dimanche 28 juin 2009

TV Made in Asie - Du 28 juin au 4 juillet 2009

dimanche 28 juin 2009
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J’inaugure par ce billet, une nouvelle rubrique du blog Made in Asie. Chaque semaine, je vous ferai part d’un programme TV attrait à la culture asiatique : films, séries, documentaires, émissions, des principales chaînes : TF1, France2, France3, Canal+, France 5/Arte et M6. Les programmes seront disponibles tous les dimanches.



Du 28 juin au 4 juillet 2009


Mercredi 1er juillet
Canal+ : 0h05 - Rush Hour 3. Film. Comédie policière. EU.All.2007 VOST
France 5 : 11h05 - Mongolie Sauvage

Vendredi 3 juillet
M6 : 20h40 - Pékin Express, la route des dragons. Episode 11, la demi-finale : dans l’enfer du volcan Kawah Ijen.

M6 : 23h00 – Pékin Express : l’aventure continue

Samedi 4 juillet
France5 : 14h15 – Les trésors du Mékong


vendredi 26 juin 2009

Suivez Made in Asie sur Twitter !

vendredi 26 juin 2009
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Made In Asie est sur Twitter ! Pour suivre toute l'actualité du blog et plus encore, n'hésitez pas à nous rejoindre ! Vite, rendez-vous sur Twitter - Made in Asie.

Plus de 2 ans que Made In Asie existe, et plus de 2 ans que le binôme qui anime ce blog s'attèle avec plaisir à partager sa passion pour la culture et le cinéma Asiatique.

La petite barre verte de popularité de notre ami Google s'est alimentée d'1 point de plus (PR2 > PR3). Alors merci à tous les lecteurs du blog et aux sites qui relaient nos articles et font parler de nous !

jeudi 25 juin 2009

La Marque du Tueur : N°1

jeudi 25 juin 2009
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La marque du tueur afficheSeijun Suzuki est une institution cinématographique à lui tout seul. Un cinéaste qui a fait ses classes dans les célèbres Studios de la Nikkatsu, lesquels devaient quelques années plus tard le licencier à cause d’une audace débordante et d’un esprit en inadéquation absolue parce qu’iconoclaste. Maître de la série B baroque et poétique, Seijun Suzuki enfante La Marque du Tueur/Koroshi No Rakuin en 1967, son dernier film populaire à l’esthétique pop et à la musicalité jazzie pour les célèbres studios.

La Marque du Tueur est sans doute ce que Seijun Suzuki sait faire le mieux. Décalé, stylisé à outrance, œuvre folle et provocante plus proche du film expérimental que du film de commande, il y applique un esprit des plus novateurs. Parfois emprunt de non-sens, parfois surréaliste, La Marque du Tueur est un ovni cinématographique rempli de trouvailles visuelles incroyables se fourvoyant dans l’absurde et dans un érotisme à la fois beau et violent.

La Marque du Tueur est aussi troublant que les ellipses qui s’enchaînent, le film lâche le spectateur pour mieux le rattraper dans un noir et blanc de toute beauté. Film noir, polar épuré, drame, La Marque du Tueur reste inclassable, incarné à l’écran par un Joe Shishido monumental. L’acteur aux joues artificiellement gonflées interprète un tueur à gage, N°3 dans la hiérarchie des assassins. Hanada de son prénom aime sentir l’odeur du riz qui cuit, et est un professionnel hors pair jusqu’au jour où il rate un contrat. Il devient alors la proie du légendaire assassin N°1 dont personne n’a jamais vu le visage.

C’est après avoir vu La Marque du Tueur qu’on comprend le mythe. Celui du film bien entendu mais également le mythe qui entoure son auteur. On comprend l’importance de l’œuvre si ce n’est des œuvres du cinéaste. On comprend pour quoi le film fût un choc pour nombre de cinéphiles et quelle fascination il dégage. Il existe un style Suzuki indéniable d’une importance sans borne. Seijun Suzuki un état d’esprit nihiliste, un acharnement de déconstruction rempli d’ironie et un cinéaste incontournable à l’image de ce chef-d’œuvre qu’est La Marque du Tueur.

