samedi 30 août 2008

Woman on the beach : un homme compliqué

samedi 30 août 2008
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Kim Joong-rae ne parvient pas à trouver l’inspiration pour finir son scénario. Décidé d’entreprendre son travail de cinéaste, il décide de s’évader sur la côte ouest coréenne, suppliant un « ami » de l’accompagner, par souci de locomotion plus que par amitié. Won Chang-wook, cet ami chétif se veut très accueillant, escorté de sa « petite amie », il ne cessera d’aduler « l’artiste ». Si le décor semble très lisse, il n’en est pas moins du reste, Hong Sang Soo nous embringue dans un bric à braque de festivités cocasses, menant certain à l’incompréhension, et d’autre à l’amour précoce. Le trio (cinéaste/ami/petite amie) se ficelle autour de discussions pseudos intellectuelles sur l’art de Kim Joong-rae, d’échanges futiles et de questionnements sur les notions de couple et d’amour. Car si pour Won Chang-wook, la situation se veut limpide quant à la relation qu’il entretient avec la jeune fille, pour Kim Moon-sook, il en est tout autre. La discussion s’envenime et en devient profondément drôle. Les dialogues magistralement dosés nous mènent au cœur d’une incompréhension amoureuse, l’un affirmant « qu’ils sont ensembles », l’autre réfutant que « pour être sa petite amie, il aurait fallu coucher ! ». Le ton est posé.

Continuant sa construction de scène mémorable, HSS pose l’une des plus fascinantes théories qu’un homme macho puisse imaginer. Pour Kim Joong-rae, il est grotesque de reconnaître l’adoration des femmes asiatiques dans le monde occidental. Ces femmes rejetées de leur pays natal, car « trop moches », ne devraient pas susciter l’adulation des hommes étrangers. L’interprétation de Kim Joong-rae et l’humour d’Hong Sang Soo prennent ici toute leur dimension.

Pour parfaire ce tableau, HSS nous habille de la plus belle des façons, des déboires de la relation entre le cinéaste et la jeune fille. Ce dernier étant prêt à tout pour parer sa virilité et mettre en jeu son ego de tombeur, interrogeant Kim Moon-sook sur sa préférence entre Won Chang-wook et lui même... Un jeu de séduction s’installe entre les deux protagonistes à l’insu d’un ami chétif mené en bateau. Le cinéaste pousse la jeune femme à l’acte sexuel, se déculpabilisant par des « je t’aime beaucoup » d’une illusion éphémère. Cette phrase ayant pour seul but de rassurer Kim Moon-sook. Le beau parleur renaît, la proie est piégée.

Le quotidien suit son cours, et le cinéaste toujours sur la côte ouest, continue seul à méditer sur la fin de son scénario. Seul, est-ce sans doute le hic de la situation ? Très vite Kim Joong-rae comblera sa solitude en recherchant une femme ressemblant à Kim Moon-sook. Il l’a trouvera, ce sera une de ces marcheuses rencontrées lors d’une scénette de début de film… Petit chassé croisé qui fera les affaires du réalisateur. Rebelote, le même schéma pseudo amoureux, insatiable Kim Joong-rae qui jettera, une fois encore, toute l’envergure de son art de séduction, jusqu’au retour impromptu de son ancienne conquête : Kim Moon-sook.

Autour d’un éternel cycle, Hong Sang Soo démêle les mêmes problèmes, les mêmes interrogations et les mêmes déséquilibres qui se complaisent dans des relations amoureuses compliquées, ou peut être des relations tout court... Et c’est dans des déboires alcooliques et alimentaires que ces relations se font et se défont.

Malgré tout, on reste perplexe sur la dernière partie du film, ennuyeuse et futile. Dommage. On oublie vite ce mini couac pour avouer qu’Hong Sang Soo maîtrise l’art de l’expérimentation Homme Femme, mettant à même la complexité, la folie et la démesure résidant dans chaque être en « ouverture amoureuse ».

jeudi 28 août 2008

La sélection asiatique de la 65ème Mostra de Venise

jeudi 28 août 2008
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La 65ème Mostra de Venise a débuté mercredi 27 au soir et malgré la sensation américaine due à la comédie satirique des frères Coen : Burn after reading, mettant en scène George Clooney et Brad Pitt, la sélection asiatique n’a pas à pâlir. En tout 8 films sont en projection dont 4 en compétition, productions exclusivement japonaises.

