jeudi 31 décembre 2009

Notre classement des meilleurs films 2009 et Bonne année !

jeudi 31 décembre 2009
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Comme chaque année, I.D. et moi même nous sommes prêtés au jeu du classement des meilleurs films 2009. C'est bateau j'en conçois, mais tellement jouissif rien qu'en pensant aux pépites rencontrées. Trêve de blablas, voici (roulements de tambour...), LE classement 2009 de Made in Asie :

1er
24 CITY de Jia Zhang-ke

"C’est en cela que le cinéma de Jia Zhang-ke est important et qu’il démontre avec 24 City, la nécessité de montrer une situation, ses causes et conséquences, ainsi que les bouleversements de tout un peuple."

2ème
KINATAY de Brillante Mendoza

"Kinatay est une œuvre de contraste terriblement sincère et crue dans son rapport à la réalité [...] Brillante Mendoza signe une œuvre dérangeante certes, mais profondément vraie et d’un onirisme obscur répugnant."

3ème
LA PETITE FILLE DE LA TERRE NOIRE de Jeon Soo-il

"La petite fille de la terre noire est une très belle œuvre à découvrir, qui vous mettra certes le moral en berne, mais qui vous touchera à coup sur."

4ème
UNITED RED ARMY de Koji Wakamatsu

"United Red Army vaut pour sa reconstitution de l’époque et la compréhension de ces faits. Koji Wakamatsu met en scène une part indéniable de ce que fut à un instant T les troubles politiques du Japon"

5ème
PORTRAIT DE FEMMES CHINOISES de Yin Li-chuan

"Beau portrait de femmes qu’est ce long métrage à la fois sensible pour la cause que pour la sincérité de ces personnages."

Tirador de Brillante Mendoza : Les Bas-fonds [Sortie DVD]

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Manille. Semaine Sainte. Nous suivons le quotidien des habitants d’un bidonville qui survivent de la rapine dans une misère profonde…

Avec Tirador / Slingshot (2007), Brillante Mendoza nous plonge dans l’effervescence d’une ville (Manille) et celle d’un bidonville (Quiapo). Il nous plonge corps et âme dans l’effervescence de la survie d’individus perdus dans la masse, l’effervescence du vécu, de ces vies friables, ces voleurs à la petite semaine : les tiradors (argot tagalog). Entre processions religieuses, élections politiques et vol à l’arraché, Brillante Mendoza armé de sa caméra numérique témoigne. Il raconte les situations, le quotidien d’une Manille habitée par la misère, le chômage et la violence. Une Manille étouffante où l’espoir s’est tut, peuplée d’une foule grouillante où seul compte la course vers l’argent. La survie.

La survie éclabousse Tirador de part en part. Entre des vies scénarisées, la réalité et le style documentaire, Brillante Mendoza romance la « vraie vie ». La survie. Les situations encore et toujours de personnes ordinaires filmées par une caméra-témoin qui se met au service de la réalité. Il y montre autant qu’il dénonce : ces jeunes gens vivant de menus larcins, ces flics brutaux et corrompus qui briment les plus faibles, ces politiques qui achètent les votes tout en invoquant Dieu et la sécurité. Un monde fou remplit d’hypocrisie où ses acteurs de la survie gardent la foi, celle de la religion (procession, messe) et celle de l’argent (vol, loto). Un constat glauque et chaotique sur le qui vive, montré au plus prêt.

Tirador s’engage sur la voie de ces films dit « réaliste ». Un profond réalisme fictionnel que son auteur transmet par une économie de moyen. Ainsi, Brillante Mendoza avec sa seule caméra numérique s’accroche au basque de ces individus dont il dépeint le quotidien. Il les filme au plus prêt, les accompagne, nous invite à les accompagner dans leur triste sort en totale immersion. Il témoigne avec un regard terrible d’une époque, d’une situation qui s’apparente à un point de non-retour des plus pessimiste qui soit. Tirador touche, l’œuvre marque et ne laisse pas indifférente. Son aspect trop « documentaire » pourrait rebuter pourtant elle offre une proximité sans égale. Nous sommes ces tiradors, ces gens qui souffrent, nous sommes Quiapo, nous sommes Manille. Nous sommes l’œil de Brillante Mendoza…


I.D.

lundi 28 décembre 2009

Hang Jebat : Le(s) héro(s) [Cycle Singapour, Malaisie]

lundi 28 décembre 2009
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Un des plus grands succès du studio Cathay-Keris, Hang Jebat (1961) est une production en N&B, première réalisation de Hussain Haniff, qui met en scène des personnages légendaires du folklore local.

Au XVème siècle, le sultan de Malacca sur de mauvaises informations condamne à mort et fait exécuté Hang Tuah, son amiral. L’ami et frère d’arme de ce dernier, Hang Jebat est bien décidé à le venger…

Hang Jebat pourrait être l’un des films de Hussain Haniff qui sort du lot. Je parle ici du point de vue de la mise en scène qui offre par moment des choses intéressantes. Certains plans et mouvements de caméra qui sont bien pensés et qui du coup interpellent. Après ? Il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Il y a bien quelques scènes amusantes mais qui n’étaient pas censées l’être et puis finalement l’ennui a tendance à monopoliser l’attention. Un regard de spectateur qui n’en revient pas de la bêtise de certaines scènes ou bien encore du pitoyable jeu d’acteur à vous faire pleurer Molière et consort. Si certains s’en sortent plus ou moins bien, d’autres plombent l’ensemble par leur mauvais jeu.

