mercredi 20 juillet 2005

Naomi Kawase - Portrait | Cinéma Japonais

mercredi 20 juillet 2005
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Nom : Naomi Kawase (河瀬 直美, Naomi Sento)
Métier(s) : Réalisateur, Scénariste, Ecrivain
Nationalité : Japonaise
Date de naissance : 30 mai 1960 à Nara (Japon)
Repère(s) cinématographique(s) : --

Filmographie sélective :
Hotaru (2008)
Nanayo (2008)
La Forêt de Mogari (2007)
Naissance et Maternité (2006)
Shara (2004)
Kaleidoscope (1999)
Suzaku (1998)
Etreinte (1992)
Mon unique famille (1989)

Photos :
- Festival Paris Cinéma 2009





Tsai Ming Liang - Portrait | Cinéma Taïwanais

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Nom : Tsai Ming Liang (蔡明亮)
Métier(s) : Réalisateur, Scénariste, Interprète
Nationalité : Taïwanaise
Date de naissance : 27 octobre 1957 à Kuching (Malaisie)
Repère(s) cinématographique(s) : nouvelle vague taïwanaise

Filmographie sélective :
Visage (2009)
Madame Butterfly (2008)
Chacun son cinéma (2007)
I Don't Want to Sleep Alone (2007)
La Saveur de la pastèque (2005)
Goodbye, Dragon Inn (2004)
Le Pont n'est plus là (2002)
Et là-bas, quelle heure est-il ? (2001)
The Hole (1999)
Les Rebelles du dieu neon (1998)
La Rivière (1997)
Vive l'amour (1995)
My New Friends (1995)

Photos :
- Festival Paris Cinéma 2009





mercredi 15 juin 2005

Le Syndicat du Crime 3 (A Better Tomorrow III) : “Un lendemain meilleur”

mercredi 15 juin 2005
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Le Syndicat du Crime 3/ Ying hong boon sik III (1989) clôture la trilogie commencée par John Woo trois ans auparavant et c’est le producteur des deux premiers volets, Tsui Hark à qui l’on doit cet ultime opus. A Better Tomorrow 3 s’inscrit comme un prequel aux deux premiers où l’on suit le personnage de Mark (Chow Yun-fat). Ce dernier débarque à Saigon en 1974 dans un pays en guerre où le seul moyen de s’en sortir est d’user de moyen illicite. Mark arrive donc au Viêtnam pour chercher son oncle et son cousin Man et les ramener à Hong-Kong. Mark fait alors la connaissance de Kit, une trafiquante avec laquelle il va faire face au chaos qui y règne. Á partie de là, des liens très forts vont unir Mark, Man et Kit.

En plus d’un drame dans l’univers triade, Tsui Hark place son œuvre dans un contexte historique celui de la guerre du Viêtnam. Film à l’esthétique différente des deux premiers volets de John Woo, Tsui Hark reprend à son compte la légende du heroic bloodshed et la transforme en lui donnant sa vision des choses qu’il caractérise par un style lui étant propre. Tsui Hark crée une cassure avec les films de John Woo. Son film se joue dans un contexte politique, une autre époque, un autre lieu mais surtout l’un de ses personnages principaux est une femme. Un personnage fort, une femme fatale qui créera l’imagerie de Mark entre lunettes de soleil et imperméable.

On sait que pour ce film, Tsui Hark et John Woo s’étaient embrouillés. Tsui Hark se sentant plus à même de réaliser un film dans son pays d’origine que John Woo alors que ce dernier rêvait d’autre chose. Tsui Hark avoue que Le Syndicat du Crime 3 était avant tout mercantile. Il surfe sur le succès des deux premiers mais malgré cela ce troisième volet reste une œuvre forte qui certes n’a plus grand-chose à avoir avec ceux de John Woo. Toutefois ce volet est véritablement une œuvre intimiste, on y sent d’ailleurs une certaine nostalgie de la part de Tsui Hark.

