lundi 12 octobre 2009

Thirst, ceci est mon sang : L'enfer

lundi 12 octobre 2009

Mon cher collaborateur Illich Dillinger a toujours émis l’idée d’un Park Chan-wook surfait et de mon côté je continuais à lui trouver des qualités, en tentant tant bien que mal de faire abstraction de ces deux premiers essais (A trio, The Moon is what the Sun Dreams of). Il faut dire qu’après Old boy, Park Chan Wook est devenu « la » coqueluche du cinéma Sud coréen avec une sur médiatisation pas toujours justifiée aux vues de ces derniers longs (Lady vengeance, I’m a Cyborg [Articles à venir]). Beaucoup s’entendent à dire que le cinéaste a un style et une patte artistique, on peut le concevoir. Mais cela ne fait pas tout et ce qui paraît évident c’est qu’à vouloir trop en faire, le réalisateur passe souvent à côté de ces sujets, plus ou moins originaux, avec plus ou moins d’audace, et laisse de réels vides narratifs. Alors Park Chan-Wook, vrai-faux talent ?

Revenons sur Thirst / Bak-Jwi (2009). Sang-Hyu (Sang Kang-ho), un curé décide de se porter volontaire pour le test d’un vaccin contre un virus mortel, expérience dont aucun de ces cobayes n’est revenu vivant. Il meurt puis revient subitement à la vie. De retour en Corée, il perçoit des changements physiques, Sang-Hyu est devenu un vampire. Il n’est plus le même homme et ses pulsions vont aller à l’encontre de son éthique de prêtre : plaisirs charnelles, meurtres…

Le synopsis était prometteur et finalement original mis dans le style que l’on connaît de Park Chan-Wook, on s’attendait à un film de vampire revisité et tonitruant teinté de noirceur. Mais rien de cela, le film jouit d’une réalisation maîtrisée mais la redondance d’effets de style ajoutent une lourdeur et diluent le poids d’une narration confuse. On ne voit que ça : Park Chan-Wook jouant de la caméra et de « son audace » de créateur… On aurait apprécié un peu plus de sobriété car l’impression est d’assister à une succession de plans « stylisés » sans aucun fond, dommage. Ok pour la virtuosité mais la maîtrise ne se situe telle pas dans la juste mesure ?

En découle l’impression d’une narration légère, sans profondeur et un manque de fluidité certain. Park Chan-Wook fait vivre la descente de ce curé à travers le péché et ces pulsions. Pulsion qu’il concrétisera avec la relation charnelle qu’il tiendra avec la jolie Tae-Joo (Kim Ok-vin). On assistera aux nombreuses péripéties faisant suite à leur mutation, mais sans enthousiasme. Ni l’excellent Sang Kong-Ho, ni Kim Ok-vin ne parviennent à donner du relief aux personnages. On ne s’attache ni à leur histoire, ni à leur curieuse relation, et encore moins à une forme de poésie ou d’humour, faisant l’adhésion de bons nombres de critiques.

Le seul sentiment que me laissera Thirst est un vide cinématographique, ni plus, ni moins.

7 commentaires:

David Tredler a dit…

Je suis dans l'ensemble assez d'accord avec toi sur Park Chan-Wook et Thirst Diane.
Cet été j'avais dressé un petit état des lieux de sa carrière en dents de scie sur mon blog : http://limpossibleblogcine.blogspot.com/2009/07/park-chan-wook-grandeur-et-deceptions.html
Faudrait vraiment qu'il se reprenne Chan-Wook !!

Xavier a dit…

Pourtant, Thirst est un des films de Park Chan-Wook dont le filmage est le plus sobre. On est loin, TRES LOIN de l'hystérie du montage est des images d'un Oldboy ou Lady Vengeance. Pas vraiment d'accord sur toute la ligne, donc, étant donné que ce qui m'a le plus choqué est la manière dont il traite ses personnages, à la limite de l'abjecte.

Diana et Illich Dillinger a dit…

@David
J'avais lu ton article et je trouvais justement ton point de vue intéressant puisqu'il tenait compte de ces premiers films... et non du point de repère que beaucoup s'entendent à imposer : la sortie de Old Boy.