I.D.

mardi 23 juin 2009

Plaisirs inconnus : Une jeunesse chinoise

mardi 23 juin 2009
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Jia Zhang-ke réalise Plaisirs Inconnus (2002), son troisième long et s’impose déjà comme un cinéaste à part. En trois films, il impose un style et témoigne d’un regard particulier sur ses contemporains et la société chinoise dans son ensemble. Sa caméra, proche des personnes filmées se rapproche, d’une certaine façon, du documentaire (effet que renforce le numérique qu’il utilise) tant elle s’immisce dans l’intimité des protagonistes qui survivent dans une Chine en mutation, mettant de côté les laissés pour compte. Cette dernière prend le modèle occidental comme leitmotiv d’avancée économique, référée par une image de l’Amérique omniprésente, via ses marques et ses films notamment avec la scène de vente de DVD piratés. Nous sommes bien loin de la Chine de Mao…

Dans Plaisirs inconnus, Jia Zhang-ke s’intéresse comme dans ses deux premières œuvres cinématographiques aux oubliés : les oubliés du développement chinois ou ceux qui ne profitent pas de l’essor et de la vie de rêve qui va avec. La société chinoise que Jia Zhang-ke montre est celle de l’individualisme poussé à son extrême, celle de la réussite personnelle et celle qu’elle entretien avec l’argent. Sa caméra, Jia décide de la faire évoluer dans l’environnement d’une cité industrielle. Dans Plaisirs Inconnus nous sommes dans une province du Nord de la Chine.

Là, Jia met en scène deux amis âgés tous deux de dix neuf ans, Xiao Ji et Bin Bin, inséparables. Ils passent leur temps à ne rien faire, flânent ici et là et ne travaillent pas. Xiao Ji tombe alors amoureux de Qiao Qiao, une chanteuse locale vantant les mérites de vins et de liqueurs venus de Mongolie. Il entreprend de la séduire malgré la présence de son manager qui est également son fiancé. De son côté, Bin Bin a une relation avec une étudiante qui n’est pas prête à s’engager.

Jia Zhang-ke traite de la jeunesse chinoise actuelle, celle loin de Pékin, celle qui perd tout repère dans une Chine en constante mutation. Il y montre au travers de ces deux personnages masculins l’ennui et l’errance. Il y dénonce une nouvelle mentalité, celle de l’argent-roi où l’argent fait l’homme. Jia, avec son personnage féminin montre également une nouvelle génération montante de femme au caractère déterminé ; Qiao Qiao est intrépide et sait ce qu’elle veut.

Jia Zhang-ke accompagne alors ses personnages dans une contemplation filmique qui pourrait en rebuter plus d’un par de longs plans montrant la souffrance, le dépit ou bien la fatalité des protagonistes. Une jeunesse désoeuvrée pour une œuvre des plus pessimiste à leur égard.

D'autres articles du réalisateur Jia Zhang-ke :
24 City : Entre réalité et fiction

I.D.

samedi 20 juin 2009

Departures : Un nouveau départ

samedi 20 juin 2009
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Departures/Okuribito (2008), 10ème long métrage du cinéaste japonais Yojiro Takita raconte l’histoire de Daigo Kobayashi, un violoncelliste qui vient d’apprendre que l’orchestre dans lequel il jouait est dissout. Cette annonce tombe comme un couperet pour ce musicien qui a eu tant de mal a trouvé une place dans ce milieu. Daigo choisit de partir dans le nord du Japon accompagnée de sa femme, dans la maison que sa mère lui a léguée à sa mort.

Décidé à trouver du travail, Daigo tombe un jour sur une offre d’emploi « d’aide au voyage » qui le mènera à rencontrer le patron de l’entreprise NK. Sur place l’entretien est dès plus expéditif, ne tenant qu’à une futile question « Etes-vous prêt à travailler dur ? », question à laquelle Daigo répond « Oui », ce qui lui permettra de décrocher le poste.

