Un drame se joue dans un petit port de mer, The Catch (1983) de Shinji Somai nous narre l’amour d’un homme pour la mer mais également les relations qui lient ce dernier à sa fille qui s’éprend d’un jeune homme de la ville.
Fusajiro est un pêcheur de thon chevronné. Il vit seul avec sa fille qui lui est entièrement dévouée. Chaque matin, il part pêcher aux commandes de son bateau. Bientôt, sa fille lui présente un garçon qui rêve de devenir pêcheur comme lui…
The Catch est le portrait d’un homme. Un homme simple qui vit de la mer. Ce dernier, Fusajiro vit en osmose avec elle, une histoire d’amour saisissante avec cette nature qui peut s’avérer hostile à l’homme. Mais si Fusajiro aime l’étendue bleue c’est parce qu’il aime avant tout un métier dur comme lui. Ce métier de pêcheur de thon qui offre peu de moment de répit si ce n’est celui de l’attente, de la « traque » du poisson sur cette horizon qui semble sans fin. Shinji Somai développe avec minutie et sans relâche ce quotidien de pêcheur, sa caméra accompagne dans cette mission les moindres faits et gestes. Cette caméra sait être à la fois proche de ses protagonistes mais aussi plus éloignée se faisant plus discrète et pudique face aux évènements qui prennent place. Les plans s’avèrent d’une rare beauté jusque dans la pêche même du thon laquelle se réalise par la force des bras, la violence bestiale d’un homme tirant le poisson par un fil de pêche pour ensuite l’harponner et voir le thon se vider de son sang. Les images sont dures, à l’état brut. Elles montrent toute la difficulté de ce métier jusqu’à parvenir à nous immerger sur ces eaux. A faire en sorte qu’on puisse parvenir à ressentir toute la fatigue, l’épuisement, toutes les forces misent en application pour voir l’homme lutter contre la nature.
Là où Shinji Somai parvient à nous transporter dans son récit avec The Catch, c’est dans ces longues scène filmées montrant toute la dualité de l’homme face aux éléments. La mise en scène du cinéaste japonais est primordiale dans l’approche qu’il adopte. Cette approche appelle à une immersion totale de notre part où de superbes mouvements de caméra, avec notamment l’utilisation de la grue, s’invitent sans dénaturer le propos. The Catch c’est donc la (les) passion(s) d’un homme. Nous n’oublierons pas non plus les femmes, fille ou amante qui jouent un rôle primordiale, l’autre facette de cette vie rude. Souvent victimes d’une peur, celle de voir la mer engloutir le pêcheur parti gagner sa vie. Si l’œuvre marque par sa puissance tant sur le sujet traité que sur la mise en scène, elle frappe également par la prestation prenante des acteurs. Ken Ogata, magistral en pêcheur bourru presque autiste lorsqu’il est dans son élément, la mer, pour lequel il donnerait tout… tout comme sa fille et femme, qui apporte la douceur, un autre regard dans un monde dur et sans ménagement.
I.D.
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