lundi 25 juillet 2011

The Murderer (The Yellow Sea) : Joseonjok

lundi 25 juillet 2011
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Le cinéaste Na Hong-jin avait beaucoup fait parler de lui avec son thriller The Chaser. Il nous revient avec son deuxième long-métrage, The Murderer (The Yellow Sea) / Hwang-hae (2010).

Dans le Yanji, Gun-nam un chauffeur de taxi qui croule sous les dettes joue au mah-jong pour les éponger. Il a emprunté de l’argent à des malfrats pour acheter le visa de sa femme partie pour la Corée du Sud. Il est depuis sans nouvelle d’elle. Myun, le chef de la pègre locale lui propose d’effacer sa dette en assassinant un homme qui vit en Corée du Sud. Gun-nam accepte le contrat avec l’espoir de retrouver sa femme…


dimanche 24 juillet 2011

The Beast Stalker : Le point de convergence

dimanche 24 juillet 2011
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Dante Lam livre un petit polar sous haute tension avec The Beast Stalker / Ching Yan (2008). Il oppose dans un face à face de haute volée Nicholas Tse Ting Fung à Nick Cheang Ka Fai.

Un policier tente de retrouver la fille d’une jeune procureur qui a été enlevée pour faire pression sur une affaire de justice…

The Beast Stalker a le mérite de nous tenir en haleine, à l’heure où le polar hongkongais fait pâle figure. Il y a de l’intensité, une mise en scène maîtrisé, une histoire simple mais efficace, des prestations d’acteurs qui donnent le « la ». Dante Lam met en scène des gueules cassées par la vie, des destins tragiques qui se rencontrent dans une impasse glauque.

Blast (City Under Siege) : Mutants

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Un film de “super-héros” à la sauce hongkongaise ? Blast / Chuen Sing Gai Bei (2010) de Benny Chan Muk Sing (également co-scénariste) est de ceux-là. Le cinéaste surfe sur la mode qui voit depuis ces dernières années un afflux de ces « super-héros » sur les grands écrans qui nous viennent d’Hollywood. On y suit Sunny, un clown de cirque qui rêve de devenir lanceur de couteau à l’image de son père décédé. Il est la risée d’une bande qui travaille avec lui. Un soir, Sunny suit ses collègues qui découvrent un ancien laboratoire de l’armée nippone lequel date de la Seconde Guerre Mondiale. Ils inhalent tous par accident un gaz toxique. Bientôt ils se transforment…

Benny Chan se voit gratifier d’un budget conséquent pour mettre en scène Blast. Qu’en résulte-t-il ? Artistiquement, Benny Chan se débrouille plutôt bien. Il offre une réalisation qui sait être entraînante. Pourtant, il lui manque cette touche qui rend les œuvres si singulières. En gros, Blast c’est un divertissement calibré, honnête sur ce qu’il nous donne à voir. Enfin tout est relatif. Il y a de l’action, de la comédie, des larmes aussi. Qu’est-ce qu’il nous montre justement ? De l’action qui fait plus penser à du wu xia pian qui est ici transporté dans notre univers contemporain. Action câblée pas trop mal chorégraphiée (on reste sur une vision bien hongkongaise) mais quelque peu feignante en vérité. Dommage, le film aurait mérité de sortir du carcan wu xia pianiste et d’inventer son propre univers. Les effets spéciaux ne sont pas terribles. Il y avait pourtant le budget pour (non ?). Disons qu’il manque encore sans doute (à Hong Kong) de l’expérience en la matière. Le scénario n’a rien de transcendant. Les acteurs se tiennent. Décidément, il en résulte quelque chose de désagréable. Plus le film avance et plus le désintérêt grandi. Plus le film avance et plus il est ridicule. L’humour ne passe pas vraiment (ou pas du tout c’est selon). On s’ennuie par moment, notamment avec les scènes plus « posées », et la réalisation dynamique de Benny Chan n’y peut rien. Le personnage de Jacky Wu Jing est pitoyable. Vraiment. Il est d’un grotesque assez navrant. Côté « jeu d’acteur » c’est mal interprété. Ouh que sa « scène lacrymal » est mal jouée, c’est terrible de nullité. Shu Qi fait la belle (on ne va pas se plaindre enfin j’imagine que ce sera surtout la gente masculine qui ne s’en plaindra pas). Zhang Jing Chu porte bien les polos de la marque française au crocodile. Collin Chou Siu Long porte bien les costumes en latex. Intéressons nous à celui qui tient le rôle principal : Aaron Kwok Fu Sing. Il est… n’est toujours pas un bon acteur en 2010. Il porte bien le nez de clown par contre.

Blast après visionnage c’est quoi finalement ? Un pétard mouillé ? Il y a de grande chance. Il est un divertissement voulant concurrencer les grosses cylindrées hollywoodiennes sans y parvenir. Un divertissement qui tire allègrement sur le Z mais sans jamais réussir à donner la couleur : premier, second degré ? Le « tout Z » l’aurait peut-être sauvé. Est-ce une grosse farce ? Ou de ces grosses productions qui se prennent trop au sérieux ? Le résultat est de toute façon décevant. Il n’y a rien à garder. Il y a un côté fauché permanent. Le côté fauché n’est pas un souci en soit tant qu’on s’y amuse. Tant qu’il y a un côté « fun ». Là c’est mou, pathétique, chiant… Blast aka City Under Siege n’a rien d’un film de super-héros, c’est super nul, elle était facile celle-là.