Compétition
Achille Et La Tortue (Akires to kame) de Takeshi Kitano (Japon)
Ponyo (Gake no ue no Ponyo) de Hayao Miyazaki (Japon)
The Sky Crawlers de Oshii Mamoru (Japon)
Plastic City (Dangkou) de Yu Lik-wai (Brésil/Chine/Hong-kong/Japon)

Hors compétition
Cry Me A River (Heshang aiging) de Jia Zhang-ke (Chine/Espagne/France)

Horizons
Melancholia de Lav Diaz (Philippines)
Jay de Francis Xavier Pasion (Philippines)
Women de Huang Wenhai (Chine/Suisse)

samedi 23 août 2008

Les Fleurs de Shanghai : Le quotidien des "Fleurs"

samedi 23 août 2008
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Hou Hsiao-hsien signe avec Les Fleurs de Shanghai (1998) un film relatant l’univers méconnu des maisons closes du 19ème siècle à Shanghai. Avec ce film quasi-documentaire, HHH nous fait voyager d’une enclave à une autre, d’une courtisane à une autre avec une minutie frappante. Il y détaille avec précision les codes et les règles qui gèrent cet univers refermé sur lui-même et dans lequel il nous enferme (cage dorée). Huit clos perpétuel où sa réalisation minime peint à chaque plan-séquence un tableau. Il nous dépeint des tranches de vie, celles de ces « Fleurs », entre parties de mah-jong et manigances. Chaque tableau s’efface dans un fondu noir pour nous en dévoiler un autre, où l'on y fume de l’opium entre deux gorgées de thé.

HHH nous prend par la main et nous installe devant ces tranches de vie. Il nous montre un univers et des atmosphères disparues. Les Fleurs de Shanghai, un film anthropologique ? Oui, tout y est : les relations entre les protagonistes, les magnifiques décors et les costumes splendides.

Pourtant si l’ensemble de cette œuvre est criante de vérité, le travail de recherche et de composition nous le démontrent, une certaine lassitude pourrait s’installer. L’ambiance est bien présente mais est-ce que les Rubis, Jasmin, Wang, Hong, Perle, Trésor, Emeraude, Luo et Phoenix d’Or nous touchent ? Est-ce que ces personnages nous parlent ? Sommes-nous véritablement touchés par le destin de cette bourgeoisie disparue et de leur passe-temps -les courtisanes- ? On peut s’émouvoir certes du destin des ces « Fleurs » achetées, éduquées pour devenir des prostituées de luxe. S’émouvoir de leur déchéance lorsqu’elles ne sont plus les premières, mais relayées en bas de tableau où leur seul espoir réside dans le rachat de leur liberté et d’un mariage.

Les Fleurs de Shanghai est un film magnifique pour tout ce qu’il représente. Hou Hsiao-Hsien nous livre une œuvre magistrale, fidèle à lui-même. Toutefois, on peut être peu réceptif aux intrigues et à cette vie trop mondaine.

I.D.

mercredi 20 août 2008

Juliet in Love : Une histoire d'amour

mercredi 20 août 2008
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Juliet in Love (2000) est à la fois un drame pour son côté sombre et une comédie romantique pour le reste. Ici, Wilson Yip signe l’un de ses films les plus intime en racontant l’histoire de Jordan, un malfrat sans envergure criblé de dette, et poursuivi par les membres d’une triade. Jordan croisera Judy. Judy, cette serveuse de restaurant qui sort d’un divorce difficile, et d’une récente guérison d’un cancer du sein. Quand elle retourne dans sa campagne natale pour s’occuper de son grand-père malade, elle rencontrera Jordan.

Cette histoire aurait pu être une parmi des millions, vue un million de fois au cinéma. Toutefois, leur chassé-croisé amoureux est différent. Wilson Yip réalise avec brio une histoire belle et simple. Jordan et Judy communiquent peu par la parole et davantage par un langage subtil, passant par une gestuelle et des regards. L’humour et l’amour se transmettent ainsi.

D’un côté, la solitude comme caractéristique de ces deux personnages, et d’un autre, l’espoir incarné par un bébé, presque tombé du ciel, qu’ils nommeront Cheng Net. Cheng Net, ce bébé confié par un parrain d’une triade (génial Simon Yam) et patron de Judy, à qui Jordan doit de l’argent, le temps de sa convalescence. Ce bébé renforcera le lien affectif entre Judy et Jordan. Lien qui perdura même lorsqu’il les quittera.

