Flower in the pocket (2007) de Liew Seng Tat fait partie de ces films d’enfants qui touchent. Parce qu’il retrace au plus près une réalité et parvient par un mélange de ton, à la fois sérieux et drôle, à retranscrire le récit de ces deux jeunes enfants livrés à eux-mêmes.
Ma Li Ahn et Ma Li Ohm, sont deux frères dont le quotidien est rythmé par d’interminables errances dans les rues de leur quartier. Leur père se noie dans le travail à la suite de la disparition de leur mère et ne prête plus aucune attention à ses fils.
De par sa trame, Flower in the pocket s’impose dès les premières minutes comme un récit attachant. La frimousse de ces marmots à l’écran donne instantanément le sourire. Les regards échangés témoignant de leur complicité, les bêtises partagées, les discussions, vont souvent être le moteur de cet humour savamment distillée tout au long du film. Ainsi, on rit spontanément quand Ma Li-Ohm demande à son frère s’il désire manger du KFC en sortant un sachet de sauce tomate ou lorsqu’ils s’aperçoivent un matin qu’ils ont échangé malencontreusement leurs uniformes… Ce patchwork se révèle être savoureux et rythmiquement efficace. On ne s’ennuie pas une seconde, on en redemande presque... Suivre ces bambins dans leur quotidien est tout bonnement exquis.
Parallèlement, et c’est ce qui fait de cette œuvre, une œuvre intelligente, le cinéaste se veut engager sur des problématiques sociales. Le système éducatif malais sera le premier servi. L’exclusion des minorités par l’uniformisation d’une langue nationale va directement toucher les deux frères qui n’ont que pour langue maternelle le mandarin. Une différence qui va créer un malaise au sein du groupe scolaire et aux yeux du corps enseignant, loin de se préoccuper des questionnements identitaires. Bref, un système éducatif qui se veut très lisse et peu engagé, voir même contraire à la conservation du pluri ethnisme malais.
Dans cette même veine, ce mélange de langues « officielles », malais et anglais, a pour conséquence l’exclusion des non initiés et l’incommunicabilité entre génération. A l’image de l’employé du père de famille, bon nombre de malais ne comprenne pas l’anglais. Malgré ce fait, les institutions continuent à démocratiser son usage. Un non-sens que soulève l’auteur.
Finalement, Flower in the pocket se veut une œuvre très universelle, dont les thèmes sociaux et humains (solitude, tristesse…) touchent autant que ces protagonistes. La mise en scène épurée reste cohérente dans la lignée du récit. Les deux bambins sont géniaux (au delà de leurs irrésistibles frimousses). Naturels et spontanés, ils sont parfaits dans leurs rôles respectifs. Premier long métrage prometteur du cinéaste Liew Seng Tat, Flower in the pocket s’inscrit comme le coup de cœur de ce cycle (en attendant les prochains, on l’espère !). La fraicheur et l’innocence qui découlent de Flower in the pocket en fait une œuvre profondément poétique.
> Séance en présence du réalisateur le Samedi 6 février à 14h30 - Cinéma 2
Diana
1 commentaires:
Superbe film, en effet. Un véritable enchantement. Les deux marmots comme tu le dis sont vraiment choux.
Enregistrer un commentaire