I.D.

jeudi 21 juillet 2011

The Crazy Family : Une famille japonaise

jeudi 21 juillet 2011
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A travers une caricature (plaisante) d’une famille japonaise moyenne, Sogo Ishii signe avec The Crazy Family / Gyakufunsha kazoku (1984) une satire sociale jouissive.

La famille Kobayashi emménage dans une nouvelle maison. Le père est un salarié modèle, la mère est une femme au foyer au petit soin, le fils étudie assidûment pour entrer à l’université et la petite dernière rêve de devenir une « idole ». Bientôt, le grand-père emménage chez eux…

Comédie drôle et emprunte d’une noirceur corrosive, The Crazy Family s’amuse à nous dépeindre le portrait d’une famille modèle qui semble bien sous tout rapport, en surface seulement. Dans une économie prospère, celle du Japon des années 1980, Sogo Ishii nous montre cette famille qui acquiert une maison, symbole de réussite sociale. Une réussite qui aura un effet pervers pour ses membres puisqu’ils s’enferment dès lors petit à petit dans une bulle qui les sépare les uns et des autres. On sent l’éclatement de la cellule familiale poindre, un état de fait qui se produira avec l’arrivée du grand-père qui prend ses aises dans cette nouvelle demeure. Ce personnage du grand-père amorce l’auto-destruction des membres d’une famille qui entre en conflit. Un conflit violent et chaotique qui, dans une joyeuse hystérie collective, nous montre combien le cinéaste japonais aime tourner les situations en ridicule. Un cynisme qui l’habite jusque dans les clins d’oeils parodiques de films d’horreur ou de guerre, à travers lesquelles l’auteur nous offre une œuvre totalement décalée, nous plongeant avec plaisir dans la psychose de ses personnages.

The Crazy Family est une comédie déjantée qui sait être inventive et qui est savamment mise en scène par Sogo Ishii. Une réflexion sur le véritable idéal familial où la propriété n’est pas une fin en soit ou comment détruire un simulacre de « belle vie » pour reconstruire un idéal « sain ».

I.D.

mercredi 20 juillet 2011

Crazy Thunder Road : Guérilla urbaine

mercredi 20 juillet 2011
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Dynamite Production présente Crazy Thunder Road / Kuruizaki Sandâ Rôdo (1980) de Sogo Ishii. Un film explosif.

Dans un futur proche, au milieu d’un environnement désolé, des gangs de bosozokus (motards) s’affrontent. Le leader du gang Maboroshi décide de raccrocher après avoir trouvé l’amour, c’est sans compter sur le désinvolte Jin qui décide de mener le combat contre les autres gangs. Bientôt, il se retrouve acculé et se retrouve embrigadé dans un groupuscule ultra-nationaliste. Mais très vite, il se défait de cette organisation. Il se retrouve seul conte tous…

On se prend une sacrée mandale tout au long de Crazy Thunder Road, une œuvre punk qui est à la fois violente, rageuse et destructrice. Sogo Ishii a de la rage à revendre et il ne se gêne pas le bougre. Il engage de vrais bosozokus, met en scène son film avec les moyens du bord (ceux d’un étudiant en cinéma) à l’image du système D utilisé. Il emploie une caméra à l’épaule nerveuse. Réalise dans un univers de film d’anticipation un pamphlet contre l’idéologie d’extrême droite, un brûlot anti-militariste en traitant de jeunes qui souffrent et qui n’ont pas leur place dans la société. L’ensemble se veut nihiliste et glauque. Une aura de contestation flotte sur cette œuvre, qui est depuis, devenu culte. Culte parce qu’elle a su créer un univers qui a influencé une flopée d’artiste par la suite (cinéma, manga, musique,…) avec son ambiance cyberpunk aux allures post-apocalyptiques. Tel un électron libre, Sogo Ishii à l’image de son personnage Jin (interprété par un très bon Tatsuo Yamada) a cette désinvolture brutale et sans concession. Dans le chaos d’un environnement urbain vétuste, Sogo Ishii ne recule devant rien et nous lance un cocktail Molotov cinématographique hautement subversif.

mardi 19 juillet 2011

True Legend : Delirium tremens

mardi 19 juillet 2011
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Chaque projet d’un grand Maître comme Yuen Woo Ping est attendu par tout fan qui se respecte. Et comme toute œuvre attendue, elle fera débat. True Legend / Su Qi Er (2009) fait inévitablement partie de ceux-là d’autant plus que cette œuvre-là (en l’occurrence) était attendu depuis un bon paquet d’années.

Après une nouvelle victoire, le général Su Can qui luttait aux côtés de son demi-frère Yuan Ying décline le titre de gouverneur et prend sa retraite pour rejoindre sa femme et fonder une famille. Les années passent, Su Can qui est devenu père reçoit la visite de son demi-frère devenu gouverneur. Ce dernier tue leur père avec la technique des Cinq Venins et laisse pour mort Su Can…

Tru Legend souffre d’une mauvaise réputation. Personnellement, j’ai plutôt bien aimé - si je mets de côté les défauts qui le parsèment. Non pas parce que c’est une nouvelle réalisation (tant attendue) de Yuen Woo Ping mais parce que True Legend offre un spectacle plus que respectable dans de beaux décors. D’une part le casting. Heureux de revoir un Vincent Chiu Man Chuk camper à nouveau un tel rôle. Andy On Chi Kit en super méchant tout pâle comme revenu d’entre les morts avec sa technique des Cinq Venins, énorme. Andy On, j’adore ce mec. La touche féminine avec Zhou Xun, l’une des meilleures actrices de sa génération. Ensuite, on pourrait énumérer les guests avec les Jay Chou (beurk !), Gordon Liu Chia Hui (yeah !) ou bien encore David Carradine (R.I.P.) sans oublier Michelle Yeoh (euh…). Ensuite le spectacle ! A défaut d’être bien mis en scène avec tout plein d’artifices qui n’était franchement pas nécessaire (ah le trop plein de ralenti), nous avons droit à des combats en veux-tu en voilà. Ils leur manquent sans doute ce petit quelque chose qui les rendraient mémorables. Il manque en vérité une cohérence à l’ensemble.

