dimanche 31 janvier 2010

Eating Air : Galériens [Cycle Singapour, Malaisie]

dimanche 31 janvier 2010
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Jasmine Ng et Kelvin Tong signent Eating Air / Chi Feng (1999), une œuvre qui porte un intérêt sur des jeunes déscolarisés et l’amour de l’un d’eux pour une jeune fille qui vit seule avec sa mère, vendeuse de journaux.

On suit un jeune homme (Il) qui passe son temps à traîner avec ses amis. Il se couche tard, se lève tard, joue aux jeux vidéos sur les bandes d’arcades, tourne en moto dans les rues Singapouriennes tout réglant ses comptes à coup de poings. En deçà, une jeune femme (Elle) partage son temps entre l’école, son job dans une agence de photocopieuse et la vente de journaux le soir. Il et Elle se rencontrent et tombent amoureux l’un de l’autre…

Eating Air offre une plongée au sein d’une jeunesse désoeuvrée qui a perdue tout repère. On suit « Il », un jeune à qui il arrive de fantasmer la réalité dans laquelle il vit. Des fantasmes qui permettent aux deux cinéastes de nous offrir une exubérance visuelle dans une veine des films de kung-fu ou tout ce qui est attrait au manga et aux arts martiaux. Si le portrait des ces jeunes se veut sombre par leur situation, le fait qu’ils soient mis au ban de la société, ce portrait s’avère être tout aussi comique. Le film prête à sourire même rire. On se prend d’affection pour ses personnages, très bien interprétés par ailleurs. Ce que les acteurs parviennent à communiquer est leurs liens affectifs, leurs émotions dans les moments de détentes comme les moments plus tragiques.

Le constat d’Eating Air est sans appel. On y voit des jeunes gens délaissés par des parents trop occupés professionnellement ou trop occupées par leurs aventures amoureuses sans lendemain. Abandonnées à leur sort, ils errent, s’évadent au guidon de leurs deux roues. Ils se perdent dans des rixes et découvre l’amour. Le premier amour, les premiers regards et sourires, les premiers rapprochements physiques. Tout y est mis en scène avec tendresse et pudeur. Par malheur, la voie engagée par cette jeunesse est sans lendemain et la fatalité est bien trop présente pour qu’on vienne à l’oublier. Inexorablement, elle s’invite à des moments qu’on pensait salvateurs. Et ces jeunes découvrent avec effrois que l’argent facile amène plus dangereux et plus forts qu’eux.

Eating Air est une œuvre fraîche, à la fois drôle et tragique, sombre et belle. On se laisse immerger dans la vie de ces quatre amis et de « Elle » (petite amie) qui affrontent les à coups de la vie citadine. Le seul bémol serait sans doute ces interstices en bande dessinée superflue, n’apportant rien au film. A part ça, Eating Air reste une œuvre rythmée, à la fois par la réalisation et la musique qui apportent un certain peps à l’ensemble. Une œuvre qui ne laissera pas indifférente mais qui n’aura sans doute pas le même impact selon le rapport qu’on entretiendra avec ces protagonistes et leurs histoires.

I.D.

When the full moon rises : Vintage [Cycle Singapour, Malaisie]

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Comédie aux relents fantastique, When the full moon rises (2008) de Mamat Khalid rend hommage au cinéma malais des années 1950.

Saleh, un journaliste qui vient de se faire licencier découvre un squelette qui tient dans sa main un poignard. Il se retrouve dès lors à investir dans un village où des hommes disparaissent les uns après les autres. Une femme fantôme serait à l’origine de ces disparitions…

When the full moon rises est un pastiche de ces vieux films avec un détective dans le rôle phare. Ici, le journaliste remplace le détective, il mène l’enquête pour son compte. Surtout, le cinéaste Mamat Khalid tend à reprendre les codes du genre qui étaient utilisés dans les vieilles productions Cathay et Shaw de Malaisie. L’histoire mélange homme-tigre, femme fantôme et groupuscule communiste dans le rôle des « méchants ». On retrouve des personnages énigmatiques, stéréotypés comme son héro qui flirte avec la caricature. Tout y est, un énorme clin d’œil où il s’amuse à mettre en scène un véritable hommage qui va jusqu’à la pellicule en Noir&Blanc qui aurait perdue de ses « couleurs ».

When the full moon rises joue sur des comiques de situations, verbales (que la traduction peinera toujours à rendre parfaite) et sur un second degré omniprésent du début à la fin.

Malheureusement le film va jusqu’à reproduire certains défauts des vieilles productions malaises telles que les longueurs ou la redondances de certaines scènes. Il n’en reste pas moins que le film garde un véritable charme avec une réalisation qui s’avère par moment inspirée. On regrettera une troisième partie qui peine à finir correctement ce long avec notamment l’intrigue dédiée aux communistes qui manque d’intérêt et qui du coup est en demi teinte à côté du reste.

Ainsi donc, When the full moon rises est destiné aux nostalgiques du vieux cinéma malais des studios comme on le faisait dans les années 1950. Pour les aficionados, ils retrouveront avec délectations les artifices qui caractérisaient ce Cinéma. Pour les autres, il se peut qu’ils viennent à se perdre dans un cinéma qui avait une touche trop personnelle, une touche souvent liée à une connaissance certaine de la culture malaisienne, indispensable pour savourer pleinement ce qui se joue face caméra.

I.D.

La Maison aux oiseaux : L’héritage perdu [Cycle Singapour, Malaisie]

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La Maison aux oiseaux / Bird House (2006), premier long métrage du cinéaste Eng Yow Khoo, dépeint le rapport d’une génération malaisienne à l’héritage familial, mais aussi et surtout culturel.

