Mars sera pour sûr le mois de Takeshi Kitano : rétrospective au centre Pompidou, exposition à la fondation Cartier et la sortie de son dernier film : Achille et la tortue / Achilles to Kame (2009).
Machisu est un peintre qui ne parvient pas à percer. Malgré ses échecs, il tente avec acharnement de continuer dans une voie qui l’anime depuis le plus jeune âge.
Achille et la tortue dévoile donc la vie d’un artiste raté. Kitano pose un regard lucide sur les travers de la vie hors-norme d’un homme animé par ses pinceaux. Dicté par sa créativité, Machisu sera sa vie durant obsédé par ses peintures et cela non sans conséquences. Son environnement familial en sera impacter : sa fille fuira le foyer, honteuse des sorties remarquées de son père, sa femme (seule à comprendre ces délires artistiques) le quittera lassée par un rythme effréné.
C’est aussi avec humour et noirceur que Kitano nous montre des expériences artistiques plus loufoques les unes que les autres, extrêmes par moment qui mèneront certains à la suffocation, et d’autres à la mort.
On découvre l’évolution d’un artiste en échec, qui devient progressivement un artiste convenu, dicté par des tendances plus que par sa créativité. Paradoxalement, la période où Machisu aura été un le plus libre fut celle de son enfance.
Comme pour suivre ce destin périlleux, l’artiste porte une forme de malchance qui touchera ces proches. Ainsi, le film sera ponctuer de décès brutaux ; celui de son père, sa mère, sa fille… Curieusement Machisu n’est pas touché par cette « malédiction ». C’est même l’inverse qui se produit lorsqu’il tente de se suicider.
Dans Achille et la tortue, la mise en scène s’efface au profit d’un sujet traité avec sincérité et intelligence. Kitano livre un portrait d’artiste avec sobriété et émotion, esquissant un personnage animé par un rêve de reconnaissance.
Achille et la tortue est un film réussi. Sans être un chef d’œuvre, Kitano renoue ici avec un cinéma attractif.
Diana
10 commentaires:
Son meilleur depuis Kikujiro ^_^
Je ne pense pas que la mise en scène s'efface au profit du reste. Du scénario disons. Car, le sens du cadre -toujours aussi précis- laisse même place à des plans où la couleur est parfaitement utilisée, par touches, pour attirer l'attention ou donner une teinte particulière au cadre. Reste que le film est un peu plus terne que ses oeuvres passées, mais de toute manière c'est une constante avec les chef op' japonais ces derniers temps...
@David
Tu dis le meilleur depuis L'été de Kikujiro, tu as donc déjà eu l'occasion de voir ces deux précédents films, qui se disent dans la lignée d'un Achille et la tortue, Takeshi's et Glory to the Filmmaker! ?
@Xavier
J'ai trouvé dans Achille et la tortue une narration bien plus marquante et efficace que sa mise en scène, que je ne dénigre en aucun cas. Je suis d'accord avec toi avec ce sens du détail et ce juste équilibre entre cadre et couleur qui a sublimé à plusieurs reprises des séquences importantes.
Sinon d'attaque pour un Kitano jeudi soir ?
Je n'ai pas vu "Glory to the Filmmaker", seulement Takeshi's, qui m'avait horripilé au plus point...
Vous allez voir quoi jeudi soir ?
Le Moustique au dixième étage, premier film de Yoichi Sai.
Je cite le catalogue du cycle :
Un policier qui habite au 10ème et dernier étage d'un immeuble à Tokyo, mène une existence lamentable. Méprisé par son ex-femme et par sa fille, il boit et se ruine en paris sur les courses de bâteaux.
Kitano y a un rôle secondaire.
@David
Dans ce cas la rétro sera l'occasion de le découvrir.
T'es aussi tenté pour jeudi ?
J'ai du sous-titrage à bosser! D'ailleurs, on bosse avec notre professeur sur Killshot (une série B avec Mickey Rourke, récemment sortie en dvd). Ce dernier s'est d'ailleurs occupé des sous-titres du dvd!
Je viendrai donc pour Kitano uniquement à partir de samedi -bien que Sonatine ce vendredi soit assez, que dis-je, très tentant. Et ça me fait penser que j'ai oublié d'appeler les mecs de Pompidou pour une accrédit...
Sinon David : Aniki, Dolls, Zatoichi? Même pas bien?
Très bon Le Moustique au dixième étage!, mais Kitano n'y fait qu'une très courte apparition anecdotique.
Martin
Au-delà de (re-)découvrir les films de Kitano-cinéaste durant cette rétro au Centre Pompidou, ce qui est plutôt cool c'est de découvrir tout un tas de film comme Le Moustique au dixième étage.
Limite, c'est ça qui est vraiment intéressant lorsqu'on connait une grosse partie de la filmo' de Kitano, on en viendrait presque à dire que sa présence sur ce cycle est accessoire pour le coup. Disons, que c'est un bon prétexte pour découvrir d'autres oeuvres japonaises.
@Diana : jeudi je ne sais pas, ça m'étonnerait. Il faut vraiment que je me fasse mon planning pour la rétro, je ne l'ai pas encore fait, mais demain soir ça va être juste.
@Xavier : Killshot est enfin sorti de son tiroir oui, à l'époque où le film avait été lancé ça m'intéressait, mais depuis le temps, je ne suis plus curieux...
Sinon pas vu Aniki, faut que je l'attrape à la rétro. Dolls et Zatoichi, bof, pas fan.
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