Le scénario de True Legend fait défaut mais finalement c’est le genre de trame que l’on retrouvait déjà dans les films de kung-fu par le passé. Il n’a rien d’exceptionnel donc mais il n’est pas non plus à blâmer où il y aurait des films à la pelle qui seraient justement à blâmer. En somme c’est du classique. Non, il y a vraiment une incohérence de taille sur l’imbrication des parties qui semblent totalement indépendante les unes des autres, comme si Yuen Woo Ping avait mis bout à bout des scénarios inachevés. True Legend serait même l’archétype de la non-narration privilégiant l’action. Là où la chose pourrait être intéressante si elle avait été bien travaillé, aurait été de nous plonger dans la « folie » de Su Can qui se perd dans l’alcool et les délires qui vont avec. Si True Legend avait été les démons dans la tête de Su Can, si Yuen Woo Ping avait donné cette dimension là, maman ce qu’il aurait été bon. Bref, je ne vais pas fantasmer un film qui n’existe pas mais c’était là. Il aurait fallu qu’il continue sur cette voie. Une voie dont le personnage de Zhou Xun assistait déjà impuissante…

Certes, on ne retrouve pas avec True Legend un grand Yuen Woo Ping, en deçà de nombreuses œuvres qu’il a enfantées. Pourtant, True Legend reste un spectacle convenable qui bien entendu marquera moins que d’autres film du même acabit. Disons que si le film n’avait pas été aussi laxiste sur plusieurs points (réalisation, scénario, effets spéciaux, 3D, le Drunken Style en mode breakdance aïe, …) il aurait pu s’inscrire comme une grande œuvre. True Legend reste à l’heure actuelle une œuvre à l’état brute qui manque cruellement d’un polissage en bonne et due forme pour en faire un joyau.

I.D.

dimanche 17 juillet 2011

The Red Eagle : Dans l’ombre de Mitr

dimanche 17 juillet 2011
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Il a suffit de deux films (Les Larmes du Tigre Noir et Citizen Dog) pour qu’on puisse voir un talent explosé, ce talent c’est celui du cinéaste thaïlandais Wisit Sasatanieng. Et lorsqu’il entreprend de s’attaquer à un revival d’un super héro de la culture populaire thaïlandaise, l’excitation est de mise. Pour la petite histoire, Red Eagle fut interprété par le mythique Mitr Chaibancha dans une série de films des années 1960. Ce dernier décéda tragiquement lors de la dernière scène du tournage de Insee Thong (ou In-Sree Daeng, Golden Eagle) qui était notamment son premier et (du coup dernier) film en tant que metteur en scène. L’acteur sous les traits de Red Eagle devait s’envoler, accroché à une échelle d’hélicoptère qu’il lâcha. La popularité de Mitr Chaibancha (qui tourna dans plus de trois cents films entre 1961 et 1970) est telle qu’encore aujourd’hui existe un autel qui lui est dédié où de nombreux thaïlandais se rendent pour prier. De ce fait, lorsque Wisit Sasatanieng décide de mettre en scène ce qui s’apparente à un reboot de ce personnage devenu légendaire comme son interprète principal avec The Red Eagle (2010), il est attendu au tournant.
 
Un politicien se fait élire en allant à l’encontre de ses promesses. Le pays est en ébullition et la révolte gronde. Au milieu de ce marasme, un justicier masqué du nom de Red Eagle s’attaque à des criminels qui ont la particularité d’appartenir à une confrérie secrète. Cette dernière souhaite se débarrasser de lui et engage pour se faire, Black Devil. Parallèlement, un policier fait équipe avec un nouvel équipier appartenant à la communauté Sikh. Ils tentent ensemble de confondre et d’alpaguer Red Eagle qui s’avère des plus expéditif qui soit…

Petite précision avant de commencer. Je n’ai vu aucun des films de la série des Red Eagle initié par Mitr Chaibancha dans les années 60, il n’y aura donc dans mon propos aucun élément de comparaison bien que l’on retrouve le costume du héro visible sur les affiches et autres photos de films d’époque. Allons-y. J’aimerais dire avoir aimé The Red Eagle. J’aimerais l’écrire parce que j’apprécie son auteur et certains de ses films. Mais ici, Wisit Sasatanieng a mis de côté sa singularité de cinéaste pour nous livrer une mixture peu digeste. Il n’y a pas de folie dans sa mise ne scène, il n’y a aucune audace dans le scénario et le casting manque de poids, des éléments manquants pour participer à une grande fresque d’aventure et d’action. The Red Eagle fait partie de ces films qui se laissent suivre sans enthousiasme. Un film dans lequel on s’ennuie de temps à autre et qui peine à fonctionner aussi bien dans l’humour que dans les cascades câblées et mal filmées. Un film beaucoup trop long (plus de deux heures) qu’on est pressé de voir se terminer et pressé d’oublier tant il reste fade.