Il est indéniable que Le Syndicat du Crime 3 est un volet à part dans la trilogie. L’action héroïco-masculine laisse place à une triangulaire amoureuse sans héroïsme. On se concentre sur le seul personnage de Mark en donnant la part belle au personnage interprétée par Anita Mui. Deux visions différentes pour une Œuvre(s) majeure(s).

I.D.

Le Syndicat du Crime 2 (A Better Tomorrow II) : Heroic bloodshed #2

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On prend les mêmes et on recommence. En mieux ? Peut-être. Mais en plus explosif et jouissif. Un maelström des ingrédients qui ont fait le succès du premier volet avec une envie destructrice d’en finir. Le Syndicat du Crime 2/ Ying hong boon sik II (1987) de John Woo est la suite logique qui devait naître suite au succès de la genèse. Poussé par Tsui Hark, John Woo se remet en branle bas de combat et féconde un chef d’oeuvre dans la lignée du premier. Une œuvre magistrale pour un cinéaste génial. John Woo réconforte sa position de numéro un du genre en hissant la barre encore plus haut dans une espèce de folie de la surenchère. Il livre une œuvre prenante et quasi-nihiliste dans laquelle on se laisse immerger, heureux de retrouver des personnages appréciés dans une histoire reprenant les thèmes préférés de son auteur : la fraternité, l’amitié, le respect…

Ho, qui est en prison décide d’aider la police en infiltrant la pègre dans laquelle son frère Kit s’est infiltré et qui se retrouve de ce fait en danger. Il y retrouve un ancien frère d’arme victime d’un complot visant son activité. Ce dernier est obligé de fuir pour les États-Unis, Ho apprend alors que Mark avait un frère jumeau qui y vit : Ken.

De la même manière que le prequel, A Better Tomorrow 2 enfantera des scènes devenues culte à l’image du gun-fight new-yorkais dans l’hôtel mais surtout un final d’anthologie qui clôture le film sur un gun-fight monumental. Une boucherie ahurissante qui en a laissé plus d’un bouche bée, en état de choc. Un traumatisme crânien qui voit trois chevaliers des temps moderne (exit le quatrième, il compte pour du beurre même si je l’avoue, il ravitaille nos trois guerriers en arme) investissant une demeure dans laquelle ils font la peau à toute une tripotée de gangsters. On y trouve de tout : du face à face, un carnage monstrueux et même un Ti Lung de la grande époque de la Shaw Brothers armé d’un sabre. On reste sur le cul et on sourit à la deuxième vision lorsqu’on remarque que Chow Yun-fat a eu chaud aux fesses lors d’une explosion (ah, la pyrotechnie hongkongaise cent pour cent sécurisée). Gigantesque.

I.D.

Le Syndicat du Crime (A Better Tomorrow) : Heroic bloodshed #1

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Parler du Syndicat du Crime/Ying huang boon sik (1986) c’est se rappeler surtout se replonger dans mon adolescence et de cette toute première fois. La première fois que j’ai visionnée ce film qui s’éleva alors au rang des films cultes aux côtés des Scarface de De Palma et des Affranchis de Scorsese.

A Better Tomorrow dont je préférais à l’époque le titre français, un néo-polar pur et dur, une puissance des images rarement vue auparavant était le premier d’une série (celle des Better Tomorrow mais aussi celle des films suivants : The Killer, Bullet in the Head, Hard-Boiled) qu’on s’empressait de trouver et de savourer avec la même excitation que les films de Bruce Lee jusqu’à des films comme Il était une fois en Chine (1991) de Tsui Hark.

Si John Woo révolutionna avec cet opus en remplaçant les sabres par les flingues et changea pour toujours la façon de faire du cinéma, il révolutionna et changea surtout notre façon de voir et vivre le septième art.