Hang Jebat souffre de nombreux maux, ceux cités ci-dessus mais on pourrait parler d’un scénario peu imaginatif alors que nous sommes dans un comte légendaire. Une tragédie qui appartient à la culture malaise et indonésienne qui a du potentiel. Le résultat est malheureusement plat et sans saveur. Les personnages y sont stéréotypés au possible, c’est lourd, très lourd. On pourrait parler des messages que tente de nous faire passer le film qui sont des plus tendancieux qui soient. Si j’ai tendance à voir le mal partout, pour le coup, j’ai bien peur d’y voir trop clair. On retiendra notamment que se faire justice soit même c’est mal même lorsqu’on a raison parce qu’il ne faut pas toucher à l’ordre établi…

Ce dernier film de Hussain Haniff que nous présente le Cycle Singapour, Malaisie : Le Cinéma ! jouit parfois d’une clairvoyance dans la réalisation mais celle-ci ne parviendra pas à rattraper les longueurs parsemées dans le film, ni améliorer une fin épouvantable des plus désolante qui soit. On notera juste le personnage de Hang Jebat qui se transforme par moment en un véritable révolutionnaire psychotique qu’un Chang Cheh aurait affectionné et largement plébiscité, malheureusement (une fois de plus) le jeu catastrophique de l’acteur ne rendra pas ce personnage marquant alors que cela aurait pu être tout autre. Pas grand-chose à sauver de ce Hang Jebat donc…

> Rediffusion le samedi 23 janvier à 20h

I.D.

Mat le Cinglé : Le Malchanceux [Cycle Singapour, Malaisie]

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Que dire de ce film : Mat le Cinglé / Mat ¾ (Tiga Suku) (1964) de Hussain Haniff co-réalisé avec Mat Sentol lequel tient également ici le rôle principal ? Dur de répondre à cette question sans tomber dans la méchanceté gratuite. On suit donc les aventures de Mat, un homme pauvre sans travail et qui vit dans une maison vétuste. Une maison dans laquelle un esprit (peut-être bien un fantôme) l’interpelle sur ses désirs…

Mat le Cinglé est une souffrance. Un film difficile à endurer parce qu’il est consternant, affligeant, sans aucun intérêt si ce n’est celui de nous faire perdre du temps. Et perdre du temps n’a aucun intérêt, nous en conviendrons. Pourtant, on pourrait se lever, imiter ces quelques personnes qui quittent la salle mais l’amoureux de cinéma que je suis m’en empêche. Pourquoi ? S’il y a au moins une scène à sauver, je veux la voir, en jouir et puis advienne que pourra. J’ai énormément de chose à reprocher à Hussain Haniff, c’était son troisième long-métrage auquel j’assistais mais Hussain Haniff ne sera pas le premier cinéaste à me faire partir d’une salle quoi qu’il arrive (à part une ou deux catastrophes naturelles).

Mat le Cinglé est une comédie très mal réalisé. Une comédie pure et dure avec des sketches qui s’enchaînent avec en toile de fond une histoire qui tient dans le creux d’une main. La vérité c’est qu’il n’y a pas réellement d’histoire. Nous assistons juste à la vie de ce bon bougre de Mat et puis c’est tout. Il est difficile de mettre en scène le comique notamment lorsqu’il est de situation comme c’est parfois le cas dans ce film. La difficulté de la comédie s’en ressent dans cette production Cathay-Keris qui vous prend toute votre énergie. On ressort de la séance quelque peu groggy, abasourdi, le cri de délivrance monte en crescendo. Tammat. Ouf ! La fin, une souffrance, je vous dis, une souffrance…

Concluons. Mat le Cinglé est un pseudo-Marx Brothers qui aurait croiser le chemin des Charlots sauf que ce n’est pas marrant, les sketches tombent à plat, il n’y a pas de talent (Attention ! Les Charlots n’en ont pas et ils ne sont pas toujours marrants, c’est juste pour souligner la médiocrité). Mat Sentol, l’acteur principal a beau être l’un des grands artistes comiques de l’époque, cela n’y changera strictement rien. Mais rien du tout. La seule chose qui m’interroge c’est que s’il était l’un des « grands » alors qu’est-ce que les «petits » devaient être ? Là est la vraie question…

> Rediffusion le lundi 15 février 2010 à 20h30 - Cinéma 1

I.D.

dimanche 27 décembre 2009

Mukhsin : Un rare moment [Cycle Singapour, Malaisie]

dimanche 27 décembre 2009
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Mukhsin (2006) est une véritable claque cinématographique. Une œuvre magistrale offerte par la talentueuse Yasmin Ahmad. Dernier long métrage de la cinéaste, Mukhsin jouie d’une maîtrise scénaristique et d’une réalisation à faire pâlir. L’œuvre est émotionnellement forte et pourtant Yasmin Ahmad joue dans un registre difficile qu’est l’invisible. L’émotion n’est pas grossière, elle est suggérée, imposée par une mise en scène subtile, sensible, qui perce comme un rappel aux souvenirs.