The Red Eagle en quelques points. Le scénario : plat, écrit d’avance et brouillon ; trop de personnages et d’histoires qui s’entremêlent. Ceci aurait pu être rondement mené pour une série télé mais pas pour un film, qui notons-le ici, s’ouvre sur une suite éventuelle puisque le film n’a pas de fin à proprement parler. Question : Qui est le personnage principal ? Red Eagle puisqu’il donne son titre au film. Pourtant, il y a une importance donnée au personnage du policier (pas nécessaire) censé l’arrêter. Sans oublier, l’unique personnage féminin pour la touche « amoureuse » dont la présence à l’écran est considérable, partageant une intrigue avec son ex-mari de premier ministre qui aura sans doute une importance pour les films suivants puisque Red Eagle a décidé de lui rendre des comptes (Je reprends ma respiration). On n’oubliera pas non plus la confrérie secrète et le passif de Red Eagle qui surgit en flash-back. Si le parti pris avait été de se focaliser sur Red Eagle, on aurait pu avoir un film plus épuré d’autant plus qu’un super héro accro à la morphine et à la justice expéditive c’est plutôt sympa. Ca tranche avec la flopé de personnages lisses qu’on peut ou pourrait voir dans ce genre de film. La réalisation : décevante. Wisit Sasatanieng est peu inspirée. Il semble perdu dans les scènes d’actions les rendant parfois illisibles. Quant au reste, entre la caméra épileptique qui s’invite de temps à autre et une réalisation au formalisme sans identité, il n’y a rien à garder. En vrac : le montage donne le sentiment d’un assemblage de scènes sans véritable osmose (encore plus lors des scènes d’actions bordéliques). La photo est jolie. Les effets spéciaux ne sont pas toujours terribles. La bande son est vraiment sans plus. Il n’y a même pas un ladyboy, le comble ! L’ensemble nous rappelle finalement ces films hollywoodiens, en moins réussi, avec le flic casse-cou qui a toujours le mot pour rire (sauf ici), le duo atypique qu’il forme aussi avec son collègue, le quart d’heure romance, les situations stéréotypées vues et revues,... tout ça pour dire que j’étais là pour voir un film thaïlandais. Je l’aurais presque oublié si je ne l’avais vu en version originale.

Ce n’est pas avec The Red Eagle que Wisit Sasatanieng fera oublier les prouesses passées de Mitr Chaibancha. Bien sûr, ce n’était pas son objectif. J’écris cela parce qu’il ne sera pas parvenu à inscrire son film dans le mythe. The Red Eagle est un film quelconque, sans saveur qui ne met jamais en alerte et ne nous fait jamais exulter. On ne tressaille pas. On ne rêve pas. Nous ne sommes pas transporté ou si peu. On vit les aventures de ce nouveau Red Eagle de manière passive. Quant aux suites de ses aventures… l’attente ne sera pas un calvaire, loin de là. Il y a encore plein de bon film à voir… d’ici là.

I.D.

jeudi 14 juillet 2011

Bomba Star : Stella... Stella Amor [Festival Paris Cinéma 2011]

jeudi 14 juillet 2011
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Joey Gosiengfiao, que le Festival Paris Cinéma 2009 avait déjà mis à l’honneur, avec son kitchissime mais non moins irrésistible Temptation Island (1980). Dans Bomba Star (1980), le réalisateur entreprend, une fois de plus, la réalisation d’une satire sociale basée sur les apparences et les codes de beauté. Ici, il n’est pas question de concours de beauté (ndrl Temptation Island), même si on s’y approche fortement, mais de l’obsession d’une jeune femme de devenir une star du grand écran.

Pas de doute, le premier objectif de Joey Gosiengfiao est de nous plonger dans l’univers superficiel du “showbiz”. On le comprend avec cette introduction amusante, mais non moins ridicule, où “la” star du moment, Stella Fuego fait une apparition. Réponses et gestuelles maniérées, émotions calibrées, et une prétention qui a de quoi décontenancer. Bref un bel aperçu pour nous préparer à la suite de cette immersion.

Le premier tableau est présenté. Le second, beaucoup moins glamour arbore la vie d’une jeune femme, Estrelitta, dont le plus grand souhait est de devenir actrice à l’image de son idole Stella Fuego. Les choses sont moins simples lorsqu’on sait que sa mère a en horreur cette univers de strass et paillettes. On comprendra bientôt mieux la cause de son comportement.

Ce n’est pas légèreté apparente qui fait oublié l’oeil critique du cinéaste sur cette univers mondain où les codes absurdes et l’hypocrisie sont reines. A travers le portrait de Stella Fuego, l’attaque est perceptible. On rit beaucoup, et ce n’est pas le jeu d’acteurs qui aidera du contraire. Avec la soif de célébrité va ses travers, dont sera victime la jeune Estrillita, qui contre la volonté de sa mère, se donnera “corps” et âme pour atteindre son rêve. Repérée, elle devient la nouvelle starlette, vendue par les medias et les producteurs influents, et se laissera éblouir par la réalisation d’un film qui lui imposera des prestations osées - entendez érotiques. Une situation qu’elle semble assumer malgré son jeune âge mais qui commence dès lors à impacter la l’environnement sociale de ses proches, considérant son statut d’honteux (sa mère prise par la folie sera internée). On tombe dès lors dans les limites que peuvent amener le désir aveugle d’une jeune femme, à la fois excité par l’ouverture à un nouveau monde et les promesses de producteurs dictés par l'appât du gain.