Le Syndicat du Crime est un remake de Story Of A Discharged Prisoner (1967) de Patrick Lung avec Patrick Tse jamais vu jusqu’à ce jour. Il est surtout l’un des premiers à nous montrer une nouvelle conception de l’action avec le ballet des acteurs et des balles (balistic ballet), il posait les bases d’un nouveau style de « Hero movie », des scènes héroïco-masculine à la Chang Cheh, du heroic bloodshed percutant et explosif. Rajoutez à cela de magnifiques acteurs : la légende Ti Lung, le charismatique Chow Yun-fat et le jeune espoir sous les traits de Leslie Cheung et vous aurez du grand Cinéma. Le Syndicat du Crime s’était, s’est tout ça à la fois. On comprend après l’avoir vu pourquoi ce film a été un phénomène sans précédent à Hong-Kong où beaucoup le considère comme le meilleur film de tout les temps, point de vue critique comme public.

Et s’il est nécessaire de revenir sur l’histoire : A Better Tomorrow raconte l’histoire de Ho (Ti Lung) et de Mark (Chow Yun-fat) deux truands ainsi que celle de Kit (Leslie Cheung), un flic qui est également le petit frère de Ho. Ce dernier ne sait rien des activités de son grand frère. Lorsque Ho se fait arrêter et que leur père est assassiné, c’est un choc pour Kit d’autant plus que cette affiliation l’empêchera d’avoir une promotion. Quand trois ans plus tard Ho sort de prison, il retrouve Mark, handicapé et clochardisé. Kit ne veut plus entendre parler de lui et un nouveau chef de la pègre veut le faire replonger…

La légende du gunfight commence alors et des images ainsi que des scènes d’anthologies resteront dans les mémoires : Mark s’allumant une cigarette avec un billet de banque ou encore la scène du restaurant… c’est du grand et c’est du bon.

I.D.

jeudi 26 mai 2005

United Red Army : Folie révolutionnaire [Article complet]

jeudi 26 mai 2005
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Koji Wakamatsu, cinéaste engagé livre une œuvre sans précédent sur une époque trouble de l’histoire japonaise : une époque de révolte, de contestation sanglante, et retrace de 1960 (manifestation contre le traité de sécurité du Japon avec les Etats-Unis) jusqu’au début des années 70 (prise d’otage du chalet d’Asama) un peu plus d’une dizaine d’années de combat politique et d’engagement clandestin armé. United Red Army (2008) naît de cette volonté de donner un coup de projecteur sur ces évènements.

La force de Koji Wakamatsu c’est de parvenir dans sa première partie à exposer avec clarté cette époque trouble à travers des archives et une mise en scène fictionnelle en place des documents manquants. Là est la puissance d’United Red Army, une œuvre sans concession qui établit progressivement les bases d’une deuxième partie s’adonnant exclusivement à la fiction. De mouvement collectif et politique prenant la rue comme terrain de protestation, nous passons alors à un mouvement d’individus survivants en autarcie, dans un huis clos annihilant tout individualité et développant la domination des leaders sur leurs frères d’armes.

Dans cette deuxième partie d’United Red Army, Wakamatsu se concentre sur des groupuscules de militants de la lutte armée (la Fraction Armée Rouge et la Fraction Révolutionnaire de Gauche), la plupart étant d’ancien universitaire ayant fait le choix de la clandestinité et des armes. Ici, le cinéaste raconte leur fuite en avant sans leurs leaders d’origine, arrêtés ou en exil. Il les montre se reconstituant, s’organisant et fuyant les villes pour se perdre dans les montagnes. Il les montre s’entraînant, prêchant leur doctrine et vivre dans un microcosme loin de tout comme s’ils étaient seuls au monde. Ces individus créeront alors l’Armée rouge unifiée.