Dans un village malais, une famille fait parler d’elle par son mode de vie atypique, loin des conventions imposées par les codes culturels et la religion. Orked, la fille de cette famille est un garçon manqué et peine à se faire accepter de ces camarades. Un jour, une voisine reçoit pour les vacances un jeune garçon dont elle s’occupe , Mukhsin. La jeune Orked et ce dernier vont apprendre à se connaître, pour devenir inséparable…

Yasmin Ahmad dépeint avec tendresse le quotidien de cette famille et la relation tendre qui va naître ente Orked et Mukhsin. Elle ne déroge pas à son thème de prédilection avec le choix de cette famille en rupture avec la morale traditionnelle malaisienne. Véritable OVNI, les parents d’Orked vivent librement leur amour par des jeux et des taquineries au quotidien alimentant les cancans du voisinage. L’éducation de leur fille n’est pas en reste puisqu’elle se veut loin de la rigueur imposée aux autres enfants. Une famille libre et libérée dans une société malaisienne encore très traditionnaliste. Un regard audacieux et touchant d’une réalisatrice engagée sur des sujets loin d'épouser la morale établie.

Ce qui marque dans Mukhsin c’est la vigoureuse émotion qui tient dans chaque plan. Yasmin offre une liberté de ton, laissant une grande place à l’humour, qui permet au récit d’exister simplement sans apparent contrôle. Et c’est en cela que la réalisatrice excelle, dans le non contrôle apparent, dans la simplicité de faire suivre ces images du quotidien, ces instants magiques familiaux ou amoureux, qui fait naître en continu des sentiments profondément familiers.

Yasmin Ahmad dépeint ces personnages attachants par un équilibre entre rires et larmes, entre doute et joie dans une réalisation intimiste. On pense à la scène où la famille écoute Ne me quittes pas interprétée par Nina Simone, où l’ambiance débute dans les rires avec un oncle qui chante à tue-tête, pour basculer dans un moment d’une infime tristesse lors de l'apparition de Mukhsin en arrière plan. Un moment magique et d’une force prodigieuse.

Il dégage de ce Mukhsin une tendresse particulière, due en partie à une œuvre nourrie par l’enfance de la cinéaste, et un relief émotionnel bouleversant, c’est beau. Un film qui rend heureux comme il suscite la douce mélancolie. Un sentiment marqué et imperceptible nous envahie à sa sortie. Le générique de fin se veut trop court, d'ailleurs, pour qu’on puisse redescendre de ce fabuleux nuage... Yasmin Ahmad marque par une œuvre atypique et éblouissante qui donne déjà l'envie de la redécouvrir et anime l'enthousiasme de se délecter devant le reste de sa filmographie.

> Rediffusion le 23 janvier - cinéma 2 & le 28 février - cinéma 1

Diana

Les Voisins du Village : Les on-dit [Cycle Singapour, Malaisie]

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Cette production Cathay-Keris en N&B devait ouvrir les hostilités du Cycle Singapour, Malaisie : Le Cinéma ! Le destin (mouvement social) en aura voulu autrement. Ce n’était que partie remise puisqu’elle fut projetée en ce samedi 27 décembre 2009 à la place de When the Full Moon Rises (2008) qui fut donc déprogrammé au profit du film de Hussain Haniff : Les Voisins du Village / Jiran Se-Kampong (1965). La raison ? Les copies de l’oeuvre de Mamat Khalid manquaient à l’appel. Une nouvelle partie remise nous attend donc pour plus tard. En attendant, nous découvrions l’un des trésors des studios…

Nous suivons la vie de plusieurs jeunes gens d’un village malais de Singapour. Ces derniers désirent s’émanciper de l’ordre établi…

Les Voisins du Village réjouit. Enfin un peu. Après La Médisante Victime (1959) et Amour et Affection (1965) l’enthousiasme pour ces vieilles œuvres du registre des studios Shaw et Cathay avant le début du Cycle en avait pris un coup. Si l’enthousiasme n’est toujours pas au rendez-vous, ce film de Hussain Haniff montre un intérêt certain. On trouve ici le cinéaste plus inspiré. Notamment dans la façon qu’il a de montrer un Singapour qui change avec pour toile de fond le conflit intergénérationnel. Des jeunes qui s’émancipent, des parents qui vivent par procuration ou qui ne les comprennent pas ou plus et les commérages qui s’invitent à leur quotidien.

Si Les Voisins du Village ne brille pas par sa mise en scène qui reste somme toute classique et ses interprétations qui souffrent d’une époque (un aspect caricatural), le film parvient à dépeindre les changements d’un pays avec eux les relations humaines qui n’échappent pas toujours au stéréotype (malheureusement). Le traitement n’est pas toujours du meilleur effet ainsi le récit se perd dans un trop plein de personnage et leurs histoires manquent de force et d’émotion. Si le sujet des Voisins du Village est intéressant, Hussain Haniff manque de conviction dans son propos. Un propos tout en surface mais qui souligne tout de même les mentalités rétrogrades.