Daigo tombe alors dans le monde très particulier des rites funéraires par le biais de la mise en bière de défunts. Les débuts sont difficiles et des plus perturbants et son patron ne l’épargnera des situations des plus rebutantes. N’en déplaise au plus critique, le film ne rentre pas dans les clichés larmoyants et c’est en cela qu’il touche. Le cinéaste impose une légèreté par un humour justement dosé, qui mènera à des scènes cultes, on pense notamment au spot publicitaire où Daigo endosse le rôle du défunt.

A côté de cela, le film aborde subtilement le thème de la mort, sujet tabou au Japon. Daigo cache à sa compagne son nouveau métier, mais les on-dit vont bon train, et le voisinage va rapidement lui montrer le déshonneur que porte son métier. Son ami d’enfance va refuser de le saluer et sa compagne lui demander de trouver un métier décent sous la menace d’une rupture. Mais Daigo épanoui dans ce domaine décide de continuer son activité. L’acharnement dont il fera preuve aura raison des critiques. Son implication et la beauté de ses mise en bière convaincront ses proches sur le bien fondé et l’honneur que mérite ce métier.

Yojiro Takita signe un long métrage où la caméra révèle toute la beauté des rites funéraires venues du Japon, si loin des pratiques occidentales. L’auteur parvient à sublimer ces mises en bière par une réalisation lente et minutieuse où chaque geste est emprunt d’une maîtrise quasi-artistique. Une très belle œuvre qui n’a pas volé son oscar du meilleur film étranger 2009.

mercredi 17 juin 2009

Festival Paris Cinéma - Du 2 au 14 juillet 2009

mercredi 17 juin 2009
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L'été approche à grand pas... et annonce l'ouverture très attendu du Festival Paris Cinéma (du 2 au 14 juillet 2009) qui ne manquera pas de satisfaire les plus fervents cinéphiles. Cette année le programme très dense promet de beaux instants. La sélection est très hétéroclite et pour découvrir l'ensemble des projections proposées (Hors Asie), je vous invite à vous rendre sur le site officiel Paris Cinéma 2009. Pour ma part je m'en tiendrai à la sélection 2009 des films asiatiques, dont voici le programme :

Vendredi 3 juillet
Auditorium du Louvre (1e arrondissement)
20h : Et là-bas, quelle heure est-il ? Tsaï Ming-liang, présenté par le réalisateur.

Samedi 4 juillet
Auditorium du Louvre (1e arrondissement)
14h30 : I Don't Want to Sleep Alone, Tsaï Ming-liang
17h : La Rivière , Tsaï Ming-liang
20h : La Saveur de la pastèque , Tsaï Ming-liang

Studio des Ursulines (5e arrondissement)
23h59 : Omoide Poroporo, Isao Takahata

Le Nouveau Latina (4e)
20h30 : "Comédies Sexy d'Asie" - Antique, Min Kyu-dong, présenté par le réalisateur et le comédien Andy Gillet
22h45 : Quickie Express, Dimas Djayadiningrat

Dimanche 5 juillet
Auditorium du Louvre (1e arrondissement)
14h : Vive l'Amour, Tsaï Ming-liang
16h30 : The Hole, Tsaï Ming-liang
18h30 : Les Rebelles du Dieu Néon, Tsaï Ming-liang
20h30 : Goodbye, Dragon Inn, Tsaï Ming-liang, présenté par le réalisateur

Le Nouveau Latina (4e)
01h : "Comédies Sexy d'Asie" - Better Than Sex, Su Chao-bin,
02h45 : The Sperm, Taweewat Wantha
04h30 : Temptation Island, Joey Gosiengfiao
21h30 : Temptation Island, Joey Gosiengfiao

MK2 Bibliothèque (13e arrondissement)
19h : Memory of Love, Wang Chao, présenté par le réalisateur