United Red Army se clôture par la traque de ce qui reste de ce groupuscule de militants lesquels parviennent à se retrancher dans le chalet d’Asama. Ces individus qui restent, « sauvés » après les purges internes et les arrestations subissent un siège de la police et cela pendant une dizaine de jours. Ces individus ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, des rats dans un piège où toute idéologie semble s’évaporer à mesure que les fumigènes policiers enfument l’ultime bastion. Ils se retiennent à peu de chose pour se motiver à continuer le combat, l’illusion comme mascarade où l’on oblige encore à l’autocritique pour un biscuit mangé de plus. Une mascarade de révolution en somme. L’œuvre de Wakamatsu listera pour finir un amoncellement de noms, de dates, de lieux et d’évènements qui s’écouleront à la suite du siège du chalet d’Asama, ce que sont devenus les protagonistes de cette part d’histoire ainsi que leur mouvement.

Disons-le, Koji Wakamatsu fait d’United Red Army – entre documentaire et fiction – une œuvre objective. Il y est loin d’être condescendant avec ces révolutionnaires écrasant l’individu pour le groupe, ces révolutionnaires qui trouvent comme excuse leur Cause pour justifier leur comportement, on pense notamment à la jalousie. Ce comportement devient alors exécutoire et fait de ces révolutionnaires des animaux abjectes sans autocritique d’eux-mêmes. Cette même autocritique dont ils ne cessent de prôner et de vociférer à l’encontre de leurs frères d’armes jugés déviants. De façon arbitraire, ils soumettent, écrasent, assassinent sans qu’aucun témoin (actif comme passif) n’ait la force de dire : stop.

En cela, Wakamatsu comme désillusionné par cette époque et ces mouvements révolutionnaires ne donne pas dans la propagande. Justement, il ne prend aucun parti pris, il montre un point c’est tout. Il expose ces individus qui s’enfoncent dans l’acceptation de l’inénarrable, de la cruauté humaine qu’il ne justifie jamais qu’il défend encore moins. Il y expose la mécanique de cette acceptation comme il en existe tristement dans l’Histoire. Wakamatsu livre une œuvre relatant la part sombre de ces groupuscules et se refuse de tomber dans une espèce de sacralisation. Il n’y a pas de héro chez Wakamatsu, encore moins de martyr, il n’y a que des individus qui ont fait le choix de faire la révolution pour changer le Japon et le monde, des individus qui se sont perdus en chemin, sans doute celui des montagnes où beaucoup ne sont jamais revenus, condamnés par un jury (les bourreaux) sans légitimité dont les jurés (des victimes potentielles) se sont depuis longtemps tus à cause de la peur. Peu importe. Pour Wakamatsu, il n’y a pas d’excuses, il n’y a que des actes qui n’ont semés que le désarroi et la mort.

United Red Army est donc la réunion de la Fraction Armée Rouge et la Fraction Révolutionnaire de Gauche raconté par Koji Wakamatsu, des militants passés à la clandestinité, des militants aveuglés par leur idéologie. La deuxième partie de l’œuvre est d’une torture immense, ce terme utilisé n’est pas péjoratif. Wakamatsu force le trait, il énonce de façon impassible. Voir ces tortures, ces atrocités commises dans le huit clos de cette lutte armée est de plus en plus insoutenables à mesure que l’œuvre avance, à mesure que la folie de ces révolutionnaires prend le pas, lassante et épuisante aussi. Voir ces tortures est une torture en soi, elle lasse presque, elle épuise sans aucun doute, mal à l’aise devant cette stupidité aveugle de l’autocritique dont font preuve les leaders et de l’attentisme de ces militants. Wakamatsu réussit à nous dégoûter de ces individus qui pour masquer leurs faiblesses humilient, torture et tuent.

