samedi 12 avril 2008

Les larmes achetées

samedi 12 avril 2008
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Qui est Madame Wang ?

A Pékin, elle vend des CD et des DVD sous le manteau en s’affichant avec la fille de ses voisins. Le peu qu’elle gagne, son mari sans emploi le perd au mahjong. Elle se fait harceler et dépouiller de sa marchandise pirate par des policiers. Lorsqu’elle rentre chez elle, elle apprend que les parents de l’enfant ont abandonné leur fille. Seule avec cette dernière, elle voit son mari se faire incarcérer pour avoir passer à tabac un collègue de jeu à l’humour déplacé et la voici repartit dans sa province natale pour opérer un nouveau départ loin de la capitale. Là, elle retrouve son ancien petit ami et monte ensemble une entreprise de pleureuse professionnelle pour cérémonie funéraire. Elle, « l’artiste », lui, son agent.

En quelques scènes, le décor est planté. Liu Bing-jan donne le ton à travers un film qui se veut un drame réaliste, une satire sociale emprunt de cynisme. On s’émeut, on rit devant la succession d’évènements se jouant dans cette Chine de Madame Wang où elle réussit en tant que pleureuse. Sa petite entreprise marche. Madame Wang joue les pleures sans grande émotion, seul compte l’appât du gain. Les nouvelles qu’on écoute à la télévision pouvant apporter les clients potentiels, le calcul des décès de sa ville et des environs comme argent comptant, l’employé du crématorium qu’on soudoie, le cynisme poussé jusqu’à contrôler la chaîne du mort.

Liu Bing-jan nous livre avec talent une diatribe forte et violente sur la société chinoise. Un tableau satirique stylisé où l’individu doit s’adapter à l’égoïsme et à la corruption ambiante. C’est dans cet environnement hostile que Madame Wang gagne sa vie, fait son bout de chemin dans les contrées magnifiques de sa province. Une catastrophe en remplaçant une autre, Madame Wang avance.

Et après tout cela ? La vie continue…

Illitch Dillinger

 
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