mercredi 7 juillet 2010

Pure Asia : Changer le monde [Festival Paris Cinéma]

mercredi 7 juillet 2010

Ikki Katashima est un cinéaste que nous (Made in Asie) ne connaissons absolument pas. Le Festival Paris Cinéma 2010 offre donc l’occasion de palier à cela. Le cinéaste japonais présente Pure Asia (2010), un drame qu’on pourrait qualifier d’engagé et d’enragé.

Un lycéen se fait racketter par trois voyous, une jeune fille qui assiste à la scène intervient et le sort de se guêpier. Ils nouent un lien fort bien qu’ils restent peu de temps ensemble. Le lendemain, le jeune homme tombé sous le charme de la jeune fille tente de la retrouver et l’attend à une station de gare, là où il l’avait laissé. Surpris, il la revoit habillé d’une tenue traditionnelle coréenne. Dans le même temps, elle se fait agresser par deux individus qui la poignardent alors que le lycéen reste paralysé par la peur. Sous le poids de la culpabilité, il se rend à ses funérailles et découvre qu’elle avait une sœur jumelle…

Tout d’abord, parlons de ce qui fâche. Pure Asia est miné par des petites longueurs qui ternissent le propos. Toujours dans la longueur, un dénouement quelque peu foutraque qui ne ponctue pas de la meilleur façon une œuvre qui se veut tout de même intéressante par certains aspects. Un noir et blanc fade. En cela qu’on croirait plus voir une œuvre grisâtre que véritablement en N&B. En gros, c’est moche mais colle (plutôt bien) au récit. Sachant que le récit en question n’est pas très joyeux et plutôt sombre. Du coup, c’est sans doute un mal pour un bien. Enfin, le sujet n’est pas là, celui de l’esthétique. On s’arrêtera plus volontiers sur le fond qui offre un nouveau couple (groupe, faction…) de révolté au (du) Cinéma.

Pure Asia égratigne la société japonaise. L’œuvre d’Ikki Katashima souligne le racisme ambiant (ici, les coréens en font les frais), la perdition d’une jeunesse qui ne trouve pas sa place dans la société actuelle et par extension une société qui se veut violente à l’image d’un monde où la guerre gronde au quatre coins. Le cinéaste nous plonge alors dans un road-movie désespéré où l’envie de changer le monde est grande (leitmotiv des protagonistes) mais où la réalité est sans espoir. Un combat perdu d’avance à la fois haletant et désenchanté. Il y a de la rage qui découle de ces images, le « duo nihiliste » que forme le lycéen et la sœur jumelle rappelle (des œuvres) et fait perdurer (au milieu de ces « œuvres ») le cri de révolte gravé sur pellicule.

Pure Asia n’est pas facile d’approche. Il mérite tout de même qu’on s’y arrête et qu’on prenne conscience d’un mal être, celui d’une génération, d’une société, d’un monde. Ce n’est pas la première œuvre (et ne sera ni la dernière) à souligner les dérives d’un système, à montrer les corps meurtris qui ne trouvent la solution à leur problème que dans la violence. Mais Pure Asia apporte tout de même ce côté « électrochoc ». Il y aurait encore beaucoup à dire à son sujet. Il n’est pas parfait, loin de là. On pourrait trouver à redire à de nombreuses occasions, cependant il a ce petit quelque chose qui le rend… pas admirable, ce n’est pas le mot, mais sans doute… captivant.

I.D.

4 commentaires:

guillaume a dit…

Intéressant !
le dernier Katashima en date, The Tang of Lemon, est mon gros coup de coeur (poing en pleine gueule) de l'année. Une atmosphère sombre, aidée par un travail photo à l'avenant et un grain + caméra dv, quasi étoufante par moment, dérangeante un peu aussi, sur le manque total d'amour (propre et des autres), la recherche de la place en société et les reves brisés. il y a des longueurs, mais je suis conquis. J'ai donc bien hate de mettre la main sur ce Pure Asia, qui a l'air de lui aussi traiter des thématiques sociales (pessimistes) du real. Il n'y a guere que son Serial Dad qui jouait sur l'humour pour cacher la désilusion de la solitude.
(et Hanae Kan grimpe de plus en plus dans mon top des actrices japonaises à suivre)

I.D. a dit…

Hum... tu nous motives presque à aller découvrir "The Tang of Lemon" présent dans la programmation du Kinotayo (top départ dans 7 jours). Séance avec le réal', le 26 janvier 2013 à 20h00 à la mcjp, ça peut le faire. Les thématiques qui y sont développées donne le la.
(Hanae Kan, une actrice qui se forge à chaque film un sacré caractère)

guillaume a dit…

Le real m'envoie son Pure Asia pour que je fasse le tour de sa carrière (son premier mis à part, mais il est de toutes façons à part thématiquement et au niveau prod).

Pour The Tang of Lemon, je ne peux que te pousser Diana et toi à y aller. Mais bon, après tu vas pas aimer et je vais me faire engueuler...

je serai à la MCJP vers le 25-26/01. Rencontre programmée avec le real. J'espère pouvoir vous croiser (mais vu les horaires sncf, si c'est en soirée, ça va être compliqué)

I.D. a dit…

Good news alors ! On aura de quoi se mater du matos au sujet de Katashima sur Nihon-Eiga.

Quant à "The Tang of Lemon"... tu connais ! ;)

Concernant tes dates, y a moyen qu'on se croise, sait-on jamais. Le 26 est un samedi donc...

Enregistrer un commentaire

 
Design by Free WordPress Themes | Bloggerized by Lasantha - Premium Blogger Themes | Design Blog, Make Online Money