Si la force réside dans la réalisation de Wilson Yip, les deux acteurs principaux : Sandra Ng et Francis Ng y sont également pour quelque chose, tant leur interprétation est remarquable.

Juliet in Love reste l’un des meilleurs Wilson Yip à ce jour.

I.D.

samedi 16 août 2008

La Môme Xiao : Les enfants de la mendicité

samedi 16 août 2008
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Pour 1000 yuans, Xiao, une petite fille handicapée va devenir la propriété d’un couple de ruraux chinois. Devenant le "gagne-pain" de cette famille pauvre, Xiao va devoir mendier aux côtés de sa mère d’adoption Guihua. C’est au milieu d’une foule grouillante, à la curiosité malsaine, que le duo va devoir affronter des regards tantôts moqueurs, tantôts compatissants. Dans une ville grisâtre, sale et bruyante, une mère retrouve à travers un enfant, un but, une présence qui l’aide à tenir, et qui fait d’elle quelqu’un d’humain, contrairement à un mari froid qui ne pense qu'à l'appât financier.

Plus qu’à une grande œuvre cinématographique, c’est à des destins auxquels on s’attache : une petite fille qui ne cesse de revivre l’espoir à chaque main tendue, un jeune garçon de 13 ans qui tente de trouver la force de se libérer du « business » de la mendicité, et une femme qui comble sa culpabilité à travers un amour maternel inavoué. La mise en scène hasardeuse et le scénario décousu, aux intrigues quelques peu inutiles, n’effacent en rien l’émotion émanant de chaque personnage, et emprunt d’une réalité chinoise.

La Môme Xiao (2007)
, premier long métrage de Tao Peng se révèle être intéressant mais encore trop « brouillon » à la réalisation.

vendredi 15 août 2008

Un temps pour vivre, Un temps pour mourir : Souvenirs d’enfance

vendredi 15 août 2008
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Avec Un temps pour vivre, Un temps pour mourir (1985) Hou Hsiao-hsien réalisait l’un de ses films d’inspiration autobiographique où il y décrit avec nostalgie et sensibilité des moments de vie. Un devoir de mémoire sur Taiwan comme ce fut le cas avec Les Garçons de Fengkuei (1983).

Le film démarre en 1957, la famille de Ah-hsiao (enfant d’une famille nombreuse), surnommé Ah-ha par sa grand-mère s’installe dans une petite ville du sud de Taiwan après avoir quitté la Chine continentale en 1948. HHH y décrit trois périodes de la vie de Ah-ha qui débute avec l’enfance, se poursuit avec l’adolescence et se termine dans les années 60.
Hou Hsiao-hsien retranscrit sur pellicule ses souvenirs d’enfance et impose déjà un style qui le caractérisera : anti-dramatique et utilisation de long plan-séquence avec un énorme travaille sur l’espace du cadre. Peu de mouvement de caméra et déjà une filiation propre avec Ozu au travers de séquence de rituels familiaux, la tradition et la modernité (relation parents/enfants) mais surtout la délicatesse de la complexité de construction.

Un temps pour vivre, Un temps pour mourir c’est aussi une représentation suggestive de la vie rurale à Taiwan comme HHH l’a connue. Son enfance d’abord, celle d’un enfant peu studieux à l’école, qui préfère jouer aux jeux espiègles et qui vivra la mort de son père décédé prématurément. C’est aussi son adolescence mouvementée, entre premiers émois amoureux et règlements de compte. Adolescent, Ah-ha est toujours aussi peu travailleur à l’école, et préfère traîner et jouer les durs. Cet Ah-ha là, vivra la mort de sa mère décédée d’un cancer de la gorge. Le film se conclut avec les années 60, les années de la désillusion pour Ah-ha qui se reprend et qui vivra à ce moment là la mort de sa grand-mère.

Un temps pour vivre, Un temps pour mourir participait déjà à la grandeur d’un cinéaste, chef de fil de la nouvelle vague taiwanaise.