Bomba Star ne rentre néanmoins pas dans le mélo en parvenant à instaurer une distance avec un humour mordant, et surtout, des rebondissements comme on aime en voir lorsque un dénouement prévisible semblait se tramer... Alors oui le film de Joey Gosiengfiao n’est pas exempt de défauts, mais il est sauvé par un charme nourri par le tagalog, les situations et dialogues cocasses, quand ce n’est pas un jeu d’acteurs “too much” (ce n’est ici pas péjoratif !). Un ensemble qui donne corps au long métrage. Au delà de ça, s’il n’y avait qu’une raison d’aimer Bomba Star c’est pour ce final tonitruant, surprenant qui pourrait faire pâlir les meilleurs films d’action (toutes proportions gardées). Un final explosif où “le” flingue, le sang et la folie viennent salir la pellicule. Rien que pour ça, le film de Joey mérite d’être vu.

Diana

lundi 11 juillet 2011

Silip – Daughters of Eve : Les Damnés

lundi 11 juillet 2011
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Drame érotique (difficilement classable) du cinéaste philippin Elwood Perez, Silip – Daughters of Eve (1986) nous plonge dans le microcosme sociétal d’un village reculé régi par la foi religieuse.

Depuis le départ du prêtre, Tonya (Maria Isabel Lopez) une jolie jeune femme s’occupe en tant qu’enseignante de l’éducation religieuse des enfants de son village. Elle est convoitée par Simon, un bel âtre qui se déplace à dos de buffle et sait être généreux avec elle. Mais cette dernière se refuse à toute tentation qu’elle perçoit comme les agissements du Diable. Alors que Tonya refreine de plus en plus ses envies charnelles et qu’elle commence à être discréditée par les villageois qui remettent en cause son statut d’enseignante, Selda (Sarsi Emmanuelle) une amie d’enfance revient dans le village qu’elle avait quelques années plus tôt quittée pour la capitale…

Silip va au-delà du simple film érotique lambda. Erotique, il l’est pour la nudité qu’il étreigne tout au long de sa durée et les ébats passionnels qui le ponctuent. Silip est bien plus que ses scènes d’amours où l’anatomie ne nous est pas cachée. Il y a une liberté de ton chez l’auteur philippin qui prendra au fur et à mesure une verve beaucoup plus critique de la société. En prenant ce village (qui semble perdu au milieu du désert) pour exemple, il expérimente les relations sociales des uns et des autres, des villageois conditionnés dans un rôle prédéfini qui se jouent au quotidien. Par le biais d’une fièvre dénonciatrice, Elwood Perez montre du doigt la société patriarcale forte qui écrase toute émancipation de la femme ainsi que le poids de la religion dans le quotidien des villageois. Une foi aveugle souvent hypocrite dont le jugement qui en découle se fait le plus souvent sans discernement ou par simple vengeance. Des images religieuses (la tentation de la chair) et des références à la Bible (David contre Goliath), il y en a quelques-unes dans Silip qui vont jusqu’aux heures sombres de la chrétienté comme l’inquisition et le bûcher. L’œuvre devient par moment effrayante sur les dérives des villageois et l’endoctrinement des enfants. Il faut voir cette dernière séquence, ce plan final d’un confessionnal en pleine nature qui ne peut que glacer le dos face aux drames qui se sont joués, révélateur de toute l’hypocrisie de l’homme et sa rédemption.

Silip est une œuvre surprenante et extrême dont le cadre environnemental, ce village qui s’apparente à un huit clos malsain, nous pousse à une certaine forme de voyeurisme. L’oeuvre est d’une violence (nous ne sommes jamais bien loin du gore) crue et frôle même la pornographie. Il y a dans Silip des choses intéressantes, le choix de ce village perdu qui s’apparente à un havre de paix ou bien à un éden. Il est en réalité une prison de sable et d’eau de mer dans lequel il ne semble exister d’échappatoire pour ses villageois martelés par un soleil de plomb et des valeurs de plus en plus obsolètes. L’intérêt réside également dans le poids de la religion mais surtout ses interprétations religieuses, des interprétations qui vont dans le sens de celui ou celle qui l’interprète, cela va de soit. Elle réside aussi dans la présence de Selda, une ancienne fille du village qui a goûté à la vie urbaine, apportant un autre regard et ses superstitions. Son comportement désinvolte chamboule la petite vie du village qui se meurt dans une autarcie dangereuse. Si la mise en scène est réussie à l’image de l’écriture du scénario, les interprétations pourraient interpellées. On n’évite jamais le risible, pourtant au-delà de cet état, il y a un véritable effort de prestations pour révéler tout le sérieux d’une telle histoire.

I.D.

dimanche 10 juillet 2011

La Véritable Histoire d’Abe Sada : Fusion

dimanche 10 juillet 2011
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Avec La Véritable Histoire d’Abe Sada / Jitsuroku Abe Sada (1975), Noboru Tanaka relate un fait divers qui fit grand bruit dans le Japon de 1936. Il nous montre dans une auberge, la relation entre Abe Sada et son amant, Kichizo, un petit entrepreneur. Folle d’amour et de jalousie, elle le tue et lui coupe le pénis avant de prendre la fuite...

