Takeshi Kitano campe avec son personnage de Blood and Bones / Chi to hone (2004) de Yoichi Sai (Le Moustique du dixième étage, 1988) un homme sans foi ni loi. Un homme sans aucun scrupules et remords que rien n’arrête. Un rôle en or pour un acteur qui incarne ici parfaitement le salaud de service. Un rôle taillé sur mesure.
En 1923, le jeune Kim Shunpei quitte la Corée pour le Japon. Il arrive à Osaka. Quelques années plus tard, il est devenu un homme brutal dont le sens des affaires l’a rendu riche mais aux dépends des personnes qui l’entourent…
Blood and Bones est un drame s’étalant sur presque soixante ans. Soixante années d’un homme qui s’est construit en donnant les coups, défiants, humiliants tout individu s’opposant à lui. Takeshi Kitano personnifie avec maestria un salopard comme rarement le cinéma nous en avait offert un. Des hommes emprunts de méchanceté, l’acteur japonais en a incarné quelques-uns. On pourrait citer à la volée son rôle de petite frappe dans Demon (1985) ou bien encore de yakuza borderline dans Jugatsu (1990). Takeshi Kitano a ce pouvoir d’incarner qui que se soit. Ici nous ne sommes pas loin des œuvres de Hideo Gosha qui dépeignent ces personnages de zegen, des monstres comme le monde en enfante de temps à autre.
Yoichi Sai parvient avec Blood and Bones a nous transporter dans une aventure à la fois dure et emprunte d’une certaine tristesse. Si le film est long par sa durée, jamais on ne ressent d’ennui. Le cinéaste suscitant avec cette œuvre l’envie de constamment découvrir cette épopée familiale et ce malgré sa noirceur, ce tableau lourd en émotion. Il équilibre l’ensemble avec brio, s’attachant à nous raconter ses personnages avec sincérité. Blood and Bones c’est une mise en scène sobre dédiée à cette fresque cinématographique, une histoire captivante sur ces migrants coréens dont les acteurs interprètent avec force et conviction leur personnage respectif plongés dans les tourments de l’histoire japonaise. On pourra également souligner la beauté des décors qui permettent à l’immersion totale de cette œuvre réussie.
Blood and Bones est une œuvre de qualité tant par sa reconstitution de l’époque que de la prestation de Takeshi Kitano. Surtout, on ne pourra passer outre ce personnage de Kim Shunpei qu’il interprète. Un personnage qui marquera incontestablement comme l’un des plus ignoble et manipulateur du cinéma nippon. Stupéfiant.
> Rediffusion le dimanche 20 juin, 17h, cinéma 1
I.D.
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