Deux frère, Hua et Keat, se disputent sur l’avenir d’une maison héritée de leur grand-père. L’un souhaite y construire une volière d’hirondelles, l’autre un magasin d’antiquité. Au milieu de cela, un père se veut discret sur les chamailleries de ses fils.

L’importance de l’héritage familiale et culturelle est au centre de ce long métrage. Le cinéaste se veut critique sur une génération qui néglige le poids de ces structures anciennes. Des maisons d’un autre temps qui se veulent loin des clichés d’une société moderne et qui sont pour Hua et Keak des murs sans âmes ou du moins sans grande valeur. Par une réalisation précise, le cinéaste fait résonner les gestes et mouvements des occupants comme pour figer un souvenir futur. Malgré une thématique actuelle et forte, La Maison aux oiseaux manque cruellement de relief. L’ensemble se regarde sans que le film n’interpelle, ni ne captive réellement, dommage. Sans oublier, le choix d’une bande de son dès plus déstabilisante, proche d’un air de comédie sentimentale.

La Maison aux oiseaux est un film à l’esthétisme réussi mais dont la lacune principale reste son manque de puissance narrative.

Diana

samedi 30 janvier 2010

This Longing : The Block [Cycle Singapour, Malaisie]

samedi 30 janvier 2010
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Dans la continuité du Cycle Singapour, Malaisie : le cinéma !, a été projeté jeudi 28 janvier, This Longing (2008) du cinéaste malais Azharr Rudin. Un long métrage qui pose un regard lucide sur Johor Baharu, une ville du sud de la Malaisie dans laquelle un HLM massif git dans un environnement laissé à l’abandon.

A travers cette immeuble, ce « block », le cinéaste pose son personnage principal. Un choix que l’on comprend à mesure que l’histoire avance. Le film divisé en deux parties, narre en premier lieu le quotidien d’un père et d’un fils puis le renouement à un passé d’une jeune femme. Ici, les personnages « humains » s’apparentent à un arrière plan, un fond animé par une construction impersonnelle. Par la mise à l’écran de ces histoires croisées, Johor Bahura nous montre le rythme cyclique qui résulte de cette structure, où les occupants prennent place et se font remplacer, inlassablement.

Par son approche humaniste, Azharr Rudin livre une œuvre touchante, avec une première partie bien plus aboutie que la seconde. Les portraits dont il dessine les contours sont vrais et de ce fait attachants. Il porte à chacun de ces plans, la réalité d’un quotidien vécu par ces occupants : des parties communes sales et détériorés, des ascenseurs en panne alors que git là plus de 10 étages et à quelques pas, un panorama plus contrasté, où s’élèvent des bâtiments modernes. Une fresque lucide sur les deux côtés de la rive où cohabitent HLM d’un côté, et buildings reluisants de l’autre.

Le cinéaste a particulièrement soigné ces séquences de nuit où les jeux d’ombre et de lumière sont remarquables et où les cadres se veulent originaux. Belle réalisation que nous offre Azharr Rudin, à travers This Longing, mêlant plans séquences et caméra embarqué vigoureuse. Le cinéaste réalise un long métrage réfléchi, esthétiquement et intellectuellement intéressant, qu’il clôturera par un long plan sourd où le block A démoli, marque la fin d’une époque.

> Rediffusions jeudi 28 janvier à 20h / Cinéma 2 et samedi 13 février à 17h30 / Cinéma 2

Diana

vendredi 29 janvier 2010

La Malédiction de l’Homme Huile : Le(s) Cri(s) [Cycle Singapour, Malaisie]

vendredi 29 janvier 2010
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La Malédiction de l’Homme Huile / Sumpah Orang Minyak (1958) de P. Ramlee est une production en N&B Malay Film Productions et Shaw Brothers. Le cinéaste malais signe un drame fantastique. Il y tient également le rôle principal.

Á Tualang Tiga, un petit village perdu vit Le Bossu qui est la risée des villageois. Il est constamment insulté et battu. Secrètement amoureux de la fille du chef du village, il profite d’une fête pour lui offrir un présent. Le chef du village décide alors de l’expulser et lui interdit de revenir aux villages. Esseulé, Le Bossu se maudit jusqu’à ce que les membres d’un palais féerique apparaissent. Le chef du palais (messager de Dieu ?) lui propose un vœu. Le Bossu désire devenir beau, c’est chose faite. Mais pour conserver sa nouvelle apparence, il ne devra tuer personne et ne pas être fier. Le Bossu maintenant surnommé Le Beau retourne dans son village natale où trois années se sont écoulées…

La Malédiction de l’Homme Huile est une œuvre kitschissime. Elle est rempli d’artifices qui donnent tout son charme, sans pour autant susciter l’emballement. Le film se laisse regarder, c’est vrai. De là à le vivre complètement, non. La raison est simple, la barrière. Celle qui permet d’assimiler tout le folklore que représente l’Homme Huile dans le panorama cinématographique malais. Si le personnage eut son heure de gloire, un personnage qui s’avère être un violeur en série (rien que ça), est depuis tombé en désuétude. Pourtant, La Malédiction de l’Homme Huile conserve une importance, tant sur les moyens employés à l’époque que sur la morale (ou devrais-je dire les morales) engagée. Ainsi on est en droit de se demander : quel regard alors gardons-nous de ce film de P. Ramlee ?