United Red Army vaut pour sa reconstitution de l’époque et la compréhension de ces faits. Koji Wakamatsu met en scène une part indéniable de ce que fut à un instant T les troubles politiques du Japon et à l’image de ce qui s’est passé dans le reste du monde à travers des groupuscules tels que Action Directe, la Fraction Armée Rouge de Baader-Meinhoff, les brigades rouge italienne,… il y développe l’histoire de la lutte armée propre à l’archipel nippone entre illusion et désillusion. Une histoire peu connue, celle de tragédie humaine leurrée, dépassée par l’immensité de la lutte, un combat perdu d’avance mené par des jeunes gens, des enfants faisant les adultes : une génération désespérément sacrifiée.

I.D.

vendredi 8 avril 2005

Index du cinéma Asiatique

vendredi 8 avril 2005
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PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
C


H-I-J












M-P


S-T


V

jeudi 7 avril 2005

cinema

jeudi 7 avril 2005
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Cinéma Japonais








Cinéma Coréen







mardi 11 janvier 2005

Election 2 (Hak se wui yi wo wai kwai) : Nouveau mandat

mardi 11 janvier 2005
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Johnnie To Kei-Fung réalise une suite à Election (2005) et crée de ce fait un diptyque d’anthologie avec ce deuxième volet : Election 2 (2006). Le diptyque du microcosme de la Wo Sing Society s’inscrit alors comme des œuvres cinématographiques incontournables de l’univers des organisations criminelles. Deux œuvres à ranger aux côtés de Goodfellas et de Casino de Martin Scorcese ou de la trilogie de The Godfather de Francis Ford Coppola.

Dans ce deuxième volet de la Wo Sing, on prend les mêmes et on recommence avec la même jouissance. Que sont-ils devenus au bout de cette « présidence » (leur position au sein de la triade, leur comportement, leur vision des choses) ? Election 2 est une extension du premier volet. Il est intéressant de voir des personnages connus et constater après une certaine période, l’évolution personnelle et celle du groupe au contact de l’ivresse du pouvoir.

Election 2 est une œuvre sociologique de l’univers mafieux comme le film précédent, mais cette fois-ci, Johnnie To met l’accent sur les relations entre triade et pouvoir politique. Les triades jouissent d’une protection des autorités. Quant aux autorités, elles désirent une coopération des triades pour le bon fonctionnement de la vie sociale. Le message est clair : faire des affaires dans l’harmonie et sans esclandre. Johnnie To reprend le personnage principal du premier volet, Lok (Simon Yam).

Ce dernier est en fin de mandat et comme d’autres avant lui, la perspective d’abandonner la présidence de la triade l’irrite. Il a le souhait de rempiler pour un second mandat, ce qui va à l’encontre de la tradition. Pourtant, il a fait de la Société, l’une des plus puissantes de Hong-Kong. Beaucoup d’anciens voient alors en Jimmy (Louis Koo), jeune malfrat entreprenant et aux affaires prospères comme le président du moment. Jimmy est donc pressentit pour reprendre les rênes du pouvoir, cependant ce dernier n’est pas intéressé. Il travaille à se refaire une image d’homme clean et veut devenir un homme d’affaire honnête et respectable en effaçant son passé de gangster. Cette notoriété d’homme d’affaire le met en contact avec les autorités chinoises qui lui font comprendre que s’il désire continuer à faire des affaires en Chine, il doit devenir le président de la Wo Sing…

Dans Election 2, deux personnalités s’affrontent pour le pouvoir. Le président en place Lok, qui ne compte pas abandonner son siège de chef et le jeune loup aux dents longues : Jimmy, qui comprend que pour devenir l’homme d’affaire respectable qu’il souhaite, il doit passer par le poste suprême pour être reconnu des autorités chinoises. Cette nouvelle « élection » évolue donc sous le signe du conflit générationnel comme c’était le cas déjà dans le premier volet mais ici à une petite différence ; Lok incarne la tradition, les « anciens » et Jimmy, l’organisation criminelle du 21ème siècle.

