[Dans l'épisode précédent : Un lundi dans la ville du héros rouge]
Ou le jour où la vodka a failli nous faire rater l'avion...
Ou le jour où la vodka a failli nous faire rater l'avion...
L’heure était donnée. 5h00 en bas de l’immeuble de notre guesthouse pour un vol à 7h00 à l’aéroport international de Chinggis Khaan. Nous nous étions arrangé avec notre contact de l’agence Cassiopée. Un taxi devait venir nous chercher. Ponctuel, nous attendions en bas de l’immeuble comme convenu. Très peu éclairé, l’ambiance était singulière. Elle le devenait d’autant plus qu’un peu plus loin, un homme fortement imbibé d’alcool sortait d’une autre cage d’escalier à la nôtre. Là où nous étions, nous pouvions entendre les vomissements de l’individu et les flots qui repeignaient le trottoir sur lequel ses jambes chancelantes tentaient de maintenir un semblant d’équilibre. Rien d’agréable à lire ceci comme de le vivre en direct. Là où nous étions pressés de voir débarquer le véhicule tant attendu, c’était au moment où l’énergumène qui terminait par déglutir sa bile nous interpellait en mongol entre deux rots qui se passent de description. Nous restions sourds à ses interpellations que nous ne comprenions pas, tapissés dans l’obscurité des lieux qui renforçait l’état d’insécurité et puis deux phares nous éclairèrent. C’était un 4x4 qui s’arrêta, contact allumé. La portière conducteur (à droite comme les anglais, beaucoup de voitures ont cette particularité en Mongolie) s’ouvrit sur un homme bien bâti qui nous fit un signe de la main. Notre chauffeur ! Sauvé ou presque…
Je montais à l’avant, Diana sur la banquette derrière, le conducteur amorçait sa marche arrière après avoir bu de grosse gorgée de sa bouteille d’eau et tout en raclant fortement sa gorge par la suite. OK. Ne tergiversons pas. Cet homme a bu. Est-il saoule ? Je ne saurais dire mais il a ce comportement symptomatique du mec qui a bu plus que de raison et qui s’hydrate tout en tentant de faire passer le goût de l’alcool dans la bouche mais c’est grillé. Mec, je suis également passé par là, ce comportement je le connais, je l’ai vu un nombre incalculable de fois chez les amis. France/Mongolie, pas de frontière pour l’état d’ébriété. Je ne dis rien. Le type semble tenir la route. On est quoi ? A 25 kilomètres de l’aéroport ? Pas une voiture qui roule dehors. Pour la première fois depuis que nous sommes à UB, nous avons l’impression d’être seul au monde, enfin sans compter le pochtron qui dégueulait son mauvais alcool tout à l’heure et là, notre chauffeur qui sort sans doute d’un night club quelconque. Je n’alerte donc pas Diana pour la paniquer inutilement. Les raclements de gorge continuent, quelques gorgées d’eau sont encore avalées. On grille un feu tricolore passé au rouge et un peu plus loin un policier en uniforme qui nous indique le bas côté de la route… on n’est pas dans la m*rde.
Petite nostalgie malgré la situation cocasse... |
Le chauffeur susurre sans doute un « eh, m*rde » en mongol. Ne comprenant pas la langue, je ne fais que supposer une évidence verbale mécanique à ce genre de situation. Il obtempère et baisse la vitre de sa portière tout en prenant le soin de boire une nouvelle gorgée. Le policier en uniforme nous rejoint alors que je remarque une voiture de police de l’autre côté de la route. Un de ses coéquipiers s’occupe déjà d’un « client ». Le chauffeur et le policier échangent quelques mots après que ce dernier nous ait scruté. Le chauffeur ne semble plus vraiment savoir où se trouve ses papiers puis il fouille dans la boite se trouvant entre nos deux sièges. Il en sort son permis et les papiers du véhicule. Nouvelle supposition mais c’est ce qui semble logique. Là, le policier lui demande de l’accompagner, chose à laquelle il obtempère encore. Les deux hommes traversèrent la route où règne un calme plat à vous glacer le sang et vont jusqu’à la voiture de police. Je me tourne vers Diana qui me fait de grands yeux. On débriefe de la situation tout en balançant des noms d’oiseaux. Je lui annonce que le mec est bourré. Chose qui l’avait interpellé. Et là, nous commençons à stresser pour notre vol. Il faut savoir que les vols de Mongolie à « ailleurs » (et vice versa) sont rares et que louper celui-là, repoussait un départ plusieurs jours après. On regarde au loin, le policier dans son véhicule vérifiant sans doute les papiers et le chauffeur accroché à son téléphone portable. Ca sentait le roussi. Le temps s’écoulait inexorablement et la panique commençait à nous gagner. Intrigué, j’ouvre alors la boite entre nos deux sièges et fouille. Pourquoi ? Aucune idée. Allez savoir. Parfois on fait des choses sans même réfléchir, je tiens alors entre les mains le permis (ou carte d’identité ?) de notre contact de l’agence. « Tiens ». Diana me passe un savon et m’ordonne de tout ranger. Je m’exécute mais c’est marrant, nan ? Vous en pensez quoi vous ? Un cousin ? Son frère ? Son petit-ami ? Mari ? Ca ne nous avance pas à grand-chose. On est stationné là, le long de Peace Avenue...
