Dans une veine franchement comique,
Potong Saga de
Ho Yuhang passe au crible la tendance, l’effet de mode sous l’impulsion du cercle amicale. Un jeune homme d’origine chinoise désire ouvrir un compte bancaire islamique après avoir écouté ses amis lui parler des bienfaits d’un tel compte. Pour se faire, il doit se couper les parties génitales. On suit ainsi un personnage qui boit les paroles de ces proches avec une naïveté déconcertante. Le cinéaste nous montre ici toute l’absurdité du sacrifice à travers un personnage sans réflexion qui pour l’appât du gain agit aveuglement. De là à dire que la religion est castratrice, il n’y a qu’un pas. Dans tous les cas, le réalisateur nous offre un segment jouissif, léger et hilarant.
Chocolate est l’un des courts-métrages qui interpelle le plus sur sa signification. Ce segment de
Yasmin Ahmad nous conte l’histoire d’un jeune homme travaillant dans l’épicerie familiale, quand un jour il encaisse les achats d’une jeune femme musulmane… Á travers cet instant bref, un instant de vie autour de la rencontre de deux mondes, un jeune homme et une jeune fille qui semblent être attirés l’un pour l’autre sont confrontés à la dualité de leur société et leur différence de culture. On prend part à travers ce court métrage du discours qui refuse le mélange entre personnes de communautés distinctes et qui mène à la ghettoïsation et l’hostilité. Yasmin Ahmad nous raconte cette confrontation avec simplicité et sérénité par le biais du regard des deux jeunes gens comme s’il souhaitait insister sur le fait que ces deux jeunes gens étaient le futur de la société Malaisienne, en prenant soin d’écarter toute figure paternelle et maternelle de l’écran, mais en y adjoignant une voix maternelle hors champ comme un rappelle à l’ordre au conditionnement des mentalités.
Documentaire de
Amir Muhammad,
The Tree met en scène l’un des chefs religieux les plus influents, Nik Aziz. Ce dernier parle de l’islam dans la société et son rapport à l’économie. Il parle d’un commerce éthique et respectueux de l’environnement, devant être le fruit du mérite de cette nature. Un commerce qui doit amener du positif à l’ensemble de la société régit par les lois de Dieu. Il en ressort de ce segment une certaine ambiguïté sur le message religieux véhiculé, où toute personne non religieuse est un “ennui” (pour le bon fonctionnement de la société ?).
Un jeune indien présente un devoir à l’école. Parallèlement, le destin frappe le foyer familial et met en péril la maison dans laquelle il vit…
House de
Linus Chung est un drame social sur une situation socio-économique Malaisienne actuelle. Ce film nous plonge dans un bidonville où vit la communauté indienne pauvre sans-papiers. En quelques minutes, l’auteur nous expose les conditions de vie précaire, les expulsions, les inégalités sociales, les disparités d’une société pluriethnique et la sanction symbolique de la société sur cette famille via un parallèle saisissant et criant de vérité. House est dur, fort et sans concession.
Halal de
Liew Seng Tat est une comédie qui tente d’expliquer la notion du halal pour la communauté musulmane. Ce film est marrant, léger et ludique. Le cinéaste va à l’encontre des à priori sur la viande halal et des amalgames dont font preuve certaines personnes. Pour se faire, il s’emploie à amener les choses avec amusements et dérisions en prenant pour exemple l’abattage de poulet. Il y explique la valeur et l’importance de la pratique hallal pour les musulmans. Une façon de vulgariser avec humour le rapport à la viande halal en évitant toute apologie de l’islam. Une franche rigolade.
The Son de
Desmond Ng traite des violences intercommunautaires. Un témoin d’une agression, un adolescent d’origine chinoise conduit à la police par son père. L’auteur interpelle sur les violences qui gangrènent la Malaisie : conflits entre les communautés et dangers du sectarisme. Il y pointe du doigt la loi du silence mais également l’effet de groupe dont les médias se font échos.
La Malaisie et son rapport à l’eau ainsi qu’à la terre… Á travers un style documentaire,
Lumpur de
Kamal Sabran met en scène par micro-trottoir les éléments que sont la terre et l’eau. On y parle de ces éléments vitaux et leurs nécessités dans la vie des Malaisiens. On y dénote un message écologiste sur la préservation de l’eau et la terre, des éléments qui sont l’essence même de la vie et donc de l’être humain.