David Tredler a dit…

Oui on oublie trop vite qu'il a eu une carrière avant Oldboy. Park est virtuose, mais il n'est pas aussi régulier dans la qualité que Bong Joon-Ho ou Kim Jee-Woon...

Unknown a dit…

Je ne vois pas sur quoi on peut se baser pour affirmer que le travail de PCW est inégal en "qualité" comparé à celui d'un Bong Joon-Ho ou, pire, Kim Ji-Wun. L'un est adepte de la subversion, l'autre de la satire sociale, et le troisième fait dans le pur film de genre. Trois univers, trois identités, trois manières de faire du cinéma bien différentes. Et si beaucoup parlent de PCW en citant Oldboy, c'est parce que le grand public ne connaît pas son oeuvre antérieure. C'est un point de repères comme on dirait de Miyazaki qu'il est "le papa de Totoro" ou Wong Kar-Wai "le réalisateur d'In the Mood for Love". Vulgairement.

I.D. a dit…

Les comparaisons, je n'aime pas trop. Toujours à mettre untel et untel en concurrence. C'est comme au foot, Platini et Zidane, Zidane et Gourcuff, lequel des deux est le meilleur etc... bien qu'ils jouent ou jouaient au même poste, le style est et étaient différent. Sans parler de la relève avec l'éternel : "le nouveau machin bidule." Idem pour le cinéma. A une époque c'était "le nouveau John Woo...", To meilleur que Woo dans le polar ? Incomparable en ce qui me concerne, un genre propre certes mais des styles opposés. Ici c'est pareil. Comment comparer Bong à Park ? La comparaison n'existe pas (David).
Après, "subversion" est un grand mot pour définir le cinéma de PCW. Je ne qualifierai pas son cinéma de totalement subversif bien qu'il semble être un "adepte" comme tu le dis, je vois ton point de vue (Xavier).
Ce qui est frustrant, c'est que PCW jouit d'un statut de privilégié grâce à Old boy (tant mieux pour lui) alors qu'au final, il n'est qu'un cinéaste inégale qui a ce mérite (le succès d'un film). C'est sa réputation qui est surfaite parce que le public était au rendez-vous sauf que depuis de l'eau a coulé sous les ponts et qu'on le met toujours sur ce pied d'estale (présence au Festival de Cannes 2009). Ca, ce n'est pas normal.
Je n'aime pas Old Boy et je ne parle même pas de ses deux premiers longs. Lady Vengeance et Je suis un Cyborg sont des films moyens. La seule chose que je retiens de sa filmo c'est JSA (qui mériterait d'être le film repère) et Sympathy for Mister Vengeance où il démontre qu'il est très bon et qu'il a du talent, après... après... je ne sais même plus où je voulais en venir en commençant ce commentaire. Et pourquoi je perds autant de temps avec PCW alors qu'il ne me transcende pas plus que ça... ?
Thirst c'est pas tip top tout de même après il en faut pour tout les goûts... je vois d'ici le grand public se dire avec ce dernier film, tient il avait plus rien fait depuis Old boy celui-là. Je suis méchant mais un pote a eu le culot de me le sortir !

David Tredler a dit…

Je ne cherche pas à mettre en concurrence les cinéastes, Park, Bong, Kim ou qui que ce soit. Quant à se baser sur quelque chose pour les associer dans une même phrase, il n'y a rien de logique ou concret.
La chose sur laquelle je m'appuie lorsque j'associe des cinéastes, c'est purement et simplement la première chose dont il est question face à un film, le ressenti personnel. L'appréciation subjective. Que l'on se base sur des critères soit disant objectifs n'y change rien, le cinéma est affaire d'affectif.
Il ne s'agit pas de mettre en concurrence, mais d'affirmer un penchant, de prêter un contour appréciatif à une cinématographie particulière.

Park Chan-Wook reste le cinéaste coréen le plus connu, malgré une filmographie qui est à mes yeux trop souvent mineure, lorsque certains cinéastes de la même génération mériteraient plus d'attention internationale. Il ne s'agit pas du tout d'affirmer une vérité objective...

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