Le chauffeur revient. Il nous demande dans un anglais approximatif notre heure de départ. On ne sait s’il a compris ou non notre réponse, le voilà reparti, toujours le téléphone portable accroché à l’oreille. Un temps passe. On ne tarde pas à dépasser la demi-heure. Notre chauffeur revient, il ouvre ma portière et m’invite à sortir. Il prend ma place sur le siège et un ami ( ?) monte derrière le volant sans que je ne le vois venir. La situation est cocasse parce qu’une partie du siège arrière est obstrué par du « bordel », entendez par là des cartons, du polystyrènes, bref je me retrouve à prendre la place de Diana qui s’assoit… sur mes genoux tout en étant recroquevillée à cause du toit de la cylindrée. Pas franchement agréable tout ça mais nous reprenons la route à une certaine allure avec le nouveau chauffeur qui nous interpelle sur l’heure de notre vol, et ce, dans un anglais tout aussi approximatif. Tellement approximatif qu’il nous fait répéter à plusieurs reprises ladite heure qui semble un mirage en forme d’oasis que nous n’atteindrons jamais. Il fonce droit devant, dans ces rues vides de voitures et là surprise ! Lénine ! Enfin, sa statue ! Elle est là, Diana courbée ne peut la voir. Je lui dis, ça lui fait une belle jambe et dire qu’elle était juste là, nous qui l’avions cherché et qui étions passé si proche sans la voir. Dommage !
Le chauffeur revient. Il nous demande dans un anglais approximatif notre heure de départ. On ne sait s’il a compris ou non notre réponse, le voilà reparti, toujours le téléphone portable accroché à l’oreille. Un temps passe. On ne tarde pas à dépasser la demi-heure. Notre chauffeur revient, il ouvre ma portière et m’invite à sortir. Il prend ma place sur le siège et un ami ( ?) monte derrière le volant sans que je ne le vois venir. La situation est cocasse parce qu’une partie du siège arrière est obstrué par du « bordel », entendez par là des cartons, du polystyrènes, bref je me retrouve à prendre la place de Diana qui s’assoit… sur mes genoux tout en étant recroquevillée à cause du toit de la cylindrée. Pas franchement agréable tout ça mais nous reprenons la route à une certaine allure avec le nouveau chauffeur qui nous interpelle sur l’heure de notre vol, et ce, dans un anglais tout aussi approximatif. Tellement approximatif qu’il nous fait répéter à plusieurs reprises ladite heure qui semble un mirage en forme d’oasis que nous n’atteindrons jamais. Il fonce droit devant, dans ces rues vides de voitures et là surprise ! Lénine ! Enfin, sa statue ! Elle est là, Diana courbée ne peut la voir. Je lui dis, ça lui fait une belle jambe et dire qu’elle était juste là, nous qui l’avions cherché et qui étions passé si proche sans la voir. Dommage !
Dernière ligne droite avant l’aéroport avec ses nids de poules par dizaines. Il est à peine 6 heures. On y arrive en trombe. On sort en catastrophe. Signe de main pour dire au revoir et des « thanks » distribués à tue-tête, nous nous engouffrons dans l’aéroport. On est bon. On enregistre les bagages. On remplit en speed les papiers pour la douane. On y passe alors que le jour commence à se lever. Une mongole fort sympathique d’apparence dans son uniforme bleu marine avec quelques pin’s en forme de médailles accrochés sur la poitrine se révèle beaucoup moins sympathique au final. Visage impassible, froid, elle me dévisage, scrute chaque ligne des papiers remplis et observe avec son œil de lynx mon passeport. Diana, elle m’attend depuis un moment de l’autre côté. La donzelle face à moi ne semble pas pressée de me lâcher comme si je ne l’étais pas, pressé. Elle me regarde d’un dernier regard froid et d’un signe strict de la tête tout en me tendant mon passeport fermé m’indique le passage. Dingue ! Est-ce l’héritage soviétique ? Il y a des chances. Et puis finalement, on était dans les temps. On a même prit le temps de faire des photos. La Mongolie était dorénavant derrière nous avec son lot de souvenirs qui continueront à nous accompagner longtemps jusqu’à une prochaine fois, qui sait ? Il est un pays peu visité qui mérite de connaître les faveurs des voyageurs en espérant qu’il préserve les beautés qui le caractérisent.
Exposition de meubles mongoles dans l’aéroport |
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PS : Dans l’avion, il y avait l’équipe de lutte mongole, en photo ci-dessous.
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