On ne comparera pas ici L’Empire des Sens de Nagisa Oshima qui porta également ce fait divers sur grand écran avec le film de Noboru Tanaka, La Véritable Histoire d’Abe Sada. L’artisan du Roman Porno qu’est Noboru Tanaka s’intéresse à nous dépeindre la relation tumultueuse d’Abe Sada et Kichizo notamment dans l’acte sexuel répété. A travers un quasi huit-clos suffoquant et par la même occasion enivrant, l’auteur nous montre la débauche qui habite ces amants passants leur temps à faire l’amour, boire et manger. Noboru Tanaka fait en sorte que nous devenions des témoins privilégiés d’un couple qui s’enlise insidieusement dans l’inévitable, mais aussi et surtout dans ce qui a amené Abe Sada à commettre l’irréparable. Il saisit ainsi des morceaux de sa vie passée montré en flash-back. Il nous la montre également après ce crime passionnel dans sa cavale alors qu’elle continue à faire perdurer son amour pour Kichizo à travers son pénis découpé. Objet dérangeant et fascinant. La Véritable Histoire d’Abe Sada vaut également pour sa mise en scène réussie entre des mouvements de caméra bien pensés à de cadrages penchés et autres arrêts sur images, en passant par une caméra portée nous plongeant dans le feu brûlant des amants. Notons également l’utilisation de chansons qui se font échos des sentiments d’Abe Sada, également porte parole d’un amour passionnel.

La Véritable Histoire d’Abe Sada offre un intérêt aigu sur ce fait divers et ces amants habités par un amour fusionnel à fleur de peau. Ce film est d’autant plus intéressant que Noboru Tanaka ancre son sujet d’un point de vue historique. On vit ainsi en filigrane ce Japon des années 1930 à travers la radio et les quelques images furtives qu’il nous donne de l’extérieur.

I.D.

samedi 9 juillet 2011

Angel Guts : Red Classroom

samedi 9 juillet 2011
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Adapté d’un manga de Takashi Ishii, qui a également co-écrit le scénario avec le réalisateur, Angel Guts : Red Classroom / Tenshi no Harawata : Akai Kyoshitsu (1979) de Chusei Sone met en scène l’histoire de Kimura, un homme qui travaille pour un magazine pornographique. Alors qu’il regarde un film clandestin dans lequel Nami, une lycéenne se fait violer, il tombe sous le charme de cette dernière. Il parvient à la retrouver et lui propose de travailler pour lui…

Angel Guts : Red Classroom est le second volet d’une série de films qui en compte cinq. Avec cet opus, Chusei Sone montre un talent de mise en scène indéniable offrant des mouvements de caméra ainsi que des cadrages intéressants qui participent à une esthétique du film réussie. Il parvient ainsi à nous emmener dans le sordide et ce dès les premières images - dérangeantes - du long métrage filmées en super 8 avec cette texture propre au format qui rendent les choses glauques. On assiste dès lors au viol d’une lycéenne. Un malaise s’installe. Le but de l’auteur est de nous montrer les séquelles du viol chez cette jeune femme. Un regard dur qui relatent les cicatrices psychologiques de Nami qui doit vivre avec un fardeau qu’elle porte en elle. Détruite et perdue, elle se perd dans la lubricité en se donnant aux hommes et à leur perversité. Cette histoire désespérée et désenchantée nous happe littéralement jusqu’à nous hanter tout du long et bien après la projection. Pas une once d’espoir jusque dans ce dernier plan où Nami observe son reflet dans une flaque de boue lui dessinant un sombre destin.

Angel Guts : Red Classroom est déprimant. Pas jusqu’à ce mettre la corde au cou, cela va de soit, mais l’on sort de la projection déprimé surtout lessivé. La souffrance de cette femme, Nami, sa déchéance ainsi que celle de Kimura, cet homme obsédé par elle est d’une dureté sans nom. On n’oubliera pas qu’en tant que Roman Porno, Angel Guts : Red Classroom a son lot de scènes érotiques dans lesquelles Chusei Sone ne manque pas d’inventivité, à l’image de ce miroir déformant qui caractérise la psyché d’une Nami s’auto-détruisant par une ivresse de sexualité bestiale.

I.D.

Marrie Lee au Forum des images - Festival Paris Cinéma 2011

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Chose promise, chose due ! Voici les photos prises lors de la séance They call her... Cleopatra Wong au Forum des images en présence de Marrie Lee en personne. Pour visualiser l'intégralité de l'album, rendez-vous sur Picasa : ICI.

Pour un avant goût, suivez le guide... et notez l'approche tout en finesse d'I.D lors de la séance "dédicace" de Madame Lee :

Avant projection : présentation et proposition de dédicace en fin de séance.

Marrie Lee, "l'agent secret la plus meurtrière et sexy".

Un petit coucou à Made in Asie, la classe !

Séance de dédicace avec I.D. à l’œuvre !

Diana

vendredi 8 juillet 2011

Hospitalité : Mondialisation [Festival Paris Cinéma 2011]

vendredi 8 juillet 2011
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Koji Fukada. Horreur. Lors du Festival Paris Cinéma 2010, Koji Fukada était venu nous présenter son ennuyeux documentaire La Grenadière ainsi que son passable long-métrage (beaucoup trop long), Human Comedy in Tokyo. Il revient avec un nouveau film, Hospitalité / Kantai (2010) présenté en compétition officielle du Festival Paris Cinéma 2011.