Studio des Ursulines (5e arrondissement)
02h30 : Tokyo Godfathers, Satoshi Kon,
04h30 : Les Joyeux pirates de l'île au trésor , Hiroshi Ikeda
16h15 : La Boutique des pandas , Zhou Kegin, Jiaxiang Pu, Jiaxin Qian, Zuwei Shen, Borong Wang

Lundi 6 juillet
Le Nouveau Latina (4e arrondissement)
18h : Quickie Express, Dimas Djayadiningrat

Bibliothèque nationale de France – Site François Mitterrand (13e arrondissement)
17h : Colloque Paris Project : coproduire avec la Corée du Sud

MK2 Bibliothèque (13e arrondissement)
21h15 : Sell Out!, Yeo Joon Han, présenté par le réalisateur

Mardi 7 juillet
Balzac (8e arrondissement)
20h30 : La Cigogne en papier, Kenji Mizoguchi, accompagné par Aidje Tafial (batterie), Pierre Bertrand (piano) et Jean Wellers (bassiste)
20h30 : La Marche de Tokyo, Kenji Mizoguchi, accompagné par Eri Kozaki (piano)

MK2 Bibliothèque (13e arrondissement)
16h30 : Sell Out!, Yeo Joon Han, présenté par le réalisateur
18h30 : Hotaru version 2009, Naomi Kawase, présenté par la réalisatrice
19h : Breathless, Yang Ik-june, présenté par le réalisateur - interdit aux moins de 12 ans
21h : Nanayo, Naomi Kawase, présenté par la réalisatrice et le comédien Grégoire Colin

Mercredi 8 juillet
Le Nouveau Latina (4e arrondissement)
21h30 : Antique, Min Kyu-dong, présenté par le réalisateur et le comédien Andy Gillet

Studio des Ursulines (5e arrondissement)
14h15 : Les Joyeux pirates de l'île au trésor , Hiroshi Ikeda

MK2 Bibliothèque (13e arrondissement)
16h15 : Breathless, Yang Ik-june, présenté par le réalisateur - interdit aux moins de 12 ans

Jeudi 9 juillet
Le Nouveau Latina (4e arrondissement)
16h30 : Better Than Sex, Su Chao-bin
19h : Temptation Island, Joey Gosiengfiao
21h30 : The Sperm, Taweewat Wantha

Studio des Ursulines (5e arrondissement)
16h15 : Panda petit panda, Isao Takahata, présenté par Olivier Fallaix (rédacteur en chef d'Animeland)
20h30 : Omoide Poroporo, Isao Takahata, présenté par Olivier Fallaix (rédacteur en chef d'Animeland)

Balzac (8e arrondissement)
20h30 : Le Fil blanc de la cascade, Kenji Mizoguchi, accompagné au piano par Jacques Cambra, avec Claire Lavandier à la voix et Booster aux machines. Traduction française lue par la comédienne de l'ADAMI Guila Clara Kessous.

MK2 Bibliothèque (13e arrondissement)
22h30 : Midnight Meat Train, Ryuhei Kitamura, présenté par Yoann Sardet (rédacteur en chef d'Allociné) - Interdit aux moins de 16 ans

Vendredi 10 juillet
MK2 Bibliothèque (13e arrondissement)
13h30 : Madame Butterfly, Tsaï Ming-liang

Samedi 11 juillet
MK2 Bibliothèque (13e arrondissement)
13h30 : Madame Butterfly, Tsaï Ming-liang

Dimanche 12 juillet
MK2 Bibliothèque (13e arrondissement)
13h30 : Madame Butterfly, Tsaï Ming-liang

Lundi 13 juillet
Ciné-concerts Kenji Mizoguchi
22h : Retour de flamme, accompagné au piano par Serge Bromberg et à la batterie par Aidje Tafial

Mardi 14 juillet
Le Nouveau Latina (4e arrondissement)
14h : Better Than Sex, Su Chao-bin
16h30 : The Sperm, Taweewat Wantha

Studio des Ursulines (5e arrondissement)
18h15 : La Traversée du temps, Mamorou Hosoda
20h30 : Perfect blue, Satoshi Kon

CENTQUATRE (19e arrondissement)
Ciné-concerts Kenji Mizoguchi
22h : Oyuki La vierge, Kenji Mizoguchi, accompagné par le groupe "Francis et ses Peintres" et les chanteuses japonaises Emiko Ota et Maia Barouh.
A partir de 23h30 : fête de clôture du festival animée par Helena Noguerra.
23h30 : Fête de Clôture, à partir de 23h30 et jusqu’à tard dans la nuit !

