dimanche 6 décembre 2009

So Close to Paradise : The Girl From Vietnam [Wang Xiaoshuai]

dimanche 6 décembre 2009

Bien que sur la liste noire du gouvernement, Wang Xiaoshuai (Une famille chinoise, 2008), cinéaste appartenant à la sixième génération met en scène So Close to Paradise / Biandan, guniang (1998) avec des fonds appartenant à des studios du gouvernement chinois.

Années 1980, centre ville de Wuhan, nous suivons deux migrants qui viennent de la même région, l’innocent Dong Zi qui travaille comme porteur au port et son ami et colocataire Gao Ping, plus âgé qui vit de menus larcins. Escroqué par un complice, ce dernier enlève une jeune femme d’origine vietnamienne, Ruan Hong qui chante dans un cabaret et qui pourrait l’emmener jusqu’à l’homme qui l’a volé. Une histoire d’amour naît entre Gao Ping et la jeune femme…

Le réalisateur Wang Xiaoshuai a eu beaucoup de difficulté à faire naître So Close to Paradise. L’histoire de ce film est une histoire à part entière. Le temps de production, une réalisation fait non sans difficulté, le pouvoir d’Etat qui exige des modifications et puis le temps pris à enfin sortir sur les écrans chinois. Le problème d’un film comme celui-ci au-delà de la légitimité c’est de savoir si le cinéaste est parvenu à imposer un minimum de touche personnelle. Ici, le cinéaste chinois y parvient quelque peu sans éviter certains clichés et ce ressentiment de la concession obligée.

So Close to Paradise est comme souvent dans le cinéma de la sixième génération chinoise un constat d’une réalité sociale d’une société en mutation. Nous sommes dans l’urbanisme de la croissance chinoise et tous les maux que cela apportent. On y suit donc des paysans survivants de leurs conditions de vie et de travail dans le quotidien d’une ville. Le constat que réalise Wang Xiaoshuai est amer. Il emploie une caméra à l’épaule, renforçant un style documentaire au plus proche de ces exclus. Les oubliés de la croissance, représentants de l’exode rural massive qui tentent de trouver une place imaginaire dans l’urbanisme fou.

Á travers Dong Zi, véritable personnage central, dès le départ on comprend ce qu’il va advenir des personnages, comme s’ils étaient touchés par une fatalité inéluctable. En effet, Dong Zi relate les faits qu’il voit via une voix off. So Close to Paradise en plus de faire un constat sombre de la tragédie de ces individus démunis, nous montre un autre phénomène, celui de la croissance de la criminalité, qui va de pair avec la croissance du pays. Cette dernière est combattue vivement par un pouvoir qui dénonce les dérives de la prostitution, relayé par les médias jouant le jeu de la propagande. Ils montrent ainsi les arrestations et obligent à la confesse à titre rédempteur et ce devant les caméras.

Wang Xiaoshuai dans So Close to Paradise ne s’arrête pas qu’à l’unique constat puisqu’il raconte avant tour une histoire, celle d’une triangulaire entre Dong Zi, Gao Poing et la jolie Ruan Hong. L’auteur y développe les relations sentimentales entre amour trouvé et amour protecteur. Pourtant si l’on peut féliciter le cinéaste de ne pas être tombé dans le voyeurisme, chose qui n’était pas facile, on fera le constat d’un film qui ne va pas assez au bout des choses. Un film qui est trop léger dans son discours, donnant finalement un aspect superficielle. Est-ce la faute à la censure ou aux contraintes du pouvoir d’Etat ? Sans nul doute. So Close to Paradise vaut tout de même le détour pour sa simple vision des choses comme témoignage d’une Chine à un instant T.

I.D.

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