Une famille japonaise au quotidien rythmée par l’activité d’une imprimerie voit un jour l’arrivée d’un homme qui va quelque peu perturber leur(s) vie(s)…

Le pitch de Hospitalité, on le connaît. Un pitch vu et revu sur un agent perturbateur au sein d’un groupe, ici une famille. On avait pu notamment voir la chose dans des films récents japonais comme Visitor Q de Takashi Miike (un inconnu comme agent perturbateur) ou encore d’une certaine manière, About Her Brother de Yoji Yamada avec cet oncle-frère qui revenait créer la zizanie au sein de sa propre famille. Dans le film de Koji Fukada c’est l’acteur Kanji Furutachi (Saru, 2003) qui incarne cet « agent perturbateur » qui se fond dans une famille bien sous tout rapport. Ce personnage va permettre de faire éclater au grand jour un malaise sous jacent, masqué par des sentiments pudiques. Là où Hospitalité est intéressant c’est dans la composition de cette famille. Le père (Kenji Yamauchi vu dans Survive Style 5+, 2004), un petit patron d’une imprimerie partage sa vie avec une femme (Kiki Sugino vue dans Time, 2006) plus jeune que lui. Sa fille (d’un précédent mariage) et sa sœur, également divorcée, vivent sous son toit. Nous avons donc droit à un portrait de famille plutôt atypique. Un portrait qu’il est rare de voir dans les films dit de « famille » au Japon. Un bon point. Mais les bonnes surprises ne s’arrêtent pas là.

Hospitalité s’avère même réussi dans ses deux premières parties bien rythmées avec notamment un humour qui s’invite et fait mouche. Un autre bon point. On commence à s’étonner de la dextérité dont Koji Fukada fait preuve. Il nous offre sans doute là son premier film « réussi » et c’est lorsqu’il est moins rohmerien que Koji Fukada est meilleur cinéaste. Il y a un travail de mise en scène plus accru que dans ses films précédents. Des cadres plus travaillés, des mouvements de caméra qu’il s’autorise, plus de plans aussi. Un travail sur les sons (les machines en mouvements, la vie extérieur). Il ne tombe pas dans les longueurs qui minaient ses films précédents. Alors certes tout ceci n’est pas toujours synonyme de film meilleur ou réussi mais ici on voit que Koji Fukada a travaillé. Il a mûri et s’est amélioré bien qu’il lui reste encore du travail à fournir à l’image d’une dernière partie qui pêche. Elle manque de souffle avec un manque d’idée flagrant qui pour masquer cet état nous offre un spectacle d’aspect brouillon. On pourra également regretter qu’il n’aille pas au bout de ses idées. On aurait souhaité de l’audace dans cette troisième partie d’autant plus que les deux premières nous laissaient présager de bonnes choses pour le dénouement final. Tant pis. Je passerais outre la plausible analyse intellectualisé de la cage à oiseau vide qui se remplit en fin de film et toute réflexion tout aussi « intellectuelle » sur l’acception de « l’autre », de l’étranger, etc...

Hospitalité est la promesse d’un cinéaste qui tend à créer avec ce type de film une identité artistique propre. Une entreprise qui donne un regain d’attention à son égard. Là où ses premiers travaux communiquaient une certaine perplexité quant à son potentiel de metteur en scène de cinéma. On notera également qu’il a su s’entourer d’une bonne équipe d’acteur avec en tête Kanji Furutachi qui campe à merveille un personnage haut en couleur. Un personnage qui nous communique cet engouement ; celui de découvrir ce qu’il va nous concocter, ce que le film va nous montrer.

Pour information, Koji Fukada travaille sur deux projets. Il souhaite mettre en scène un « Human Comedy in Paris » et un film qui s’intitulerait après une traduction hasardeuse : « La fille sans main (ou bras) ».

Séance en présence du réalisateur :
De gauche à droite : Kiki Sugino, l'interprète, Koji Fukada
I.D.

jeudi 7 juillet 2011

They call her… Cleopatra Wong : Strawberry [Festival Paris Cinéma 2011]

jeudi 7 juillet 2011
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Co-production (BAS Film Productions Inc) entre Singapour et les Philippines, They call her… Cleopatra Wong (1978) de Bobby A. Suarez (aka George Richardson) met en scène la toute jeune Marrie Lee dans son premier rôle pour le grand écran.

En vacances à Manille, Cleopatra Wong, un agent d’Interpol est appelée par son chef de Singapour. Ce dernier lui demande de rencontrer le responsable local qui a une mission pour elle. Une organisation criminelle qui sévit en Asie fait circuler de faux billets de banque pour jeter le trouble dans les économies locales. Cleopatra Wong se met en chasse…

They call her… Cleopatra Wong c’est 87 minutes (il semblerait qu’il existe une version de 111 minutes d’après Wikipédia) de bonheur pour tout fan de film d’exploitation. Tourné à la fin des années 70 en langue anglaise et pour un budget dérisoire (70 000- 75 000$), le film s’inscrit dans l’âge d’or des films de genre qui mélangeait arts martiaux, cascades et pistolets qui pétaradent tout du long. Objet culte, They call her… Cleopatra Wong doit aussi sa renommée internationale à l’actrice principale qui donne ses traits au personnage féminin. Marrie Lee (Doris Young de son vrai nom) alors âgée de dix-sept ans est repérée lors d’un casting où se présente 300 jeunes femmes. Elle fait corps avec son personnage et dégage une certaine malice ainsi qu’une dextérité physique indéniable dans ses combats. Avec ce personnage iconique qu’est Cleopatra Wong, Marrie Lee incarne un mix improbable (au féminin) entre James Bond et Bruce Lee qui voguerait sur les eaux « bis » de la Blaxploitation. D’une beauté naturelle qui sort des diktats de la minceur, Marrie Lee endosse les traits d’un personnage qui assume une liberté sexuelle et qui sait rendre la pareille lorsqu’elle affronte les hommes. Avec Cleopatra Wong, une femme forte qui est prête à tout pour arriver aux termes de sa mission, Marrie Lee viendra même à être surnommée « la petite sœur de Bruce Lee ». On pourra également la rapprocher de Pam Grier. Elle est d’une certaine manière son pendant asiatique à cette époque avec sa bestialité féline. Il faut la voir affronter trois gros catcheurs, une horde de karatéka lorsque ce n’est pas des nonnes (hommes) et moines armés jusqu’aux dents. Fabuleux.