I.D.

mercredi 13 août 2008

Nuoc mâm : la saveur vietnamienne

mercredi 13 août 2008
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Comment parler de la cuisine de l'Asie du sud est sans évoquer le Nuoc mâm ? Vous connaissez certainement cette saveur puisqu’elle compose la plupart des sauces pour nems, sauf qu’elle n’est ici pas « pur » mais mélangée à d’autres ingrédients : sucre, citron et eau. Cette sauce aussi appelée Saumure de poisson, une traduction quasi littérale du vietnamien au français, est composée principalement d’anchois fermentés et de sel, oui à dire comme ça, ça ne met pas particulièrement l’eau à la bouche, j’en conviens ! Le nuoc mâm a une odeur forte et un goût très prononcé : parfumé et salé. On dit d’ailleurs que plus le taux de potassium est élevé, meilleur le nuoc mâm est.

Ce condiment s’est imposé dans pratiquement tout l’Asie du sud est, et même davantage, en Chine et dans certains pays d’Afrique comme le Sénégal. On l’accommode à tous les mets et à chaque repas. Accompagnant toutes tablées asiatiques qui se respectent, il trouvera place dans une petite coupelle agrémentée de piment, et parfois d’ail finement haché. Le bal du nuoc mâm est ouvert ! Chaque petit mets sera consciencieusement badigeonné, tout y passe : légumes, viandes, poissons… Même présent dans le plat, il est de coutume de rajouter en plus une ou deux gouttes de nuoc mâm pur. Les recettes typiques vietnamiennes se font pratiquement toute avec ce condiment : la sauce qui accompagne les nems, le bo bun, le banh xeo, le porc au caramel…

Ayez du nuoc mâm chez vous si vous voulez vous adonner à la cuisine Thaï, Cambodgienne, Laotienne ou Vietnamienne, il deviendra un compagnon indispensable !

Pour trouver cette sauce : supérettes asiatiques, comme d’habitude. A défaut de déchiffrer les étiquettes pour connaître le taux de potassium, fiez vous à la couleur du nuoc mâm, en général plus il est foncé, plus il est concentré et fort en goût. Pour un début, optez pour une sauce brun clair qui sera plus douce en bouche. Il ne vous reste plus qu’à vous mettre à la mode vietnamienne. Bon appétit !

samedi 9 août 2008

Doppelgänger : Docteur and mister Hayasaki

samedi 9 août 2008
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Michio Hayasaki, interprété par l’excellent Koji Yakusho (Cure) est un ingénieur reconnu, travaillant pour le compte de la recherche médicale. Son nouveau projet réside dans la conception d’une chaise roulante faisant corps avec son « bénéficiaire ». Pourtant rien ne va, Michio Hayasaki est en but à de grande difficulté et ne parvient pas à finaliser son projet : sa direction lui met la pression et il rencontre par le plus grand des hasards son « doppelgänger », un double qui, d’après les croyances, avertiraient d’une mort prochaine. Hayasaki est en plein pétage de plomb.

Doppelgänger (2003) nous parle alors de la folie d’un homme au travers de sa schizophrénie, celle qui lui fait rencontrer son double, et qui se réfère donc à la dualité de l’être humain. Un double qui s’immisce dans sa vie et qui prend l’initiative d’agir, allant jusqu’au meurtre. Un double emprunt de violence, et de cynisme, le reflet d’un Hayasaki aux pensées noires. Un double qui ose faire ce que Hayasaki ne fait que rêver au fond de lui. Un docteur Jekill & Mr Hyde ? Non, loin de là parce que Hayasaki n’est ni blanc ni noir, il a ce côté obscur qui lui permet d’agir… à sa façon.

Kiyoshi Kurosawa réalise ici un film qu’on pourrait qualifier d’expérimental, avec le savoir-faire qui le caractérise, il parvient à contourner les difficultés liées aux scènes où l’acteur interprète les deux personnages en même temps. Il arrive avec dextérité à le mettre en scène notamment par l’utilisation de split-screens, lesquels donne un style au film.

Cependant, si Kiyoshi Kurosawa nous sert une première partie réussit, - première partie qui lorgne sur le thriller en entretenant une atmosphère sombre – la deuxième partie du film qui s’enfonce dans un road-movie burlesque déçoit. Le côté « farce » n’est pas de trop (justement cela détone et participe à un film différent) mais c’est de la façon dont il est employé, dans un scénario décousu où les scènes s’enchaînent, sans queue ni tête, d’un lieu à l’autre. C’est confus. Dommage. Il en résulte donc un film inégal qui se laisse tout de même regarder pour son côté étrange.