Découvrez aussi : L'édition 2008 de Paris Cinéma et toutes les critiques des films projetés : John John, Tinimbang Ka ngunit Kulang , Une famille chinoise, Kabei (notre mère) et le masseur.


lundi 15 juin 2009

Le Syndicat du crime I, II, III

lundi 15 juin 2009
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[Le Syndicat du Crime (A Better Tomorrow) : Heroic bloodshed #1]

Parler du Syndicat du Crime/Ying huang boon sik (1986) c’est se rappeler surtout se replonger dans mon adolescence et de cette toute première fois. La première fois que j’ai visionnée ce film qui s’éleva alors au rang des films cultes aux côtés des Scarface de De Palma et des Affranchis de Scorsese. A Better Tomorrow dont je préférais à l’époque le titre français, un néo-polar pur et dur, une puissance des images rarement vue auparavant était le premier d’une série (celle des Better Tomorrow mais aussi celle des films suivants : The Killer, Bullet in the Head, Hard-Boiled) qu’on s’empressait de trouver et de savourer avec la même excitation que les films de Bruce Lee jusqu’à des films comme Il était une fois en Chine (1991) de Tsui Hark... Lire la suite de l'article


[Le Syndicat du Crime 2 (A Better Tomorrow II) : Heroic bloodshed #2]


On prend les mêmes et on recommence. En mieux ? Peut-être. Mais en plus explosif et jouissif. Un maelström des ingrédients qui ont fait le succès du premier volet avec une envie destructrice d’en finir. Le Syndicat du Crime 2/ Ying hong boon sik II (1987) de John Woo est la suite logique qui devait naître suite au succès de la genèse. Poussé par Tsui Hark, John Woo se remet en branle bas de combat et féconde un chef d’oeuvre dans la lignée du premier. Une œuvre magistrale pour un cinéaste génial. John Woo réconforte sa position de numéro un du genre en hissant la barre encore plus haut dans une espèce de folie de la surenchère… Lire la suite de l'article


[Le Syndicat du Crime 3 (A Better Tomorrow III) : “Un lendemain meilleur”]

Le Syndicat du Crime 3/ Ying hong boon sik III (1989) clôture la trilogie commencée par John Woo trois ans auparavant et c’est le producteur des deux premiers volets, Tsui Hark à qui l’on doit cet ultime opus. A Better Tomorrow 3 s’inscrit comme un prequel aux deux premiers où l’on suit le personnage de Mark (Chow Yun-fat). Ce dernier débarque à Saigon en 1974 dans un pays en guerre où le seul moyen de s’en sortir est d’user de moyen illicite. Mark arrive donc au Viêtnam pour chercher son oncle et son cousin Man et les ramener à Hong-Kong... Lire la suite de l'article

vendredi 12 juin 2009

Mother : L’amour d’une mère

vendredi 12 juin 2009
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Bon Joon-ho nous revient avec Mother (2009), un 4ème long-métrage comme il sait si bien les faire, avec une mixité des genres qui rend ses œuvres si détonantes et novatrices. Le cinéaste nous livre un triller dans la lignée d’un Memories of murder, à la différence que l’enquête est ici menée par une mère.

Dans une petite campagne coréenne, une mère prend particulièrement à cœur l’éducation et la protection de son fils, Do-Joon, un jeune homme simplet et irresponsable. Sous une vigilance permanente et un maternalisme à outrance on comprend vite le rapport qui unit ces deux êtres. Le quotidien semble suivre son cours, lorsqu’un meurtre survient dans le paisible village. La police locale décide d’inculper Do-Joon après qu’une balle de golf est été retrouvée sur les lieux du crime avec son nom. La mère révoltée et persuadée de l’innocence de son fils, se met en quête de trouver le vrai coupable.