La Malédiction de l’Homme Huile passe par différent stade. Le drame qui montre la méchanceté d’un groupe qui n’accepte pas la différence. Le fantastique qui permet l’évasion de sa condition. La chance donnée. Le renouveau. L’acceptation du plus grand nombre, un regard cynique sur les masses qui encore une fois n’accepte que la norme. Et puis le drame à nouveau, la fatalité qui frappe et la sanction symbolique. Si Le Bossu est devenu Le Beau, ce dernier enfreint les règles établies par le chef du palais. Il sera alors invisible de tous et perdra les personnes tant chéries. Il perd sa condition d’homme « normal ». Dès lors, le fantastique reprendra le dessus et le diable lui fera une offre qu’il ne refusera pas. Pour ainsi jouir à nouveau d’un physique qui lui permettait d’être accepté de tous.

P. Ramlee engage alors La Malédiction de l’Homme Huile dans un troisième partie dévastatrice. Le Beau devenu l’Homme Huile laisse derrière lui les corps violés de femme sans défense. Les victimes s’enchaînent au rythme des cris qui alertent de l’acte infâme qui se joue. Des cris de victime qui rappellent un autre cri, celui du droit à la différence, le cri d’un mal-aimé, mit au ban d’un village (la société), un cri qui fait échos à tant d’autre. La cause et les conséquences. Si la différence du Bossu avait été accepté, aurions-nous connu ces catastrophes en chaîne ? Sous couvert d’un film fantastique, P. Ramlee interroge sur sa place dans la société et notre rapport à l’autre. Notre rapport au droit à la différence et non à l’indifférence. La Malédiction de l’Homme Huile, œuvre humaniste ?

I.D.

mardi 26 janvier 2010

Turbulence : La peau douce [Cycle Singapour, Malaisie]

mardi 26 janvier 2010
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Une production Malay Film Productions, Shaw Brothers, Merdeka Studios : Turbulence / Gelora (1970) est l’une des dernières oeuvres cinématographiques que le cinéaste P. Ramlee ait mise en scène (et interprété) avant de mourir prématurément d’une crise cardiaque à l’âge de 44 ans en 1973.

Kamal est amoureux d’Iman. Cette dernière vit seule avec sa mère, Salmiah. Lorsque Kamal rencontre Salmiah, une attirance nait entre eux. Le jeune homme mit à la porte de chez lui vient habiter avec les deux femmes. Une liaison commence alors entre Kamal et Salmiah jusqu’au jour où Iman la découvre et fuit du domicile. Elle se rapproche dès lors de son patron, Hamdan…

Turbulence est une œuvre surprenante, audacieuse par son propos à une époque où le conservatisme était de mise. Voir une telle œuvre aujourd’hui donne toute l’importance aux différents sujets traités. Si l’œuvre fait preuve d’audace pour l’époque, elle n’en garde pas moins cette force encore de nos jours. Il n’est pas sûr qu’elle puisse jouir encore aujourd’hui d’une exploitation dans une salle malaisienne sans subir certaine contrainte. On assiste à un film qui traite de l’amour inter-générationnel, de la trahison amoureuse mais aussi et tout particulièrement d’une famille mono-parentale dont la mère, émancipée se fait entretenir en échange de service en nature. Sans oublier une fin qui pourrait faire pâlir certains censeurs. Un tableau peu reluisant donc que P. Ramlee réalise avec des artifices kitsch qui donnent tout le charme à une œuvre vivante et sans temps morts.

Sous une musique enivrante très sixties, Turbulence dépeint une jeunesse qui s’amuse entre mini jupe, danse endiablée et l’émergence du mouvement hippie. La musique mais aussi les sons employés ont leurs importances pour le déroulement de l’intrigue. P. Ramlee emploie des sons qui pourraient surprendre en premier lieu mais qui sont utilisés à bon escient comme pour annoncer l’importance d’une scène qui aura des conséquences pour la suite des évènements. Un cheminement inexorable vers le point de non-retour. En effet, l’auteur insuffle aux images des effets sonores qui pourraient être tout droit sortis d’un film d’horreur ou bien d’un film à suspense ce qui rend l’œuvre par moment comique sans le vouloir. La démarche de P. Ramlee est donc de nous inviter dans un drame qui trouvera son paroxysme à partir d’un point de rupture qui reflètera tout le désespoir d’une femme.

P. Ramlee met en scène avec Turbulence une œuvre de référence tant sur la sensualité qu’il parvient à dégager des scènes romantiques que pour les propos développés en filigrane tout du long. On notera également une troisième et dernière partie qui seront d’une noirceur extrême. Avec un certain recul, on se surprend à voir l’existence d’un tel film qui va au-delà des stéréotypes qui régissent les films de studio. Et c’est avec un certain enthousiasme qu’on la découvre et qu’on la plébiscite. Turbulence est une œuvre à découvrir comme un film majeur et trop rare du patrimoine malaisien.

> Rediffusion dimanche 14 février 2010, 14h30, Cinéma 1

I.D.

lundi 25 janvier 2010

The Big Durian : Chow Kit ‘87 [Cycle Singapour, Malaisie]

lundi 25 janvier 2010
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The Big Durian (2003) (projeté dans le cadre du Cycle Singapour, Malaisie et présenté par le cinéaste, vidéo à venir) est la deuxième réalisation du cinéaste malais Amir Muhammad. Ce film mélange documentaire et fiction pour faire le voile sur un évènement qui a ébranlé la Malaisie. Dans la nuit du 18 octobre 1987, un soldat d’origine malaise armé d’un M16 a un excès de folie, il tue aveuglement dans le quartier de Chow Kit à Kuala Lumpur, un quartier qui s’avère être à majorité chinoise. Cet acte a pour conséquence une panique générale ainsi qu’une réaction hostile des différentes communautés par des manifestations aux relents racistes…