S’il existe bel et bien un film culte philippin et singapourien de surcroît, qui a pu marquer les esprits par de-là le monde, c’est bien They call her… Cleopatra Wong qui sortirait du lot. Le film de Bobby A. Suarez est un morceau à savourer. On y rit et on s’y amuse. On se plait à voir Cleopatra Wong et sa garde robe opulente, sa moto customisée ou bien encore son fusil à quatre canons courts. They call her… Cleopatra Wong c’est le quart d’heure spectacle dans toute sa splendeur.

Pour la petite histoire, le personnage de Cleopatra Wong (au même titre que le personnage de Lady Snowblood) est l’une des inspirations de Quentin Tarantino pour son diptyque Kill Bill.

A savoir que They call her… Cleopatra Wong est également connu sous divers titres : Cleopatra Wong pour le titre international abrégé. Female Big Boss en Grande-Bretagne. En France, le film est connu avec trois titres différents : Cleopatra Wong : James Bond du Karaté, Cleopatra la Panthère du Kung-Fu et Cleopatra Wong, James Bond du Karaté. En Allemagne de l’Ouest : Cleopatra Wong – Die Unüberwindliche.

On disait aussi du personnage qu'elle ronronnait comme un chaton et faisait l'amour comme une sirène. Elle était l’agent secret la plus meurtrière et sexy "de cette partie du pacifique".

NB : Des photos de l'actrice dans le cadre du Festival Paris Cinéma sont à venir !

I.D.

dimanche 3 juillet 2011

NN891102 : L’Obsession

dimanche 3 juillet 2011
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Go Shibata est un jeune cinéaste qui compte une poignée de films dans sa filmographie. Il est représentatif de ces cinéastes qui divise à chacune de ses œuvres. Son premier long-métrage, NN891102 (1999) n’est pas exempt de cet état.

Titre énigmatique NN891102 est la traduction d’une date fatidique pour le Japon, celle du 9 août 1945 à 11h02 lorsque la bombe atomique s’abattu sur Nagasaki. Le cinéaste japonais traite dans son œuvre de l’obsession d’un homme, Reiichi, qui survécu enfant à l’explosion de la bombe. Il pense par la suite détenir sur le magnétophone de son père l’enregistrement du bruit de l’explosion (le son produit) de la bombe. Hanté par ce « son », Reiichi va tenter tout au long de sa vie de le reproduire. Obsédé, il va tenter de retrouver la sensation produite par ce « son » en son for intérieur quitte à mettre en danger son existence…


NN891102 c’est le traumatisme d’un homme qui va virer à l’obsession pour altérer sa santé mentale jusqu’à provoquer des cicatrices physiques. A travers ce portrait, Go Shibata semble nous interroger sur la mémoire et notre rapport au souvenir. Ici, celui d’un évènement contemporain qui ébranla un pays, le Japon, et montra une forme d’horreur jamais vue jusqu’alors. NN891102 montre dès lors l’impact social mais aussi la culture de la bombe atomique qui naquit par la suite. Traumatisé par le son de la bombe mais aussi par son absence lorsqu’il ne parvient plus à l’entendre, Reiichi va tenter de surmonter ce poison qui le contamine par l’écoute des sons, du bruit qui l’entoure. Il est le symbole d’un peuple qui a du surmonter les répercussions mentales de la bombe, la folie qui s’immisçait dans la psyché de ses contemporains. Le corps meurtri de Reiichi qui évolue dans le temps, c’est aussi le partage de cette douleur, de ce traumatisme avec les différentes générations. Plus il avance, et prend de l’âge, plus ce traumatisme semble s’atténuer et se muer en sérénité. Il trouvera par ailleurs une certaine forme de paix intérieure.

NN891102 utilise un procédé narratif qui met en place de nombreux flash-back pour nous montrer l’impact psychologique d’un homme, de la tragédie dont il se fait écho, du cheminement inquiétant et inéluctable qui l’habite. Un autiste face à son environnement et qui ne parvient à se défaire du « diable plutonium ». Go Shibata déploie une maîtrise qui permet de saisir les sensations fortes. Il fait appel aux intertitres rappelant le cinéma muet lorsqu’il ne métaphore pas son propos par le théâtre de marionnettes en papier, un parallèle avec les films de monstre (Kaiju Eiga) qui arrivent à nous effrayer, des références à la technologie positive (en opposition à la bombe) ainsi que d’une société en pleine mutation « futuriste ». Si les images ont un impact indéniable, NN891102 vaut également pour sa très bonne composition musicale qui a ici une importance non négligeable, s’inscrivant comme une œuvre auditive où la musique employée, les bruitages ont autant de place que les images, voire plus. Des « sons » qui savent être à la fois beaux et désenchantés mais aussi furieux et éprouvants.

Sous l’influence d’un cinéma avant-gardiste, NN891102 pourrait s’inscrire dans une forme d’extension « sage » d’œuvres comme Tetsuo de Shinya Tsukamoto ou bien Electric Dragon 80.000 V de Sogo Ishii. D’aspect parfois documentaire, Go Shibata nous invite dans une œuvre engagée et réaliste qui nous emporte dans un tourbillon d’émotion.

I.D.

 
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