One Future de
Tan Chui Mui est un court-métrage de science fiction en noir et blanc. Une voix off s’exprime pour relater l’histoire d’un homme marginalisé par un système qui a remplacé la famille où l’essence même du groupe a supplanté l’existence individuelle. L’auteur y dénonce l’infantilisation de l’individu qui n’est plus maître de ses actes mais aussi l’uniformisation, l’ignorance de l’autre et ses problèmes. Montrant du doigt le fait que l’individu préfère fermer les yeux sur ce qui se passe réellement. Un individu qui préfère ne pas voir et continuer à vivre sans anicroche. Une science fiction qui n’est jamais bien loin de ce que l’on vit au quotidien. Un segment accrocheur.
Slovak Sling est une comédie de
Woo Ming Jin. Dans une ruelle, une discussion s’invite entre un asiatique et un homme blanc. Cette discussion est suivi par un vendeur à la sauvette de DVD pirate qui se trouve non loin. L’asiatique adopte une étrange attitude face à l’homme blanc, lui donnant tour à tour ce qu’il a, vêtements, ceinture… Une manière de l’acheter pour qu’il épouse sa cause. Une sympathique métaphore sur les hommes politiques prêt à tout pour rallier à leur cause le plus grand nombre.
Une chambre d’hôtel. Une femme regarde les infos matraquées à la télévision. Un homme dîne…
Gerhana de
James Lee semble être irréel. Ce court-métrage se veut particulier dans son traitement. On y suit deux individus détachés, faisant preuve d’apathie complète. Les lieux sont étrangement aseptisés, a contrario les informations dictées par le poste de télévision passent en revue le monde dans lequel nous vivons. Le réalisateur paraît nous mettre face à notre passivité devant le déferlement de faits divers et à l’impact des ces informations sur nos consciences.
Meter de
Benji Lim est une comédie satyrique où son personnage principal, un chauffeur de taxi emprunt d’un certain nationalisme s’exprime sur différents points de l’actualité. Tout en prenant des clients, le chauffeur donne son avis sur le football, la religion, les langues parlées mais aussi le rapport existant entre les différentes cultures qui composent la Malaisie. Un regard, une mentalité qui nous montre l’existence d’un nationalisme et d’un racisme dans un pays multiethnique.
Duit Kecil de
Johan John nous plonge dans la prostitution non sans humour, en réalisant un constat sur le plus vieux métier du monde. Il le met en parallèle avec un fait d’actualité et de société : l’envolée des prix, alors que ces derniers restent les mêmes dans le milieu de la prostitution. Les prostituées montrées à l’écran sont de nationalité et de communautés différentes et expliquent le choix de cette profession par des situations précaires. Une discussion s’instaure entre client et prostituées. Les faits sont là, tandis la concurrence en pleine recrudescence fait baisser les tarifs, le coût de la vie augmente toujours plus. Un constat sans appel fait avec intelligence. L’idée est intéressante.
Dans
Healthy Paranoia,
Khairil Bahar met en scène un ministre de la santé face à deux consultants en relations publiques qui désirent informer les citoyens des dangers de nombreux produits de consommation. Ici, les personnages s’expriment en anglais et l’auteur prend avec dérision les messages dont le gouvernement martèle la population en terme de santé publique. Il pousse la chose à l’extrême et fustige ces messages infantilisants véhiculés au quotidien. Il y décline différentes préventions en mettant en avant la dangerosité de la bière, des légumes lorsque ce ne sont pas des fruits. Il remet ainsi en cause une certaine responsabilité individuelle. C’est grinçant, drôle et criant de vérité.
Lollipop de
Nam Ron traite de la pédophilie sur fond de politique Malaisienne, comme une métaphore sur l’état de santé de cette institution. Ce parallèle entre pédophilie et politique est des plus dérangeant et décontenancent. L’auteur parvient dans cette mise en accusation à communiquer un certain malaise comme il nous emmène vers une réflexion sur la situation politique malaisienne des plus lugubre.
Rojak ! des
Suleiman Brothers est un court-métrage réalisé à l’aide d’effets spéciaux CGI. Rojak tient une échoppe dans une rue envahie par les vies qui y bouillonnent. On suit d’un personnage à un autre dans une effervescence citadine, un portrait vivant de la Malaisie. Les multi-facettes d’un pays comme une identité propre et singulière.
Les quinze segments de 15MALAYSIA sont à découvrir sur le site :
http://15malaysia.com/