Subversif. Amir Muhammad fait preuve d’une certaine audace en réalisant un tel film. Premièrement, il décide de mettre au goût du jour un chapitre historique qui a fait grand bruit dans la capitale malaise. Á savoir l’acte fou inexpliqué d’un homme qui a eu des suites néfastes pour la population (d’origine) chinoise, ou du moins cet acte fut prétexte pour certain malaisien d’exposer sur le devant de la scène leur animosité envers la communauté chinoise, deuxième groupe politique le plus important du pays. Deuxièmement, en plus de remuer des souvenirs terribles pour nombre de malaisien qui préfère taire ce fait, l’auteur n’hésite pas à égratigner le gouvernement de son pays notamment en fustigeant les personnes qui ont profités de cette attaque en bonne et due forme. Il fustige ainsi des hommes politiques de l’époque ainsi que l’organe principal du parti politique malais au pouvoir qui firent emprisonner certains activistes chinois accusés d’être « communiste ». Encore aujourd’hui ce motif est utilisé pour faire taire certaines oppositions au pouvoir en place.

Devoir de mémoire. Si beaucoup tente d’oublier ou préfère taire ces évènements, Amir Muhammad revient avec insistance sur cette situation de crise en faisant témoigner pas moins de vingt trois malaisiens lambda. Ces derniers s’expriment à tour de rôle pour raconter ce passé mais aussi l’état actuel des choses : la relation entre les différentes communautés en cause. Il leur donne la parole. Malais comme Chinois, Malais d’origine chinoise. De générations différentes, ils donnent leur point de vue, leur ressentit. Certains étaient à peine nés, d’autres étaient adolescents ou ont vécu cette période sous tension au plus prêt. Pour faire digérer un sujet qui se veut tendancieux, Amir Muhammad mélange de vrais témoignages à des propos joués mais qui respectent des témoignages réels. Il crée une réalité alternative pour mieux cerner ces évènements qui ont menés à une telle situation. Le cinéaste malais utilise alors l’arme de humour mais sait être également corrosif sans jamais tomber dans la démagogie ou le populisme.

Informatif. The Big Durian est un film intéressant. Intéressant parce qu’il tente de comprendre et rappeler des évènements symptomatiques d’une Malaisie pluri-ethniques. Intéressant parce que lorsqu’on connait la Malaisie, on sait qu’elle est composée de tout un tas de dualismes. Intéressant parce qu’il permet de mieux comprendre tout ce marasme qui fait de ce pays, un pays si singulier par son histoire, ses communautés, ses religions ainsi que ses us et coutumes. Intéressant parce que même lorsqu’on est étranger à ce pays et à son fonctionnement, Amir Muhammad rend les choses claires et compréhensives. The Big Durian est habilement construit et offre un regard pertinent et critique.

> Rediffusion. Mercredi 3 février 2010, 20h, Cinéma 1

Part.1

Part.2

Part.3

Part.4


I.D.

Malaysian Gods : Malaysia 98/99 [Cycle Singapour, Malaisie]

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Malaysian Gods (2009) d’Amir Muhammad est un documentaire qui s’intéresse à un évènement qui a touché la Malaisie en septembre 1998 et les conséquences qui en découlèrent. Le réalisateur était d'ailleurs là pour présenter et débattre de son long métrage (Vidéo au bas de l'article).

Anwar Ibrahim, un homme politique malais est démis de ses fonctions. Il est condamné pour corruption et sodomie à une peine de quatorze ans de prison. Il en résulte des manifestations contre le pouvoir en place. L’auteur revient sur ses lieux de manifestations pour y interroger des personnes qui y vivent ou qui y travaillent.

Malaysian Gods donne la parole à la minorité indienne d’origine tamoule qui vit en Malaisie tout en y inscrivant les répercussions au renvoi et à la condamnation d’Anwar Ibrahim. L’auteur prend le parti de ne montrer aucune archive préférant raconter ces évènements à travers des explications écrites qui sont dès lors chapitrées par des intertitres. Ces explications, il les entrecoupe par des interviews d’individus en lieux et place de l’agitation qui fit ébranler le pouvoir malais de l’époque. Si nombreux protestèrent pour la réhabilitation d’Anwar Ibrahim, le cinéaste malaisien nous apprend que certaine manifestation alimentait le désir de voir une nouvelle Malaisie, à cela la communauté indienne réclamait un changement de leur situation, à savoir une reconnaissance à part entière.

Le moins que l’on puisse dire en voyant Malaysian Gods c’est qu’Amir Muhammad fait preuve d’audace tant dans le propos que la manière dont il expose son sujet. Il s’attaque non sans un certain humour au gouvernement de l’époque et a toujours quelques mots acerbes sur la Malaisie actuelle. Il sait être drôle, incisif et cynique par le regard qu’il porte sur une période de l’histoire de son pays. Surtout, il parvient sans même s’aider d’archives ou bien d’interroger des protagonistes de l’époque à expliquer avec simplicité des évènements auxquels on pourrait être étranger. Ainsi, Malaysian Gods se veut ludique et captivant par la force qu’a l’auteur à réaliser un film savamment rythmé mais aussi aux choix judicieux de ses intervenants qui apportent une authenticité, celle de la rue.

Malaysian Gods apostrophe. Ce documentaire d’Amir Muhammad parvient clairement à nous raconter une part de la Malaisie, une part infime de son histoire contemporaine, un interstice. L’auteur revient dix ans après sur des évènements qu’il explicite avec conviction et souligne un constat important sur la politique malaise mais également sur la situation de la communauté (minoritaire) indienne. Il livre une œuvre réussie qui sait interroger. Une œuvre marquante qui révèle toute la complexité qu’est un pays comme la Malaisie.

