Manille. Semaine Sainte. Nous suivons le quotidien des habitants d’un bidonville qui survivent de la rapine dans une misère profonde…
Avec Tirador / Slingshot (2007), Brillante Mendoza nous plonge dans l’effervescence d’une ville (Manille) et celle d’un bidonville (Quiapo). Il nous plonge corps et âme dans l’effervescence de la survie d’individus perdus dans la masse, l’effervescence du vécu, de ces vies friables, ces voleurs à la petite semaine : les tiradors (argot tagalog). Entre processions religieuses, élections politiques et vol à l’arraché, Brillante Mendoza armé de sa caméra numérique témoigne. Il raconte les situations, le quotidien d’une Manille habitée par la misère, le chômage et la violence. Une Manille étouffante où l’espoir s’est tut, peuplée d’une foule grouillante où seul compte la course vers l’argent. La survie.
La survie éclabousse Tirador de part en part. Entre des vies scénarisées, la réalité et le style documentaire, Brillante Mendoza romance la « vraie vie ». La survie. Les situations encore et toujours de personnes ordinaires filmées par une caméra-témoin qui se met au service de la réalité. Il y montre autant qu’il dénonce : ces jeunes gens vivant de menus larcins, ces flics brutaux et corrompus qui briment les plus faibles, ces politiques qui achètent les votes tout en invoquant Dieu et la sécurité. Un monde fou remplit d’hypocrisie où ses acteurs de la survie gardent la foi, celle de la religion (procession, messe) et celle de l’argent (vol, loto). Un constat glauque et chaotique sur le qui vive, montré au plus prêt.
Tirador s’engage sur la voie de ces films dit « réaliste ». Un profond réalisme fictionnel que son auteur transmet par une économie de moyen. Ainsi, Brillante Mendoza avec sa seule caméra numérique s’accroche au basque de ces individus dont il dépeint le quotidien. Il les filme au plus prêt, les accompagne, nous invite à les accompagner dans leur triste sort en totale immersion. Il témoigne avec un regard terrible d’une époque, d’une situation qui s’apparente à un point de non-retour des plus pessimiste qui soit. Tirador touche, l’œuvre marque et ne laisse pas indifférente. Son aspect trop « documentaire » pourrait rebuter pourtant elle offre une proximité sans égale. Nous sommes ces tiradors, ces gens qui souffrent, nous sommes Quiapo, nous sommes Manille. Nous sommes l’œil de Brillante Mendoza…
I.D.
4 commentaires:
Ah oui c'est vrai qu'il est sorti!!
Bon, je vais me le prendre histoire de voir si Mendoza mérite son succès fulgurant! :D
J'ai eu la chance d'avoir le DVD pour Noël. On comprendra à la lecture de mon article que j'ai aimé. Vivement Lola son prochain long qui devrait s'inscrire dans une veine plus John John...
Lola devrait sortir en salles au printemps =)
Ouh, la good news, je m'en réjouis d'avance. Ca donne la pêche ce genre d'info. Alors vive le printemps et que les distributeurs s'y tiennent... :)
Enregistrer un commentaire