Finalement, Les Voisins du Village offre un regard juste sur une société en mutation bien que le désintérêt (pour ses personnages) se fasse sentir de temps à autre même avec certaines scènes amusantes (relation parents-enfants), mouvementées (course-poursuite) et dures (le viol).

> Rediffusion le samedi 30 janvier à 20h

I.D.

Love Conquers All : L'amour aveugle [Cycle Singapour, Malaisie]

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Tan Chui Mui, cinéaste découverte par Made in Asie dans le collectif 15 Malaysia où elle était à l’origine de l’intéressant One futur, nous offre dans le cadre du cycle Singapour, Malaisie, son deuxième essai avec Love Conquers All (2006).

Ah Ping quitte son village pour aller travailler à Kuala Lumpur, dans le restaurant de sa tante. Un soir alors qu’elle téléphone à sa famille dans une cabine téléphonique, elle croise un jeune homme étrange qui ne cessera de la suivre et qui l’embrigadera malgré elle dans des suites sombres.

Love Conquers All peut se vanter d’un début plutôt flatteur. Les circonstances de la rencontre entre Ping et John sont originales, l’attitude de cette homme l’est tout autant. On suit avec entrain son acharnement insolent envers Ping, qui malgré son air désintéressé ne montre pas de signe de rejet. Jeux de séduction et regards du coin de l’œil flirtent jusqu’au moment où les deux protagonistes se livrent à une relation amoureuse consentie. Malgré cette singulière tournure sentimentale, le manque de profondeur dans le tissage de cette relation est gênant. Le cheminement de la séduction et la mutation entre attirance et amour n’est pas assez bien menée pour qu’on y croit vraiment. Sans compter l’écriture du personnage masculin (John) qui semble parfois bancale, tant dans les répliques que l’attitude, ayant pour conséquence un manque de crédibilité dans la narration de sa trouble vie (un cousin maquereau, des embrouilles…) et dans la suite de sa relation avec Ping.

Les points forts de Love Conquers All seraient tout d’abord cette trame familiale de fond constituée par le récit d’un quotidien et de la relation de Ping et sa petite sœur Mei. A là fois complice, ces deux là vont se trouver comme point commun le partage d’une relation sentimentale, l’une physique avec John, l’autre platonique par l’intermédiaire d’un correspondant malais dont elle savoure les lettres au quotidien. Des instants plaisants et drôles où l’on suit la fillette à la fois obsédée par ces écrits et torturée à connaître l’identité de ce mystérieux garçon.

Autre point fort que l’on ne peut que souligner : la réalisation. La cinéaste Tan Chui Mui est convaincante dans une mise en scène à la fois épurée et audacieuse, qui donne lieu à des séquences bien pensées et globalement réussies.

Bilan mitigé pour ce deuxième long métrage, ni bon, ni mauvais, qui laisse tout de même transparaître de jolies perles.

> Rediffusion les lundi 8 février à 20h & dimanche 14 février à 14h30

Diana

mercredi 23 décembre 2009

Flower in the pocket : Magique [Cycle Singapour, Malaisie]

mercredi 23 décembre 2009
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Flower in the pocket (2007) de Liew Seng Tat fait partie de ces films d’enfants qui touchent. Parce qu’il retrace au plus près une réalité et parvient par un mélange de ton, à la fois sérieux et drôle, à retranscrire le récit de ces deux jeunes enfants livrés à eux-mêmes.

Ma Li Ahn et Ma Li Ohm, sont deux frères dont le quotidien est rythmé par d’interminables errances dans les rues de leur quartier. Leur père se noie dans le travail à la suite de la disparition de leur mère et ne prête plus aucune attention à ses fils.

De par sa trame, Flower in the pocket s’impose dès les premières minutes comme un récit attachant. La frimousse de ces marmots à l’écran donne instantanément le sourire. Les regards échangés témoignant de leur complicité, les bêtises partagées, les discussions, vont souvent être le moteur de cet humour savamment distillée tout au long du film. Ainsi, on rit spontanément quand Ma Li-Ohm demande à son frère s’il désire manger du KFC en sortant un sachet de sauce tomate ou lorsqu’ils s’aperçoivent un matin qu’ils ont échangé malencontreusement leurs uniformes… Ce patchwork se révèle être savoureux et rythmiquement efficace. On ne s’ennuie pas une seconde, on en redemande presque... Suivre ces bambins dans leur quotidien est tout bonnement exquis.

Parallèlement, et c’est ce qui fait de cette œuvre, une œuvre intelligente, le cinéaste se veut engager sur des problématiques sociales. Le système éducatif malais sera le premier servi. L’exclusion des minorités par l’uniformisation d’une langue nationale va directement toucher les deux frères qui n’ont que pour langue maternelle le mandarin. Une différence qui va créer un malaise au sein du groupe scolaire et aux yeux du corps enseignant, loin de se préoccuper des questionnements identitaires. Bref, un système éducatif qui se veut très lisse et peu engagé, voir même contraire à la conservation du pluri ethnisme malais.