Les éléments sont posés : un meurtre, l’enquête d’une mère prête à tout pour disculper son fils et des policiers à la réflexion simpliste, car c’est de cela dont part toute l’histoire et c’est aussi en cela que le cinéaste tente d’apporter une vision de la police comme il l’avait déjà fait dans Memories of murder. Il montre ici la facilité dont cette police rurale – actuelle - a de bâcler ses affaires. Mais ce qui marque aussi est l’étonnement de ces policiers lors de l’intervention des équipes scientifiques et du rapport qu’ils en font avec la série « Les Experts ». Dans cette police, tout va vite et ce fait avec un détachement déconcertant, tant vis-à-vis du corps de la victime que de la tristesse d’une mère désolée.

En parallèle se joue un tout autre propos à travers la relation d’une mère et d’un fils. Ce meurtre, cet évènement qui va chambouler leur vie va plonger une femme dans un combat sans mesure et va aussi la replonger dans la réalité d’un passé qu’elle aurait aimé oublier. Alors que Do-Joon essaie par tous les moyens de recouvrir la mémoire ce soir de meurtre, resurgissent de lourds souvenirs passés, traduisant notamment le poids d’un fils différent dont la présence n’a pas toujours été assumée.

Ne se cantonnant pas à un traitement conventionnel de ces thèmes, le cinéaste pousse l’originalité par un dénouement surprenant mais surtout profondément dramatique. En optant pour une telle finalité, Bon Joon-ho choisit le parti de complexifier la relation qui unit ce « couple » et de poser son regard sur les limites qui poussent l’être humain à agir, consciemment ou inconsciemment. L’instinct maternelle oblige cette mère à vivre avec le poids de la culpabilité au dépend d’une sérénité qu’elle ne retrouvera certainement jamais. Ce sacrifice est finalement sujet à questionnement et on se demande si ce dévouement n’est pas une manière de se racheter d’un certain passé.

Bon Joon-ho signe encore un fois une œuvre remarquable avec Mother. Le cinéaste repéré grâce à The Host et qui a marqué par son mélange des genres, nous donne raison quant à sa maîtrise et l’intelligence dont il fait preuve en réussissant le pari de relater un drame familial sous fond de triller. Tout y est et la sauce prend tout au long des 2 heures de projection avec une mère magnifiquement incarnée par Kim Hye-Ja. A quand le prochain Bon Joon-ho ?

mardi 2 juin 2009

Vengeance : « Venge-moi »

mardi 2 juin 2009
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Ouf ! Un énorme et grand ouf ! Si je mettais arrêté à certaines critiques de la nouvelle œuvre de Johnnie To, Vengeance/Revenge, Fu Zhou (2009), je ne serais pas allé le voir, pis encore je l’aurais critiqué sans l’avoir vu et ça… Quelques mois en arrière, la news qui tue se propageait : Johnny Hallyday dans le prochain Johnnie To après la désaffection d’Alain Delon. J’avoue avoir été quelque peu… décontenancé par cette nouvelle et d’avoir eu peur de voir l’un des meilleurs cinéaste asiatiques se fourvoyer dans une œuvre pitoyable mais c’était sans compter sur un maître, le maître du film de genre.

Macao, une famille se fait massacrer sauvagement : le père, la mère et leurs deux enfants. La mère, française voit son père débarquer dans l’ancienne enclave portugaise. L’homme nous vient de Paris et se met en quête de les venger, il s’adjoint les services d’un trio de tueurs…

Oui, Johnnie To a fait avec ce Vengeance du To, encore et toujours. Doit-on reprocher au maître du suspense Hitchcock de n’avoir mise en scène que des œuvres à suspense ? Johnnie To a inventé un style propre qu’il a distillé dans des œuvres diverses telles que The Mission (1999), PTU (2003), Exiled (2006), le diptyque Election (2005-2006) ou encore Mad Detective (2007) et Sparrow (2008), sans oublier ici Vengeance. Dans cette œuvre, To reprend les règles, les codes d’un genre ultra-vu, le film de gangsters, le film de vengeance dont tout y a déjà été dit, pourtant il confère une dimension tout autre, une dimension humaine. Il a cette facilité de montrer les personnages au naturel comme dans le feu de l’action. On y sent du respect, de l’amitié, des frères d’armes qui dépassent ce statut pour n’être que des frères.