Part.1


Part.2


Part.3

I.D.

dimanche 24 janvier 2010

Du côté de la Malaisie et de Singapour avec Chris Chong Chan Fui et Ming Wong [VIDEO]

dimanche 24 janvier 2010
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Comme je vous l'avais précisé dans un billet du 23 janvier, deux réalisateurs, Chris Chong Chan Fui (Malaisien) et Ming Wong (Singapourien) étaient présents le 21 janvier afin de discuter sur l'art cinématographique de Singapour et Malaisie. Je vous laisse découvrir l'intégration de cette séance spéciale en 3 parties :

Part.1

Part.2

Part.3

Diana

Karaoke : Sur la mesure [Cycle Singapour, Malaisie]

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Premier long-métrage qui fut présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2009, Karaoke (2009) du cinéaste malais Chris Chong Chan Fui (séance en présence du réalisateur, vidéo au bas de cet article) est une œuvre sur le retour au pays natal.

Betik revient dans son village natal en Malaisie. Il y retrouve sa mère qui tient le karaoké depuis la mort de son père. Un établissement qu’elle souhaite vendre. Il y retrouve aussi un amour, une région, un passé. Tout en aidant sa mère au karaoké le soir, Betik travaille sur la réalisation de clip vidéo pour karaoké le jour…

Karaoke est une visite guidée, celle d’un individu qui retrouve un village qu’il avait abandonné. Un village qu’il ne reconnaît plus, un village que les années ont changé. Betik semble être un spectre qui revisite un passé qui n’est plus. Il erre tel un corps flottant d’un lieu à l’autre, découvre une faune, une agitation qu’il ne savait plus. Il se perd dans les méandres du changement, celui qui rouille les vieilles machines de son père dont le souvenir reste ainsi que les méandres relationnels. D’une part, une mère qui veut vendre un lieu qui rattache Betik à une identité propre sans prendre son avis en considération. D’autre part, une jeune femme dont on comprend qu’il partageait une relation privilégiée (un amour ?) mais que son départ a changé. Son retour est une désillusion qui se fait échos dans les paroles des chansons qui défilent sur les vidéos clips de karaoké. Betik devient alors un étranger pour les personnes qui l’entourent, seul avec lui-même, seul avec un passé disparu et un futur incertain.

En l’espace de 67 minutes, Karaoke parvient à nous plonger dans un univers à la fois éthéré quasi fantasmagorique et une réalité pessimiste. Plastiquement, Chris Chong Chan Fui met en scène une œuvre belle et réussie où son personnage principal nous guide dans une région qu’il redécouvre après l’avoir quitté quelques années plus tôt. Tout y est affaire de contraste. L’établissement de karaoké qui s’apparente à un boui-boui tranche avec les jolis paysages des vidéos clip de karaoké diffusés sur le petit téléviseur. Des vidéos clip idylliques qui contrastent eux-mêmes souvent avec des paroles de chansons tristes lesquelles résonnent dans ce personnage principal qu’est Betik. On passe d’une forêt de palmiers paisible et reposante à une usine qui vit de cette industrie. Une usine où le brouhaha nous envahit de part en part comme un retour à une réalité actuelle. Une usine qui permet au village de vivre, économiquement parlant, alors que le karaoké familiale est voué à disparaître.

Chris Chong Chan Fui signe avec Karaoke un bonne première œuvre qui n’est pas exempt de défauts, mais cela reste mineur au vu de son œuvre profondément atmosphérique qui sait nous emporter dans un univers singulier. Chris Chong Chan Fui qui faisait déjà preuve d’une grande qualité de travail et d’inventivité sur son court-métrage : Block B (2008) est d’ores et déjà un cinéaste à suivre.

La projection fut suivie d'une discussion avec le réalisateur Chris Chong Chan Fui qui s'est volontiers prêter au jeu des questions/réponses :


> Rediffusion le lundi 15 février à 20h - cinéma 2
I.D.

samedi 23 janvier 2010

Du côté de la Malaisie et de Singapour avec Chris Chong Chan Fui et Ming Wong [Cycle Singapour, Malaisie]

samedi 23 janvier 2010
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Se tenait mercredi 21 janvier, une séance en présence de deux réalisateurs, Chris Chong Chan Fui (Malaisien) et Ming Wong (Singapourien). Le rendez-vous avait pour vocation d’ouvrir le débat sur l’art cinématographie de Singapour et Malaisie à la suite de la projection de deux courts métrages « aux frontières des arts plastiques » [Retrouver les photos à la fin de l'article].

Block B de Chris Chong Chan Fui (2008) se veut une œuvre singulière. A travers un seul et unique plan, celui d’un immeuble où grouille une multitude de foyers à majorité indienne, Chris Chong Chan Fui témoigne d’une micro-société en plein cœur d’une ville moderne. On se veut témoin d’un quotidien que l’on voit à travers ce plan fixe, perturbant au début car dense, puis captivant par la richesse qu’apporte l’exercice de retranscription que fait l’auteur. Un exercice qui révèle une réalité, celle de ces familles immigrées se plaignant de leurs conditions de vie difficiles et précaires, souvent loin d’un confort par le passé connu. Le cinéaste signe un court métrage à l’esthétisme certain malgré une apparente simplicité. Une œuvre qui se veut artistique à l’image d’un tableau vivant et sociale par le regard lucide que porte Chris Chong Chan Fui sur sa Malaisie natale.

