Nagisa Oshima n’avait plus réaliser depuis un certain temps avant de mettre en scène Tabou / Gohatto (1999). Douze ans. Douze ans qui séparent Max, mon amour (1987) à ce Tabou qui nous plonge dans une intrigue qui s’apparente à un thriller amoureux.
1865. Kyoto. L’organisation Shinsengumi (pro-isolationniste) recrute à travers une épreuve de kendo. Sozaburo Kano, un jeune homme de dix-huit ans issu d’une famille de commerçant et Hyozo Tashiro sont engagés. Pourtant, très vite Sozaburo Kano jette le trouble au sein de la milice où certains membres tombent sous son charme…
Tabou pourrait se résumer en un mot : le désir. Le désir de la chair. Ici, « l’objet » de toute les convoitises s’avèrent être un éphèbe androgyne qui évolue dans un univers exclusivement masculin. Un agent à la fois passif et actif qui contamine son entourage par sa seule présence. Nagisa Oshima adopte un rythme posé pour faire évoluer ses personnages dans les méandres du désir où baignent tout les excès. Surtout, il se distingue par une réalisation remarquable où le cadre, la photographie mais aussi le jeu des acteurs sont tout bonnement splendides et d’une force peu commune. Il s’en dégage une sérénité et une passion qui parvient à faire communier les spectateurs dans une émotion certaine. Il livre dès lors un cinéma retrouvé de qualité.
Tabou vaut aussi pour son contexte historico-politique qui donne la toile de fond de cette implosion qui grossit à mesure que Sozaburo Kano développe son aura homosexuelle. Il est l’incarnation de la jeunesse qui crée la confusion dans une vieille institution remplie de militariste prônant l’isolationnisme, allant à l’encontre de la modernité de peur de perdre leurs valeurs. Une jeunesse qui contraste donc comme la démonstration d’un choc des époques. L’énigme Sozaburo Kano, l’image du chaos au sein d’une organisation qui défend une cause perdue. L’énigme Sozaburo Kano dont le capitaine Hijikata fera le voile dans l’une des scènes les plus fantasmagorique, un rêve éveillé où les couleurs sont remarquablement distillées.
Tabou est la patte d’un cinéaste qui n’a rien perdu de sa superbe réalisation même avec les années écoulées. On y dénote une œuvre belle et maîtrisée de bout en bout avec l’audace de développer un propos de manière explicite, celui de l’homosexualité chez les samouraïs. Nagisa Oshima nous narre une œuvre cinématographique comme s’il nous contait un conte. Cette histoire s’en retrouve des plus captivante qui soit.
Diffusion sur Arte :
Jeudi, 18 mars 2010 à 20:35
(puis rediffusion jeudi 25 mars à 01H05 et dimanche 28 mars à 03H00)
Jeudi, 18 mars 2010 à 20:35
(puis rediffusion jeudi 25 mars à 01H05 et dimanche 28 mars à 03H00)
Rediffusion au centre Pompidou :
Samedi 24 avril, 20h30, cinéma 1
Vendredi 11 juin, 20h30, cinéma 1
Samedi 24 avril, 20h30, cinéma 1
Vendredi 11 juin, 20h30, cinéma 1
I.D.
2 commentaires:
ça ne change rien au fond du film, mais le shinsengumi n'a jamais vraiment été pro isolationniste. Au service du bakufu (du shogun, donc du pouvoir militaire) il a d'ailleurs servi à la base à controler les exactions armées contre les étrangers par ceux qui le faisaient sur ordre de l'Empereur.
Voilà c'etait un peu le commentaire à coté de la plaque
Pas si à côté de la plaque que ça, justement. J'ai du amalgamer la chose entre une certaine forme de nationalisme et une caractéristique souvent associée à celle-ci telle que le replit sur soit, donc la vie en autarcie. J'ai vite qualifié ce comportement d'isolationniste. J'aurai du faire plus de recherche vis à vis de cette "police". Bizarrement, c'était l'image que j'en avais d'elle même avant le film. #-o
Je te remercie, yume pour avoir souligné ce fait, c'est intéressant. ^^ D'autant plus que j'apprécie pas mal cette période historique du Japon. Cela ne peut que grandir notre culture générale.
Je vais me pencher un peu plus sur ces shinsengumi...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Shinsen_Gumi
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