Signalons tout de même que Koji Yakusho, fidèle à lui-même joue à la perfection son rôle de « double ».

I.D.

mercredi 6 août 2008

Save The Green Planet ! : Oser !

mercredi 6 août 2008
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Jeong Jun-hwan réalise avec Save The Green Planet ! (2003) son premier film, dont il est également le scénariste. Rarement un premier film aura été si réussi et maîtrisé : une mise en scène surprenante tant elle varie sur les différents genres, allant de la comédie à l’horreur, en passant par le thriller. Un melting-pot d’humour et de mélodrame tirant sur le fantastique qui se laisse regarder avec facilité et entrain.

Un premier film qui nous raconte l’histoire de Lee Byeong-gu, un jeune homme persuadé que des extraterrestres provenant d’Andromède vont envahir la Terre avant la prochaine éclipse solaire. Aidé de sa petite amie, Soo-ni, il trouve une solution pour parer à cette invasion. Cette solution est l’enlèvement de Kang Man-shik, PDG de la firme de chimie Yuje Chemical, qu’il considère comme étant le leader des extraterrestres sur Terre. L’histoire est posée.

Si ce n'est que... Lee Byeong-gu est atteint de paranoïa aiguë sous antidépresseurs, qu'il est un ancien ouvrier licencié après une restructuration et devenu apiculteur, et qu'il vit dans une maison à l’écart de la ville au milieu d’une mine abandonnée avec Soo-ni, une petite amie rondelette et équilibriste, qui le suit aveuglément dans sa folie.

Save the green planet ! nous parle de folie ; de la folie d’un jeune homme brimé depuis l’enfance, et frappé par la fatalité qui lui colle à la peau (celle qui touche son entourage et lui-même par la même occasion). Un film social noir et violent, teinté de burlesque qui dénonce l’emprise d’une minorité détenant le pouvoir. Une métaphore dénonçant un système, des répressions violentes de manifestation ouvrière, l'incarcération, et le poids de l’éducation nationale coréenne. Des institutions que Lee Byeong-gu prendra pour cible pour assouvir une vengeance inconsciente.

Si le film détone par son originalité, un bémol est à noter quant à la fin du film. On aurait aimé un autre choix du cinéaste : qu’il ose prendre l’autre voie, celle suivit jusqu’alors, celle d’oser faire les choses différemment. Saluons pour finir l’excellente interprétation de la pléiade d’acteurs et d’actrices.

Illitch Dillinger

mardi 5 août 2008

Hawaï - Les bonnes soupes traditionnelles Asiatiques

mardi 5 août 2008
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Je me remets au bon plan pour vous présenter un petit restaurant du cœur de Chinatown : Hawaï. Non ce n’est pas un restaurant Hawaïen comme pourrait le suggérer le nom mais un restaurant aux spécialités vietnamiennes, chinoises et cambodgiennes. Souvent décrié par mon cher entourage, je trouve pour ma part ce petit endroit très correct : service rapide, accueil plutôt souriant, mets goûteux et un bon rapport qualité/prix. Certes, comme beaucoup de petits coins du 13ème arrt, la structure ne paie pas de mine mais je pense que cette adresse vaut vraiment le détour. Situé à 5 minutes à pied du métro Tolbiac et tout proche du supermarché Big Store, vous ne pourrez pas le louper !

De façon globale, les soupes sont plus réussies et goûteuses que les plats sautés. Je vous conseillerais la soupe de nouilles au porc laqué, nouilles jaunes fines ou épaisses, servie dans un bouillon ou "sec", avec le bouillon à part (n° 62 de la carte), la soupe traditionnelle cambodgienne Phnom Penh (bouillon avec vermicelle et viandes variées), ou encore la soupe aux macaronis accompagnés de viandes, boulettes, crevettes et herbes aromatiques (pâtes de riz blanches en forme de macaroni).

Concernant les plats sautés ou plats de riz accompagnés de viandes, vous pouvez opter pour un riz Loc Lac (riz à la tomate avec carrés de bœuf sautés et caramélisés) ou pour le riz travers et émincés de porc. Attention c’est un plat très copieux ! En revanche, petit moins pour le riz au poulet Hainan (riz trop sec et fade), qui est pourtant un mets délicieux : riz cuit dans un bouillon de volaille servi avec du poulet émincé.