Dans cette même veine, ce mélange de langues « officielles », malais et anglais, a pour conséquence l’exclusion des non initiés et l’incommunicabilité entre génération. A l’image de l’employé du père de famille, bon nombre de malais ne comprenne pas l’anglais. Malgré ce fait, les institutions continuent à démocratiser son usage. Un non-sens que soulève l’auteur.

Finalement, Flower in the pocket se veut une œuvre très universelle, dont les thèmes sociaux et humains (solitude, tristesse…) touchent autant que ces protagonistes. La mise en scène épurée reste cohérente dans la lignée du récit. Les deux bambins sont géniaux (au delà de leurs irrésistibles frimousses). Naturels et spontanés, ils sont parfaits dans leurs rôles respectifs. Premier long métrage prometteur du cinéaste Liew Seng Tat, Flower in the pocket s’inscrit comme le coup de cœur de ce cycle (en attendant les prochains, on l’espère !). La fraicheur et l’innocence qui découlent de Flower in the pocket en fait une œuvre profondément poétique.

> Séance en présence du réalisateur le Samedi 6 février à 14h30 - Cinéma 2

Diana

lundi 21 décembre 2009

Amour et Affection : L’adultère [Cycle Singapour, Malaisie]

lundi 21 décembre 2009
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Amour et Affection / Chinta Kaseh Sayang (1965) de Hussain Haniff est une production en N&B Cathay-Keris tournée à Singapour. Le film est une comédie dramatique dont le sujet traité est l’adultère.

Normah est une jeune femme mariée à un peintre qui la délaisse. Elle fait la rencontre de Jamal, un homme qui l’a séduit tout en lui cachant sa situation familiale. Un idylle naît entre eux jusqu’au jour où un voisin de Jamal découvre leur relation…

Amour et Affection est le film qui d’emblée ne marquera pas, même pour ses quelques scènes comiques. Il est difficile de garder quelque chose d’un ensemble qui ennuie à mesure que les scènes s’enchaînent. On s’attache peu aux personnages. On s’intéresse peu à leurs histoires qui lassent plus qu’elles ne captivent. On aurait aimé qu’elles soient plus courtes et prennent fin à la première idylle, mais à cela le réalisateur a préféré en ajouter une de plus… une de trop. Le film en devient poussif, lourd (surtout dans la dernière partie) et l’on est pressé de voir TAMMAT s’inscrire sur la pellicule, synonyme d’une délivrance. Celle d’un film plat et sans saveur qui ne parvient à accrocher son spectateur. Amour et Affection est linéaire, joué d’avance et pas original pour un sou malheureusement pour nous (moi entre autre, désireux d’en découvrir plus sur ce cinéma).

Que doit-on retenir d’Amour et Affection alors ? Si l’on souhaite bien entendu se forcer à garder certains éléments du film de Hussain Haniff en mémoire. Le film est pompeux en terme de morale. La faute à l’époque ? Sans doute. Mais l’époque n’est pas une excuse en soit. Ainsi, on peut noter qu’il ne faut pas se perdre dans l’adultère, c’est mal. Merci. Il ne faut pas non plus céder aux canons du modernisme : les modes vestimentaires à l’occidental, la musique qui l’est tout autant sont les premiers pas vers la déviance. Le premier venu ne sera jamais à la hauteur de la personne avec laquelle nous sommes mariés, parce qu’il ne pensera avant tout qu’à lui et ne sera là que pour « une histoire de fesses », disons-les choses. L’homme de Singapour est un… pervers, excusez du peu. Mais à voir la façon dont il a d’agripper la première femme croisée, le mâle n’a pas le beau rôle.

Finalement, tout se termine dans le meilleur des mondes avec Amour et Affection parce que les excuses amènent indubitablement le pardon et ainsi la vie peut continuer. Dans le meilleur des mondes, je vous dis...

> Rediffusion : le dimanche 3 janvier, 14h30, cinéma 1

I.D.

dimanche 20 décembre 2009

La Médisante Victime : La Calomnie [Cycle Singapour, Malaisie]

dimanche 20 décembre 2009
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Mélodrame en N&B de P. Kapur, La Médisante Victime / Korban Fitnah (1959) est une co-production des studios Cathay-Keris et Maria Menado, actrice indonésienne qui tient ici l’un des rôles principaux.

Hussin, un jeune diplômé se trouve devant les tribunaux pour tentative de suicide. Il raconte son histoire qui commence avec la rencontre d’une jeune femme, Rahimah. Cette dernière est harcelée par Wahad, un camarade du jeune homme. Rahimah se marie avec le frère de Hussin, Hassan qui finance ces études.

Historiquement, La Médisante Victime se situe entre l’indépendance de la Malaisie en 1957 et avant la sécession de Singapour en 1965. On y suit le quotidien de jeunes étudiants malais qui vivent avec une aura d’insouciance à la fois optimiste et joyeuse. Pourtant, l’œuvre de P. Kapur nous raconte que l’adversité n’est jamais bien loin. Ainsi, à travers Hussin et son récit, l’auteur nous avertit des aléas de la vie mais surtout insiste sur les valeurs en société très ancrées. On assiste donc à un film grand public qui souligne une morale de vie en société. Une morale qui ponctuera l’œuvre n’échappant pas aux poids des années et qui ne pourra que faire esquisser un sourire.