Lok qui donnait les apparences d’un truand posé et voulant évoluer dans une situation harmonieuse dans Election, nous montre ici son véritable visage. Il se cache derrière un sourire sympathique mais est en réalité un homme d’ambition et cupide, prêt à tout sacrifice. Il est avant tout manipulateur, promettant la présidence à des hommes de mains qu’il utilise à bon escient. Il ne conçoit nullement d’abandonner le pouvoir et part en guerre quoi que cela lui en coûte.

Jimmy est l’archétype même de ces hommes qui utilisent les entités dans lesquelles ils baignent pour réussir. En opportuniste rêvant d’une image propre, il a utilisé la triade pour s’enrichir et ainsi investir dans des affaires propres auxquels il veut s’adonner complètement. Les « anciens » voient d’un mauvais œil son désir de prendre ses distances avec le milieu. Mais la réalité du pouvoir plus haut que celui de la triade lui remet vite les pieds sur terre sous les traits de Xi.

Xi est un responsable de la sécurité chinoise. Il est l’incarnation des filiations qui existent entre les triades de HK et le gouvernement chinois. Et comme l’imagerie du marionnettiste des films de Coppola, il est celui qui tire les ficelles dans l’ombre. Ainsi, il voit tout comme les « anciens » de la Wo Sing, Jimmy comme le candidat idéal à la tête de l’organisation. Á travers ces relations, Johnnie To montre les changements opérés à Hong-Kong d’un point de vue économique et politique, c’est d’une certaine façon l’aboutissement de relations depuis la rétrocession de HK à la Chine.

Election 2 reprend tous les ingrédients qui ont fait le succès de Election. Les confrontations, les manipulations, la nature de l’homme bestial et sans cœur. On piétine autant la loyauté que le respect. Johnnie To réalise le film avec la même maestria que le premier en usant de scènes qui feront date dans le cinéma. Encore une histoire d’hommes sans aucune limite pour atteindre leurs objectifs, avec son lot de gagnants et de perdants. Encore une fois les acteurs (Eddie Cheung, Yau Yung, Wong Tin Lam…) tiennent le haut du pavé mis en lumière par la mise en scène de To.

Election 2 c’est aussi Jimmy, celui a qui tout réussit, installé sur le siège suprême que les autorités chinoises tiennent. En deçà, un loup solitaire continuera à courir, le personnage de Jet interprété par un formidable Nick Cheung, qui avec ce personnage tient son meilleur rôle jusqu’alors, un homme de main sacrifié qui est le dernier à incarner des valeurs telle que la loyauté, et qui par loyauté préfèrera continuer à endosser le rôle du traqué à l’image des héros tragiques. To met en parallèle ces deux hommes dans deux scènes superbes. Les deux extrémités d’une pyramide cohabitant dans un même plan. Superbe.

I.D.

Election (Hak seh wui) : Lutte pour le pouvoir

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La Wo Sing Society, une triade hong-kongaise doit élire son nouveau président à sa tête. Comme le veut la tradition, l’élection incombe aux anciens de la triade. Ces derniers doivent choisir entre Lok (Simon Yam) et Big D (Tony Leung Ka Fai). Le premier est élu à la majorité pour deux ans à la tête de la Wo Sing et doit recevoir comme symbole de son pouvoir un spectre à Tête de Dragon mais c’est sans compter sur le perdant de l’élection…

Election (2005), chef-d’œuvre de Johnnie To nous plonge dans une élection bien particulière celle d’un chef de triade qui doit se faire élire démocratiquement par ses pairs. Et comme en temps d’élection les candidats font leur campagne et usent des moyens à leur portée. Lok, le truand posé qui fait des promesses sur le partage de territoire et Big D, l’impulsif achète ses voix avec l’argent si ce n’est avec l’intimidation. Nous sommes en campagne présidentielle et comme dans toute élection, il y a un gagnant et forcément un perdant.