Deuxième projection, Four Malay Stories (2005) de Ming Wong, un jeune réalisateur Singapourien qui nous livre un court métrage perturbant, c’est le moins qu’on puisse dire, mais ne présentant que peu d’intérêt dans les salles obscures. Un écran divisé en quatre. Quatre scènes se déroulant en même temps avec des personnages différents (inspirés des films des années 50’ à 70’ de P.Ramlee) qui parlent en même temps. Les dialogues se chevauchent et se répètent. Nos yeux et oreilles se perdent devant cet afflue d’informations, incompréhensible pour un humain normalement constitué (du moins je le pense ?). La fin est plus lisible, puisque sur ces 4 blocs certains disparaissent et fond place à d’écrans noirs, permettant de mieux suivre les autres scènes et dialogues. On perçoit une ligne conductrice qui serait celle de la tourmente et la souffrance humaine. Four Malay Stories de Ming Wong est un court métrage expérimentale dont la place aurait été davantage celle d’une salle d’art et d’essai. D’ailleurs le réalisateur a précisé que son court métrage était à l’origine présentée sur 4 écrans différents.

[Chris Chong Chan Fui][Ming Wong]

Diana

vendredi 22 janvier 2010

Rétrospective des studios La Tôei - Du 21 janvier au 20 mars [Maison de la culture du Japon]

vendredi 22 janvier 2010
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La Maison de la culture du Japon propose le 3ème volet de sa rétrospective des grands studios Japonais. La Tôei sera ainsi à l’honneur du 21 janvier au 20 mars. En tout, une sélection de 27 films sera à l’affiche dont Police contre Syndicat du Crime (1975) de Kinji Fukasaku, Femmes de Yakuzas (1986) de Hideo Gosha

Tarifs
4 € / Réduit 3 € / * films en entrée libre
(dans la limite des places disponibles)

Où ?
A la Maison de la culture du Japon,
101 bis, quai Branly - 75015 Paris
Métro 6, Bir-Hakeim, RER C, Champ de Mars - Tour Eiffel


jeudi 21 janvier
• Rétrospective Toei - La tour des Lys à 17h00
• Rétrospective Toei - Le mont Fuji et la lance ensanglantée à 20h00

vendredi 22 janvier
• Rétrospective Toei - Le riz à 17h00
• Retrospective Toei - L’épouse du château des Ôtori à 20h00

samedi 23 janvier
• Rétrospective Toei - Le col du grand Bouddha à 15h00
• Rétrospective Toei - Le col du grand Bouddha 2 à 17h30
• Rétrospective Toei - Le col du grand Bouddha 3 à 20h00

mercredi 27 janvier
• Rétrospective Toei - Le conspirateur à 17h00
• Rétrospective Toei - Un amour pur à 20h00

jeudi 28 janvier
• Rétrospective Toei - Contes cruels du bushidô à 17h00
• Rétrospective Toei - Ma mère dans les paupières à 20h00

vendredi 29 janvier
• Rétrospective Toei - Le grand attentat à 17h00
• Rétrospective Toei - Hommes, porcs et loups à 20h00

samedi 30 janvier
• Rétrospective Toei - Le couvent de la bête sacrée à 15h00
• Rétrospective Toei - La pivoine rouge : les jeux sont faits à 17h00
• Rétrospective Toei - Les treize tueurs à 20h00

mercredi 3 février
• Rétrospective Toei - Combat sans code d’honneur à 17h00
• Rétrospective Toei - Le sang de la vengeance à 20h00
jeudi 4 février
• Rétrospective Toei - La pivoine rouge : le retour d’Oryû à 17h00

vendredi 5 février
• Rétrospective Toei - Le détroit de la faim à 19h00

samedi 6 février
• Rétrospective Toei - Le mont Fuji et la lance ensanglantée à 15h00
• Rétrospective Toei - La maison des geishas à 17h00

mercredi 10 février
• Rétrospective Toei - Police contre syndicat du crime à 17h00
• Rétrospective Toei - Dans l’ombre du loup à 20h00

jeudi 11 février
• Rétrospective Toei - Nouveau combat sans code d’honneur à 17h00
• Rétrospective Toei - Femmes de yakuzas à 20h00

vendredi 12 février
• Rétrospective Toei - Zegen, le seigneur des bordels à 17h00
• Rétrospective Toei - Le riz à 20h00

samedi 13 février
• Rétrospective Toei - L’épouse du château des Ôtori à 15h00
• Rétrospective Toei - Le conspirateur à 17h00
• Rétrospective Toei - La tour des lys à 20h00

vendredi 26 février
• Rétrospective Toei - Le détroit de la faim à 20h00

samedi 27 février
• Rétrospective Toei - Femmes de yakuzas à 17h00
• Rétrospective Toei - Contes cruels du bushidô à 20h00

vendredi 5 mars
• Rétrospective Toei - Combat sans code d’honneur à 17h00
• Rétrospective Toei - Nouveau combat sans code d’honneur à 20h00

vendredi 12 mars
• Rétrospective Toei - Police contre syndicat du crime à 17h00
• Rétrospective Toei - La pivoine rouge : le retour d’Ôryû à 20h00

samedi 13 mars
• Rétrospective Toei - La légende des yakuzas à 15h00
• Rétrospective Toei - Le sang de la vengeance à 17h00
• Rétrospective Toei - Dans l’ombre du loup à 20h00

vendredi 19 mars
• Rétrospective Toei - Le couvent de la bête sacrée à 17h00
• Rétrospective Toei - La pivoine rouge : les jeux sont faits à 20h00

samedi 20 mars
• Rétrospective Toei - Ma mère dans les paupières à 15h00
• Rétrospective Toei - La maison des geishas à 17h00
• Rétrospective Toei - Zegen, le seigneur des bordels à 20h00

jeudi 21 janvier 2010

Rencontre avec Hwang Sok-yong [Centre culturel Coréen]

jeudi 21 janvier 2010
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L’écrivain coréen Hwang Sok-yong était invité ce mercredi 21 janvier 2010 à 18h30 au Centre Culturel Coréen pour présenter Shim Chong, fille vendue qui parait chez Zulma.