La mise en scène de To est splendide, changeant d’un terrain de jeu à l’autre, de Macao à HK en repassant par Macao, rarement filmé avec un tel oeil. Il s’emploie à mélanger les règles du genre français et hongkongais, surtout il enfante trois scènes de gunfight magnifiques et d’anthologie : la scène du clair de lune avec un jeu de lumière superbe, celle de l’immeuble vétuste sous une pluie tombante et celle de la décharge qui donne le sentiment d’un Mad Max de fin du monde. Avec ces scènes d’action, To montre tout son talent de cinéaste dans l’emploi de l’espace. Jouissif. On lui pardonnera cette scène de prière sur la plage qui ne convint pas. La symbolique est là, pourtant il y a ce petit quelque chose qui fait que la scène ne fonctionne pas, dommage. Faute au jeu d’acteur ? Pas seulement…

Vengeance s’est revoir Jeff Costello, son fantôme, le personnage mythique interprété par Alain Delon dans le Samouraï de Jean-Pierre Melville. Johnny Hallyday prête ses traits comme si Costello revenait d’entre les morts, plus vieux, plus lourd. L’hommage de To est grand : refaire vivre un mythe par son seul nom et attributs. Alain Delon aurait été tout un symbole, le destin en a voulu autrement. Si le physique abîmé, j’entends par là le poids des années de Johnny Hallyday est parfait pour son personnage, le jeu de ce dernier est à la peine. On le sent parfois mal à l’aise, pantois. Il y a ce quelque chose qui cloche dans des répliques et des accents qui sonnent faux.

Film surréaliste, Vengeance raconte donc l’histoire d’une vengeance comme l’indique son titre mais la vengeance d’un homme qui a des pertes de mémoire. To interroge alors : Qu’est-ce la vengeance ? Qu’est-ce que la vengeance lorsqu’on ne se souvient plus des victimes et des bourreaux ? Quel sens lui donner ? La perte de mémoire n’est pas une idée inintéressante notamment avec toutes les questions spirituelles et métaphysiques qu’on peut se poser, cependant elle n’est pas employée à sa juste valeur. On en ressort avec un goût d’inachevé comme si l’on n’était pas allé jusqu’aux bouts des choses. Ici, Johnny Hallyday a un jeu trop vide et pas assez profond pour nous faire ressentir le malaise de son personnage, le déracinement (être seul au milieu de nulle part) et l’oubli (seul face à lui-même, au néant).

Et les locaux ? Je parle ici des acteurs made in HK. Johnnie To s’adjoint comme à son habitude un panel d’acteurs qui renforce la beauté de l’œuvre. Anthony Wong est tout bonnement génial, une classe ! Le trio de tueurs professionnels avec Lam Suet et Gordon Lam dont il fait partie, est un trio de véritables orfèvres du crime à Macao. Tout y est carré, au point. Face à eux, leurs alter égo en plus brutal, un trio de tueurs de HK. Johnnie To nous montre des hommes, des hommes qui ont une famille et qui tuent et éliminent d’autres familles. Le parallèle entre ces deux factions de tueurs est remarquable et la confrontation qui en découle l’est tout autant. Et que dire de Simon Yam en chef de triade des plus cabotin qui soit ? Génial.

Vengeance c’est du grand art cinématographique. J’exagère ? Question de point de vue. L’œuvre de Johnnie To est indissociable de ses autres films majeurs et pour cela Vengeance mérite d’être vu et apprécié à sa juste valeur.

I.D.

 
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