Que se passe t-il lorsqu’on gagne ? On est forcément emprunt d’une énorme fierté. Et lorsqu’on perd sachant qu’on pensait avoir gagné d’avance ? La pilule a du mal à passer et le symbole même du pouvoir (le précieux spectre) fait l’objet d’une guerre de convoitises des différentes parties en opposition. Ici, Johnnie To nous montre des hommes qui se livrent une bataille pour un symbole, celui de la tradition qui perdure au fil des décennies. Finalement, un objet à plus de valeur que la parole d’un homme. Ces mêmes hommes lui donnent une importance, celle de la tradition mais en font-ils seulement encore partie ? Il y a un côté très fétichiste sur l’objet comme si celui-ci faisait du possesseur « l’élu », le chef suprême sans même se poser la question des voix, ceux du vote et de leur importance réelle.

La tradition que tous semblent défendre est occultée pour faire des affaires à tout prix. Leurs aïeuls récitaient des prières érigeant leur société secrète dans un univers de principe tel que le respect des anciens. Aujourd’hui la communication a prit le pas et les luttes d’influence se font en dépit d’un quelconque respect pour ses frères d’armes ou de discipline. Á de nombreuses reprises les « sages », nostalgiques font référence au style de vie d’antan, un parallèle du style de vie actuelle où l’on est prêt à tout pour parvenir à ses fins quoique cela en coûte. La convoitise règne en maître alors que les alliances se font et se défont, faisant de la loyauté une vague notion obsolètes. Finalement ces malfrats ne sont pas si éloignés de certains hommes ou femmes du monde politique.

Encore une fois, on parle d’histoire d’hommes comme les affectionne To. Des hommes entre tradition et modernisme. Des hommes qui luttent pour leur survie dans une société en constante évolution avec des principes ancestraux d’un autre temps. La police est également présente même si elle joue plus le rôle d’arbitre que faisant preuve de poids. Elle est même d’une manière complice de ces agissements puisqu’elle permet de réunir les responsables en prison pour qu’ils puissent débattre et prendre les décisions adéquates.

To encore, anime Election dans une envie toute personnelle de traiter un sujet qu’il connaît sur le bout des doigts, l’univers violent, sombre et brutal des triades. Election n’est pas une œuvre complaisante à leur égard, justement il montre le visage impassible et froid d’hommes aux réactions animales. Toute la noirceur qui réside dans ce microcosme, To la décrypte minutieusement et avec maestria. Aucun scrupule, aucun remord : manipuler et tuer pour réussir.

Election est une véritable œuvre réalisée par un anthropologue. Les rites initiatiques, les codes, les relations entre les frères d’armes, les guerres intestines jusqu’à définir leurs vices et vertus. Beaucoup du premier, très peu du second. On éprouve du dégoût, de la sympathie pour des personnages souvent cruels, parfois pathétiques ou tout simplement humain. Johnnie To réussit aisément à exposer un univers compliqué parce que très codifiés et de nature pyramidale. Il met en place une réalisation superbe et fluide en gardant un œil réaliste sur ses sujets. Il expose un incontestable travail de maître avec cette œuvre remplit de magnifique éclat qui parsème le film.

On félicitera l’audace de To a raconter les triades comme elle avaient rarement été contées. Un regard nouveau basé sur une histoire simple avec laquelle il crée une œuvre incroyable. Quant aux acteurs, ils tiennent tous leur rôle avec talent, de Simon Yam, Louis Koo, Tony Leung Ka Fai à Nick Cheung, Lam Suet ou encore Gordon Lam.

Election raconte donc comment des hommes anéantissent la tradition et ses valeurs par cupidité et ambition, comment la triade a évolué au fil du temps, d’abord active politiquement et soudé pour ensuite créer des individualités qui s’enrichissent illégalement. L’oeuvre ne s’attarde donc pas sur les activités mais nous permet d’observer des coutumes et un style de vie, et c’est en cela que la caméra de To ne juge pas ces hommes, elle les montre comme ils sont, c’est tout.

I.D.

 
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