Après la présentation de l’auteur et de son livre, ce dernier s’est prêté au jeu des questions/réponses qui fut malheureusement trop courte à mon goût. L’auteur s’est bien entendu exprimé sur Shim Chong, fille vendue mais également sur son passé ainsi que ces œuvres antérieurs revêtant un aspect historique. S’en est suivi une sympathique séance de dédicace ainsi que des rafraîchissements servis par les membres du Centre.

Shim Chong, fille vendue prend place à la fin du XIXème siècle. On suit une adolescente qui est vendue pour alimenter la traite des blanches qui sévit alors en Asie du Sud-Est. Son métier de prostituée forcée va la faire voyager au quatre coin de l’Asie sur fond d’impérialisme occidental. On découvre à travers le parcours initiatique de Shim Chong l’envers d’un décor peu reluisant…

Vous pourrez également retrouvé l’écrivain Hwang Sok-yong dans l’émission d’Arte : Metropolis, le 27 février 2010.

Par ailleurs, félicitation au Centre Culturel Coréen pour cette très bonne initiative. Ce fut un véritable plaisir de rencontrer en personne un auteur admirable dont Le Vieux Jardin m’avait bouleversé et dont les mots résonnent encore en moi.

Bibliographie des ouvrages parus en France :

La Route de Sampo ; Zulma, 2002
Le Vieux jardin ; Zulma, 2005
Monsieur Han ; Zulma, 2002
L'Ombre des armes ; Zulma, 2003
L' Invité ; Zulma, 2004
Les Terres étrangères ; Zulma, 2004

I.D.

mercredi 20 janvier 2010

Flooding in the Time of Drought/Drought : Film Fixe 2 [Cycle Singapour, Malaisie]

mercredi 20 janvier 2010
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Après la première partie Flood qui relatait un Singapour en pleine inondation, Sherman Ong signe Flooding in the time of Drought : Drought (2009), deuxième et dernière partie qui s’intéresse ici à un Singapour en pleine sécheresse à travers plusieurs portraits de migrants (indonésien, indien, italien ou encore malais).

Flooding in the Time of Drought : Drought est une deuxième partie qui s’apparente à la première qu’était Flooding in the Time of Drought : Flood. Sherman Ong reprend une mise en scène “pauvre” en employant un plan, une séquence. Pourtant contrairement à Flood, Drought jouit parfois d’un travail de cadre, chose rare pour ne pas le souligner. Autre différence, les acteurs semblent plus vivants. Du coup, il y a un intérêt à les suivre, chose qui n’était pas le cas pour les migrants de Flood où l’inintérêt prédominait justement. Nous n’échappons tout de même pas à quelques dialogues qui s’inscriraient dans du pur drama ou bien des relents d’une production des années 1990 d’AB Production.

Dans Flooding in the Time of Drought : Drought, Sherman Ong s’autorise à dépasser le cadre des HLM singapouriens. Ainsi, il nous montre Singapour sans doute dans la scène la plus criante et la plus captivante. Une caméra vers l’extérieur alors que nous voyageons dans un bus. Un travelling latéral qui nous laisse scruter un Singapour en plein changement. Des chantiers énormes côte à côte alors qu’une voix off s’exprime sur la tristesse des gens des villes. Fort. Ensuite cela se complique. Si Drought est meilleur que Flood, il n’en reste pas moins un film qui s’oubliera avec d’autres. La montée en puissance du cinéaste restera vaine et laissera, là encore nombre de spectateur sur le bas côté de la route.

Drought est une reproduction améliorée d’un Flood qui s’intéresse à quelques individus, ces migrants qui peuplent Singapour. Des migrants avec leurs tracas qui continuent à vivre bon gré mal gré même avec un Singapour en plein bouleversement. On notera la performance du couple indien qui apporte un souffle vivifiant et qui conclut ce film avec une aura fantastique. L’auteur se permet même de bouger sa caméra de son axe, c’est assez surprenant pour ne pas en faire état ici. Et pour ceux qui voudrait en savoir plus, direction le blog officiel de ce film en deux parties : http://floodinginthetimeofdrought.blogspot.com/.

> Rediffusion le dimanche 28 février 2010 à 14h30, Cinéma 1

I.D.

dimanche 17 janvier 2010

Eric Khoo au Centre Pompidou - Vidéo [Cycle Singapour, Malaisie]

dimanche 17 janvier 2010
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A l'occasion de la venue d'Eric Khoo au Centre George Pompidou, nous avons pu filmer sa présentation de Mee Pok Man (son premier long métrage) :


Et pour accéder aux photos : Photos d'Eric Khoo 2010

Diana

Les 3 Célibataires font du Cinéma : « Bujang Lapok » [Cycle Singapour, Malaisie]

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Production Malay Film Productions, Shaw Brothers, Les 3 Célibataires font du Cinéma / Seniman Bujang Lapok (1961) de P. Ramlee met en scène un trio comique ayant officié sous le nom de « Bujang Lapok ». Ce film est le dernier épisode de la série tourné dans les studios de Run Run Shaw à Singapour.

