détester face à son odieuse façon de se comporter avec les gens qui l’entourent. Le voyage vengeur de Masaki et Kazuo est un passage obligé dans la vie d’Uehara, irrespectueux des siens mais tout aussi peu respecté par ses pairs laissant parler sa folie (auto-)destructrice à coups de bouteilles de bière et de coups de feu. Un interstice à la fois obscur où le comique s’invite autour d’un plan, d’une scène.

Jugatsu/Boiling Point est une œuvre qui dénote un certain talent, un certain regard de cinéaste. Takeshi Kitano laisse libre court à son imagination et inscrit son œuvre dans une structure cyclique. Une scène introductive qui conclue également cet ensemble sans une note de musique. Un parti pris qui laisse le silence s’imposer lorsqu’il n’est pas tout bonnement submergé par le bruit que provoquent ces corps mélancoliques qui le traversent. Une œuvre cyclique comme un rêve, comme si Masaki avait rêvé cette histoire le temps d’une pause… aux toilettes. Fascinant.

I.D.

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