Peu adonnée aux entrées, je ne vous en conseillerais qu’une : les raviolis aux pousses de bambou et crevettes, un vrai régal ! Une assiette de deux ravioles farcies de viande hachée, de crevettes et de pousses de bambous croquantes servie avec sa sauce « nuoc mam ».

Un bémol sur les desserts « asiatiques » sont souvent indisponibles... On vous proposera plutôt le dessert du jour qui est un dessert à base de lait de coco avec banane, lotus et tapioca, et qui est, il faut l’avouer plutôt bon. Le restaurant offre aussi des classiques : trois couleurs, haricot rouge au lait de coco…

Compté une moyenne de 6 € à 8 € pour un plat.
L’addition pour deux personnes s’élève à environ 30 € et comprend pour chaque personne :
- une entrée
- un plat
- un dessert
- une boisson

Donc plutôt très correcte pour un repas complet et copieux ! Il ne vous reste plus qu’à vous laisser tenter… Bon appétit !

Restaurant Hawaï
87 avenue Ivry
75013 PARIS
01 45 86 91 90

lundi 4 août 2008

Souvenir d'Im Kwon-taek: Tragédie coréenne

lundi 4 août 2008
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Im Kwon-taek signe avec Souvenir son centième film. Une carrière dédiée au cinéma coréen dans lequel il se sera illustré dans différent genre, du film de guerre aux polars en passant par de grandes fresques historiques. Il porte avec lui un pan entier du cinéma coréen qu’il n’aura de cesse de lui donner ses lettres de noblesse.

Avec Souvenir, Im Kwon-taek signe son troisième film consacré à l’art musical qu’est le Pansori. Un art coréen du récit chanté, à la fois nostalgique et lyrique, un art contant des histoires souvent tragiques, à l’image de la relation impossible que vont vivre les deux protagonistes du film.

Song-hwa est la chanteuse de Pansori, Dong-ho, le joueur de tambour, ces deux orphelins, devenus frère et sœur par la force des choses, vont être recueillis par un maître du chant traditionnel coréen tyrannique et borné. Ce dernier va les éduquer dans la sévérité et la discipline que nécessite l’art du Pansori, les obligeant à tous les sacrifices pour atteindre une célébrité que lui-même n’a jamais connu, qualifié par beaucoup de « chanteur raté ». Dong-ho ne supportant plus cette sévérité, quitte la maisonnée, laissant seule une sœur « tant aimée ». Le sacrifice devient sordide lorsque le père vient à faire perdre la vue à sa propre fille pour parfaire sa voix et l’intensité de son chant, car « pour bien chanter il faut avoir connu une grande souffrance », affirme t-il.

Le film nous raconte alors l’histoire d’un Dong-ho en quête perpétuelle d’une sœur abandonnée, qui aura tout sacrifié au Pansori. Il erre d’une province à une autre au milieu de villages méconnaissables où les évolutions suivent leurs cours alors que le manque et la culpabilité d’un abandon perdurent. Un frère à la recherche d’une sœur qui ne cessera de répéter au détour des ruelles : « connaissez-vous une chanteuse aveugle ? ». C’est à un parcours chaotique auquel on assiste où les retrouvailles se font et se défont… trop facilement. Des années de temps perdus que ne parvient pas à rattraper un frère aimant et gauche. Une quête amoureuse que les deux protagonistes cherchent et fuient car quasi incestueuse. Un amour qui va alors se construire autour d’entrevues furtives, de promesses, de chants, de son de tambour et d’une bague faite d’une douille.

C’est aussi une ode au Pansori bien évidemment qu’Im Kwon-taek traduit ici par ce centième film. Un art qui relève à la fois de la discipline, de la technique mais aussi du don. C’est à travers Song-hwa, cette jeune orpheline que le cinéaste met en avant l’art comme don de soi, indomptable et surprenant au-delà de tout code pragmatique. Une jeune fille qui va par son manque d’éducation éblouir de nombreux auditoires malgré les on dit sur sa façon de narrer les récits et sa désinvolture du sens des mots. Peu importe, l’art est avant tout créatif et étonnant.

Une vie vouée au Pansori à l’image d’Im Kwon-taek et du cinéma. Souvenir comme une continuité à l’un de ses plus grands chefs d’œuvre La chanteuse de Pansori (1993), le Pansori dépeint à deux époques différentes mais marquant indéniablement l’intensité de son amour pour l’art coréen du récit chanté.

 
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