Si la Médisante Victime souffre de certaines longueurs et que l’ennui guette parfois, on souligne tout de même une mise en scène qui prend ses racines en décor naturel mais qui se caractéristique également par un mouvement de caméra que le cinéaste utilise à bon escient : le travelling. Par le biais du travelling, P. Kapur nous invite dans cette tragédie qui se joue. Nous sommes l’œil scrutateur, témoin voyeuriste d’un ménage devant le drame qui prend forme insidieusement. Nous sommes aussi l’œil de l’accompagnateur, celui témoin de l’errance des personnages à l’extérieur.

La Médisante Victime de P. Kapur offre un regard sur une Malaisie indépendante naissante pleine d’espoir où la première et la deuxième partie sont ponctuées par des interstices musicaux. Ces chants offrent un aspect original au film même si l’idée de remplissage n’est jamais bien loin. Il manque tout de même à cette oeuvre une fraîcheur toute particulière qui fait les œuvres cinématographiques marquantes, notamment face à une fin convenue.

> Rediffusion : le vendredi 20 février, 20h - Cinéma 1

I.D.

jeudi 17 décembre 2009

Le cycle Singapour, Malaisie, c'est parti !

jeudi 17 décembre 2009
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Bonne nouvelle, le Centre George Pompidou a réouvert ses portes ce matin. Le cycle "Singapour, Malaisie : le cinéma !" peut donc commencer !

Le film qui sera projeté ce soir est le même que celui inscrit sur le programme. Vous pourrez donc assister à la projection de Femme, épouse et putain ce soir à 20h.

Bande annonce du cycle Singapour, Malaisie :



Diana

15MALAYSIA : Tour d’horizon [Courts métrages]

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Á l’heure où un mouvement social touche le centre George Pompidou, retardant le Cycle Singapour, Malaisie, Made in Asie vous propose un avant goût avec 15MALAYSIA. Un film collectif qui sera présent lors du cycle et qui réunit des cinéastes Malaisiens mettant en scène quinze segments, qui de la comédie au drame, du drame au fantastique offrent un panorama cinématographique riche et dense d’un cinéma méconnu de nos contrées.

Dans une veine franchement comique, Potong Saga de Ho Yuhang passe au crible la tendance, l’effet de mode sous l’impulsion du cercle amicale. Un jeune homme d’origine chinoise désire ouvrir un compte bancaire islamique après avoir écouté ses amis lui parler des bienfaits d’un tel compte. Pour se faire, il doit se couper les parties génitales. On suit ainsi un personnage qui boit les paroles de ces proches avec une naïveté déconcertante. Le cinéaste nous montre ici toute l’absurdité du sacrifice à travers un personnage sans réflexion qui pour l’appât du gain agit aveuglement. De là à dire que la religion est castratrice, il n’y a qu’un pas. Dans tous les cas, le réalisateur nous offre un segment jouissif, léger et hilarant.

Chocolate est l’un des courts-métrages qui interpelle le plus sur sa signification. Ce segment de Yasmin Ahmad nous conte l’histoire d’un jeune homme travaillant dans l’épicerie familiale, quand un jour il encaisse les achats d’une jeune femme musulmane… Á travers cet instant bref, un instant de vie autour de la rencontre de deux mondes, un jeune homme et une jeune fille qui semblent être attirés l’un pour l’autre sont confrontés à la dualité de leur société et leur différence de culture. On prend part à travers ce court métrage du discours qui refuse le mélange entre personnes de communautés distinctes et qui mène à la ghettoïsation et l’hostilité. Yasmin Ahmad nous raconte cette confrontation avec simplicité et sérénité par le biais du regard des deux jeunes gens comme s’il souhaitait insister sur le fait que ces deux jeunes gens étaient le futur de la société Malaisienne, en prenant soin d’écarter toute figure paternelle et maternelle de l’écran, mais en y adjoignant une voix maternelle hors champ comme un rappelle à l’ordre au conditionnement des mentalités.

Documentaire de Amir Muhammad, The Tree met en scène l’un des chefs religieux les plus influents, Nik Aziz. Ce dernier parle de l’islam dans la société et son rapport à l’économie. Il parle d’un commerce éthique et respectueux de l’environnement, devant être le fruit du mérite de cette nature. Un commerce qui doit amener du positif à l’ensemble de la société régit par les lois de Dieu. Il en ressort de ce segment une certaine ambiguïté sur le message religieux véhiculé, où toute personne non religieuse est un “ennui” (pour le bon fonctionnement de la société ?).

Un jeune indien présente un devoir à l’école. Parallèlement, le destin frappe le foyer familial et met en péril la maison dans laquelle il vit… House de Linus Chung est un drame social sur une situation socio-économique Malaisienne actuelle. Ce film nous plonge dans un bidonville où vit la communauté indienne pauvre sans-papiers. En quelques minutes, l’auteur nous expose les conditions de vie précaire, les expulsions, les inégalités sociales, les disparités d’une société pluriethnique et la sanction symbolique de la société sur cette famille via un parallèle saisissant et criant de vérité. House est dur, fort et sans concession.

