Autant le dire, s’attaquer au mythe Zatoichi n’est pas chose aisée. On touche ici à un patrimoine cinématographique et forcément s’attaquer à un patrimoine comme celui-ci attire l’œil critique. Lorsqu’on sait que Kenji Misumi est passé par là en le mettant en scène à plusieurs reprises et qu’il fut interprété par l’inégalable Shintaro Katsu sur près de trente ans, il y a de quoi se poser des questions sur un Zatoichi en ce début de nouveau millénaire. Qui s’attaque au mythe ? Qui désire le dépoussiérer ? Takeshi « Beat » Kitano !
Takeshi Kitano réalise donc Zatoichi (2003), il y campe le rôle emblématique du célèbre masseur aveugle. Il est également l’auteur du scénario dont l’écriture est ponctué de situations qui révèlent la Takeshi’s Touch.
Où ? Au Japon.
Quand ? Au 19ème siècle.
Qui ? Un masseur aveugle, Izo. Plus communément appelé Zatoichi. Qui d’autre ? Un rônin et sa dulcinée gravement malade ainsi qu’un frère et une sœur qui souhaitent venger leurs parents assassinés. Tout ce petit monde se retrouve dans une ville où des gangs font régner la terreur. L’un de ces gangs tentent de s’accaparer de la ville et ainsi imposer leur hégémonie en engageant le rônin fraîchement débarqué. Quant à Zatoichi, il joue au jeu de hasard…
Zatoichi sent à plein nez le style Kitano et cela ne peut que rassurer si l’on fait abstraction d’un plasma synthétique du plus mauvais goût et d’un Zatoichi passé à l’eau oxygéné, donnant un côté manga à l’ensemble. La mise en scène est de bonne facture alternant les scènes d’actions et les moments plus posés. Takeshi Kitano n’hésite pas à poser sa caméra, à se perdre dans la narration pour découvrir des personnages, loin de là l’idée d’un quelconque remplissage, ici Zatoichi est un témoin qui s’invite dans la vie des autres. Zatoichi sait être drôle et tragique. Mais si le film vaut pour sa réalisation, son histoire aux multiples intrigues qui s’entrecroisent, il le vaut également pour son casting, en plus de Takeshi Kitano : Tadanobu Asano, Michiyo Ookusun Yuuko Daike ou bien encore Ittoku Kishibe.
Pour ma part, mon côté vieux jeu tend à préférer les Zatoichi vintage. Je ne suis pas parvenu à rentrer pleinement dans l’univers revisité de Takeshi Kitano. Le reproche étant parfois l’aspect aseptisé de certaine scène ensanglantée dont le plasma synthétique donne un rendu peu crédible. Où est la projection salissante du sang lorsque la lame fend un corps fait de chair ? Les belligérants à part les morts sont étrangement propres, visage comme kimono. Il y a belle et bien une scène où Asano est sali sinon… D’une certaine façon, c’est pour ce côté irréaliste que je n’accroche pas tout à fait, à cause de petits détails éparses ici et là qui nourrit le métrage. Sans ça, Zatoichi reste un bon divertissement qui se termine dans l’euphorie alors que notre héro s’en va vers d’autre horizon… jusqu’au prochain épisode.
Rediffusions :
Dimanche 2 mai, 17h, cinéma 1, présentée par par Yann Dedet
Samedi 19 juin, 20h30, cinéma 1
Dimanche 2 mai, 17h, cinéma 1, présentée par par Yann Dedet
Samedi 19 juin, 20h30, cinéma 1
I.D.
2 commentaires:
Paradoxalement, Zatoichi est l'un (le?) des Kitano les plus récompensés à travers le monde. Pourtant, je ne le porte pas dans mon coeur en dépit de ses qualités et du formidable hommage qu'il représente.
Je ne peux que partager ton point de vue. D'ailleurs c'est à partir de là que j'ai lâché Kitano sur ses réalisations suivantes notamment avec Dolls. Ce cycle Kitano à Pompidou est une bonne occasion pour leur donner leur chance.
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