Ramlee, Ajis et Sudin sont trois amis sans le sou. Ils décident de tenter leur chance en tant qu’acteur. Ils se rendent aux studios de tournage et passent une audition avec succès malgré les gaffes accumulées tout du long. Ils sont engagés au grand désarroi du réalisateur, Ahmad Nisfu. En parallèle, Ramlee est amoureux d’une voisine qui a les mêmes sentiments à son égard, mais cette dernière est convoité par un autre homme sans scrupules…

Les 3 Célibataires font du Cinéma serait le moins pire. Le moins pire ? Oui, parmi les vieux films visionnés jusqu’alors dans le Cycle Singapour, Malaisie : Le Cinéma ! au Centre Pompidou. Il faut dire que jusqu’aujourd’hui l’ennui et la consternation étaient souvent de rigueur. Pourtant, ce film parvient à insuffler un peu d’optimisme qui avait jusque là pris fuite. Ces trois célibataires ne sont pas exempts de défauts pour autant. On pourra reprocher des scènes désuètes, sans intérêts, qui n’apportent rien au récit, des gags pas toujours fins et qui ne prêtent pas toujours aux rires. Question de sensibilité sans doute sur ce dernier point.

En deçà, Les 3 Célibataires font du Cinéma se laisse regarder sans réellement ennuyer. On suit les aventures de ces trois « corniauds » sans sourciller entre la découverte des studios de l’époque et leur lieu de vie où les trois partagent une chambre dans ce qui s’apparente à une énorme maison en bois où vivent nombre de personnes. Les acteurs sont plutôt bons, disons que l’on a vu pire. Finalement, on regarde ce film un peu béatement, souriant parfois, pouffant de rire de temps en temps sans aller dans les éclats, mais aussi en soufflant par moment d’une lassitude qui prend place ponctuellement.

On regrettera deux choses dans Les 3 Célibataires font du Cinéma de P. Ramlee. Premièrement, les chansons n’ont pas été sous-titrés et cela est bien dommage tant elles semblaient retranscrire l’état des personnages. Je pense que ces sous-titres auraient apporté un petit plus sachant que les chansons furent traduites dans les autres films du Cycle (du moins ceux vus jusqu’à maintenant). Deuxièmement, le fait que le cinéaste n’est pas montré plus l’envers du décor, celui du lieu d’habitation, qui avec les années passées nous montre la vie en communauté de l’époque. Il utilise peu judicieusement ce lieu, dommage.

Les 3 Célibataires font du Cinéma du réalisateur P. Ramlee n’est pas un grand film mais un film qui parvient tout de même à inciter l’envie de le suivre et ce même sans avoir vu le reste de la série des « Bujang Lapok », dont les dernières images font échos de personnages jamais vus durant ce long.

I.D.

jeudi 14 janvier 2010

Lucky7 : Cadavre exquis ? [Cycle Singapour, Malaisie]

jeudi 14 janvier 2010
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Sept cinéastes Singapouriens se prêtent au jeu du « cadavre exquis » et nous livre Lucky7 (2008) un film collectif de 87 minutes. L’exercice est périlleux et les résultats ont souvent été décevants. Force est de constater que Lucky 7 ne déroge pas à la règle. Le film se veut inégale et la volonté de « faire que l'ensemble soit encore plus intéressant que la somme de ces films » passe à la trappe… On assiste non pas à un « tout », mais à une succession de 7 courts métrages sans direction commune.

Sur ces 7 essais, 3 m’auront marqué, disons en toute objectivité qu’il s’agit des courts métrages dont la réalisation a été la plus classique. Le premier segment de Sun Koh sur la relation difficile d’un père et d’un fils n’est pas inintéressant et est plutôt bien réalisé. Un père vit ces derniers jours chez un fils pour qui il n’a pas eu de considération durant des années. Le court métrage n’est pas exempt de défauts (scène où le personnage principal se met à chanter…) mais reste un essai attachant. Le segment #3 de Boo Junfeng amène le sujet tabou de la transsexualité. Un jeune homme vit la transformation physique de son partenaire, qui souhaite devenir une femme. Dans un cadre intimiste, le réalisateur dépeint un instant important de la vie d’un couple entre nostalgie et renouveau. Un moment à la fois poétique et touchant. Le dernier segment de Sania Sng (segment #7) surfe sur une vague plus légère. Un homme squatte un banc dans un parc. Il suit les allées et venues des promeneurs : couple, jeune femme Malaisienne… Si ce segment se laisse regarder et fait preuve d’humour, il ne délivre aucun message, ni point de vue particulier et manque par conséquence de teneur. Le segment est jovial et apporte sa dose de bonne humeur. Bref un bon digestif pour finir ce jeu du « cadavre exquis ».

Les segments restants jouent dans l’expérimental, ce n’est à vrai dire pas ce qui m’a gêné le plus. Ce qui est perturbant, c’est la faculté qu’ont ces réalisateurs de bannir le fond et le sens au profil de la forme. L’audace aurait été payante si le fond n’avait pas été autant délaissé. On se retrouve devant des charabias esthétiques, artistiques diront certains, dont on ne parvient à déceler les réels propos. Forcément, ça lasse…

Lucky7 n’est pas une grande réussite, c’est certain. Déception pour cet essai ambitieux et périlleux dont on attendait beaucoup, surtout après avoir vu l’excellent film collectif Malaisien 15MALAYSIA. L’audace et le talent du cinéma Singapourien avaient pourtant de quoi impressionner. A charge de revanche…

> Rediffusion samedi 13 février à 14h30 - cinéma 1

Diana

 
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