Halal de Liew Seng Tat est une comédie qui tente d’expliquer la notion du halal pour la communauté musulmane. Ce film est marrant, léger et ludique. Le cinéaste va à l’encontre des à priori sur la viande halal et des amalgames dont font preuve certaines personnes. Pour se faire, il s’emploie à amener les choses avec amusements et dérisions en prenant pour exemple l’abattage de poulet. Il y explique la valeur et l’importance de la pratique hallal pour les musulmans. Une façon de vulgariser avec humour le rapport à la viande halal en évitant toute apologie de l’islam. Une franche rigolade.

The Son de Desmond Ng traite des violences intercommunautaires. Un témoin d’une agression, un adolescent d’origine chinoise conduit à la police par son père. L’auteur interpelle sur les violences qui gangrènent la Malaisie : conflits entre les communautés et dangers du sectarisme. Il y pointe du doigt la loi du silence mais également l’effet de groupe dont les médias se font échos.

La Malaisie et son rapport à l’eau ainsi qu’à la terre… Á travers un style documentaire, Lumpur de Kamal Sabran met en scène par micro-trottoir les éléments que sont la terre et l’eau. On y parle de ces éléments vitaux et leurs nécessités dans la vie des Malaisiens. On y dénote un message écologiste sur la préservation de l’eau et la terre, des éléments qui sont l’essence même de la vie et donc de l’être humain.

One Future de Tan Chui Mui est un court-métrage de science fiction en noir et blanc. Une voix off s’exprime pour relater l’histoire d’un homme marginalisé par un système qui a remplacé la famille où l’essence même du groupe a supplanté l’existence individuelle. L’auteur y dénonce l’infantilisation de l’individu qui n’est plus maître de ses actes mais aussi l’uniformisation, l’ignorance de l’autre et ses problèmes. Montrant du doigt le fait que l’individu préfère fermer les yeux sur ce qui se passe réellement. Un individu qui préfère ne pas voir et continuer à vivre sans anicroche. Une science fiction qui n’est jamais bien loin de ce que l’on vit au quotidien. Un segment accrocheur.

Slovak Sling est une comédie de Woo Ming Jin. Dans une ruelle, une discussion s’invite entre un asiatique et un homme blanc. Cette discussion est suivi par un vendeur à la sauvette de DVD pirate qui se trouve non loin. L’asiatique adopte une étrange attitude face à l’homme blanc, lui donnant tour à tour ce qu’il a, vêtements, ceinture… Une manière de l’acheter pour qu’il épouse sa cause. Une sympathique métaphore sur les hommes politiques prêt à tout pour rallier à leur cause le plus grand nombre.

Une chambre d’hôtel. Une femme regarde les infos matraquées à la télévision. Un homme dîne… Gerhana de James Lee semble être irréel. Ce court-métrage se veut particulier dans son traitement. On y suit deux individus détachés, faisant preuve d’apathie complète. Les lieux sont étrangement aseptisés, a contrario les informations dictées par le poste de télévision passent en revue le monde dans lequel nous vivons. Le réalisateur paraît nous mettre face à notre passivité devant le déferlement de faits divers et à l’impact des ces informations sur nos consciences.

Meter de Benji Lim est une comédie satyrique où son personnage principal, un chauffeur de taxi emprunt d’un certain nationalisme s’exprime sur différents points de l’actualité. Tout en prenant des clients, le chauffeur donne son avis sur le football, la religion, les langues parlées mais aussi le rapport existant entre les différentes cultures qui composent la Malaisie. Un regard, une mentalité qui nous montre l’existence d’un nationalisme et d’un racisme dans un pays multiethnique.

Duit Kecil de Johan John nous plonge dans la prostitution non sans humour, en réalisant un constat sur le plus vieux métier du monde. Il le met en parallèle avec un fait d’actualité et de société : l’envolée des prix, alors que ces derniers restent les mêmes dans le milieu de la prostitution. Les prostituées montrées à l’écran sont de nationalité et de communautés différentes et expliquent le choix de cette profession par des situations précaires. Une discussion s’instaure entre client et prostituées. Les faits sont là, tandis la concurrence en pleine recrudescence fait baisser les tarifs, le coût de la vie augmente toujours plus. Un constat sans appel fait avec intelligence. L’idée est intéressante.

Dans Healthy Paranoia, Khairil Bahar met en scène un ministre de la santé face à deux consultants en relations publiques qui désirent informer les citoyens des dangers de nombreux produits de consommation. Ici, les personnages s’expriment en anglais et l’auteur prend avec dérision les messages dont le gouvernement martèle la population en terme de santé publique. Il pousse la chose à l’extrême et fustige ces messages infantilisants véhiculés au quotidien. Il y décline différentes préventions en mettant en avant la dangerosité de la bière, des légumes lorsque ce ne sont pas des fruits. Il remet ainsi en cause une certaine responsabilité individuelle. C’est grinçant, drôle et criant de vérité.

Lollipop de Nam Ron traite de la pédophilie sur fond de politique Malaisienne, comme une métaphore sur l’état de santé de cette institution. Ce parallèle entre pédophilie et politique est des plus dérangeant et décontenancent. L’auteur parvient dans cette mise en accusation à communiquer un certain malaise comme il nous emmène vers une réflexion sur la situation politique malaisienne des plus lugubre.

