Neuf ans après le saisissant S21 où l’auteur filme avec précision cet ancien lycée transformé en centre de détention et de torture, Rithy Panh revient en nous montrant le visage d’une des figures du partie de Kampuchea, Duch, le maître des forges de l’enfer (2012). Il brosse le portrait de ce dirigeant, qui fût à la tête de la prison M13 et des murs de la “Colline empoisonnée” à travers un face à face éprouvant.
Plan fixe, cadrage serré, l’auteur pose les traits de ce vieillard à l’allure fébrile et à l’air serein. Une quiétude dérangeante vient s’inviter sur grand écran. Duch explique - vit encore son idéologie, se justifie de ce massacre en se dédouanant de sa responsabilité individuelle. Car ces actes, ont été commis pour le bien du peuple cambodgien. L’homme maîtrise la rhétorique et sans connaître l’histoire du génocide cambodgien, il pourrait convaincre de sa bonne volonté. Lorsque le contexte est connu, en revanche, les paroles de ce dirigeant font froid dans le dos. Sa persuasion, son sourire, ses citations intellectuelles en langue française, son détachement, sont autant de choses qui déstabilisent littéralement. Tous les pires actes sont justifiés. Il n’y a pas une once de malaise, de regret dans la voix du vieil homme. La torture et l’extermination furent les seules solutions pour parvenir à enrailler les « traitres » et ouvrir la voie de la révolution. Et lorsque Rithy Panh demande à Duch de revenir sur les règles qui ont régies le parti, celui-ci retient les plus atroces.
Avec sobriété, le réalisateur parvient à se saisir des convictions d’un homme, tout autant que de sa complexité. Les plans serrés tentent de faire tomber un masque, malheureusement, intelligemment maîtriser par le personnage qu’est Duch. On sent l’envie d’aller plus loin, d’approfondir l’entretien pour en tirer une part d’humanité, inexistante.
Un documentaire, un travail complémentaire, tout aussi remarquable, à l’échelle d’un homme, que nous livre Rithy Panh sur le massacre perpétré par les Khmers rouge.
Diana
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