Rojak ! des Suleiman Brothers est un court-métrage réalisé à l’aide d’effets spéciaux CGI. Rojak tient une échoppe dans une rue envahie par les vies qui y bouillonnent. On suit d’un personnage à un autre dans une effervescence citadine, un portrait vivant de la Malaisie. Les multi-facettes d’un pays comme une identité propre et singulière.

Les quinze segments de 15MALAYSIA sont à découvrir sur le site : http://15malaysia.com/

lundi 14 décembre 2009

Cycle Singapour Malaisie : Séance d'ouverture annulée

lundi 14 décembre 2009
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Comme vous l'avez peut-être entendu, le centre George Pompidou est paralysé par un mouvement de grève depuis le 17 novembre dernier.

En conséquence, toutes les programmations sont gélées jusqu'à nouvel ordre. L'attachée de presse du Cycle Singapour, Malaisie, m'a confirmé l'annulation de la séance d'ouverture, initialement prévue le mercredi 16 décembre. Je vous tiendrai au courant de la suite des évènements.

samedi 12 décembre 2009

Jiang Hu : The Triad Zone : Journal intime d’un…

samedi 12 décembre 2009
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Lorsque la comédie s’invite dans l’univers des triades de HK, cela donne Jiang Hu : The Triad Zone / Kong Woo Giu Gap (2000) de Dante Lam. On y suit un personnage tiraillé par son quotidien et interprété par Tony Leung Ka-fai dont la femme est Sandra Ng. On y croise également Anthony Wong en Général Guan, un grand n’importe cinématographique hautement sympathique.

Chef de triade, Jim Yam impose sa loi depuis plusieurs années maintenant dans le petit monde de la pègre hongkongaise. Il arrive à un moment de sa vie où il doit faire face à la jeune génération aux dents longues. Un tueur est bien décidé à en terminer avec lui. En parrallèle, il doit jongler entre sa femme et sa maîtresse, sans compter sur un garde du corps aux sentiments troubles à son égard… Un moment de sa vie loin d’être simple à gérer.

Jiang Hu : The Triad Zone est une jolie surprise qui réussie à nous plonger dans les interrogations et les tourments d’un boss de la pègre. Le cinéaste hongkongais Dante Lam parvient avec brio à rendre agréable cette comédie originale dans son propos. Une parodie à la fois bizarre et drôle qui nous fait découvrir des personnages haut en couleur menés par un Tony Leung Ka-fai en grande forme.

On aurait du mal à ne pas tarir Jiang Hu : The Triad Zone déloge tant l’œuvre est divertissante et passionnante. L’œuvre est un must du genre bien que certaines scènes souffrent de longueur. Qu’importe, Dante Lam avec une réalisation maîtrisée et un excellent casting nous fait passer un bon moment d’humour avec une multitude d’historiette qui se laisse tout simplement savourer. Génial.

I.D.

mercredi 9 décembre 2009

Vagues Invisibles : Fantôme errant

mercredi 9 décembre 2009
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Quel étrange film que ce Vagues Invisibles (2006) de Pen-ek Ratanaruang. Kyoji est un japonais, cuisinier dans un restaurant à Macao. Il entretient une relation avec la femme de son patron et sur les ordres de celui-ci, la tue. Kyoji part se mettre au vert en Thaïlande et rencontre sur le bateau qui l’y emmène une jeune femme et son bébé tout en étant suivi. Très vite, Kyoji prend conscience qu’on désire l’éliminer…

Vagues invisibles vaut pour son ambiance et le sentiment qui en découle de vivre un rêve éveillé… Ou est-ce peut-être ces personnages qui le vivent, ce rêve ? Nous y sommes englués et tout comme les personnages nous sommes emportés par un scénario des plus imprévisibles qui soit. Impossible de réagir, on se laisse submerger par des situations plus bizarres les unes que les autres, mises en scène par des plans étirés.

Si Pen-ek Ratanaruang a construit son film comme une expérience et bien il y est parvenu, avec tous les honneurs qu’on lui doit. Le film se déroule avec une fausse lenteur qui crée un sentiment particulier. On y est mal à l’aise, on étouffe. Le bruit sourd permanent et les pointes de musique renforcent un cinéma d’ambiance fantomatique avec une superbe photographie signé Christopher Doyle.

Cette ambiance atteint son paroxysme sur la partie du film consacré au voyage en bateau. L’acteur nippon Tadanobu Asano sous les traits de Kyoji ressemble de plus en plus à un fantôme hantant un bateau dont il ne trouve plus la sortie. Il erre inlassablement. On pense à l’ambiance de Shining de Stanley Kubrick mais un Shining où rien ne fonctionneraient normalement, ponctué de nombreuses scènes humoristiques voir cocasses.

Kyoji ne peut que subir. Il erre du début jusqu’à la fin du film, lisse de tout sentiment sauf sans doute celui de la culpabilité qui le tient au corps.

Vagues Invisibles de Pen-ek Ratanaruang met en scène une histoire à l’esthétique froide et contemplative. Une histoire qui perd quelque peu de sa vitalité à son arrivée en Thaïlande mais qui conserve son côté étrange et envoûtant.

I.D.

 
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